Niveau 11 – Aggro

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— Hey le sexy lover ! m’interpella Mélissa alors que je retrouvais l’étouffante salle principale du bar.

La jolie goth essuyait des pintes derrière le zinc. Elle ne sembla pas remarquer que j’agrippai mon pantalon pour l’empêcher de glisser. À vouloir jouer avec ma ceinture comme un Christian Grey au rabais – Christian Grey tout court donc - j’allai finir le slip au vent. La classe.

Depuis le milieu de la salle, le serveur me lança un regard capable de faire cailler du lait. J’en tirai une certaine satisfaction mesquine. Avec sa gueule ciselée, il devait être plus familier de la situation inverse.

— Alors ? (Mélissa se pencha à mon oreille, un délicieux sourire salace aux lèvres.) Sacrée cochonne hein ?

Je rougis comme les draps d’une intégriste religieuse lors de sa nuit de noces. Bon sang. Cette fille était vraiment la kryptonite de ma poker face. Une fois encore, un de ses sous-entendus m’envoyait des étoiles dans les yeux, et des papillons dans le slip.

— Je… euh… oui, dis-je en ponctuant ma bafouille d’un sourire niais.

« 32s ».

— Je ne l’ai pas ratée ? demandai-je

— Émilie ? Non, elle ne devrait plus tarder. T’inquiète je te préviendrais. J’aurai préféré le faire pendant que tu étais occupé là-haut, ça m’aurait fait une bonne excuse, mais hé. (Elle haussa les épaules et je me demandai quelle part de vérité et de provocation contenait sa remarque.) Tu veux boire quelque chose en attendant ? Je te promets, je sais faire des cocktails qui détartrent moins que ma version spéciale.

L’offre faillit me tenter. J’avais le niveau de stress d’un patient à deux doigts d’un toucher rectal, la faute à mon plan en mousse plus bancal qu’un unijambiste bourré. Si Marie, attachée dans la chambre à l’étage, paniquait comme Amandine lorsque l’inversion s’arrêterait, je courais au-devant d’un désastre. Et puis, je doutai qu’elle m’attende des heures toute seule, aussi prometteur qu’elle me croyait. J’allai devoir faire dans la séduction éclair, du moins, plus éclair que d’habitude. Autant de raisons pour garder les idées claires.

— Non, ça ira. A la limite un café. Je vais reprendre mon souffle en attendant.

Le fait de dire cela à voix haute me fit prendre conscience de mon épuisement. Mon corps payait durement l’assouvissement de mes désirs. Pourtant, mon excitation n’était qu’à peine retombée, même après avoir joui puissamment dans la bouche de Marie. Je ne savais pas d’où je tirai cette énergie sexuelle inextinguible, et cela s’avérait aussi fascinant que terrifiant. Je changeai. Non, l’Interface me changeait. Du moins, j’en avais le sentiment. Mais peut-être que mon Artefact ne faisait que révéler ce qui avait toujours été là, enfoui en moi, incapable de s’exprimer. Un peu comme un assoiffé qui s’exploserait le bide à en crever au premier point d’eau venu.

— Ça marche, lança Mélissa. Je te prépare ça. Je ne voudrai pas que mon étalon tombe de fatigue pour le clou du spectacle.

Elle m’adressa un de ses clins d’œil salaces qui titilla mes envies de rougir. Encore !

Je me hissai sur un des hauts tabourets bordant le zinc quand…

— J’peux te parler ?

Je sursautai. Le serveur me toisait, les lèvres pincées en une fine ligne. Sa question sonnait comme un ordre. Qu’est-ce qu’il me voulait celui-là ?

— Euh, je n’ai pas vraiment le tem…

— Marie. (Il regarda autour de lui avant de baisser la voix pour ne pas être entendu des quelques clients proches.) Tu la connais ? Enfin, en dehors du bar je veux dire ?

Mince. S’il se doutait d’un truc louche, j’aurais un ennui de plus sur le dos. Autant le désamorcer rapido.

— Bien sur, elle et moi ça remonte à, houlà. (J’écartai les bras tel un pécheur mythomane décrivant sa dernière prise.) Pourquoi ?

— Mais genre, intimement ?

Sa tronche incrédule me vexa, même si je ne pouvais pas franchement le blâmer. L’icône de cœur vide au-dessus de sa tête semblait à deux doigts de se changer en trou noir. Son regard aussi.

— Oui. Écoute, je ne sais pas pourquoi tu te mêles de ça. Marie est une grande fille, c’est pas ta propriété ou je ne sais quoi.

— Pourtant. (Il approcha son visage à m’en souffler dans les bronches.) Elle avait pas l’air de te reconnaitre quand t’es allé lui parler.

Il en pinçait de manière bien obsessive pour Marie s’il étudiait en détail les faits et gestes de tous ceux qui l’approchaient.

— Je… euh… je ne porte pas ce genre d’habits habituellement, c’est pour ça qu’elle n’a pas eu l’air de me reconnaitre, et ma visite n’était pas prévue en plus.

J’avais fait pire niveau mytho. Je progressai dans l’impro d’urgence ! Pour faire bonne figure, j’envoyai la suggestion < Oh. D’accord. Ça me parait sensé. >

Son attitude ne se détendit qu’un trop court instant. Rhâ. « Suggestion » fonctionnait vraiment mal sur les cœurs vides.

— Si je découvre que t’as versé quelque chose dans son café, cracha-t-il. Je te jure que…

Il frappa le zinc de son poing serré, juste à côté de moi. J’imaginai qu’il ne me lançait pas un défi à pierre-papier-ciseaux.

— Hé Arnaud ! intervint Mélissa avant que je ne puisse rétorquer une remarque cinglante pleine de charme et d’esprit, si si je vous jure. Qu’est-ce que tu dirais de faire une pause ?

La jolie goth posa une main contre le bras de mon antipathique interlocuteur. Ce geste éveilla une pointe de jalousie en moi. Yep, je n’étais vraiment guère mieux que lui à ce niveau.

— D’où tu lui as passé les clés de ta piaule ? cracha le serveur en retour. Toi j’en suis sur, tu viens juste de le rencontrer, je vous ai entendu. Merde il se passe quoi ? (Il repoussa la main de la jeune femme d’un mouvement de bras hostile.) Lui aussi tu comptes coucher avec et le jeter après ?

Pendant l’espace d’un flash, le regard de Mélissa vira plus noir que son maquillage. Mais c’est maitresse d’elle même qu’elle répondit :

— T’as l’air à la dernière feuille de ton rouleau. Je vais te préparer un remontant et on en discutera au calme ok ?

Le serveur opina du chef, presque à regret. Il rangea son poing et, son regard toujours planté dans le mien, s’installa sur le tabouret le plus éloigné.

— Pas facile d’être populaire, commenta à demi-voix la jolie goth en posant ma tasse de café enfin prête sous mon nez. Je m’occupe de lui, t’inquiète pas de ça pour l’instant. (Elle jeta un œil dans mon dos et sourit.) J’ai l’impression que tu auras pas le temps de te caféiner. (Elle tendit un doigt en direction de la vitrine.) Voilà Émilie. La rousse là-bas.

Une jeune femme aux cheveux rouges vifs tirés en une queue de cheval stricte descendait la rue d’un pas vif. Un sac en bandoulières battait ses reins. Elle ralentit à l’approche du bar, scruta l’intérieur, sourit, puis reparti de plus belle.

« -5mn25s ».

Crotte. Je doutai que Marie patiente un quart d’heure nue comme un ver dans une chambre inconnue. La pensée de ce corps magnifique, qui n’attendait que moi, envahit mon esprit. Qu’est-ce que j’allai encore me mettre dans les ennuis alors que je n’avais qu’à remonter une volée d’escaliers pour en profiter ?

Je croisai le regard inquisiteur de Mélissa. Purée de Jésus sur son bâton. Je ne devais pas perdre de vue que la retorse goth détenait les réponses que je cherchai. En plus, quitte à m’être lancé à pieds joints dans son défi tordu, il serait un peu idiot de reculer maintenant. Ma timidité, et ma libido, allaient devoir prendre sur elles !

Je me précipitai vers la sortie. Émilie s’éloignait déjà en bas de la rue, direction le métro. Je pressai le pas pour la rejoindre, mais mon pantalon se liguait contre moi à coup de glissades intempestives le long de mes jambes

— Hé ! criai-je. Vous là-bas. La rousse !

Aucune réaction, à part deux trois badauds qui me regardèrent avec le respect dû à des pestiférés.

< J’ai l’impression qu’il y a un truc derrière moi. >

J’avais lancé mon pouvoir de suggestion au pif, droit devant. La rousse et deux types dans son sillage se retournèrent, l’air étonné. Cool, effet de groupe ! J’agitai une main, l’autre toujours occupée à m’éviter un demi strip-tease. Émilie m’observait enfin, les yeux ronds, une icône vide flottant au-dessus de son crane.

Alors que je me rapprochai, elle extirpa une paire d’écouteurs de ses oreilles. Le peu de courage que j’avais rassemblé s’évaporait par tous les pores de ma peau.

Mélissa n’avait pas exagéré. Comme Marie, Émilie avait énormément de charme. Des collants dépassaient de sous une jupe à carreaux, et elle portait une petite veste beige qui accomplissait le double travail de souligner le feu de ses cheveux, et les contours de sa plantureuse silhouette. Un des boutons, luttant pour contenir sa poitrine, semblait même à deux doigts de me péter au visage. J’aurai volontiers accepté qu’il me déglingue un œil si cela signifiait que l’autre pouvait apercevoir un peu plus du tissu blanc qui maintenait captif - à grande peine - la chair non moins blanche de ses seins. Avec ses traits fins, ses hautes pommettes, et ses grands yeux noirs cerclés de petites lunettes sévères, elle ressemblait à une institutrice ; le genre qu’on a envie d’appeler maitresse pour des raisons que l’éducation nationale n’approuverait pas.

En bref, si Marie était le charme délicat de l’eau qui dort, Émilie était celui explosif du feu. J’espérai du coup qu’elles ne s’éteindraient pas l’une l’autre une fois misent en contact…

— Oui ? demanda-t-elle en me regardant avec l’intérêt qu’on porte à un meuble.

« Mode séduction – activé »

A – Sympa vos lunettes. Vous savez ce qu’on dit, femme à lunette, femme qu’est bigleuse ! (-17)

B – Désolé d’être curieux, mais je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer le livre qui dépasse de votre sac. « Devenir clair » par Lawrence Wright c’est bien ça ? Excellent bouquin sur la scientologie, vous étudiez le sujet ? (+5)

C – Je voulais juste vous dire que mon amour pour vous est comme de la diarrhée : impossible à contenir. (-27)

— Désolé d’être curieux, mais je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer le livre qui dépasse de votre sac. « Devenir clair » par Lawrence Wright c’est bien ça ? demandai-je. Excellent bouquin sur la scientologie, vous étudiez le sujet ?

Oui, voilà, c’est ça. J’avais remarqué le bouquin à son flanc et pas le contenu de son soutien-gorge. Crédibilité : 0.

Émilie me coula un regard par dessus ses lunettes, avant de les relever sur l’arête de son nez. Ce geste provoqua chez moi un afflux de souvenirs. Ceux de toutes les profs sexy que j’avais eu le bonheur de connaitre - soit uniquement Mme Dilton, ma prof de musique du collège. Louée soit sa capacité pulmonaire.

— Oh ! (Son sourire retrouvé, elle glissa sa main dans l’ouverture de son sac pour en extirper le livre qui en dépassait. L’interface avait vu juste.) Oui, je fais une thèse sur les sectes, et, forcément, comment ne pas aborder la plus célèbre de toutes ? Tu étudies le sujet ?

A – Non, mais je peux t’étudier le sous-tif si tu veux, je suis apprenti masseur. (-37)

B – Avec une prof aussi sexy que toi, je serais même prêt à étudier la coloscopie, en live. (-56)

C – Juste grand passionné. Ce bouquin est un classique. Mais si le sujet t’intéresse, je te recommande aussi les deux livres par la nièce et le père de David Miscavige, l’actuel leader de la secte. Je dois en avoir des exemplaires chez moi si tu veux. (+8)

Vous vous en doutez, je n’avais aucun des bouquins promis. Mais je ne flippai pas. S’il fallait en venir là, je mettrais à profit ma ceinture noire troisième dan de commande expresse sur Amazon. Seule comptait sa séduction éclair, surtout que le compteur me narguait avec ses « -6mn57 » comme pour bien me rappeler que le temps était comme Elvis : il pressait. Oui bon, ok, ce jeu de mot sent sous les bras, mais c’est le stress ! Vous moquez pas !

Bref, je balançais la bonne réponse. Un début de sourire éclaira son air sérieux lorsqu’elle répliqua :

— J’espère que ce n’est pas un simple prétexte de dragueur pour m’attirer dans ton lit ?

Ah, la franchise, le talon d’Achille de mon cœur !

A – Oh non, pour ça je t’aurais mentionné que j’ai un des transcripts originaux d’une des cassettes du suicide de masse de Jonestown. (+10)

B – Ca risque pas, les lits c’est surfait, je dors à même le sol comme un vrai bonhomme. (-15)

C – Ça va bien le harcèlement sexuel oui ? Tu m’as pris pour un homme facile ? (-37)

Autant pour mes compétences en commande Amazon… Et puis, discuter suicide de masse, qu’elle drôle d’idée. Clairement, l’Interface et moi ne partagions pas la même idée du romantisme. Surtout qu’avec sa réponse, la jolie rousse m’avait tendu une perche des plus turgescente. Une perche que je ne résistai pas à saisir. J’envoyai mentalement < Maintenant que j’y pense, je ne dirais pas non s’il proposait de me mettre dans son lit. Mais il n’osera jamais être aussi cash. >.

Encore aujourd’hui, je ne suis pas sûr de savoir pourquoi j’avais tenté ça. Peut-être que je gagnais en confiance et que je voulais avoir l’impression, au moins un peu, de séduire par moi-même. Ironique quand mon initiative s’apparentait à tromper son cerveau, mais on se raccroche à ce que l’on peut.

À ma grande surprise, la réponse correcte suggérée changea sous mes yeux :

A – Tu m’as percé à jour. Pour ma défense, j’ai toujours eu un faible pour les femmes cultivées. (+30)

+30pts supplémentaires ! Whoâ ! Je venais de combiner avec succès la suggestion et le mode séduction. Je devenais un véritable pro-gamer de l’Interface !

— À vrai dire si, dis-je. Pour ma défense, j’ai toujours eu un faible pour les femmes cultivées

Émilie rougit violemment. Un phénomène dur à rater sur sa peau nacrée. Le liquide dans le cœur au-dessus de sa tête atteignait presque la moitié. « -8mn42 ». Yes. Si je continuais comme ça, Marie n’aurait pas eu à attendre bien longtemps, et serait encore dans de bonnes dispositions. Croisons les doigts. Tous les doigts !

— Oh ! (Elle écarquilla les yeux, l’air sidéré par mon audace, mais se ressaisit.) Je ne dis pas non, mais je ne dis pas oui, je ne voudrais pas que tu me prennes pour une fille facile.

Avec l’Interface, n’importe quelle fille est facile, pensai-je. Pas de honte à avoir

J’enchainai les réponses suggérées et l’habituelle magie de mon Artefact fit son œuvre. Petit à petit, la jolie rousse se faisait plus tactile, me saisissait un bras pour rire à mes remarques, même les plus vaseuses. Elle s’humectait les lèvres régulièrement et ses regards se faisaient plus appuyés, plus sensuels.

Je parvins à booster les effets de la séduction à coup de suggestions bien placées du style < C’est un peu fou de succomber à un type rencontré comme ça dans la rue, mais c’est ça qui est bon. Faut vivre au jour le jour. > et autres < Il a envie de toi, t’as envie de lui, quel mal y a-t-il ? >.

— Écoute, je dois y aller, fini-t-elle par dire. Mais je te laisse mon numéro et on pourra se revoir quand j’aurai plus de temps à te consacrer.

Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil. Mûre à point.

A – Ah mais non quoi, on s’en fout des horaires, YOLO comme disait Descartes ! (-6)

B – Je sais que ma teub est assez grande pour ça, mais je vais quand même pas me la mettre derrière l’oreille ?! (-10)

C – Ce serait avec plaisir. (Pause)

Arg ! Pause !

Juste PAUSE ?

Pas de panique, suggestion pouvait sauver le truc. Il fallait juste que je trouve quelque chose d’efficace. Voyons. Il n’y avait pas 36 raisons qui poussaient une étudiante à écourter de toute façon.

< Et si je séchais les cours ? De toute façon le prof est barbant et je pourrai toujours demander les notes à quelqu'un de la classe. J'ai bien besoin de décompresser, et c'est pas tout les jours qu'on tombe sur un mec cultivé et sympa. >

Je suais une microseconde avant que l’Interface ne change sa bonne réponse en :

C – Ou alors, on prend le temps maintenant. (MAX)

PRO !

GAMER !

TAVU !

— Ou alors, dis-je d’une voix qui dissimulait à peine ma fébrilité. On prend le temps maintenant.

Son sourire s’élargit, et le rouge monta à ses joues.

« Mode sexe – Activé ».

La jauge rose apparue remplie à… 45% !

Avant que j’ai le temps de me réjouir de ce score – mon meilleur jamais atteint – Émilie plaqua sa bouche sur la mienne. Sa poitrine pressée contre mon torse, elle me força à reculer jusque dans le hall d’un immeuble proche. Mon dos percuta une rangée de boites aux lettres, mais je le remarquai à peine, perdu dans l’ardeur de ses baisers.

Avec une fougue pareille, le feu d’Émilie ne se limitait pas à ses cheveux. Elle dévorait mes lèvres avec une avidité presque terrifiante, mordant la pulpe, cherchant à saisir ma langue entre ses crocs. Sa sauvagerie était communicative. Je l’embrassais violemment en retour et goûtais avec délice à nos salives et muqueuses mélangées.

— On risque de nous voir, haletai-je lorsqu’elle libéra ma bouche assez longtemps pour que je puisse en placer une.

J’espérai par cette remarque l’inciter à trouver un endroit plus au calme, la chambre de Mélissa ou nous attendait Marie, par exemple.

— Et alors ? dit-elle. Je ne suis pas timide.

« Exhibition » flasha. 73%. Oh ! Avec de tels scores, Marie et Émilie avaient dû faire le bonheur de leurs voisins.

Avant que je puisse répliquer « mais moi je suis grave pressé », ma cervelle se transforma en mélasse. Émilie venait d’ouvrir à l’arraché sa veste. Sa poitrine débordait du dérisoire rempart de son soutien-gorge, comme si ce sous-vêtement regrettait son devoir de pudeur. La belle rousse glissa une main en coupe dans un des bonnets, et en extirper une de ses merveilles.

Bon sang ! Je ne me lasserais jamais de ce genre de spectacle. Son sein pendait, lourd, son épaisse pointe brune puissamment dardée. Alors que mon sang peinait à gravir les étages de mon corps direction le cerveau, Émilie me saisit par l’arrière du crâne. Elle me plaqua tête la première contre sa poitrine découverte. J’en gobai instinctivement le téton, et le léchai avidement, toute urgence oubliée. La chair douce de son ample sein me couvrait la bouche et le nez, m’obligeant à pratiquer de l’apnée.

La jauge rose monta à 55%.

Quand le souffle commença à me manquer, je me débattis à peine. Mourir comme ça valait entièrement le coup. Mais Émilie ne me laissa pas le choix. Une main toujours fermement agrippée dans mes cheveux, elle arracha ma bouche avide de son délicat mamelon, et me fusilla du regard.

— On dirait que ça ne te déplait pas tant que ça de faire ça en public finalement… pervers.

Son sourire acheva de me faire fondre. Elle m’empêcha de répondre en me replaquant contre sa poitrine. De son autre main, elle caressa mon torse et descendit doucement jusqu’à mon pantalon. Sans la barrière de ma ceinture, elle n’eut aucune difficulté à glisser sa paume fraiche dans mon slip, tout contre mon sexe brûlant.

Aussi plaisant soit-il, ce contact agit comme un électrochoc. Merde ! Qu’est ce que je foutais ? Il fallait rejoindre Marie au plus vite. Je me débattis, relâchai son téton et éructai :

— J’ai une copine.

Les mots avaient à peine quitté ma bouche que j’en saisis la bêtise. Voilà pourquoi aucune avancée scientifique majeure ne s’est produite pendant le sexe. La chose n’aide pas à réfléchir.

La plantureuse rousse enleva sa main de mon slip comme s’il contenait un piège à loups.

— Tu te fous de moi à me balancer ça maintenant !? lança-t-elle, colère et jalousie mêlée dans l’éclat de feu derrière ses lunettes.

— Elle est prêteuse, tentai-je pour rattraper le coup. Et, à vrai dire, elle a toujours rêvé de faire un truc à trois… et moi aussi.

J’envoyais en suggestion < Oh, il doit être en relation libre, tout simplement. J’aime l’idée. >

— Tentant, mais. (Elle agrippa à nouveau mes cheveux, tirant dessus presque douloureusement.) Je n’ai aucune patience.

Elle m’embrassa violemment, empalant sa langue entre mes lèvres et sa main retrouva le chemin de mon sexe. J’appelais en panique « Lecture de pensée. »

« Comme si j’allais pouvoir attendre de sentir sa bite remplir ma petite chatte. Il m’a trop chauffée. En plus si on nous voit, c’est encore mieux. »

Crotte. Elle ne comptait vraiment pas bouger de là. Pire, avec le défilé de badauds que j’apercevais dans son dos, et la jauge « Exhibition » qui ne cessait de croitre, elle était plus déterminée que jamais à se montrer. Tout en continuant à m’asphyxier avec sa poitrine, elle saisit ma main encore libre et m'obligea à la remonter le long de ses jambes.

Les mailles de son collant crissèrent sous mes doigts. Lorsque je sentis de la peau, je compris que je m’étais planté. Elle ne portait pas de collants, mais des bas. Mon sang s’accéléra, et je poursuivis mes explorations plus fébrilement encore. Une chaleur humide poissa mes doigts lorsque ma main s’insinua sous le satin de sa petite culotte à la recherche de la fente de son sexe. Je sentis aussitôt que sa vulve était intégralement rasée, et de près.

Je sus à cet instant que, si je n’agissais pas tout de suite, mon désir ne me laisserait pas la force de poursuivre mon plan initial. Avec une violence qui me brûla presque les neurones, je hurlai intérieurement « Inverse son goût pour l’exhibition ».

Émilie hoqueta de surprise. Elle relâcha son étreinte et lança des regards paniqués autour d’elle, une main plaquée contre son sein nu, l’autre rabaissant sa jupe que mes caresses avaient relevée.

— Je… Non.. On va nous voir…

J’aurai préféré garder cette capacité sous le coude en joker, mais sa voracité ne m’avait pas laissé le choix.

— Ça tombe bien, dis-je. Ma copine et moi on habite tout près, et c’est super discret.

Elle acquiesça, la tête presque rentrée dans les épaules. Je me retins de sourire triomphalement. Mon plan pouvait se poursuivre.

***

(À suivre mercredi 10 juillet !)

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