Niveau 6 - Time-Limit

14 minutes de lecture

Trainé par la manche dans les méandres du métro par la belle tatouée dont j’ignorais jusqu’au nom - mais qui semblait bien déterminée à abuser de moi - je me tapai une sévère impression de déjà vue.

Tout en priant pour que l’on ne croise pas son mec, je tentai d’estimer le temps dont je disposais avant que les effets de ma capacité « Inversion » ne s’arrêtent, et qu’elle me déteste à nouveau. J’hésitai entre « Pas longtemps avant que tu crèves » et « Mais comment t’es tellement trop décédé mon pauvre vieux ! Condoléances. ». La jauge rose et sa désormais habituelle farandole de graphiques n’aidait pas ma concentration.

« Le pouvoir inversion va durer encore combien de temps ? », tentai-je mentalement.

« 9mn 15s » afficha l’Interface au milieu de l’avalanche d’information qui me vrillait le crâne.

Ok, il fallait que je me tire de cette situation en moins de dix minutes, et si possible avec les infos. Facile…

— Bouge pas, ordonna la jolie tatouée une fois arrivée près d’une porte en inox planquée dans un recoin de service.

Elle extirpa un trousseau de clé de la sacoche qui pendait à son épaule, le margouillat à la recherche de la bonne, puis l’inséra dans la serrure.

— J’ai fait que l’emprunter à des concierges, dit-elle, confondant probablement mon air ahuri avec une accusation. Je leur rendrais t’inquiète.

J’aperçus son téléphone à l’intérieur de son sac et j’hésitai à simplement le choper et me barrer en courant. Si je fouillais dans ses photos, je finirais bien par trouver celle de la mystérieuse femme qui murmurait à l’oreille des clodos. Moins simple que si elle me le disait directement, certes, mais moins dangereux pour mes fes…

Mon train de pensée n’eut pas le temps de finir son voyage que la jeune femme avait poussé la porte d’un coup d’épaule, tâtonné pour allumer l’éclairage et me tractait à l’intérieur. Avec sa longue étagère chargée de produits d’entretien, ses murs sur lesquels languissait tristement une armée de balais et son petit bureau branlant en métal au fond, la pièce fleurait plus la javel que le romantisme.

La lourde porte se referma dans mon dos avec l’inéluctabilité d’un couperet. Je déglutis avec peine.

— Écoute, je veux juste la photo, tentai-je. Envoie-la-moi sur mon téléphone et on en parl…

— C’est donnant donnant, m’interrompit-elle. Alors tu vas me donner du plaisir, et ça a intérêt à être à la hauteur si tu veux ton info.

Son nouveau goût pour l’autorité ne lui avait clairement pas enlevé sa roublardise. Et à voir son franc sourire et le pétillement de ses grands yeux rehaussés d’eye-liner, la situation l’excitait. La jauge rose affichait même un très encourageant 35%. Je vis également du coin de l’œil une jauge qui augmentait fortement « Domination – 78% ». Une autre, plus petite, me fit perdre deux teintes de blanc : « Sadisme – 57% ». Le timer de l’Inversion flottait non loin, comme pour en rajouter une couche : « 8mn 30s ».

— D’accord, d’accord, bafouillai-je

Je regrettai presque aussitôt mes mots, mais mes options étaient minces. Physiquement, je ne faisais pas le poids, et puis, de toute façon, je n’avais pas particulièrement envie d’user de violence. Me taper des femmes oui, les taper, faut pas déconner. À moins qu’elles aiment ça, bien sûr.

Merde, focalise-toi un peu !

Mes meilleures chances de tirer quoi que ce soit d’elle résidaient dans l’unique pouvoir à ma disposition : celui du cul. Et vu les 8 minutes qui me restaient, j’allai devoir le mettre à profit comme jamais.

« Hey l’interface, un petit coup de main peut-être ! Quelques conseils de derrière les fagots ? » plaidai-je mentalement.

« Mode conseil – inaccessible. Tutorial achevé. »

Et hop, le gentil papa Interface me balançait à l’assaut d’un dénivelé sans les petites roues. Pour ne rien arranger, la façon qu’avait la belle tatouée de me toiser m’impressionnait au plus haut point, presque autant que ma patronne. À cette pensée, j’eus une illumination.

— Dans ce cas, déshabille-toi ! ordonnai-je.

Ca avait fonctionné avec la flippante Mme Kirichenko alors pourquoi ne pas répéter l’exploit ?

La jauge rose s’effondra à 30%. La jeune femme lâcha un long soupir et plongea une main dans son sac, touilla dedans un instant et en extirpa…

Un taser !

— Je vais rien faire du tout, dit-elle. C’est à toi de me faire décoller. Et si tu as besoin de motivation, à chaque fois que tu feras quelque chose qui me déplait…

Le claquement électrique de l’arc qui fusait entre les électrodes du petit boitier dans sa main ponctua sa phrase. Ses jauges de sadisme et de domination s’envolèrent à nouveau. Celle de couleur rose bondit carrément à 38%. Me terroriser lui plaisait beaucoup trop.

Cela dit, au moins elle progressait. Lentement. Peut-être que si je la laissais me donner des ordres et m’électrocuter gentiment les testicules, elle serait satisfaite ? Non, non, il devait y avoir un truc bien plus efficace et bien moins douloureux. Mais quoi ?

« 7mn 59s ».

Pas le temps de tergiverser. Puisqu’elle voulait que je prenne les choses en main, j’allai le faire. Littéralement.

D’une poigne tremblante, je saisis le bas de son débardeur « MOTORHEAD » et le relevai. Le tissu stretch comprima sa poitrine qui se souleva avec l'avant du vêtement. Je tirai un peu plus et ses seins s’extirpèrent d’un coup, frémissant à peine sous leur poids pourtant évident. Je m’étais attendu à ce qu’elle porte un soutien-gorge, aussi l’apparition soudaine de cette magnifique paire dans toute sa nudité me fit rater plusieurs battements de cœur. Presque aussi imposants que ceux de Sandra, un tatouage d’ange les ailes déployées, s’étalait au niveau de son plexus solaire, de chaque côté de son sternum, juste sous ses seins, comme pour attirer encore plus le regard dessus. Une incitation bien superflue.

Avec une impatience sauvage, je les saisis par en dessous à deux mains avant de remonter vers ses minuscules tétons qui semblaient presque timides au milieu de leurs aréoles quasi transparentes. Leur délicatesse tranchait, émouvante, avec l’aura menaçante qui se dégageait de leur propriétaire. Détail qui ajoutait à mon envie quasi insoutenable de jouer avec, ils étaient tous deux traversés par un piercing, sorte de mini haltères argentés, comme un appel à les tordre.

Une intense douleur me foudroya, de l’épaule jusqu’au bout des doigts. J’eus l’impression que chaque terminaison nerveuse de mon bras se retrouvait entre les crocs d’une tenaille. Bref, ça faisait un mal de chien bordel de fesses !

— L’intensité minimum te fait déjà autant d’effet ? lança ma tortionnaire presque jubilante. C’est pas si douloureux pourtant.

La jauge rose grimpa à 40%, de concert avec la jauge de sadisme. « 7mn 16s ». La douleur mêlée à la pression du chrono me faisait perdre pied. Je peinai à respirer, comme si un troupeau d’éléphants avait élu domicile sur ma cage thoracique. « Lecture de pensée », tentai-je.

La voix claire percuta mon crâne. « Encore un obsédé qui ne s’intéresse qu’à mes seins. Enfin, au moins, c’est vraiment bon de le voir se tordre de douleur. »

Quel idiot. Ma patronne et Sandra avaient été si réceptives à ce que je faisais à leur poitrine que j’étais bêtement parti du principe que cela marcherait avec n’importe qu’elle femme, alors que rien n’est plus varié que les goûts sexuels, à part peut être ma propre bêtise. Terriblement dommage vu la beauté de ses seins cela dit.

À la pensée de la belle hôtesse, le conseil de respirer calmement que m’avait donné l’Interface me revint en mémoire. Si je paniquais encore plus, j’étais foutu. Je fis mon possible pour apaiser mon souffle, ce qui n’avait rien d’évident quand des yeux de braise et une poitrine non moins volcanique me faisaient face.

Si l’Interface ne voulait plus me tenir par la main, peut-être qu’il était enfin temps d’utiliser mon cerveau du haut pour analyser l’avalanche d’information qu’elle me fournissait. Je parcourai rapidement les jauges disposées autour de la plantureuse silhouette de la tatouée. Sans surprise, elle aimait infliger de la douleur et dominer ses partenaires, mais je préférais autant que possible ne pas répéter la version lilliputienne de la chaise électrique. Je sautai d’un graphique à un autre. Ici, ses positions favorites – elle raffolait apparemment de la cow-girl inversée, et, vu ses autres goûts, je la soupçonnai d’interpréter cette position littéralement et de prendre plaisir à pendre des dames en cosplay de vache par les pieds – là, la liste des sévices qu’elle appréciait de faire subir à ses partenaires et qui incluait, bien évidemment, son taser, mais également les griffures, voir les coups de lame. Ici un graphique qui mettait en corrélation l’intensité des mouvements avec le taux de remplissage de la jauge rose.

Punaise. Tout ça était bien joli, mais il me fallait quelque chose de simple et de particulièrement efficace si je voulais la faire jouir en moins de « 7mn 3s ».

C’est là que je le vis. Dissimulé dans un recoin de l’Interface se tenait un petit tableau à l’air aussi secret que son intitulé « Désir inavoué. » En dessous, un seul mot me toisait, presque comme pour se moquer de moi : « Anulingus ».

J’aurai aimé vous dire que ce mot ne faisait que m’évoquer un nom de Pokémon, mais mon habituelle naïveté ne m’épargna pas sur ce coup là. Je savais pertinemment de quoi il s’agissait. Elle rêvait, sans se l’avouer, que quelqu’un lui lèche…

Oh bon sang. Je ne m’en sentais pas capable du tout. Ça semblait tellement… sale. Pour être parfaitement honnête, voir quelqu’un d’autre s’adonner à cette pratique pouvait m’exciter, mais de ce côté de la barrière, en spectateur uniquement, pas en acteur. Cela dit, aussi écœurant que je m’imaginais la chose, elle paraissait quand même moins douloureuse que le taser, et certainement moins dangereuse que ce qu’elle risquait de me faire subir si je ne déguerpissais pas avant que le pouvoir d’inversion ne s’annule.

La décharge me saisit au niveau du cou cette fois. La douleur crispa mon corps entier, comme si mon cerveau venait de planter, et je serrais les mâchoires à m’en fendre les molaires. La vache la teigne !

— Tu te décides ? lança-t-elle canines montrées, ses bras croisés sous sa poitrine comme pour me provoquer avec leur masse aguicheuse.

Pas pour rien qu’on utilise des batteries pour démarrer les voitures. La patate refocalisa mes pensées.

— Dans ce cas bafouillai-je. Tu permets que je tente quelque chose ?

Lorsqu’elle acquiesça en silence, je lui saisis les hanches pour la pousser à tourner sur elle-même.

— Qu'est-ce que tu fous ? cracha-t-elle. Tu crois que tu vas pouvoir me prendre comme ça ? Tu m'as confondue avec une salope ?

— Je veux juste faire ce que tu m'as demandé et que tu ne me grilles pas encore une fois. Si ça ne te plaît pas, tu pourras toujours euh...

Je marquais une pause dans l’attente d’une décharge désapprobatrice. Mais rien ne vint. Après quelques secondes de réflexion :

— Ok, dit-elle. Mais va pas jouer au con, sinon...

Elle pivota et s’agrippa à une des étagères. Elle ponctua la manœuvre d’une torsion des hanches qui la cambrait délicieusement et rehaussait encore plus les formes généreuses de ses fesses que je devinais au travers du tissu de sa courte jupe. Des formes qui, dans le faible espace de la pièce, frottèrent contre mon pantalon, comme pour me faire prendre conscience de la présence de mon érection brûlante. Le danger de la situation n’endiguait aucunement mon désir, bien au contraire.

« 6mn 55s ».

Pas le temps de rêvasser. Je relevai sa jupe sans délicatesse. C’est presque déçu que je constatai que, contrairement à sa poitrine, elle portait une culotte, et pire, une culotte blanche dont la banalité paraissait presque incongrue sur elle. Qu’importe, je la fis glisser le long de ses cuisses, jusqu’à ses genoux. Les orbes blanches de son fabuleux postérieur laissaient apparaitre le foisonnement brun d’une toison qui brillait d’une rosée humide. Les lèvres roses de son sexe se devinaient à peine, cachées au plus profond de cette forêt obscure.

Ok… Un peu comme les grands ménages de printemps que je faisais chez moi à chaque fois que je devais réviser pour une interro, je faisais tout pour retarder l’inéluctable, même me lancer dans de la poésie sexuelle. L’ennui c’est que, plus j’hésitai, moins j’avais de temps, et donc plus je galérerai à la faire décoller avant la fin de l’inversion.

Allez mon gars, c’est rien qu’un mauvais moment à passer, tu peux le faire !

Je m’accroupis au sol et, les mains crochées dans les tendres chairs laiteuses de ses fesses, je les écartai doucement. Leur peau était chaude sous mes paumes. Au plus secret de son anatomie se lovait un minuscule froncement à la teinte brun rosé. Comme si elle percevait mes intentions, la jeune femme frémit d’anticipation et la jauge rose bondit aussitôt à 45%. J’étais sur la bonne voie. Sa réaction enthousiaste acheva de me décider.

Doucement, du plat de la langue, je remontais de la base de son sexe vers le petit cratère de son anus. Je l’entendis clairement prendre une très longue inspiration alors que j’atteignais ma cible. Je léchais les bords du délicat anneau et elle gémit violemment, étranglant un « putain oui » entre ses mâchoires serrées. La jauge se propulsa à 55%. Yes !

Je remarquais alors que le goût de son entrée secrète n’avait strictement rien à voir avec les horreurs que mon cerveau avait anticipées. Loin d’être écœurante, une saveur musquée chatouillait agréablement mes papilles, comme le goût de l’interdit. Je commençais par de lentes rotations sur le pourtour extérieur et je sentis son anus palpiter agréablement. Chacun de mes passages lui arrachait des halètements qui ressemblaient à des invitations à poursuivre mes explorations. Ce que je fis. Des mains, je pressai contre ses fesses pour l’ouvrir toujours plus. Je dardai l’extrémité de ma langue dans son petit anneau, juste un peu.

Elle s’agrippait de plus en plus fort à l’étagère de produits ménagers, ses phalanges blanchit par l’effort. De longs tremblements partaient de ses reins jusqu’au sommet de sa nuque et je pouvais deviner flotter sous son buste l’imposante masse de ses seins.

La jauge de domination explosait à 100% et celle, rose, de son plaisir, atteignait désormais les 60%.

La situation m’évoquait un étrange paradoxe. Je me soumettais intégralement à son plaisir, et en même temps, le fait de sentir à quel point je contrôlais ses sensations du bout de ma langue me donnait un sentiment de puissance particulièrement enivrant. Emporté par cette idée, je pressai encore plus mes explorations. D’une légère poussée, j’écartelai le tendre anneau et en parcourrai l’entrée. La gaine veloutée s’étirait doucement autour de ma langue.

70%

Je me perdis dans la découverte de cette activité aussi plaisante qu’inattendue. Les préjugés, c’est décidément comme de la daube : c’est de la daube ! J’alternai les mouvements circulaires le long des froncements ridés de la périphérie et les va-et-vient rapides au centre. Sa respiration haletante s’achevait ponctuellement en petits cris de plaisir qu'elle étouffait d’une main. Ils étaient si aigus et si, comment dire, mignons, que l’idée que je les arrachai à une femme à l’air si farouche m’excitait fortement. Elle tortillait des fesses, s’arquait de plus en plus pour les presser contre mon visage. Je faisais mon possible pour demeurer immobile afin qu’elle se positionne de manière optimale.

70%

C’est pas vrai ! Pourquoi la jauge restait bloquée comme ça alors qu’elle appréciait clairement ce que je lui faisais ? Il ne restait que « 1mn 33s » en plus. Je beuglai mentalement « Lecture de pensée ».

L’écho de sa voix résonna dans ma cervelle, « Putain qu'est-ce que c'est bon... Je vais... Oh... Faut que je l'oblige à me caresser en même temps, mais si je le… Oh… Faut pas qu'il s'arrête... ».

Quel idiot ! J’avais oublié le clitoris. La première règle du clitoris c’est qu’il ne faut jamais oublier le clitoris.

Sans cesser d’activer ma langue, je glissai un doigt dans la fente de son sexe qui s’ouvrit sans effort, poissant mes phalanges d’humidité. Elle grogna un assentiment délicieux derrière sa bouche close. En impro totale, je remontai le long de ses grandes lèvres à la recherche du petit capuchon de chair à son sommet. Je tâchai de me remémorer les mouvements de langue qui avaient fait décoller Sandra pour les reproduire du bout de mon doigt. Je calai le rythme des pénétrations de ma langue dessus, dans l’espoir d’amplifier les vagues de son plaisir.

« 1mn07s ». La jauge monta à 78%. Presque. Presque. Presque.

Je plaçai un second doigt contre son clitoris et, de mon autre main, insérai mon index et mon annulaire entre les tendres parois de son vagin qui accepta ma soudaine intrusion sans effort. Je me rappelai alors le graphique qui indiquait le lien entre intensité des mouvements et taux de remplissage de la jauge rose. L’interface réagit aussitôt et afficha au premier plan cette information. Contrairement à Sandra qui avait préféré un rythme doux et constant, la belle tatouée favorisait une montée progressive de l’intensité et de la pression.

Avec « 58s » devant moi, je n’hésitai pas un seul instant. Je poussai ma langue encore plus loin dans les replis de son anus, mes doigts toujours plus profondément dans son étroit vagin et j’appuyai un peu plus fort mes caresses contre son clitoris.

85%. J’intensifiai encore mes caresses malgré la douleur qui lancinait dans ma main tordue selon un angle peu naturel. La tension que je devais imprimer à ma langue pour la pousser en elle demandait plus d’effort que je ne l’aurai cru initialement, et ma mâchoire commençait à douiller. Je ne relâchai pas mon ardeur pour autant, et cela payait. Sous mes assauts, la belle peinait à contenir les gémissements qui franchissaient la muraille de ses dents serrées, faisant vibrer mon propre désir inassouvi.

97%. 98%. 99%.

J’empalai ma langue et mes doigts au plus profond d’elle. Son orgasme la secoua violemment et manqua de me faire partir en arrière, mais je ne la lâchai pas. Contrairement à la montée de son excitation, elle jouit presque silencieusement, son tendre anneau pulsant doucement à l’extrémité de ma langue.

Lorsque la vague de plaisir reflua, elle se tenait à moitié effondrée contre l’étagère, telle une naufragée. Elle en avait même lâché le taser que j’avais entendu tomber au sol dans un claquement de plastique.

« Succès total. Bonus timing. 150% gain d’XP. 300 XP – Acquérir nouvelle compétence ? »

Je chassai mentalement le texte, trop obnubilé par le timer. « 22s ».

— La photo. Donne-moi la photo, criai-je, ma voix brûlée par l’urgence. J’ai rempli ma part du marché.

Sans un mot, elle me sourit et désigna sa sacoche tombée au sol. Je me jetai dessus et farfouillai à l’intérieur. J’en extirpai des stylos, un portefeuille, un miroir, un tube d’eye-liner. Bon sang, pourquoi les femmes transportent autant de trucs dans leurs si petits sacs ?

Je manquai de crier « victoire » lorsque je trouvais enfin son téléphone.

— Putain de merde, dit la belle tatouée alors que je me relevai, prêt à me tirer de là. Qu’est-ce qui m’a prit ?

Elle me toisait avec l’amabilité normalement réservée aux merdes sous des chaussures. D’un bras, elle dissimulait la nudité de sa poitrine. Un cœur entièrement vide avait pris la place de la jauge rose et son avalanche d’informations.

« 0s – Inversion terminée. »

Blanc comme une aspirine, je couinai mentalement « Activation du mode séduction ». Je pouvais peut-être rattraper le coup.

« Mode séduction – Activé ».

— C’est pas possible, cracha-t-elle. Tu m’as droguée pour que j’accepte qu’une merde comme toi me touche ?

Je manquais de laisser échapper un soupir de soulagement lorsque l’Interface m’afficha ses suggestions.

A – Bien sûr, à la drogue qu’on appelle l’amour. (-57)

B – Tu n’avais pourtant pas l’air de t’en plaindre. (-37)

C – Je te jure que je peux tout expliquer. (-22)

Que du négatif.

Là, j’étais vraiment mort.

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