Askhell au château

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Maïwen courut à la porte tandis que les gardes se levaient et armaient leur arc. Elle détala vers le dragon en faisant de grands gestes.

- Ne tirez pas!

Tout le monde la regardait, interloqué. Plusieurs chevaliers reconnurent le dragon et, emplis du souvenir cuisant de leur défaite, sortirent leur épée afin de prendre leur revanche.

- S'il-vous-plait! Ne tirez pas! Askhell ne vous fera rien!

Les archers regardèrent le roi. Arthur, après un court temps de réflexion, leur ordonna de baisser leurs armes mais de les garder tout de même prête.

Maïwen arrivait devant son cher dragon.

Tu n'as rien? 

- Je vais bien, Askhell, mais pars! Ils vont te tuer! le supplia sa maîtresse en poussant sur son museau sans l'ébranler le moins du monde.

Ils ne te font pas confiance, alors? poursuivit le dragon.

Ce faisant, un grondement sourd monta dans sa gorge. Effrayée, la cour recula. Par réflexe, les chevaliers entourèrent leur roi, si bien qu'on ne voyait plus de son crâne que quelques mèches brunes. Maïwen se tourna vers eux.

- Askhell ne vous fera jamais aucun mal. Vous pouvez laisser respirer votre roi, à ce train là, vous allez le tuer par asphyxie. Pas très glorieux comme mort, non?

Le sarcasme de Maïwen ne fut pas du goût de ces honorables guerriers qui levèrent dans un même mouvement leur épée.

- Ce que veut dire Morgan, c'est qu'Askhell est de notre côté, intervint Aela avant que la situation dégénère.

Tous regardèrent la jeune fille descendre calmement les escaliers menant à la cour, suivie de près par un Galaad surpris.

- Tu n'as pas dis inoffensif, releva Lancelot, sceptique.

Lui-même avait un cuisant souvenir de sa précédente rencontre avec le dragon. 

- Oh! si je l'avais dis, j'aurais menti, et j'ai horreur de mentir. Non, un mot de Morgan et Askhell vous aura tous exterminés dans la seconde qui suit, poursuivit Aela d'un ton décontracté.

Les chevaliers de la Table Ronde, pourtant réputés si fiers et si courageux, regardèrent alternativement Maïwen, son dragon et Aela. On voyait presque les rouages s’enclencher dans leur cerveau. Aela sentit soudainement une main sur son épaule.

- Attention à ce que tu dis, murmura Galaad en lui serrant doucement l'épaule.

Son souffle chaud effleurait la joue écarlate d'Aela.

- Je sais ce que je fais, lui assura la jeune fille. Fais moi confiance.

- Aela, tu es sûre...

- Oui.

Aela se dégagea de la poigne de fer du jeune chevalier et se dirigea droit vers Maïwen et Askhell tout en continuant à parler.

- Mahault pourra confirmer nos dire à Maï... Morgan et moi. Quand Morgan est arrivé chez papa, Askhell lui était déjà attaché. Après les avoir côtoyés tous deux pendant cinq années, je peux vous assurer qu'il obéit sans réfléchir à Morgan.

- Et comment un jouvenceau de quinze ans à peine aurait pu mater ce monstre alors que les plus forts d'entre nous y ont lamentablement échoué?

- Excellente question, Will, merci de l'avoir posée. Peut-être ai-je seulement ce qui semble cruellement vous manquer : du courage!

- Ou une stupidité impressionnante, la coupa Aela, foudroyant Maïwen du regard, ce qui lui permet d'affronter toutes les situations sans réfléchir aux conséquences souvent désastreuses.

Maïwen baissa les yeux face à ce reproche camouflé qu'elle acceptait. Arthur congédia ses chevaliers d'un geste de la main. Obéissante mais non moins méfiante, la troupe s'écarta de quelques pas tout en restant proche du monarque. 

- Ce que je veux vous faire comprendre, c'est qu'Askhell est un nouveau point fort pour la Table Ronde. Mais seulement si vous le voulez. Si non, il partira pour ne plus revenir.

Maïwen commença à protester mais Aela la fit taire d'un regard. Elle fixa les chevaliers qui échangeaient des regards vaguement intéressés. 

- Il pourrait être un réel avantage, tu ne crois pas, Arthur? demanda Gauvin en se frottant le menton.

- Bien sûr que non! s'emporta Kay. Vous vous imaginez quoi? Morgan et Maël' nous trahiront quand ils auront eu notre confiance!

Maïwen craignit un instant que Kay ne réussisse à convaincre ses camarades. Un instant seulement car les protestations volèrent presque aussitôt :

- Mais tu n'y crois pas, Kay! s'exclama Fabrice.

- Pourquoi voudrais-tu qu'ils nous trahissent? poursuivit Hector, à ses côtés. C'est...

Arthur leva la main. Le silence revint presque immédiatement. Il marcha vers le dragon, le visage confiant. Plusieurs chevaliers, malgré leur emportement contre Kay, essayèrent de le retenir sans y parvenir. Le roi s'approchait de plus en plus. Askhell lança un regard interrogateur à sa maîtresse. Était-ce une proie? Ou un ami? Maïwen posa sa main sur son museau pour le rassurer. Ami donc. Le dragon regarda pourtant avec appréhension ce monarque qui venait vers lui. Il s'arrêta à deux ou trois mètres à peine, à portée de gueule et encore plus de feu, même s'il ne semblait pas s'en rendre compte. 

- Tu dis que cette bête obéit à Morgan? demanda Arthur, le regard plus curieux que suspicieux.

- Oui, sir, répondit Maïwen, Askhell est aussi doux qu'un agneau, sois-en sûr. Je me porte garant de sa bonne conduite.

- Mais que vaut ta parole? Tu n'es même pas encore chevalier! protesta Kay, encore une fois. Arthur, tu ne vas tout de même pas accepter!

- Moi, je peux m'en porter garant.

Tous se retournèrent vers Galaad que l'on avait oublié.

- Toi? 

- Oui. Je suis chevalier. Vous me connaissez depuis ma tendre enfance, pour la plupart. Je crois pouvoir dire que j'ai l'honneur d'avoir votre confiance. 

- Mais tu connais à peine ce jeune homme! persista Marvin, un fidèle inconsidéré de Kay.

- Peut-être, mais je connais Mahault. Et je lui ai accordé ma confiance. S'il nous a recommandé ces écuyers pour tout ce qui fait d'un homme un chevalier, je le crois volontiers. 

La compagnie se tourna vers le roi. Seul lui pourrait trancher. Il resta un instant immobile, caressant d'un geste songeur son menton. 

- Je pense aussi que nous devons faire confiance à ces jeunes gens venus par eux-même pour servir notre cause. 

- Mais... 

Arthur coupa son frère d'un geste de la main et trancha :

- Deux chevaliers et deux qui le seront sous peu se portant garants d'une unique bête, je pense que cela suffit. Et maintenant, j'aimerais que la fête reprenne. Morgan, j'ai à te parler.

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