Une arrivée... mouvementée

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En cinq ans, Maïwen avait eu le temps de préparer son arrivée à Camelot. La veille de son départ, elle demanda à Aela de lui couper les cheveux, cette belle tignasse noire dont elle était si fière. La jeune fille obéit sans rien dire.

Il avait été décidé que Maïwen arriverait sur Feufollet, une jument très docile, par voie terrestre, vêtue des amples habits de l'écuyer. Askhell serrait dans les airs car on avait conclu que la vision du dragon ne serait pas très rassurante. Suivrait Aela sur sa jument d'or. La plus jeune aurait elle aussi les cheveux en coupe au bol, tel un jeune garçon. Les deux jeunes femmes auraient la poitrine écrasée par des bandelettes de lin fort serrées afin de camoufler leurs formes on ne peut plus féminines. Sur leur épaule droite, les armes du duc afin de n'attirer aucuns soupçons. Chacune aurait une dague à la taille. Mahault les précéderait d'un mois afin d'être adoubé sous les recommandations du duc. Il avait fallu toute la force de persuasion de celui-ci pour que Maïwen ravale sa fierté et accepte de ne pas être la première.

Ainsi le départ et l'arrivée furent préparés avec minutie. 

Si le chemin jusqu'à Camelot fut facile, l'arrivée en elle-même causa plus de soucis. Tout d'abord, il pleuvait. Ensuite, les chevaliers de garde ce jour-là n'avaient guère étaient prévenus, si bien que les deux jeunes femmes se retrouvèrent pointées par une dizaine d'épées. La situation allait tourner à la catastrophe lorsque Mahault, prévenu, arriva afin de les tirer de leur embarras. 

- Corentin! Galaad! Ces deux jeunes gens sont de ma connaissance. Maël' est mon petit frère et Morgan, un ancien écuyer de mon père qui les a a envoyés afin de les faire adouber si on les en juge capable!

Deux des chevaliers baissèrent leur arme, incitant les autres à faire de même. Glissant son épée dans un fourreau de cuir, le blond sourit:

- Il y a bien un air de ressemblance avec le plus petit...

Aela/Maël' rougit violemment lorsque le chevalier approcha sa main de son visage afin de pouvoir mieux la voir. Mahault descendit de son cheval en riant.

- Arrête Corentin, tu vois bien que tu le met mal à l'aise! 

Le chevalier en question se recula, un sourire plaqué aux lèvres.

- Un petit peu jeune peut-être, pas très musclé...

- Attends un peu de le voir se battre, tu changeras très certainement d'avis... Chez notre père, seuls Morgan et moi arrivons à lui faire perdre son épée, et nous avons tous deux quatre ans de plus que lui.

L'attention du blond se reporta sur Maïwen. Il la jugea un instant du regard.

- J'ai pourtant l'impression de pouvoir facilement battre cet écuyer!

La jeune femme pinça les lèvres afin de ne pas sauter sur le chevalier dans le but de le décapiter. Tant bien que de mal, elle réussit à se contenir et sauta seulement à terre. Elle tira son épée d'une des sacoches de son cheval. 

- Veux-tu essayer? sourit-elle.

Et elle mit l'arme dans sa bonne main. Corentin haussa des épaules.

- Pourquoi pas? Mais pas d'écu. Et sans se faire mal.

- Ne t'inquiète pas, je me retiendrais pour ne pas te faire de petits bobos, fit l'autre, sarcastique.

Sa réplique blessa l'amour propre du chevalier qui chargea sans autre forme de procès. Maïwen s'y attendait, si bien qu'elle ne fit qu'un pas sur le côté et se servit de l'élan de Corentin pour le mettre à terre d'une simple pichenette. Ce dernier se releva, légèrement sonné, et repartit à l'assaut, jugeant mieux son adversaire.

Si Maïwen était rapide, Corentin était malin. Le combat semblait vouloir s'éterniser... C'est alors que le chevalier glissa sur le sol boueux. Une rapide feinte de la jeune femme, suivie de l'épée de son adversaire à terre, mit fin au duel. Corentin leva les deux mains au niveau de ses épaules.

- Tu combats bien, pour un débutant.

Un éclair de fureur passa dans les yeux de Maïwen. Elle enfonça légèrement la pointe de son épée dans la gorge de l'autre. Il y eut un éclair. Lorsque la vision des jeunes gens se fut rétablie, ils virent que le gagnant se retrouvait à terre, l'épée de Mahault sur la gorge. 

- Morgan! Tu arrêtes immédiatement, siffla ce dernier. Ça va Corentin? demanda-t-il par la suite, jetant un regard par-dessus son épaule.

Son ami se releva lentement, sans détacher son regard de Maïwen. Il toucha du bout des doigts la longue coupure de son cou, puis les porta devant son visage. Il pâlit davantage à la vue de sa main ensanglantée... avant de s'évanouir. 

Mahault soupira et rengaina son épée. Se penchant vers Maïwen, il souffla d'un ton menaçant:

- Tu ne t'en sortiras pas comme ça Maïwen. 

Sans rien laisser paraître à ses compagnon, le jeune chevalier lui tendit la main afin de l'aider à se remettre sur ses pieds. Maïwen relevée, il se pencha au-dessus du corps inanimé de Corentin.

- Galaad, tu m'aides? Je vais le mettre sur mon cheval. On s'occupera de lui au château.

Le chevalier repoussa les mèches blondes qui tombaient devant ses yeux. Il se pencha vers Corentin et le souleva tant de bien que de mal. Mahault soutenait le chevalier de l'autre côté et, à eux deux, ils réussirent à le faire glisser en travers de la selle.

- Hum... Mordred? Tu veux bien tenir Pikez, qu'elle ne s'enfuit pas? Corentin serait bien triste de ne pas la retrouver, sa chère jument...

- Eh oh! Ne crois pas pouvoir m'ordonner ce que tu veux, blondinet (dans sa bouche, ce simple mot semblait vulgaire), ou tu tâteras de mon épée! 

Mordred, le visage sombre, porta la main à sa ceinture. Galaad soupira face à la stupidité de son compagnon d'arme.

- C'est bon, je m'en charge. C'était juste une demande de service, voilà tout! Mais si tu ne peux même pas comprendre ça...

Tout en parlant, il se glissa souplement en selle, tenant d'une main la jument d'or. Mahault sourit devant le combat qui opposait ces deux chevaliers. Le jour et la nuit étaient moins dissemblables qu'eux deux. Il monta lui même sur son cheval et passa en premier malgré son adoubement récent. 

Maïwen suivit, soupirant, la mâchoire serrée de frustration. Alors voilà, ça allait être ça, son arrivée à Camelot? Escortée par une dizaine de chevaliers hostiles comme une prisonnière? Les murmures étonnés des villageois les suivaient, la vision du bon chevalier Corentin inconscient les troublant plus que le reste. Aela, sentant la fureur de son aînée, talonna sa jument afin de se mettre à la hauteur de Maïwen. Elle posa délicatement sa main sur la cuisse de l'autre. Cette dernière sentit un frisson de paix la traverser. Levant aussitôt les yeux, elle remercia du regard sa jeune compagne d'avoir usé de son pouvoir sur elle. Aela sourit timidement et retourna à sa place.

Les trompettes sonnèrent afin de prévenir de l'arrivée des chevaliers. Un groupe de jeunes gens sortit dans le but de les accueillir dignement mais la vision de Corentin, toujours dans les vapes, refroidit considérablement l’atmosphère. Quelques chevaliers allèrent aider Galaad à porter leur compagnon jusqu'à sa chambre où il pourrait être soigné. Mahault préféra rester dans la cour, seul rempart entre sa soeur et son souverain. Sur le moment, Maïwen était bien peu pour lui. Tout ce qui comptait, c'était que sa petite Aela n'ait rien.

- Ainsi, voici les deux jeunes gens dont tu m'as parlé, Mahault? 

Arthur s'avança.

- Maël' et Morgan, est-ce bien cela?

- Oui, sire. 

- Lequel est ton petit frère? 

- Le plus jeune, sire.

- Hum. Gauvain?

- Oui?

- Tu te chargeras de vérifier les compétences de ces deux jeunes gens. Je suis curieux de voir quels prodiges a pu nous envoyer le duc, après Mahault...

Ce dernier s'inclina face au compliment. 

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