Daniel Twist (47)

3 minutes de lecture

Mercredi 13 avril, 12h.

Je suis à la porte de Casta. Il est pas sorti manger, alors j'ai pris l'initiative. J'entends des petits bruits de draps à l'intérieur.

  • Je peux entrer ?

Il grogne, fait encore du bruit, puis la porte s'ouvre. A l'intérieur, tout est étrangement plus ou moins noir, alors même qu'il est plus de midi. En faisant un pas de plus dans la cellule, je m'aperçois que c'est parce qu'il y a plus aucun draps ou couverture ou taie d'oreiller sur son lit : ils sont tous plaqués à la fenêtre, seule source de lumière.

Je souffle et je comprends. Je vois quand même les bleus sur son visage. Je m'assois sur le lit et tapote la place à côté de moi.

Il s'y assoit d'abord docilement sans rien dire, puis je retrouve mon Nicolas affectueux lorsqu'il se lance dans mes bras. Je souris et frotte sa tête comme d'habitude. Il est mignon Nico. Et il ronronne bas contre moi.

  • Désolé de pas avoir été là pour toi avant, il se lance.
  • C'est moi qui m'excuse. Comment tu vas ?

Nicolas hausse les épaules et respire fort dans mon cou.

  • Je me remets. C'était... difficile. Tu sais.
  • Ouais. Je sais. T'as fait des contrôles ?
  • Suis pas sorti.

Sa voix est étouffée par ma peau contre ses lèvres.

  • Tu devrais au moins aller à l'infirmerie. T'assurer que tout se répare bien.
  • Je veux pas les voir. Pas sortir. Pas qu'ils me touchent.
  • Ouais mais tu vas devoir... Tu veux que je contrôle moi ?

Il se recule et ses yeux s'agrandissent tout ronds.

  • Non !
  • D'accord. Mais tu dois vraiment te faire soigner Nico.

Au même moment, des coups résonnent à sa porte.

  • Ouvre-moi !

C'est la voix de Duncan ; et aussitôt mon petit blond cache son visage dans ses mains en se recroquevillant tête dans ses genoux.

  • Tu devrais le voir, je lui chuchote. Il est très inquiet Nico.

Il secoue vivement la tête sans plus me regarder. Les coups redoublent.

  • Imagine si c'était lui... Tu voudrais le voir.
  • Ça pourrait pas être lui. Ca pourrait jamais être lui. Il est fort, Duncan. C'est pas une mauviette comme moi.

Il se répète plusieurs fois alors que l'homme en question s'agace derrière la porte.

  • Il a aussi ses faiblesses, j'suis sûr. Laisse-le te raconter.

Nicolas secoue encore la tête, sûrement pas pour me contredire mais plutôt pour essayer de pas l'entendre.

  • Je vais défoncer cette putain de porte ! beugle Duncan de l'autre côté de la cloison, et on entend ensuite les pas des gardiens arriver à lui.
  • T'as besoin de lui parler. Je vais lui ouvrir avant qu'il ait des problèmes.

Je me redresse.

  • Quoi ? Non ! Il doit pas savoir que t'es là ! Il me pardonnerait pas, il, il vient là tous les jours depuis et, non, Dan, non... !

Il s'est mis à genoux au sol, les larmes qui brillent dans ses yeux, dans une position de prière, mains jointes. Mais je vois aussi une petite trace de culpabilité sur ses traits lorsqu'on entend Wilson se débattre avec les surveillants devant la porte.

Je réfléchis que quelques secondes, hésitant rapidement entre écouter le petit qui a vraiment peur et la porte qui tambourine derrière, avant de faire deux pas pour la déverrouiller. Aussitôt, celle-ci s'ouvre sous des coups de pied de Duncan, maintenu par deux gardes qui tentent de le calmer ; et je sens que ça commence à devenir un rapport de force entre eux.

  • C'est bon. Pardon pour le dérangement. Il peut entrer, je dis aux gardes.
  • C'est ta cellule ? grogne un gars qui est pas de cette unité en relâchant très doucement sa prise.

En une seconde le détenu leur a filé entre les doigts pour s'engouffrer dans la petite pièce.

  • Ouais, je grogne.

La porte se referme derrière mon dos, alors les gardes font une drôle de tête. Le premier finit par s'éloigner.

  • Des questions chef ? je demande au deuxième en m'appuyant nonchalamment sur la porte.

Dedans, je peux entendre quelques pleurs qui doivent pas lui parvenir. Il me toise de haut en bas, puis il part finalement à son tour.

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