Partie 1 - Chapitre 10

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 Les soins étaient terminés, Héléna était étendue sur un lit. La pièce dans laquelle elle se trouvait était de petite taille. Des médicaments étaient entreposés sur le bureau à côté d'armes et de divers outils rouillés. Divers objets recouvraient les meubles disparates. Des boîtes d'un côté, des outils d'un autre, cet endroit était plus un atelier qu'une chambre. Des munitions de différents types traînaient un peu partout sur les meubles, tandis que des cartes de la ville étaient étendues sur les murs. La jeune femme se releva avec difficulté, sa tête lui semblait terriblement lourde et ses mains tremblaient. Sur le mur en face d'elle, des photos étaient accrochées. Elle se rapprocha pour les regarder. Sur plusieurs d'entre elle apparaissait Isaak et un homme à lunette, qu'elle présumait être Hieronim car elle ne l'avait jamais vu sans son casque. D'autres personnes apparaissaient également de manière récurrente sur les photos. La porte coulissante s'ouvrit, la silhouette massive de l'administrateur 4991 obstruait le passage. Il regarda plusieurs secondes la demoiselle et sourit, comme fier de lui. Il prit la chaise de bureau et s'y assit sans un mot. Il s'étira, sortit une bouteille d'eau et lança :

- Rétablie ?

 Héléna encore en partie dans les vapes, hésita quelques instants. L'homme lui tendit un verre, qu'elle accepta. Puis celle-ci murmura faiblement :

- Plus ou moins.

- C'est déjà bien, normalement le rétablissement après ce genre de traitement n'est pas immédiat.

- Je vous remercie de m'avoir aidée.

- Nous ne t'avons pas vraiment aidée, nous t'avons laissé un choix entre la vie et la mort. Nous avons même attendu que tu vois la mort pour avoir davantage de chances de te recruter. Tu n'as pas à nous remercier.

- Vous m'avez tout de même sauvé la vie. Je vous en remercie. Je paierais ma dette.

- Si tu le souhaites... Qu'il en soit ainsi.

 Un blanc s'installa dans la pièce. La jeune femme buvait et l'homme regardait dans le vide, l'air fatigué. Il passa sa main sur son visage, il était pensif. Elle l'avait remercié, lui, alors qu'il l'aurait laissé mourir si elle n'avait pas accepté. C'était un traitement inhumain et cruel alors qu'il aurait simplement pu lui donner ce traitement, puis la recruter. Putain, elle n'avait pas à avoir une dette envers eux, c'était plutôt l'inverse. Ah, et dire que sans médocs le vieux serait en train de lui faire la leçon. Il fut stoppé dans sa réflexion lorsque sa future infiltrée lui demanda :

- Vous voulez me briefer vis-à-vis de ma mission ?

- En effet, je vais te raconter pourquoi je veux t'envoyer là-bas et ce depuis l'origine.

- Allez-y.

 Isaak se retourna, attrapant au passage la bouteille qu'il but d'une traite. Puis, fit craquer ses articulations, éclaircit sa gorge et commença :

- Il y a douze ans, un groupe d'anciens soldats des forces spéciales est arrivé en ville. C'était l'après guerre, celle qui a ravagé l'Afrique pendant quinze ans. Ces soldats étaient des anciens de la division du Dragon.

 Il marqua un temps de pause, et montra du doigt une photo sur laquelle on voyait deux soldats en uniforme en compagnie d'un enfant. Il reprit :

- Dans cette division, quatre hommes se démarquèrent. Tous d'anciens lieutenants de leur capitaine tombé au combat. Chacun d'entre eux venait d'un endroit différent. L'un de Scandinavie, le second d'Inde, le troisième du Pays de Galles et le dernier était Slave.

- Slave ?

- Ah c'est vrai, cette appellation est désuète. Excuse-moi, il venait d'Europe de l'Est.

- Compris.

- Cette ville impitoyable obligea les soldats à survivre. C'est ainsi que furent créés les gangs. Chaque dragon tirait son origine de la mythologie du pays où de la région dont venait son créateur. Fafnir, Vritra, Ddraig et enfin Zmeï. En deux ans, leurs gangs furent grandement développés, surtout le Zmeï qui avait pour se défendre gardé des méthodes et une organisation para-militaires. Il ne s'était pas adapté comme les autres aux méthodes mafieuses mais avait énoncé son propre code.

- Ingénieux mais périlleux...

- Effectivement, le créateur du gang, un homme âgé nommé Jacob Dabrowski et surnommé le vieux, était un génie dans son genre. Les Zmeïs vendaient leur services en tant que mercenaires et les affaires tournaient sans soucis. Armuriers et mercenaires, le gang avait recruté de nombreux jeunes gens, j'en faisais d'ailleurs parti. Hiero quand à lui était chez les Ddraigs.

- Vous vous êtes rencontrés à cette époque ?

- Ouaip, tout juste. On étaient tout les deux des soldats reconnus de nos clans. Cependant cette joie et cette aisance avec laquelle on marchait sur les autres clans ne devaient pas durer. Un jour, il y a six ans, un coup d'état a été lancé chez les Ddraigs.

- J'en ai entendu parler.

- Normal tu es une Ddraig, mais tu ne dois pas avoir les détails. Hieronim, garde du corps de leur chef, n'était pas avec lui. Ce chef est mort après le coup d'état d'un gamin. Un asiatique naïf qui était manipulé. Car une fois, le meurtre fait, il n'avait pas idée de comment faire survivre le gang. Et ceux qui étaient avec l'énergumène débile, se sont retournés contre lui. Grâce à cela, une certaine Osiris s'est retrouvée au sommet du gang et a proclamée une guerre contre le Zmeï gang avec une alliance de Fafnir et Vritra, eux aussi changés par des coups d'états.

- La guerre de trois jours ?

- C'est ça. On a résisté comme on pouvait. Mais Osiris avait bien pensé son attaque. Elle s'était servie de son alliance pour envoyer les autres gangs en première ligne. Ainsi, le Ddraig gang est arrivé lorsque nous étions affaiblis. Hiero a essayé de les calmer. Il a été considéré comme un traitre pour son absence durant le meurtre. Personne ne l'a écouté. Un combat sanglant a alors commencé.

- Hieronim est vu comme un traitre chez les Ddraigs ?

- Oui, tout juste. Alors qu'il n'en était rien. De notre côté le vieux, voyant que la bataille était perdue d'avance a ordonné le départ de tous ses lieutenants. Seul sa garde rapprochée, d'anciens soldats d'élites sont restés. Je suis resté et Hiero aussi malgré l'avis des autres. Il ne nous restait rien, pour moi le Zmeï était toute ma vie et mon comparse rejeté par les siens, voulait se venger. Miraculeusement, nous sommes les deux seuls à nous en être sortis après l'explosion totale du bâtiment. À croire que la vie nous donnait une seconde chance.

 Isaak étouffa un rire et regarda une photo quelques instants. Figés dans le temps, lui, son compère et tous leurs camarades regardaient l'objectif ensemble, figés pour la postérité. Il continua :

- Cependant, l'histoire ne s'arrête pas là. Six ans plus tard, Zmeï renaît de ses cendres. Osiris voit ça d'un très mauvais œil. Elle risque de provoquer une nouvelle guerre. C'est pourquoi si jamais cela se profilait réellement nous aurions besoin de quelqu'un pour la calmer ou encore l'éliminer. C'est là que tu interviens.

- Une ancienne modératrice, sans aucun passé avec l'ennemi, et faisant partie des Ddraigs fait parfaitement l'affaire c'est ça ?

- Oui, c'est une occasion inespérée d'éviter les victimes inutiles.

- Alors, j'irai.

***

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