Partie 1 - Chapitre 3

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- Elle en met du temps à se réveiller.

- Effectivement, chacun a sa résistance au sédatif.

 Isaak nettoyait son pistolet, sa main faisant des aller-retour avec un torchon souillé de graisse. Sur l'établi où il s'était installé trônaient plusieurs armes, dont le sniper de son comparse. Celui-ci était quand à lui, partit se coucher dans sa chambre, en attendant le réveil de leurs « hôtes ». Il prit garde de mettre en fonction le système de défense automatique, bien sûr. L'administrateur parlait avec lui-même. Encore ses foutues hallucinations. Pourtant il n'avait pas bu et les médicaments devaient encore faire leur effet. Plus le temps passait, plus son état s'aggravait. Il le savait et pourtant il continuait inexorablement de marcher vers ce point de non-retour. Depuis combien de temps souffrait-il de ce genre de trouble ? Il s'en souvenait à peine, mais il pouvait affirmer avec certitude qu'à une époque il n'en avait pas. A bien y réfléchir, ce devait être après une de ses missions pour le Zmeï Gang. Du temps où le vieux était encore vivant, et qu'Isaak n'était même pas administrateur. Huit ans, cela faisait huit ans qu'il subissait continuellement ces attaques internes sur sa psyché. Il s'était toujours demandé si les autres souffraient de ce genre de choses. Cependant, il avait remarqué qu'aucun n'était le même. Chacun, à sa manière, encaissait les sévices du passé dans ce genre de milieu. Même Hieronim. Il fut soudain interrompu dans ses réflexions par le bruit de la porte coulissante derrière lui. Il se retourna et face à lui se tenait Héléna, désorientée. Il lança :

- Comment te sens-tu la belle au bois dormant ? Tu ne devrais pas être debout, tu dois être encore faible à cause de l'anesthésiant.

- Ça va. Je peux tenir debout.

- Parfait, alors suis moi.

 Il se releva, rangeant son Oudav maintenant récuré dans son holster d'épaule et emmena la jeune femme jusqu'au hall d'entrée. Il tourna brusquement en direction de la porte à leur droite qui donnait sur un escalier. Ils montèrent et arrivèrent sur un toit. Il faisait nuit, du moins elle tombait. Toute la journée s'était écoulée depuis l'opération qui avait eu lieu la nuit précédente. Et le crépuscule donnait à l'horizon nuageux, un rouge oranger doux et agréable. La ville, gigantesque monstre de lumière, s'étendait à perte de vue. Les quartiers pauvres dans lesquelles ils se trouvaient étaient les plus importants de la cité. Même si la bourgeoisie faisait tout pour l'ignorer. Il ne s'agissait que d'une simple vérité, cette société était décadente. Les plus démunis vivants aux pieds des riches. Le haut de la ville était occupé par ceux qui avaient de l'argent, le reste était laissé aux « autres ». L'homme s'assit sur un tuyau d'aération et invita la demoiselle à faire de même. Il sortit un paquet de cigarettes et lui en proposa une, qu'elle accepta. Puis après plusieurs minutes de contemplation, il dit :

- Normalement, lorsqu'un modérateur transgresse les règles, la punition est très sévère, souvent la mort.

  Héléna ne disait rien, elle écoutait et observait simplement Isaak. Après un bref regard, vers l'intéressée, il reprit :

- Les contrevenants sont traqués, trouvés et tués après l'extraction de leur programme. S'ils essaient de fuir alors ils sont annihilés avec d'autant plus d'efficacité.

 Il se tut et tira une bouffée sur sa cigarette. Puis, il se mura dans le silence, basculant sa tête en arrière pour regarder le ciel. La jeune femme demanda :

- Où veux-tu en venir ?

- Nous ne t'avons pas tuée.

- Non, mais vous comptez le faire ?

- Non. Ce n'est pas dans nos intérêts et je n'aime pas tuer inutilement. C'est sûrement le peu de morale qui me reste qui me colle désespérément aux basques.

- Quels sont vos intérêts ?

- Te placer à la tête du Ddraig gang.

- Pardon ?!

 Il se mit debout et fit face à Héléna incrédule. Pour la première fois, il la regarda dans les yeux et commença à s'expliquer :

- En effet, tu vas prendre la tête du Ddraig Gang. Du moins être assez haut placée dans sa hiérarchie pour le maîtriser en cas de pépin. C'est pour ça que l'on a besoin de toi.

- Mais...

- Tu es une ancienne modératrice, tu seras tuée par les hautes autorités si tu essaies de reparaître en haute ville. Seule une vie d'ombre s'offre à toi, tu seras une paria parmi tant d'autres. Nous t'offrons ce nouveau départ. L'acceptes-tu ? En échange de ta vie, deviens notre alliée.

 Le regard vide, la jeune femme se passa la main dans les cheveux et éteignit sa cigarette. L'homme s'étira et commença à se diriger vers les escaliers. Il stoppa et dit :

- Tu as trois jours pour y réfléchir, passé ce délai reviens nous voir. Si tu ne le fais pas, alors nous te considérerons comme une criminelle en fuite.

 La nuit jetait son ombre sur la ville tandis qu'Héléna contemplait la Lune qui venait de se lever. Une sacrée emmerde se disait-elle, voilà dans quoi elle s'était mise.

***

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