Semaine 13 - Joyeux Noël

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Ducky se trouvait surexcité ! Il venait de finir son calendrier de l’Avent. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : ce soir, il allait s’empiffrer des spécialités de Maman Coincoin et Papa Noël passerait avec une petite surprise. Cette pensée récompensait à elle seule le cadeau naze de son calendrier : un paquet d’agrafes multicolores.

À sa grande surprise, il ne vit pas Maman Coincoin aux fourneaux. Elle et Papa Coincoin bouclaient leur valises.

Face au regard interloqué de son vilain petit canard, Maman Coincoin vint faire un bisou-câlin à Ducky.

— Mon chéri, tu n’as pas fait ta valise ?

— Valise ?

— Oui, mon cœur. Tu te souviens qu’on parle depuis un moment de passer les fêtes chez Tante Gertrudis, à Shiwawa.

Perplexe, Ducky se gratta la tête, les oreilles aussi, de peur d’avoir mal compris.

— Bien sûr, tu as acheté ton billet et tu as fait faire ton passeport ? demanda Papa Coincoin, sévèrement.

Ducky ouvrit son bec, les yeux écarquillés.

— Et ce n’est pas faute de te l’avoir rappelé, hein ? gronda Papa Coincoin.

— Oh ! Mon petit poussin ! Ne t’inquiète pas ! Heureusement que ta sœur est là ! Tu pourras réveillonner avec elle et sa belle-mère ! ajouta Maman Coincoin de sa voix tendre.

Ducky faillit crier ou s’étouffer. Il ne fit ni l’un ni l’autre, car dans sa tête, les pires événements étaient en train de se produire ! Ne pas manger les délices de Maman Coincoin, réveillonner avec Gloria et ses monstres enfants et, pour combler le tout, avec la redoutable Belle-Maman ! Celle dont il entendait mille et une plaintes de Gloria.

C’est ainsi que notre pauvre petit canard sonna chez sa sœur, avec un plateau d’empanadas vegan de la part de Maman Coincoin. Il en avait mangé une avant de partir, une autre pendant le trajet et une dernière en attendant qu’on lui ouvre. Il faillit en manger une autre tellement il avait attendu. Pas étonnant, avec le boucan d’enfer qui s’échappait de la porte, impossible d’entendre la sonnette.

Un « STOP ! » tonitruant retentit au point que lui-même eut peur. La douce voix de sa sœur.

Gloria ouvrit enfin, plumes en bataille, teint gris et cernes profonds.

— Allez, entre ! Tu vas m’aider avec les enfants, Pipo est allé chercher Belle-maman, dit-elle en grimaçant.

— Tonton, tonton, tonton ! crièrent et piétinèrent les canetons en voyant Ducky arriver.

— Viens jouer dans ma chambre ! fit l’un.

— Non, la mienne ! renchérit l’autre.

— Non ! C’est MON Tonton ! hurla le benjamin.

— Non ! C’est le MIEN ! Toi on t’a trouvé dans une poubelle ! N’est-ce pas, Tonton ? fanfaronna l’aîné, heureux d’avoir fait pleurer son petit frère.

— On vous a trouvés tous les deux dans la poubelle ! répondit Ducky, déjà à bout.

Les deux canetons se mirent à pleurer.

— Mais ça va pas de leur dire ça ?

Gloria revenait de la cuisine. À peine Ducky put-il bafouiller des mots de blague ou d'excuse, qu’elle annonça, catastrophée :

— Allez viens m’aider, ils sont arrivés ! Les enfants, papa va jouer avec vous.

Ducky salua timidement la méchante Belle-Maman, une cane à l’air hautain dont le regard scrutait chaque recoin du salon en quête de poussière, saleté ou tout autre chose démontrant que sa belle-fille n’était pas assez bien pour son fils chéri.

Les petits arrivèrent pour saluer leur mamie, étrangement calmes et bien sages.

— Oh ! Mes petits chéris ! Vous savez j’ai eu Papa Noël au téléphone et il m’a dit que vous alliez être gâtés !

— Bon, je vais continuer de préparer le dîner, ajouta Gloria, en faisant un signe de tête à Ducky pour qu’il vienne l’aider.

— Ah, mais, tu ne te souviens pas, Gloria ! s’exclama Belle-Maman, outrée ; sa belle-fille semblait perplexe. Rappelle-toi, j’avais prévenue que je m’occupais du dîner, j’ai préparé ma spécialité, le « Choipon aux marrons » et du « Fouagra » en entrée.

— On avait dit ça ? demanda Gloria.

Elle fixait son mari d’un air inquisiteur, il s’approcha d’elle, regard amoureux, embrassa son front et chuchota :

— Vexe pas maman, ça lui fait plaisir !

Ducky vit sa sœur rougir d’une rage contenue.

— Ce n’est pas perdu ! lâcha Belle-maman avec dédain. Ça se congèle bien.

Ducky aurait juré que de la fumée sortait de la tête de sa sœur. Il se promit de ne jamais se marier, car il ne voulait pas que Maman Coincoin devienne cette espèce de mégère.

— Bon, je vais me préparer, fit Gloria. Ducky, tu peux aider Belle-Maman à mettre la table ?

Ducky faillit dire qu’il préférait jouer avec ses neveux, mais avant qu’il puisse décider, Belle-maman lui avait mis la nappe dans les plumes. Il la déplia et l’étendit. Belle-Maman l’inspecta pour voir s’il restait des taches de l’année précédente et si elle avait bien été repassée. Elle en fit de même avec les assiettes et les verres. Puis, tous deux disposèrent les couverts.

— Non, mais ça va pas ! s’exclama Belle-Maman, en reprenant fourchettes et couteaux. Mais que vous a appris votre mère, à tous les deux ?

Ducky sentit son cœur bouillir. Personne ne pouvait juger sa magnifique Maman Coincoin. Mais il ne dit rien, l’odeur provenant de la cuisine suffisait pour l’en dissuader. Si ça se terminait en engueulade, il ne mangerait pas tous ces délices.

Ses neveux vinrent jouer dans le salon, un peu plus calmes, mais toujours en piétinant comme des mammouths.

— Oh ! Ils sont adorables ! s’exclama Belle-Maman. La même tête d’ange que Pipo chéri quand il était caneton. Bien sûr, entre nous, ils sont un peu turbulents. Ça se voit que leurs parents ne sont pas assez fermes. Heureusement que je suis là pour parfaire leur éducation ! Non, mais vraiment, les parents de nos jours ne font plus aucun effort ! Quand j’élevais mes douze canetons...

Le timbre de la porte sonna. « Sauvé par le gong » se dit Ducky ! Son beau-frère alla sur la pointe des palmes regarder à travers le judas, fit une grimace et chuchota :

— Pff ! C’est encore le voisin d’en dessous, on va faire semblant de ne pas avoir entendu.

— Ah, non, mon chéri ! Je ne t’ai pas élevé comme ça ! Va ouvrir à ce brave monsieur et offre-lui à boire.

Ducky vit son beau-frère traîner des pattes pour ouvrir et les cris du voisin se firent entendre.

« Marre du bruit ! »

« Vous ne savez pas éduquer vos enfants ! »

« À cause de vous, je ne peux pas faire ma méditation zen ! »

Pipo revint en grognant. Gloria réapparut, tout apprêtée.

— C’était qui ? Encore le voisin d’en dessous ? demanda-t-elle.

— Moi, j’ai bien élevé mes douze canetons et je n’ai jamais eu ce genre de problème avec nos voisins ! s’exclama Belle-Maman.

Gloria semblait bouillir de l’intérieur.

— Bon, lança Pipo. C’est l’heure de partir pour la messe !

Ducky fit des gros yeux. Jamais de la vie !

— Frérot, ça te dit de rester avec les enfants ? C'est qu’ils sont intenables à l’église et vont nous ficher la honte comme l’année dernière ! susurra discrètement sa sœur. S’il te plaît, propose-toi, sinon l’autre va me saouler !

— Hum ! Euh, allez-y, je reste avec Pascual et Lucas.

— Ah ! Mais ça fait partie de leur éducation ! renchérit Belle-Maman.

— Mais il fait si froid dehors, maman, ce n’est pas la peine de les sortir alors qu’ils peuvent rester avec Ducky !

Notre héros marmonnait les paroles de son beau-frère. Ceci dit, le Noël à Shiwawa avec les quinze petits-enfants de Tante Gertrudis aurait pu être pire.

— Bon ! tonna Ducky à ses neveux, une fois seuls. Vous voulez faire quoi ? On met la télé ?

— Oui ! sautilla Lucas.

— Non ! ronchonna Pascual.

— Si ! renchérit l’aîné, menaçant.

— Non ! résista le benjamin.

— Hum ! soupira Ducky. Vous allez rester sages, on va jouer à cache-cache et si vous me trouvez, on regardera la télé, ça vous va ?

— Oui ! répondirent les canetons à l’unisson.

Ainsi, Ducky décida de se cacher dans le dressing de la chambre parentale. « Oh ! Mais c’est quoi ça ? ». Il venait de découvrir un sac rempli de cadeaux. Bizarre ! Curieux, il fouilla dedans pour vérifier s’il y en avait un pour lui. Il tomba sur une grosse boîte qu’il s’empressa de déballer pour découvrir sa nouvelle console avec le jeu Red Quack Redemption 2 ! Magnifique ! Papa Noël existe ! songea-t-il.

— Tu vois, Pascual ? Papa Noël n’existe pas ! pesta Lucas, derrière lui.

Ducky se retourna et aperçut ses deux neveux. L’aîné, triomphant, tandis que le petit sanglotait, les yeux embués de larmes prêtes à couler.

— Mais non ! C’est la consigne de Papa Noël ! Tu crois qu’il va se trimballer avec tous ces cadeaux pour tout le monde ? Non, il les laisse chez les gens suffisamment à l’avance, pour ne pas s’encombrer.

— Mouais, fit le petit, reniflant.

Ducky regarda sévèrement Lucas.

— Vous savez, de toute façon, si on n’y croit pas, on n’a plus du tout de cadeaux. Regardez votre maman, elle demande quoi à Papa Noël ?

— Ressembler à Laëtitia Canarda, avoir une nounou à temps plein et partir seule en vacances pour une semaine ! répondirent les deux.

— Ben voilà, elle ne l’aura jamais, car elle n’y croit plus. Mais vous savez ce que je voulais pour Noël, moi ?

— Une console et ton jeu de m...

Avant que Lucas ne termine sa phrase, Ducky exhiba tout heureux son cadeau.

— Vous voyez ? Moi je crois encore à Papa Noël et j’ai eu ce que je lui avais demandé.

Les deux canetons le regardèrent, les yeux écarquillés, leur bec béant.

— Mais, chut ! Ce sera notre secret, OK ? On va tout remettre en place et puis on va regarder sagement la télé.

Joyeux Noël !

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