Semaine 10 - Tonton Ducky

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Ce jour-là, Ducky comptait passer la journée à... ne rien faire ! Il chercherait du travail le lendemain. Il venait de télécharger un jeu vidéo. Il avait hâte de l'essayer dès que Papa Coincoin ne regarderait plus son émission de ventes aux enchères.

Mais maman Coincoin vint, avec un grand et tendre sourire - le même à chaque fois qu'elle lui annonçait avoir préparé son plat préféré, des empanadas vegan. Or, Ducky comprit la signification. Le sourire qu'elle affichait aussi pour lui demander un service. Un service concernant sa sœur, Gloria.

— Tu sais, Ducky, ce serait bien si tu aidais ta sœur aujourd'hui. Tu vois, elle avait pris sa journée, mais elle est arrivée tard à l'école et elle n'a même pas pu déposer Lucas et Pascual.

— Quel est le problème, alors ? Elle a pris sa journée, elle peut s'occuper de ses gosses, non ?

— Si, mais elle comptait faire du shopping, tu comprends ? Elle travaille, elle. Et là, avec tes neveux, elle ne peut pas. Ce serait bien pour toi de passer la journée avec eux.

Ducky faillit perdre son bec tellement il tomba de stupéfaction. Faut pas déconner ! À quoi servent les grands-parents et les retraités si ce n'est pas à s'occuper de leurs petits-enfants ?

— Et vous, pourquoi vous prenez pas les enfants ?

— Ducky, on a un emploi du temps très chargé, mon chéri. Ce midi, on va déjeuner chez les Magret. L'après-midi c'est la finale de notre tournoi de bridge, tu vois ? Puis, tu as le temps, toi. Allez, en rentrant je te ferai des empanadas comme tu les aimes.

Voilà le mot magique ! Ducky traîna ses palmes jusqu'à la porte, prit les clés de la voiture d'occasion qu'il venait d'acquérir et emprunta la route jusqu'à chez sa sœur, dans la rue d'en face.

Les cheveux en bataille, des cernes géantes, les plumes grises et l'air épuisé, Gloria l'attendait sur le trottoir, sans dissimuler une pointe d'énervement. À côté d'elle, deux canetons. Un petit en poussette, qui pleurait, et l'autre, qui tentait d'arracher le doudou du bambin.

— Il était temps ! hurla-t-elle. Lucas ! Lâche le doudou de ton frère, j'ai dit !

— Tonton ! crièrent les deux canetons tandis que Ducky soufflait, ennuyé.

— Bon, voici le plan, Ducky. Je voulais aller au centre commercial, tu vois ? Mais avec les enfants ça va être infernal...

Tu m'étonnes !

— ... donc j'ai besoin de ton aide pour que tu nous emmènes, car j'ai perdu tous mes points et que tu viens d'avoir ton permis.

— Et c'est tout ?

— Ben non, faudrait que tu t'occupes d'eux pendant mon shopping, tu vois ? Comme ça je peux choisir tranquillement.

— Et c'est tout ?

— Oui, oui, c'est tout.

— OK, donne-moi les clés de ta voiture, alors.

— Ah ? Non. En fait elle est à la fourrière, mais t'inquiète pas, j'ai réussi à récupérer les sièges enfant. Tu peux les installer dans la tienne ?

Le cerveau de Ducky bouillonnait.

Lorsqu'il finit de galérer d'installer les sièges, avec les enfants qui chahutaient autour de lui, Ducky respira un bon coup et embarqua tout le monde. Il démarra la voiture, avança quelques mètres et s'arrêta au feu rouge.

Gloria pesta.

— Pff ! Regarde-la ! C'est la voisine, tu vois ? Elle a eu quatre gosses. T'as vu comme elle se la raconte avec ses mini-robes pour montrer ses super longues jambes fines, son long cou, ses longs cils !

— Euh, c'est normal, ajouta Ducky. C'est une girafe !

— Oh, arrête de la défendre !

Ils arrivèrent enfin au centre commercial et Ducky amena ses neveux au magasin de jouets, pour passer le temps. L'aîné, Lucas, courait dans les allées, en prenant dans ses mains tous les jouets, et exigeait de Ducky qu'il le prenne en photo. Le benjamin pleurait pour qu'on le détache de la poussette. Hors de question, se dit Ducky ! C'était déjà insupportable d'en gérer un.

— Tu peux me l'acheter, tonton ? intima Lucas pour la énième fois.

— Non ! répondit notre canard épuisé.

— JE-VEUX-MA-MAMAN ! hurla le petit. MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !

S'attirant les regards de tout le monde, Ducky quitta le magasin, mais le portique anti-vol retentit. Ducky se figea, étonné. Le gardien s'approcha, sans ménagement, et sortit du filet de la poussette trois boîtes des figurines d'Iron Duck, Spider Duck et Bat Duck.

— Alors, monsieur, on s'en va sans payer ? demanda le loup (aux yeux ozone) de la sécurité.

— Euh ? Quoi ? balbutia Ducky.

— MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN ! hurla le petit.

Le gardien invita Ducky à passer à la caisse pour payer les articles volés lorsque Ducky chercha Lucas et l'aperçut à l'extérieur du magasin. Il agitait la main depuis l'escalator qui montait. Ducky prit appui sur la poussette et roula à tombeau ouvert hors du magasin, le loup à ses trousses. Grisé par la vitesse, le bambin arrêta de pleurer et admira, ébahi, l'adresse avec laquelle son oncle slalomait entre les badauds. Puis, il réussit à s'engouffrer dans l'ascenseur et sema le loup. Heureusement l'ascenseur montait. Lorsque les portes s'ouvrirent, Ducky retrouva Lucas et Gloria.

— Ça va pas de le laisser faire la course ? reprocha Gloria.

— Euh ?! s'exclama notre pauvre canard, confus.

— Bon, j'ai fini mon shopping en avance.

Ducky respira, soulagé ! Le cauchemar prenait fin.

— Du coup, on a le temps d'aller au cinéma !

Parfait ! songea Ducky, il pourrait en profiter pour regarder le dernier film d'horreur cradingue Pinot, tricot et crucifix.

— Ducky, lança Gloria d'une voix mielleuse, tu sais que ça fait longtemps que je n'ai pas été au cinéma voir un film pour moi seule ?

— Euh ?!

— J'avais très envie d'aller voir L'Accordéoniste avec Maïkol Foxbender et Lupo Craig, tu sais que j'ai A-D-O-R-É le bouquin et ce sont mes acteurs favoris. Allez, s'il te plaît, tu peux emmener les enfants voir Mon petit bébé loutre ?

— Allez tonton, allez ! crièrent les canetons.

Ducky dut se farcir une histoire tellement sucrée qu'il aurait pu développer un diabète. Tout ce monde si mignon des loutres-pégase, loutres-licorne, loutres-magiques amies pour la vie qui chantonnaient à la moindre occasion.

Lorsque la séance de torture prit fin, il dut attendre une bonne heure avec les enfants qui couraient partout. Si Ducky avait été une cocotte minute, il aurait été au bord de lâcher la pression.

Enfin, Gloria ressortit de la salle, tout sourire, les yeux étincelants.

— Merci ! Merci, Ducky ! C'était magnifique ! Bon, les enfants, on va rentrer !

Ducky souffla de répit. Cette affreuse journée était terminée pour lui. Il ramena tout le monde sans accroc et rentra à la maison, heureux à l'idée de déguster ses empanadas vegan.

— Oh, mon chéri ! Je n'ai pas eu le temps de te faire tes empanadas ! On vient d'arriver, se désola Maman Coincoin.

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