Semaine 5 - Papa canard

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Ce samedi-là, comme tous les samedis matin, notre petit canard faisait la grasse matinée. Bien enroulé dans ses draps, il avait la ferme intention de profiter de cette journée pour s'adonner à la seule activité dans laquelle il excellait : dormir !

Or, il découvrit qu’il n’était pas emmitouflé dans sa couette. Il n’était même pas à ses aises au milieu du matelas, non. Ducky était quasiment sur le bord et découvrit un petit caneton allongé de travers, recouvert de sa couette. En plus, il ronflait.

Bouche bée, notre petit canard sauta du lit, réveillant le caneton qui se mit à pleurer. Ses pleurs alertèrent deux autres canetons qui se postèrent sur le seuil de la porte de sa chambre.

— Papa, j’arrive pas à dormir !

— Papa, je veux me lever !

— Buaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh !!!!!

Les yeux écarquillés, Ducky regarda autour de lui et voulut s’arracher les plumes. Lui, papa ? Trois canetons ? Horreur ! Comment était-ce possible ? Il habitait encore chez sa maman ! Sauf si... sauf s’il avait fait un voyage dans le temps ? Mhh, et elle était où l’adorable Madame Ducky, se demanda-t-il ?

— Elle est où votre mère !!!???

— En voyage, pour son travail, comme d’habitude ! répondirent les trois, en chœur.

Ducky aperçut un cadre avec une photo de famille et découvrit Madame Ducky : la super top modèle Laëtitia Canarda. « Ah, ouais ! » rêvassait notre petit palmipède, lorsque sa progéniture commença à chahuter.

Les trois canetons coururent jusqu'au salon, en tapant des palmes, donnant l'impression d'une meute. Puis, le vacarme retentit. Deux se disputaient la télécommande de la télévision, pendant qu’un autre s’enroulait dans un plaid et s’allongeait sur le canapé. Ducky vint faire la loi, sans succès. Pendant la querelle, la télécommande s’envola dans les airs et s’encastra dans l’écran plat. « Zut ! maman Coincoin ne sera pas contente », se dit-il.

— Bon, bon, on va préparer le petit-déjeuner tous ensemble, proposa-t-il au milieu des cris et des larmes.

Finalement, les trois arrêtèrent leur vacarme et vinrent aider leur papa dans la cuisine ; ce qui n’empêcha pas l'un de verser le lait par terre, un autre de faire tomber le paquet de céréales, faisant trébucher le troisième, qui portait les bols.

— Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! hurla Ducky, désespéré, se demandant qui allait nettoyer ce bordel.

Après avoir passé la serpillière, astiqué le sol, rangé le fouillis et donné à manger aux canetons - lesquels restèrent bien sages, admirant le trou creusé par la télécommande dans l'écran plat -, Ducky vint s’asseoir à table pour déguster son café.

— Papa... j’ai mal au ventre ! se plaignit l’un des petits.

Ducky portait la tasse à son bec lorsqu’une image apocalyptique apparut à ses yeux.

— J’ai vomi !

— Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! hurla Ducky, désespéré, se demandant qui allait nettoyer ce bordel.

— Beurk ! crièrent les deux autres petits canetons, vomissant à leur tour de dégoût.

Effrayé, effaré, traumatisé, notre pauvre petit canard voulait s’arracher les plumes à nouveau. Il dut ressortir serpillère, seau et produits pour tout nettoyer. Puis, il se dit qu’il allait quand même se comporter en bon père, et demanda à sa progéniture :

— Ça va, mon grand ? Tu étais malade hier ?

— Oui, maman t’a laissé ce sirop, là.

Le petit signala un flacon de liquide vert. Ducky s'empressa de servir une cuillerée et l’approcha du petit caneton, qui gardait son bec fermé.

— Allez, prends ! insista-t-il.

Hochement négatif.

— Prends !

Hochement négatif.

— Pas de télé alors !

— Il n’y a pas de télé, tout'façon ! répondirent les deux autres, faisant rire le petit malade.

Ducky profita de ce moment d’inattention pour enfoncer la cuillère avec le médicament. Chouette ! Bien trouvé ! se félicita-t-il, lorsqu'un relent d'égout se fit sentir.

— Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! hurla Ducky, désespéré à nouveau, devant ce vomi gluant et visqueux.

Soudain, un toc-toc remit ses sens en alerte. Mais ce toc-toc ne venait pas de la porte. Il provenait... de l’intérieur de sa tête. Plouf ! Ducky ouvrit les yeux et se découvrit par terre. Son instructeur du club de tir, le pied dans le plâtre, le secouait du bout de sa béquille.

— Vous voilà revenu ! J’avais dit qu’on lâche le tir en apnée, pas qu’on vise en apnée. Sinon vous allez encore tomber dans les pommes.

Ducky contempla, extasié, le loup gris aux yeux ozone. Pour notre petit canard, il venait de lui sauver la vie, l’arracher au pire cauchemar qu'un canard célibataire et immature n'ait jamais eu !

— Oh, merci ! J'ai envie de vous embrasser !

Le loup gris le toisa, comme s’il avait vu, lui aussi, la dernière vision de Ducky.

— Évitez ! répondit-il, glacial.

À cet instant-là, la porte du pas de tir s’ouvrit et trois petits loupiots firent irruption.

— Papa, papa ! crièrent les trois à l’unisson.

Ducky assista à un spectacle surréaliste où le loup gris, tout sourire, embrassait tendrement chacun des petits. « Oh, que c’est mignon ! » pensa notre petit canard, lorsque les trois loupiots le fixèrent d’un air ravi.

— Chouette, papa ! Un canard ! On peut lui tirer dessus ?

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