Chapitre 10

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Les pneus de la Chrysler gémirent sur le gravier, formant un sillon sous l’action d’un freinage brutal. Émile n’eut pas le temps de faire le tour du véhicule que Xavier Dennoyer avalait déjà la volée de marches devant le perron.


- Ah, Mylène ! Vous avez vu Vittorio ? questionna Xavier sans détour.


- Non Monsieur. Il n’est pas encore sortit de sa chambre. Voulez-vous que j’aille le réveiller ?


- Non non… Dites-lui simplement qu’il me rejoigne lorsqu’il aura pris son petit déjeuner. Je serai dans mon bureau, ajouta-t-il en tournant les talons.


- Bien Monsieur !


***


Un peu plus tôt, ce matin.


- Ce cher Dennoyer qui me rend visite ! J’espère que vous venez avec de bonnes nouvelles ?


- Oui ! Enfin… je viens vous dire que c’est sur la bonne voie. Mais je vais avoir besoin de temps, évoqua Xavier fébrilement, ne sachant pas trop où poser les yeux.


Dennoyer, habituellement volubile, avait perdu toute sa superbe en passant le portail de la propriété de Miquel Minassian. Officiellement propriétaire d’une grosse agence immobilière, il tenait sa fortune d’activités très lucratives mais tout aussi illicites. Sa société lui permettait, par des successions de transactions sur des banques au regard discret, pour peu qu’elles fussent arrosées de substantielles commissions, d’investir sur ordres de tiers, de l’argent à l’origine plus que douteuse, dans des marchés extérieurs pour lesquels il recevait en retour une commission tout ce qu’il y a plus de légal. D’un point de vue fiscal, tout était clean.


Les deux hommes traversèrent l’immense salon et passèrent sur la terrasse. D’un geste négligé, Minassian ordonna à Dennoyer de s’asseoir sur l’un des  fauteuils qui formaient, ça et là, de petits salons privés.


- Du temps ? s’étonna faussement Miquel.


- C’est à dire… oui ! Je suis sûr le point de conclure un arrangement avec une personne que je reçois ce matin. Mais ça me paraît difficile de vous livrer dans une semaine. C’est que c’est un j…


- Ecoute-moi, Dennoyer, coupa Minassian d’un ton menaçant, se penchant vers son interlocuteur. Du temps, tu n’en n’as pas ! Tu as huit jours, pas un de plus. Je pars lundi en quinze et il n’est pas question que je voyage les mains vides. C’est bien compris ? s’enquit l’homme dans un regard noir.


Xavier avait pris sa réponse comme un coup de poing en plein visage. Il s’était imaginé qu’en se déplaçant en personne plutôt que de téléphoner, il obtiendrait grâce. Il ne s’attendait pas à ce refus cinglant, et un frisson lui parcourut l’échine à la pensée de l’échéance trop proche.


- C’est… c’est compris ! balbutia xavier décomposé par la trouille.


Minassian se leva et Dennoyer compris que la conversation était terminée. Il se mit également sur ses jambes qui manquaient soudainement d’assurance et se dirigea vers sa voiture en contournant la maison par les extérieurs.


- Et… comment va ta fille ? cria Miquel à Xavier alors qu’il allait disparaître à l’angle de la bâtisse.


Dennoyer se figea puis se tourna vers la voix après un temps d’arrêt. Son regard avait changé. Il était un autre homme. La colère avait pris le pas sur la peur.


- Ne touchez pas à ma fille, intima-t-il. Ne touchez pas à ma fille !
Minassian tourna les talons non sans renvoyer un sourire hautin et provoquant.


***


Le silence apaisant sur l’arrière de la maison contrastait avec l’humeur éruptive de Xavier. Un vent léger et doux, en cette matinée d’été qui s’annonçait sans nuage, caressait le miroir d’eau de la piscine, faisant frissonner le gazon qui accueillit tant de monde la veille pour la soirée organisée en l’honneur de Vittorio.


Un pull échancré sur la poitrine, tombant juste en dessous des fesses, Marion  déboucha sur la terrasse. Elle resta un moment immobile, tête en l’air, les yeux clos, profitant de la chaleur encore tempérée du soleil. Le vent léger chahutait ses cheveux en bataille. Un petit moment d’extase volé au temps.


Tandis que Mylène s’affairait à la préparation du petit déjeuner - Thermos de café, d’eau chaude, Thés, vert et noir, pain grillé, jus d’orange, confitures, viennoiseries – Marion prit la direction de l’aile gauche de la maison, longeant la piscine.


Une main sur le montant de la porte-fenêtre entrebâillée, Marion regarda Vittorio qui dormait toujours. Le drap de coton blanc formait une vague sur ses reins et recouvrait tout le bas du corps, contrastant avec la peau hâlée de son dos musculeux. Elle ne l’avait encore jamais vu autrement que vêtu. Elle franchit les quelques mètres qui la séparait du lit sur la pointe des pieds, tel un félin. Son pull échancré n’eut aucun mal à glisser le long de son corps. Elle s’assit sur le bord du lit, souleva précautionneusement le drap qu’elle rabattit sur ses jambes en s’allongeant contre le corps nu de Vittorio qui bougea à peine. La chaleur de son corps la fit frémir et l’apaisa aussitôt. Sa main épousa la hanche de Vittorio et descendit lentement vers sa masculinité. Le manque de pilosité attisa son désir. Il se rase, pensa-t-elle avec bonheur, laissant ses doigts descendre le long de l’aine de la cuisse de Vittorio, encore, lentement. Son index s’aventura sur ses testicules en caresses légères. Ses lèvres ourlées brûlaient à l’idée de s’y déposer. une nuée de papillons virevoltaient dans son ventre. Les yeux clos pour mieux se projeter dans sa pensée, elle se vit au creux de ses cuisses, sa main délicate approchant de ses lèvres ses fruits fragiles, jouant par instant de sa langue avant de les happer, l’un après l’autre, dans sa bouche avide et gourmande. Une envie viscérale qu’elle n’avait jamais éprouvé auparavant.


Sous ses caresses divines, le membre de Vittorio prenait vit. Marion partit à la découverte de son pénis qu’elle parcourut de la pulpe de ses doigts le long de sa hampe. Elle sentait son sexe s’épanouir sous ses attentions câlines, tirant un soupir de bien-être au jeune dessinateur qui se réveillait doucement. La conscience prenant le pas sur ses rêves, il se retourna dans un sursaut, réalisant qu’il s’agissait peut-être d’Emile qui n’aurait pas résister à la tentation. Mais il tomba dans les yeux brillants de la danseuse, l’apaisant instantanément. Il s’allongea, soulagé, face à Marion qui le réchauffait d’un sourire bienveillant.


- Bonjour, Marion, fit-il d’une voix profonde et séduisante qui finit de mettre le feu au corps et à la mémoire de la danseuse, si temps est qu’il y eut encore quelque chose à embraser.


- Bonjour, Vittorio, répondit-elle, se ressaisissant de la verge de son amant maintenant dressée fièrement.


Le jeune homme ne put réfréner son bonheur, lâchant un son guttural et profond.


- Marion… pas maintenant, réussit-il à prononcer entre deux halètements que le pouce de la danseuse, vagabondant sur son gland turgescent, provoquait.


- Tu n’as pas envie de moi ? taquina-t-elle, sa lèvre inférieure mordue en provocation entre ses dents blanches.


- C’est l’impression que je te donne ? s’enquit le jeune homme.


- Mmmhhh, non ! Répondit-elle d’une voix qui ragaillardit de plus belle la pénis du dessinateur alors qu’elle avait soulevé le drap pour jeter un coup d’œil à l’ardeur du pieu qui tendait vers elle.


- Marion… s’il te plaît ! retourna Vittorio dans un mouvement de recul.
La jeune femme se leva d’un bond après un court moment d’hésitation. Frustrée, elle attrapa son pull qui gisait sur le sol et l’enfila prestement. Si prestement que Vittorio n’eut qu’une seconde pour ravir ses yeux du corps merveilleux de la danseuse.


- Marion… implora-t-il, voyant qu’il l’avait blessée.


Aucun mot ne passa la frontière de ses lèvres. Elle ne lui adressa qu’un regard peiné. La réaction du jeune homme avait compressé son cœur en une faction de seconde, la remplissant d’un sentiment de solitude emprunt d’une gêne qu’elle ne s’expliqua pas. Vittorio fut foudroyé par les dégâts involontaires de son geste. Il bondit du lit et rattrapa la jeune femme sur le point de passer la porte-fenêtre.


- Marion, reprit-il en la serrant contre lui. Bien sûr que j’ai envie de toi. J’en meurs d’envie. Mais je suis ici, invité par ton père. Et j’ai cru comprendre qu’il espérait Christophe pour gendre. Je ne veux pas créer d’impair, tu comprends ?


La voix de Vittorio était douce, rassurante. De sa main, il attira la tête de Marion sur son torse. Les battements de son cœur encore paniqué martelaient sourdement dans l’oreille de la jeune femme qui remonta ses deux mains largement ouvertes le long de l’échine du dessinateur pour se blottir contre lui aussi fort qu’elle le pouvait. Le voile de soie rouge s’enroula de nouveau autour du jeune couple, refermant, à chaque tour un peu plus, son écrin de velours.


- Et si nous allions déjeuner ? demanda Vittorio dans un soupir de bonheur.


- Et si nous restions comme ça ?.. Toujours. murmura la danseuse dans un même soupir.

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