Chapitre 7

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~ Point de vue Caitlyn ~

Je vois Leandro me regarder, il fronce les sourcils puis se retourne. Il voit son frère et se décompose lui aussi. Il enlève ses gants et descend du ring.

~ Point de vue Leandro ~

On était d’accord, il ne devait pas se pointer comme ça. Tout ce qu’il va réussir à faire, c’est l’énerver.

Je me poste devant lui, prêt à le faire partir.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Tu sais très bien pourquoi je suis là. Elle n’est pas venue me voir. Je t’avais prévenu.

— Elle n’est pas prête à te parler alors laisse la tranquille.

— Tu connais les enjeux aussi bien que moi, me répond-t-il.

Son regard se tourne vers Caitlyn qui est toujours sur le ring. Elle est totalement pétrifiée.

— Caitlyn on doit se parler. MAINTENANT ! lance mon frère.

Il la regarde, ne lui laissant pas vraiment le choix. Il sort de la salle sous le regard de tout le monde.

Je remonte sur le ring pour rejoindre Caitlyn.

— Tu n’est pas obligée d’aller le voir, je peux le foutre dehors, dis-je à Caitlyn.

— Non …

Aiden monte sur le ring à son tour.

— Qu’est-ce qui se passe ? C’est qui ?

Je regarde Caitlyn, qui n’a toujours pas bougé.

— C’est …

— C’est mon frère.

— Le flic ?

Je jette un œil à Caitlyn avant de lui répondre.

— Oui.

Il se tourne vers Caitlyn en fronçant légèrement les sourcils.

— Il te veut quoi ?

Caitlyn braque ses yeux sur moi. Bah voilà, elle est énervée et qui c’est qui va se coltiner sa mauvaise humeur, hein ?

Elle place ses mains face à moi. Je lui retire ses gants et elle descend du ring à toute vitesse.

Aiden commence à s’avancer mais je le retiens.

— Laisse-la. Elle a des comptes à régler avec mon frère.

—J’ai plutôt l’impression du contraire.

— Crois-moi … c’est pas une bonne idée d’être dans ses pattes lorsqu’elle est énervée, tu risques de prendre une balle perdue.

~ Point de vue Caitlyn ~

Je suis Ezio dans les vestiaires. Il a les bras croisés. On dirait qu’il va me passer un savon mais tout ça c’est de sa faute. S’il avait fait son boulot au lieu de me rire au nez, on n’en serait pas là. Je préfère attaquer la première et crever l’abcès une bonne fois pour toute.

— Qu’est-ce que tu veux ?

Il ne me répond pas tout de suite. Il se contente de me regarder droit dans les yeux, comme s’il attendait que je craque. Je ne vais pas lui faire ce plaisir.

— Je t’ai appelé plusieurs fois. Tu n’as pas daigné répondre.

— Et donc tu es venu jusqu’ici pour me harceler ? Le fait que je ne veuille pas te répondre ne te suffit pas ?

— Tu n’avais pas à filtrer mes appels.

— Ah ouais et pourquoi ?

— Tu sais très bien pourquoi. Tu n’avais pas à revenir sur Marseille et pourtant tu es là.

Je ricane à la fin de sa phrase. Il croit quoi ? Qu’il peut reganter ma vie comme il veut ?

— Tu ne contrôleras pas ma vie. Je fais ce que je veux d’accord. J’avais besoin de revenir pour moi mais aussi pour mon fils. Tu ne me feras pas partir. Je suis revenue à Marseille et je compte bien y rester que ça te plaise ou non, c’est clair ?

— Tu n’as pas l’air de comprendre la situation et les enjeux que ton retour à Marseille ont engendrés. Tu mets tout le monde en danger, est-ce que ça tu le comprends ?

— Personne ne sait que je suis ici.

— T’en es sûr de ça ? Qui te dit qu’il n’y a pas quelqu’un qui traîne dans le coin en surveillance ?

— Si quelqu’un traînait comme tu dis, je l’aurai reconnu et je l’aurai senti et ce n’est pas le cas. J’ai changé d’identité, de physique, j’ai appris à marcher différemment, à me tenir autrement.

— Grâce à qui tu as pu changer de vie hein ? Et c’est comme ça que tu me remercies ? Tu vas tout foutre en l’air.

Ce qu’il vient de me balancer vient de faire grimper en flèche mon niveau d’énervement.

— Non mais tu te fous de ma gueule en plus ? Elle est bien bonne celle-là. C’EST MON POING DANS LA GUEULE QUE TU VAS AVOIR OUI.

Oui je sais, j’avais dit que je ne lui ferai pas le plaisir de m’énerver mais alors là … je ne sais pas ce qui me retient.

— Laura écoute …

— NON, C’EST CAITLYN MAINTENANT. LAURA ELLE EST MORTE IL Y A 3 ANS TU TE SOUVIENS ?

Il s’apprête à répondre mais bizarrement rien ne sort, alors je décide d’enfoncer le clou pour qu’il se rappelle ce qui s’est passé.

~ Point de vue Aiden ~

Je ne sais pas de quoi ils parlent mais entendre Caitlyn crier ne me dit rien qui vaille. Je sais qu’elle est capable de se défendre toute seule mais j’aimerais éviter qu’il la touche.

Je guette Leandro, lui aussi il n’a pas l’air tranquille. Il a beau connaître Caitlyn, son frère je ne le sens pas. Il faut que j’aille voir ce qui se passe. Seulement si Leandro me voit sortir, il va encore s’interposer.

J’attends quelques secondes puis de nouveaux cris se font entendre. Je réagis en deux secondes et me dirige vers les cris que l’on a entendus. Je n’ai même pas fais attention à l’appel de Leandro.

Je m’arrête devant la porte des vestiaires, main sur la poignée.

— Tu te souviens il y a 3 ans ? J’étais venue te voir au commissariat et tu te rappelles ce que tes collègues et toi avez fait ?

— Laura …

— ARRETE DE M’APPELER LAURA, ELLE EST MORTE T’ENTEND. ELLE EST MORTE A CAUSE DE TOI … SI TU AVAIS FAIT TON BOULOT DE FLIC, JE NE SERAI PAS LA A ME CACHER.

Je l’entends essayer de se calmer, elle est vraiment à bout.

— J’ai failli mourir et pire que ça, j’ai failli perdre mon fils ce jour-là à cause de toi. Alors tu sais quoi, ouais j’ai des personnes à remercier parce que sans elles je ne serai pas là aujourd’hui et mon fils non plus mais ce n’est certainement pas grâce à toi ou à tes collègues.

L’oreille appuyée contre la porte, j’entends tout ce qui se passe, surtout Caitlyn vider son sac sur ce mec. Quand elle reprend la parole, sa voix se casse avec quelques sanglots.

— Ma vie elle a changé c’est vrai et elle ne sera plus jamais la même et ça c’est de ta faute et jamais tu entends, jamais je ne pourrai te pardonner ça. Alors maintenant tu vas me foutre la paix et me laisser vivre ma vie comme je l’entends.

J’entends des pas puis plus rien.

— T’as quand même conscience que tu mets des vies en jeu-là ? T’as pensé à ton fils, à mon frère ou à Lukas et à sa famille ? Bien sûr que non, t’as pensé qu’à toi hein ?

— Lâche-moi tu me fais mal.

— T’as plutôt intérêt à faire ce qu’on te dit, sinon il va t’arriver des bricoles, c’est moi qui te le dis.

Voilà maintenant qu’il la menace. Ce type est dangereux. J’ouvre la porte et la scène que je vois me met hors de moi.

Il se tient tellement près de Caitlyn, la main sur sa gorge. Je ne réfléchis pas et je l’attrape par le col de son t-shirt et le tire en arrière tellement fort qu’il est projeté au sol plusieurs mètres plus loin.

Caitlyn est tellement apeurée qu’elle tremble partout. Je ne sais pas ce qui lui permet de rester debout.

— Je te conseille de ne plus jamais lever la main sur elle.

Alerté par les bruits, Leandro et Lukas apparaissent.

— Qu’est-ce qui se passe ? demande Leandro, en voyant son frère se relever.

— Il se passe que ton frère était en train de menacer Caitlyn et de la violenter physiquement. Regarde les marques sur son cou.

Je vois mon frère se rapprocher de Caitlyn qui tremble encore. Leandro lui, est très tendu.

— T’as pas fait ça ?

Ce type ne répond pas de suite et ça ne fait qu’accentuer ma colère. On ne touche pas à une femme.

— Je t’avais demandé de la laisser tranquille tu te souviens ? Et toi, tu profites de la première occasion pour la menacer ? T’es pas en interrogatoire là.

— Tu approuves son retour alors ? Elle va tous vous faire tuer … y ‘a que comme ça qu’elle comprend, faut lui ouvrir les yeux.

Leandro sourit mais son regard est devenu noir.

— Et toi, tu les a ouverts les yeux y’a 3 ans ? Alors tu sais quoi, tu vas lui lâcher la grappe et nous oublier d’accord. Que je ne te vois plus l’approcher de près ou de loin, c’est clair ?

— Vous êtes en train de faire la plus grosse connerie de votre vie.

— Non, c’est toi qui l’a faite la connerie, alors maintenant tu dégages d’ici et qu’on ne te revois plus, lance mon frère.

~ Point de vue Caitlyn ~

Je vois le regard haineux d’Ezio sur moi. Qu’est-ce qui se serait passé si Aiden n’était pas intervenu ?

Je n’ai même pas pu lever le petit doigt pour me défendre, à croire que je ne me suis pas aussi bien remise de mon passé. Je pensais avoir avancé dans ma thérapie mais en fait pas du tout.

Lukas a regardé mon cou, là où Ezio avait sa main. Il a serré tellement fort que je dois avoir des marques. J’ai eu tellement peur, que je me suis pétrifiée sur place.

— Tu dégages tout de suite, dit Leandro.

Ezio me fixe encore quelques secondes puis sort de la pièce. Une fois sorti, je me laisse glisser contre les casiers et m’assois par terre, en pleurs. Aiden s’assoit à côté de moi et me prend dans ses bras. Au bout de quelques secondes, mes tremblements ont cessé. Je n’ose pas bouger, je suis tellement bien dans ses bras, je me sens en sécurité et cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps.

~ Point de vue Aiden ~

Je la sens s’agripper à mon t-shirt comme si j’allais m’éloigner. Je ne peux pas m’éloigner, je ne peux pas la laisser, ça m’est impossible.

— Viens, je vais te ramener.

Je l’aide à se relever et sèche ses larmes avec mon pouce. J’ai bien envie de l’embrasser, j’avance mon visage du sien quand je me souviens que nous ne sommes pas seuls.

Certes Leandro nous a vu tout à l’heure mais je ne veux pas imposer ça à Caitlyn pour le moment. Je l’embrasse sur la tempe et la serre une dernière fois contre moi.

~ Point de vue Caitlyn ~

Lorsqu’il desserre sa prise, je sens un petit courant d’air passer. Je ne veux pas qu’il me lâche. Mes doigts se resserrent sur son t-shirt.

— Eh, je te promets que je ne te laisse pas, ok ? Je reste avec toi.

Nous sortons des vestiaires et il me prend la main. Je sens qu’il sert ma main dans la sienne. Il veut me montrer qu’il est là pour moi.

Nous récupérons Enzo et Aiden me ramène chez moi. Durant le trajet, je ne dis rien. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas ce qu’il a entendu et il est hors de question que nous en parlions devant mon fils. Lui aussi ne parle pas, il a posé sa main sur la mienne et ne l’a pas quittée du trajet.

Lorsque nous passons la porte d’entrée, je demande à Enzo d’aller jouer dans sa chambre. Il faut que je sache ce qu’Aiden a entendu de notre conversation avec Ezio.

— Tu veux boire quelque chose ? demandais-je à Aiden.

— Non merci.

J’ose même pas le regarder dans les yeux et je veux savoir ce qu’il sait, non mais à qui je veux faire croire ça hein. Bon dieu Caitlyn, ressaisis-toi !!!

— Il te voulait quoi ce type ?

— Rien d’important. C’est du passé, t’en fais pas.

— Il t’a quand même menacé et pratiquement étranglé. Alors ne me dis pas que ce n’est pas important … tu peux me parler tu sais, je ne te jugerai pas, quoi qu’il se soit passé.

Je lève la tête vers Aiden, les yeux remplis de larmes. J’ouvre la bouche pour lui répondre mais aucun son ne sort. Bravo Caitlyn, voilà maintenant que tu fais la carpe.

La porte d’entrée s’ouvre.

— Caitlyn ?

— On est dans la cuisine, répond Aiden.

Leandro nous rejoint, la mine embarrassée.

— Je tiens à m’excuser pour le comportement de mon frère.

— Ce n’est pas ta faute. Tout ça c’est à cause de lui.

Je récupère mon verre et pars m’installer sur la terrasse.

~ Point de vue Aiden ~

Je la regarde s’éloigner. Je sens que la faire parler ne va pas être chose facile mais il faut que je le fasse.

— Je vais m’occuper d’Enzo, tu devrais aller la voir.

— Je ne suis pas très sûr qu’elle veuille me parler.

— Va la voir.

Leandro sort de la cuisine, me laissant seul dans mes réflexions mais il a raison. Si je ne tente pas ma chance, je ne saurais pas. Je rejoins Caitlyn sur la terrasse. Elle est assise sur un des transats, son verre posé sur l’assise.

Je m’assois sur celui d’à côté, me tenant face à elle.

— Je pourrais peut-être t’aider si tu voulais bien m’expliquer ton problème.

Elle esquisse un sourire et me regarde.

— C’est gentil mais non tu ne pourras pas m’aider. J’ai mis assez de monde en danger comme ça.

Ok … bon autant mettre en avant ce que j’ai entendu tout à l’heure. Peut-être qu’elle parlera.

— C’est qui Laura ?

Je vois à l’évocation de ce prénom qu’elle se crispe.

— Qui t’a parlé d’elle ?

— J’ai entendu ce type prononcer ce prénom. C’est qui ?

— Personne. Elle n’est plus là de toute façon alors à quoi bon parler d’elle.

— Il s’est passé quoi il y a 3 ans ? Ca a un lien avec cette fille ?

Elle me fuit du regard, je crois que j’ai visé juste.

— C’est pour ça qu’elle est morte ? Parce que ce type n’a pas fait son boulot ?

Je vois les larmes lui monter aux yeux, elle est à deux doigts de craquer.

— Qu’est-ce que tu as entendu d’autres ?

— Que tu as failli mourir et perdre ton fils. Pourquoi tu dois te cacher ? T’es une fugitive ?

Elle me fixe de ses yeux humides, elle est en pleine réflexion ça se voit.

— Non, je ne suis pas une fugitive. Fin’ pas vraiment.

— Alors qu’est-ce qui se passe ?

Je la vois serrer les dents et déglutir.

— Caitlyn, je ne te lâcherai pas. Quoi que tu aie fait, quoi qu’il se soit passé. Alors parle-moi.

Elle essuie les quelques larmes qui lui coulent sur les joues.

— C’est Laura … mon véritable nom c’est Laura.

— Qu … quoi ?

— Je m’appelle Laura Charlier … Caitlyn Saint Laurent c’est … un nom d’emprunt. Je fais partie du programme de protection.

Je suis un peu perdu par ce qu’elle vient de me dire. Je ne m’attendais pas à ça.

— Le programme de protection ? Comme ceux qui ont vu quelque chose qu’ils n’auraient pas dû ? Ce genre de programme ?

— Oui ce genre de programme.

— Qu’est-ce qui s’est passé pour que tu intègres ce programme ?

— Il y a 6 ans, j’ai intégré une école pour être Infirmière et lors de ma 2ème année d’étude j’ai effectué un stage à l’hôpital. J’ai pris un patient en charge et une fois qu’il est sorti de l’hôpital on s’est revu. On est tombé amoureux … c’était un homme d’affaire qui avait beaucoup de relation dans n’importe quel milieu. Il était très influant. Il m’a présentée à beaucoup de monde. Quelques temps après alors que tout se passait bien, il a changé avec moi. Il est devenu très possessif, il m’interdisait de sortir, de voir mes amis … puis ça s’est amplifié, il a commencé à lever la main sur moi parce que le repas ne lui convenait pas. Il avait toujours une excuse pour me frapper, m’insulter …

— Tu n’as pas essayé de te défendre ?

— Je ne pouvais pas. Je sais que pour une championne de combat ça l’a fout mal mais c’est comme ça. Il avait trop d’emprise sur moi.

Ce qu’elle me dit m’horrifie. Comment peut-on traiter une femme comme ça ?

— Je ne te juge pas. Ca me met juste les nerfs qu’un homme puisse lever la main sur une femme. J’appelle pas ça un homme moi.

— Pour lui c’était normal. J’étais à lui, je lui devais obéissance. Un jour, j’étais au téléphone avec Leandro et il a commencé à crier. Leandro a tout entendu et quand il est arrivé j’avais des coups sur le visage. Il m’a demandé d’aller porter plainte, chose que je n’ai pas pu faire.

— Pourquoi ? Avec les traces de violence il aurait été inculpé.

— Aucune chance. Un homme d’affaire respectable qui a pas mal de connaissance et qui a l’image du mec parfait, il n’aurait jamais été inculpé. Il connaissait trop de monde.

— Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

— Ensuite ? Je suis tombée enceinte … je pensais que ça l’aurait calmé mais pas du tout. Il m’a fait suivre un régime alimentaire strict, il surveillait tout ce que je faisais, où j’allais … un soir je suis rentrée à la maison un peu plus tard que d’habitude et il était en réunion avec des gens. Je savais que j’allais morfler mais tant qu’il y avait du monde, j’étais tranquille. Puis il m’a demandé de les rejoindre.

— Pourquoi ?

Elle esquisse un sourire triste et essuie les larmes qui coulaient.

— Me faire payer mon retard. Les types présents n’étaient pas des gens très fréquentables et dans leur milieu, les femmes sont reléguées aux tâches domestiques, parfaites et soumises à leur homme. Et en arrivant en retard, j’ai montré à ses associés que je n’obéissais pas à un homme alors il leur a demandé de me punir … ils ont commencé à poser leurs sales pates sur moi …

J’ai peur de ce qu’elle va dire à la suite. Je sens mon visage se tendre à cette vision.

— … mais je n’étais plus seule, je devais protéger mon bébé alors je me suis défendue.

— Laisse-moi deviner, ils n’ont pas apprécié ?

— Pas vraiment … j’ai profité qu’ils soient un peu sonnés pour aller m’enfermer dans la salle de bain et j’ai appelé Leandro pour qu’il m’aide.

— Pourquoi tu n’as pas appelé la police ?

— Parce qu’ils ne m’ont pas crue quand je suis allée les voir la 1ère fois. Ils m’ont tous ris au nez et m’ont traité de menteuse.

— Le frère de Leandro faisait partie du lot ?

— Oui. Il a dit que je fabulais et que je ne devrais pas accuser un homme respectable comme ça. Quand j’ai compris que personne ne me viendrait en aide, je suis repartie. Le pire c’est qu’il a appris que j’étais allée voir la police et il s’est bien moqué de moi en disant que je pouvais aller me plaindre à qui je voulais, personne ne me croirait … donc j’ai appelé Leandro. C’est le seul qui ne m’est pas tourné le dos.

— Tu t’es retrouvée toute seule ? Comme ça se fait ?

— Ethan a bien œuvré. Il a fait en sorte que je ne vois plus ma famille et j’ai fini par ne plus leur parler. Ils avaient décelé ce que je refusais de voir d’Ethan et on ne s’est plus parlé.

— C’est vraiment un enfoiré.

— Non, c’était bien joué. Il m’avait sous sa coupe comme ça, il faisait ce qu’il voulait de moi. Mais malgré tout ce qui s’est passé, Leandro ne m’a jamais lâchée, il a toujours été là. Je lui serai reconnaissante à vie pour ça. S’il n’était pas venu ce jour-là, je serai morte. Quand il m’a retrouvée, j’étais inconsciente, allongée par terre, des bleus partout. C’est Elsa et ton frère qui m’ont prise en charge. Ils m’ont adressée aux meilleurs spécialistes, ils ont payé les frais et m’ont remise sur pied.

— Comment se fait-il que mon frère et Elsa aient pris en charge tes soins ? Comment les as-tu connus ?

— Le stage dont je t’ai parlé tout à l’heure c’était en Cardio-Thoracique … dans le service de Lukas.

— Ok …

— Ca a été le meilleur stage de ma vie … il m’a fait venir au bloc avec lui, j’ai beaucoup appris. J’ai plus appris avec un stage de 10 semaines avec ton frère que dans n’importe quel stage que j’ai pu faire en 3 ans.

— Lukas a le cœur sur la main, il fait beaucoup aussi pour les associations.

— Non ça va beaucoup plus loin que ça. Faut le voir bosser pour comprendre ce que je veux dire.

C’est la première fois depuis qu’on est parti de la salle que je la vois sourire. Ça fait du bien de la voir sourire même si ça ne dure pas longtemps. Je prends ses mains dans les miennes. J’ai besoin de la sentir près de moi, lui montrer que je suis là.

— Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

— C’est ton frère qui m’a opérée avec d’autres médecins. Leandro a su qu’Ethan avait échappé aux flics alors avec Lukas et Ezio, ils ont décidé de me faire mourir.

J’en crois pas mes oreilles, ce mec a retourné sa veste finalement.

— Comment ça se fait que ce mec t’ait aidé alors qu’il t’a ri au nez quelques jours avant ?

— Le binôme Leandro/Lukas fait fureur … Lukas a été obligé d’annoncer à mes parents que j’étais morte, que mon fils n’avait pas survécu … Leandro a donné son nom à mon fils et il l’élève comme si c’était son propre fils.

Attends une minute … ça veut dire qu’ils n’ont jamais … ?

— Leandro élève ton fils comme le sien ? Ca veut dire que lui et toi, vous … enfin vous n’avez … ?

Elle sourit mais je ne sais pas comment je dois le déchiffrer.

— Non, nous n’avons jamais couché ensemble. Si on a raconté ça, c’est pour rendre l’histoire crédible. Il fallait protéger Enzo avant tout.

Cette information me redonne le sourire. Je sais qu’ils ont une relation particulière et je comprends pourquoi maintenant. Je ne leur en veux pas, ils ont vécu des choses ensemble que personne ne peut vraiment comprendre.

— Pourquoi tu souris ?

Sa question me ramène à moi.

— Parce que je pensais que Leandro et toi vous …

Je ne peux pas finir ma phrase et elle sait très bien ce que je voulais dire.

— Nous sommes amis et c’est tout. De très bon amis mais ça s’arrête là.

Je me surprends à sourire une deuxième fois. Je l’attire vers moi, toujours sourire au lèvres. Elle s’assoie à califourchon en passant ses bras sur mes épaules. Je resserre ma prise et la presse un peu plus contre moi.

Nos visages ne sont qu’à quelques centimètres l’un de l’autre.

— Et ça me va très bien.

— Jaloux ?

— Non … mais je n’aime pas partager. Tu sais … j’ai été trompé par beaucoup de personnes qui en voulaient à mon fric, ma notoriété et ça m’a beaucoup blessé. J’ai fini par ne plus sortir avec personne.

Elle garde le silence mais son regard est triste.

— Ca fait combien de temps ?

— 3 ans bientôt.

— Moi aussi, chuchote-t-elle.

— Comme ça, on part sur le même pied d’égalité, lui dis-je.

Elle esquisse un sourire et remonte son visage vers le mien. J’ai les yeux braqués sur elle, ses yeux lumineux qui parlent pour elle.

Son pouce caresse ma lèvre et j’aime ça. J’aime la façon qu’elle a de me toucher. Malgré la chaleur, de longs frissons parcourent mon corps. J’ai envie de l’embrasser … tellement envie.

Pendant que je place ma main sur sa joue elle ferme les yeux, comme pour savourer l’instant présent. Je réduis la distance qu’il restait entre nous en l’embrassant doucement. Je sais qu’elle va répondre à ce baiser, nous sommes mordus l’un de l’autre.

Elle garde les yeux fermés, déplace sa main sur ma nuque et elle me rend mon baiser au quintuple en se pressant davantage contre moi.

~ Point de vue Leandro ~

Bon, Enzo est douché, il est en train de jouer tranquillement dans sa chambre. Je vais aller jeter un œil à Caitlyn, je n’entends plus de bruits. J’espère qu’elle lui a parlé et qu’elle ne l’a pas mis à la porte.

Je décide de m’approcher tout doucement de la baie vitrée, du moins assez pour voir ce qui se passe sur la terrasse.

Attends une seconde … rappelle-toi ce qui s’est passé tout à l’heure à la salle.

Je vérifie qu’Enzo ne soit pas sorti de sa chambre et je m’avance un peu plus vers la baie vitrée qui me fait face. Ils doivent être dans l’angle mort entre les deux baies vitrées. Je me décale de quelques centimètres et les vois tous les deux sur le transat.

Ils ont l’air d’être sages, je peux espérer aller sur la terrasse sans avoir à subir de représailles.

— Dites … je peux me joindre à vous ou c’est un terrain miné ?

Je les vois se regarder en souriant.

— Oui, tu peux venir.

Ca me fait plaisir de voir Caitlyn avec le sourire. J’espère qu’elle a parlé avec Aiden parce qu’il était très affecté par son état.

— Tout va bien ? leur demandais-je.

— Oui … on a discuté et je lui ai tout dis, me répond Caitlyn.

Je jette un coup d’œil à Aiden, il a l’air d’avoir bien encaissé la nouvelle.

— D’ailleurs Leandro, je tiens à m’excuser. Caitlyn m’a dit que nos n’étiez que des amis, alors excuse-moi d’avoir été méfiant envers toi.

— Y’a aucun souci. T’avais tes raisons … Je vais m’occuper du repas, vous voulez un truc en particulier ?

~ Point de vue Caitlyn ~

— Non laisse je m’en occupe. Allume le barbecue, je m’occupe de la salade.

— T’es sûre ? T’as l’air bien calé là dans ses bras ô combien musclé, me dit Leandro, amusé.

Je souris. C’est vrai que je suis bien dans les bras d’Aiden mais je lui ai réservé une surprise et elle ne va pas tarder à arriver.

— Oui je suis sûre … au fait, t’as parlé à Jessica ?

Il jette un œil à Aiden qui le regarde.

— Pas encore.

Je souris. Bon bah, j’ai bien fait de lui dire de venir ce soir sinon la pauvre elle va attendre.

— Euh … pourquoi tu souris comme ça ?

— Tu verras.

J’ai à peine le temps de finir ma phrase que la sonnette retentit.

— Tu devrais aller ouvrir, je vais aller préparer la salade et sortir de quoi faire un apéro.

~ Point de vue Leandro ~

Qu’est-ce qu’elle a préparé encore ? Dans quoi est-ce qu’elle m’a embarqué ? Pourquoi est-ce qu’elle a parlé de Jessica tout à coup et devant Aiden en plus ?

Me voilà devant la porte d’entrée, est-ce que je dois ouvrir la porte ?

— Bon alors, t’attends quoi ?

Je regarde Caitlyn qui sourit.

— Me dis pas que tu as fait ça ?

— Ah mais je n’ai absolument rien dit. T’as qu’à ouvrir la porte.

Je souris. Cette fille va me rendre fou, c’est pas possible. Elle ne veut pas que je me mêle de ses affaires et elle ose mettre son nez dans les miennes. Qu’est-ce que je vais faire de cette fille ?

Au moment où je sors de mes pensées, je vois Caitlyn mettre sa main sur la poignée et ouvrir la porte.

— Non, attends !!

Et mince, elle a ouvert la porte. Je reste un instant sans voix. Jessica se tient à l’entrée, un sourire gêné lorsqu’elle me regarde.

— Bonsoir, dit-elle.

— Salut, tu vas bien ? demande Caitlyn.

— Oui ça va. Merci pour l’invitation … je sais que tu m’avais dis de ne rien amener mais … tiens.

— Tu n’aurais pas dû.

— C’est pour te remercier de l’invitation.

— C’est surtout Leandro qu’il faut remercier c’était son idée … mais ne reste pas sur le palier, entre. Fais comme chez toi.

Jessica entre et me sourit. Son sourire éclatant qui me fait tant fondre. Caitlyn nous dépasse, bouteille de vin à la main et rejoint la cuisine.

— Je peux te débarrasser ? demandais-je à Jessica.

Elle me donne son sac que j’accroche au porte manteau et l’accompagne sur la terrasse.

Aiden est resté sur le transat, on dirait qu’il est pensif. Lorsqu’il s’aperçoit de notre présence il se redresse. Jessica se fige quand elle voit Aiden s’approcher de nous.

Elle ne sait pas que nous nous côtoyons en dehors du travail et le voir chez moi, elle doit se poser des questions. Elle me jette un rapide coup d’œil avant de serrer la main d’Aiden.

— Bonsoir monsieur.

— Bonsoir … je vais aider Caitlyn pour le repas, si elle a besoin d’un coup de main.

Il nous sourit et entre le salon nous laissant tous les deux.

— Tu veux t’asseoir ?

— Oui merci.

~ Point de vue Caitlyn ~

Une fois que j’ai rangé la bouteille de vin au frais, je sors de quoi faire la salade. Je commence à couper les concombres quand Aiden arrive dans la cuisine.

— Ca va ?

— Ouais … je ne pense pas que tu aies eu une bonne idée.

— Pour ?

— Jessica …

— Bah pourquoi ? Elle lui plait, autant qu’il tente sa chance, non ?

— Euh ouais mais là … ils sont un peu gênés.

— Un peu comme nous tout à l’heure ? demandais-je avec un regard aguicheur.

Il sourit. Il est drôlement canon quand il sourit, il va me faire craquer.

— Non … pour le coup c’est moi qui aurait été gêné si c’était le cas … mais peut-être qu’on pourrait reprendre là où on s’était arrêté ?

Il s’approche de moi, se plaçant dans mon dos, m’enlaçant par la taille. Il m’embrasse dans le cou et je ferme les yeux au contact de ses lèvres sur ma peau. Comment peut-on réagir comme ça à un simple touché ? Jamais je n’ai ressenti ça.

J’essaie de rester concentrée et de couper le concombre mais là, ça devient dangereux.

— Je vais perdre un doigt si tu continues comme çaaaaaa ….

Je sens son souffle remonter jusqu’à mon oreille.

— Du mal à rester concentrée ? souffle-t-il.

Il me prend le couteau des mains et le pose sur le comptoir. Il me retourne face à lui, son visage à seulement quelques centimètres.

— Est-ce que là, tu es plus concentrée ?

Je fixe ses yeux bleus et ils m’envoutent. Ca y est, je suis perdue. Je réduis le peu de distance qu’il y a entre nous et l’embrasse.

D’abord doucement puis ça s’amplifie de plus en plus. Nos langues jouent ensemble et je sens son membre se durcir au fur et à mesure. Je souris contre ses lèvres.

— Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ?

Je fais glisser ma main sur son torse tout doucement. Je profite du pouvoir que j’exerce sur lui. Sous mes doigts, je sens l’élastique de son pantalon de sport.

Je passe mes doigts le long de l’élastique avant de les glisser sur son membre. Il essaie de retenir un grognement mais je l’entends parfaitement et je souris de plus belle.

Au moment où je m’apprête à déposer mes lèvres sur les siennes nous entendons des bruits de pas précipités dans le couloir puis :

— Papaaaaaaaaa !!!

Je lève la tête en signe de dépit. Aiden lui, sourit.

— Décidément ! lance-t-il, doucement.

J’aime mon fils, je l’aime plus que tout au monde mais là, à cet instant précis …

— Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu pour mériter ça ?

— Faudrait qu’on lui demande tiens … mais peut-être que si tu restais après le repas, on pourrait peut-être éradiquer toute cette frustration accumulée depuis cette après-midi … qu’est-ce que tu en penses ?

Il étire ses lèvres en un sourire.

— J’en penses que c’est une bonne idée mais est-ce que tu vas tenir jusque-là ?

C’est à mon tour de sourire.

— Je te rappelle que c’est toi là qui est venu me chercher sur ce terrain alors ça serait plutôt une question pour toi.

Je vois qu’il réfléchit à sa réponse qui semble le titiller.

On est tellement dans notre bulle, qu’on n’entend pas ce qui se passe autour de nous. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été dans cet état avec quelqu’un avant aujourd’hui. Ca me fait un peu peur quand même, on ne se connaît que depuis quelques jours et je me laisse aller comme si on se connaissait depuis des semaines.

Je sais pas … je me sens tellement bien avec lui, quand il est là, près de moi … je me sens moi.

— Vous en êtes où de la salade ? demande une voix.

Nous tournons la tête vers la voix et nous sursautons, comme des gamins pris en flague d’une bêtise.

— Faudrait que t’arrêtes de surgir comme ça. Tu nous as fait peur.

— J’ai bien vu mais je voulais savoir où vous en étiez mais à ce que je vois, ça n’a pas beaucoup avancé, dit Leandro, amusé.

Je regarde le plan de travail, c’est vrai que nous n’avons pas trop avancé mais à ma décharge, j’ai été perturbée.

— C’est sa faute … j’ai failli me couper un doigt en plus, lançais-je avant qu’Aiden ne puisse s’exprimer, mais on va mettre le turbo.

Leandro ne dit rien, je l’en remercie. Il passe derrière nous, ouvre la porte du frigo et sort la viande.

— Dites … je me posais une question … je peux vous laisser seuls ou faut-il que je reste pour surveiller ? nous demande-t-il en rigolant.

L’enfoiré !!! Je me disais aussi, c’est bizarre il ne dit rien. Je prends les quelques morceaux de concombre que j’avais coupé et les lui lance dessus.

— Eh, on ne joue pas avec la nourriture, dit Leandro en esquivant les bouts de concombre.

Il se met à rigoler puis nous laisse seuls en cuisine.

— Tu paieras pour ce que tu as dit, me dit Aiden.

— Ah mais j’y compte bien.

Je récupère mon couteau de cuisine et coupe le restant de concombre puis des poivrons tandis qu’Aiden s’occupe des crevettes, tomates cerises. Nous mettons le tout dans un grand saladier et je récupère la sauce dans le frigo.

Aiden récupère les sauces pour la viande et nous mettons le tout sur la table de la terrasse. La viande est bientôt cuite. Jessica se sent un peu plus à l’aise et nous discutons toutes les deux tandis que les garçons disposent l’assiette de viande sur la table.

Nous mangeons avec un bon appétit, même Enzo qui mange habituellement comme un oiseau, reprend une assiette de salade.

Au moment où je rejoins les autres après avoir couché mon fils, Aiden s’éclipse quelques minutes pour répondre au téléphone. Leandro et Jessica sont sur la terrasse et discutent. Je ne veux pas les déranger donc je reste un peu dans le salon.

Je m’assois sur la canapé, la journée a été longue et je sens la fatigue arriver. Le coussin à côté de moi s’affaisse.

— Je vais devoir partir, me dit Aiden.

— Pourquoi ?

— Le boulot. Une réunion de dernière minute.

— A cette heure-ci ?

— Il n’y a pas d’heure pour les braves … non plus sérieusement, j’ai des collaborateurs dans les quatre coins du monde et avec le décalage horaire, c’est pas toujours des réunions à bonne heure.

J’esquisse un sourire.

— Si tu n’as pas le choix, je te laisse partir … pour ce soir.

— J’aime bien le « pour ce soir ».

Je rigole.

— On se voit demain ? me demande Aiden.

— Bien sûr. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, lui répondis-je en souriant.

— Ca tombe bien, je ne comptais pas m’éloigner … J’aimerais te montrer quelque chose demain.

Il se montre bien mystérieux tout à coup.

— Ok. Qu’est-ce que c’est ?

— C’est une surprise. 8 heures à la salle, ça te va ?

— Euh ouais.

— Parfait … passe une bonne fin de soirée, à demain.

— Merci toi aussi.

Il m’embrasse, se lève du canapé et va dire au revoir à Leandro et Jessica.

Je le raccompagne jusqu’à la porte où il m’embrasse encore une fois. Je referme la porte et m’en vais dans ma chambre en me demandant ce qu’il a prévu comme surprise. J’ai vraiment hâte d’être à demain.

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