Prologue

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Les portes du camion du SDIS 13 se referment. Quelques secondes après, ils prennent la route en direction de l’hôpital le plus proche, celui de la Timone.

—Vous me surveillez les constantes, je ne veux pas qu’elle s’enfonce, lance le médecin urgentiste.

Mes jambes ne me répondent plus, d’ailleurs la gauche ne cesse de trembler toute seule, je ne la contrôle pas. Mon esprit lui, est resté dans cet appartement lugubre où je viens de laisser cet enfoiré de première.

Comment peut-on faire ça à la femme qu’on est censé aimer et qui porte notre enfant ?

Mes mains sont jointes entre elles, le menton posé sur le bout des doigts. Je suis en colère, je n’aurais pas dû la laisser seule avec lui. Qu’est-ce qui m’a pris ? Si elle ne s’en sort pas, je ne me le pardonnerai jamais.

Les voix des deux pompiers et du médecin autour de moi sont tellement floues, qu’on pourrait penser que je suis dans un autre monde.

Je suis ramené à la réalité par des bruits anormaux. Je ne sais pas si c’est Laura ou son bébé qui est en détresse.

— Tension artérielle à 71/47, Fibrillation ventriculaire… commente le médecin.

— Madame, vous m’entendez ? Si vous m’entendez serrez-moi les mains. Restez avec nous.

Le scope continue de sonner.

— Elle est en train de lâcher, arrêt cardio-respiratoire, je commence la réanimation.

Je me lève en entendant cette information, affolé.

— Qu’est-ce qui se passe ? demandais-je.

Le second pompier à côté de moi sortit le défibrillateur. Il alluma le défibrillateur et installa les électrodes pré-gélifiées (une sous la clavicule et l’autre sous le sein gauche) puis il relia le câble au défibrillateur.

Pendant que le premier pompier continuait de masser, le second sortit le BAVU , une tubulure d’oxygène qu’il brancha sur la bouteille à oxygène qui est réglée sur 15 Litres.

— Monsieur s’il vous plaît, restez assis. Le cœur de votre amie s’est arrêté, il faut qu’on le fasse repartir.

Le médecin urgentiste demanda au chauffeur d’accélérer encore.

Nous arrivâmes aux urgences de la Timone en quelques minutes. Le cœur de Laura était reparti mais allait-elle tenir le choc ?

Le chauffeur du véhicule vint ouvrir les portes et aida les pompiers ainsi que le médecin à transporter le brancard au sein du service des urgences de l’hôpital.

— Qu’est-ce qu’on a ? demanda une infirmière.

— Jeune femme de 24 ans enceinte de 6 mois, retrouvée semi-consciente par son ami. Traces de coups sur le visage et sur l’abdomen, possible traumatisme crânien. Retrouvée avec une cyanose des extrémités, une saturation à 76, une respiration sifflante, possible perforation du poumon par fractures costales avec une forte douleur dans la poitrine. Fracture tibia-péroné déplacée non-ouverte gauche et arrêt cardio-respiratoire avec choc dans le véhicule avant d’arriver. Les constantes sont stables, pas de détresse fœtale.

Quand l’infirmière me voit un peu plus loin, son sang ne fait qu’un tour et elle regarde attentivement la personne sur le brancard.

C’est sûr qu’avec les hématomes présents sur son visage, personne ne pouvait la reconnaître.

— Que … Putain, c’est Laura ! On bouge au bloc tout de suite, bipez Johnson, le chirurgien obstétrique de garde en urgence et le chir ortho. Faites-lui un ECG , une radio thoracique et des membres inférieurs tout de suite.

—Le Docteur Johnson n’est pas de garde aujourd’hui.

— Je m’en fous, vous me l’appelez de toute urgence, réplique l’infirmière.

Après quelques secondes, la seconde infirmière appela le chirurgien.

— Allez, on se bouge, crie l’infirmière.

Les internes lui firent passer les premiers examens pendant que le docteur Johnson arrivait en courant.

— On m’a demandé de venir en toute urgence, qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il à l’infirmière.

Elle le regarda avec un air triste.

— C’est qui ?

Il suivit le regard de l’infirmière qui me fixait et il comprit aussitôt.

— Je vais le crever cet enfoiré, je vais lui faire la peau.

L’infirmière le retint par le bras.

— Laura est en train de passer des examens pour voir l’étendue des dégâts, il faut que tu ailles te préparer pour le bloc. J’ai fait appeler le chir obstétrique de garde ainsi que le chir ortho, il lui faut une césarienne en urgence.

— Le bébé est en danger ?

— Elle a fait un arrêt sur le trajet, elle est à peu près stable pour le moment et le bébé va bien.

Lukas me fixa encore quelques secondes et partit en courant jusqu’à l’étage prévu pour les blocs opératoires.

Il fut rejoint par le docteur Morel qui est le chirurgien obstétrique et par le docteur Pasquier, chirurgien orthopédique.

— Les résultats des examens ont confirmé la fracture tibia-péroné, la perforation du poumon par les fractures costales et ils ont montré un hémopneumothorax , informa le docteur Pasquier.

— Nous allons commencer par la césarienne puis par l’hémopneumothorax et la fracture tibia-péroné, dit le docteur Morel.

Le docteur Johnson les regarda tous les deux et acquiesça d’un signe de tête.

— Très bien, allons-y.

— Tout va bien docteur ? demanda le docteur Morel.

Lukas regarda Laura qui était installée sur la table d’opération et les attendait. Il savait qu’un jour cela allait finir par arriver. Il avait essayé de la sortir des griffes de cet homme mais elle ne voulait pas qu’il risque sa vie pour elle, et voilà maintenant qu’il la retrouvait dans son bloc.

— … il n’y a pas si longtemps, elle faisait son stage de fin d’année dans mon service. On s’entendait tellement bien que je l’ai prise dans mon bloc jusqu’à la fin de son stage. Elle était vouée à être une magnifique infirmière.

— Vous avez l’air très affecté par la situation, nous pouvons appeler un autre chirurgien cardio-thoracique pour vous remplacer, si vous le souhaitez ? interrogea le docteur Pasquier.

— Non c’est à moi de l’opérer. Je le lui dois bien.

Il finit par se sécher les mains et ils rejoignirent l’intérieur du bloc tous les trois.

Dès que Laura avait été prise en charge par l’équipe médicale, j’avais téléphoné à ses parents pour les prévenir et ils m’avaient rejoint avec son frère et sa sœur.

Lorsque je vois Lukas s’approcher de nous, je me lève suivi de près par la famille de Laura.

— Quelles sont les nouvelles docteur, est-ce qu’elle va s’en sortir ? demanda sa mère.

Lukas nous regardait avec les yeux remplis de larmes. Je compris tout de suite quelles nouvelles il allait annoncer.

— Monsieur et Madame Charlier … nous avons fait tout ce que nous pouvions mais malheureusement, ça n’a pas été suffisant. Une fois sur la table, elle a refait un arrêt et nous n’avons pas réussi à la réanimer.

— Et le bébé ?

— … aucun d’eux n’a pu être réanimé, je suis vraiment désolé.

Les parents de Laura s’effondrèrent en entendant les nouvelles du docteur Johnson.

— Elle disait que vous étiez le meilleur chirurgien cardio-thoracique qu’elle avait rencontré depuis le début de ses études … comment avez-vous pu la laisser mourir ? Vous qu’elle idolâtrait. Comment avez-vous pu ? lança le frère de Laura.

Lukas le regardait avec toute la peine du monde dans ses yeux.

— Je tenais à vous présenter mes condoléances, je vous assure qu’on a fait tout ce qu’on a pu …

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