Chapitre 12

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Favart était un récidiviste. Certes, il avait payé sa dette envers la société - douze ans d'emprisonnement - et son suivi sociojudiciaire de cinq ans était révolu. Mais un signalement postérieur pour agression sexuelle n'avait pas eu de suite et l'obligation de soins qui lui avait été enjointe n'avait été respectée que très partiellement, pendant sa peine et juste après sa libération. C'est fréquent, hélas ; faute de moyens suffisants, la Justice pare au plus pressé, gère l'urgence et laisse filer le reste.

Son procès pour meurtre sans préméditation, viol, tentative de viol, enlèvements et séquestrations, qui vient de se tenir à Tulle où siège la Cour d'Assises de Corrèze, a fait du bruit dans la région, pour de mauvaises raisons. Figurez-vous que la défense du prévenu, tentant de prouver, comme souvent, que la victime du viol avait, peu ou prou, cherché ce qui lui était arrivé, s'était mis en tête de produire, comme pièces à conviction, des extraits des films tournés par Wanda/Annelore ! Et que le Président du Tribunal avait accepté ! Heureusement, le huis clos fut accordé.

Les psychiatres et psychologues qui ont examiné Edmond Favart ont souligné qu'après son divorce et au fil des ans, il avait eu une sexualité de voyeur, mais que, fondamentalement, c'était un prédateur sexuel. En raison de carences affectives et éducatives profondes, son image de la Femme se réduisait à la dualité mère/putain. Lui-même en a convenu.

Cette fois-ci, il a pris la peine maximum, trente ans dont vingt-deux incompressibles. Sortira-t-il inoffensif ? Bien malin qui pourrait le dire.

Il reste que notre commune est maintenant connue dans les annales judiciaires avec cette "affaire de Collonges-la-Rouge". On s'en serait bien passé. C'est de la mauvaise publicité, quoi qu'on fasse.

Annelore et ses enfants ont quitté la commune. Comment voulez-vous qu'ils supportent le regard des gens ? C'est trop petit ici. On ne peut y vivre dans l'anonymat. Le manoir de la Barrière a été vendu à nouveau. À des Belges, une fois !

Au cimetière, une tombe en granit poli noir intense est fleurie à distance, plusieurs fois par an. Une épitaphe qui nous fera mal longtemps encore y dit : "Il avait choisi ce pays pour y vivre en paix ; il n'a pas été payé de retour".

Tout ceci a laissé des traces, y compris inconscientes. À présent, nous sommes nombreux à regarder chaque matin, de manière réflexe, si l'eau de la fontaine est de la bonne couleur !

F I N

©Pierre-Alain GASSE, mai 2017.

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