Chapitre 8

2 minutes de lecture

Il ne voulait pas seulement abuser de Wanda une fois et passer à autre chose, non. Wanda, il la voulait à sa disposition jusqu’à ce qu’il s’en lasse ; c’est pourquoi il avait pensé à un enlèvement. Il savait où la garder. Mais l’affaire avait mal tourné. Malgré un repérage des lieux en règle. La malchance, quoi ! Il était tombé sur le mari. Ce jour-là, à cette heure-là, d’après ses renseignements, il aurait dû être en réunion au Lion’s Club de Brive ! Pourquoi n’avait-il pas vérifié si sa voiture était au garage ? Contrarié, il n’avait pas supporté cette entrave à son désir exacerbé. Sans réfléchir, il s’était emparé d’un couteau sur le serviteur du barbecue et l’avait planté d’un coup, d’un seul dans la poitrine de Joss Vanderlaeren. Celui-ci n’avait même pas eu le temps de porter les mains à son cœur. Aorte sectionnée, il s’était avachi dans le jacuzzi. Dans un réflexe charitable, Edmond avait débondé l’appareil et fermé l’eau, pour lui éviter une noyade post-mortem, avant de retirer l’arme ! Un flot de sang rouge avait jailli, sans le toucher. Aujourd'hui, il portait des gants fins de latex, pas comme la premièrefois, où il avait laissé ses empreintes partout ! On apprend quand même un peu de ses erreurs ! Sa camionnette était à cul devant le portail du jardin : alors, il avait ouvert sans bruit la baie coulissante qui donnait dans le salon, le couteau ensanglanté encore à la main.

Wanda lisait une revue, des écouteurs dans les oreilles, les jambes repliées sous elle, dans le canapé blanc. Elle avait crié ; réveillés en sursaut, les enfants qui dormaient en haut, étaient descendus, apeurés. Il avait poussé tout le monde, sous la menace de son arme jusqu’aux portes arrière ouvertes de son véhicule, leur avait lié les mains et scotché la bouche, avant de les allonger sur le sol et de les recouvrir d’une bâche de chantier. Il avait jeté le couteau dans la piscine, puis avait pris, tous feux éteints, la direction d’Esclauzur. Tout cela en à peine quinze minutes.

À présent, il roulait dans la nuit, tout en réfléchissant à la suite des événements. Avec un second mort sur la conscience, qu’avait-il à perdre ? Si on le rattrapait, il était bon pour perpète ! Mais, au moins, avant, il aurait une compensation ! Et quelle compensation ! Mais pourquoi avait-il embarqué aussi les chiards ? Il donna un coup de poing rageur sur le volant qui lui arracha une grimace de douleur. À chaque fois, c’était pareil. Quand il était trop en manque, ça l’empêchait de réfléchir correctement. Merde !

Ne rien précipiter. Les gosses pouvaient aussi servir de monnaie d’échange, en cas de cavale. Mais, pas de doute, c’était un loupé. Il n’allait quand même pas baiser leur mère devant eux ! Ou bien si ? Un sourire pervers affleura sur son visage. Son beau-père lui avait fait subir bien pire, mais était-ce une raison ? Il faut dire aussi que sa mère n’était pas un cadeau. Il chassa ces images importunes de son passé pour retrouver celle de Wanda. Depuis des années maintenant, la Femme, pour lui, c’était elle. Les autres n’existaient pour ainsi dire pas. Il avait fait une fixation, c’est sûr, mais n’y pouvait plus rien. C’était trop tard. Il fallait aller jusqu’au bout. Advienne que pourra !

(à suivre)

Annotations

Vous aimez lire Pierre-Alain GASSE ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0