Chapitre 37 : Retour en ville

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  Auriel ouvrit doucement les yeux. Son corps refusait de bouger. Il avait mal partout. Il tenta de tourner la tête et observer ce qui l’entourait mais impossible. Même cela lui était impossible. Il ne voyait au-dessus de lui qu’une toile blanche. Soudain une voix l’interpella :

- Ah Auriel ! Tu es enfin réveillé ! Comment te sens-tu ?

- Je...

 Il avait reconnu Lucas. Ses yeux suivirent le son. Son camarade était assis à côté de lui, dans un espace assez restreint. Sa gorge était sèche, sa bouche pâteuse.

- Où... où suis-je ? réussit enfin à articuler le jeune homme.

- Dans un chariot, en direction de la capitale.

- Pour... pourquoi ?

- On a reçu une permission, après nos quatre ans d’infiltrations, ils nous doivent bien ça. Avant que tu demandes, Antoine va bien. Il est dans une voiture juste derrière.

 Soulagé, Auriel soupira. Il tenta de se remémorer son combat, mais son esprit était brouillé.

- Que s’est-il... passé ?

- Tu as utilisé la magie ! Et quelle magie !! Tu manies la foudre !

- La...

- Oui ! On a tous vu ça ! Ou plutôt entendu !

 Lucas semblait surexcité à l’idée de raconter cela. La perspective de repos le rendait très joyeux, déduisit son camarade alité.

- J’étais sorti et j’avais rejoint nos troupes. Après m’être identifié, je suis parti vous chercher. Grâce à ma magie, j’ai cherché à vous contacter mais sans succès.

 La magie de Lucas n’était pas très puissante, mais extrêmement utile. Il maitrisait la télépathie, l’une des très nombreuses variantes de l’éther.

- Au bout d’un moment, j’ai réussi à atteindre Antoine. Je lui ai demandé où vous étiez. Il m’a répondu difficilement : l’écurie caché. A ce moment-là, j’ai commencé à avoir peur. J’ai appelé le commandant et suis parti vers l’étable, et là ! La foudre est tombée dans un vacarme assourdissant. J’ai été obligée de...

- Alors ? Comment va la vedette de l’opération ? le coupa Samael.

 Le soldat fit un garde à vous pour saluer son commandant.

- Bien, mon... tousss tousss, tenta de répondre Auriel avant de commencer à s’étouffer.

 Son camarade attrapa un pichet d’eau caché sous le lit du chariot et le fit boire et soulevant doucement sa tête. Celui-ci bu quelques gorgées qui lui redonnèrent un semblant d’énergie.

- Ne te force pas, reprit le commandant. Tu nous as beaucoup inquiété, tu sais ? Tu étais aux portes de la mort. Tu as dormi trois jours.

- Que... pour...quoi ?

- Le sort que tu as lancé était bien trop puissant pour toi. Ça t’a totalement vidé de ton énergie vitale. Si Lucas ne m’avait pas prévenu, je ne serais pas arrivé à temps. Même si je dois avouer, c’était dur de rater ça. Ce qui t’a sauvé, c’est que j’ai pu te transférer un peu de magie.

 Auriel assimilait tant bien que mal les informations, mais il était content. Il avait enfin découvert quelle était sa magie : La foudre. L’arrêt brutal du chariot le tira de ses pensées.

- Nous sommes arrivés, on dirait, lança Samael.

 La toile arrière de la voiture vola violement et un homme, tout vêtu de rouge, entra et s’installa à côté du lit en hurlant, bousculant au passage le commandant et Lucas.

- Auriel ! Samael m’a envoyé un message ! Tu maitrises la magie électrique !? c’est incroyable ! Fantastique ! Tu es plein de surprise, dis-moi ! Tu sais que cette magie est d’une rareté sans pareil !! La dernière fois dans notre pays c’était il y a trente ans !! Tu savais que cette magie était l’une des seules à être capable de rivaliser avec celle de la lumière !! D’après ...

- Calme-toi, Thomas, l’interrompit Samael. Il est encore faible. Ne l’assomme pas avec tes paroles.

- Désolé. Mais c’est extraordinaire.

- Tellement qu’il a failli en mourir.

- Excusez-moi. Je vais le diagnostiquer, mais avant...

 Il sortit la tête et un bras du chariot, avant de rentrer à nouveau et d’apposer ses mains au-dessus de du malade. La voiture repartit. Le brouhaha de la ville commença à se faire entendre. Une faible lueur émana de ses paumes. Après quelques minutes, il reprit :

- En effet. Mais il s’en sortira avec un peu de repos. Très pratique ces notions d’éther que j’ai appris.

- Pourquoi... j’ai mis... si longtemps à.… articula Auriel.

- A réveiller ta magie ?

Il acquiesça de la tête.

- Il n’y a pas de véritable raison. L’environnement, le sang... plein d’autres explications possibles. La plus plausible, et la plus répandue, est lié à la famille. On pense que si les parents de la personne n’utilisent pas ou peu la magie, leur enfant aura du mal à débloquer la sienne.

 Auriel repensa à son père et à sa mère. Il était vrai qu’il ne les avait jamais vus utilise de sort.

- Contre-exemple. La princesse, comme tu as pu le constater, as pu utiliser son pouvoir très jeune. Le roi est un puissant magicien. La reine n’est pas à plaindre non plus.

 Natasha s’impatientait. Sa mère était assise près d’elle, observant sa fille fixer la fenêtre.

- Calme-toi. Qu’est ce qui t’excite autant ?

- Le retour d’Auriel. Maître Firma a annulé mon entrainement du jour pour cela.

- Je comprends que tu l’apprécie mais calme-toi. Tu ...

 La princesse oublia la présence de sa mère, observant les allées et venues dans le château. Elle appréciait beaucoup le garçon. C’était l’un de ses seuls amis et surtout quelqu’un qui l’avait beaucoup aidé lors de ses problèmes avec Médusa. Ceci avait beaucoup évolué par ailleurs. Durant ces quatre ans, ce lien mental qu’elle partageait avec ce démon s’était transformé. Les intrusions involontaires qu’elles subissaient toutes les deux, ce qui était à l’origine des cicatrices sur les épaules et chevilles de la jeune fille, s’étaient métamorphosées en une libre discussion. La dardéone avait sauvé la fillette dans l’un de ses cauchemars, et celle-ci avait alors décidé d’essayer de la comprendre, au point de devenir très proche avec elle. Elles parlaient beaucoup ensemble, surtout dans leur rêve. De temps en temps, leurs voix se joignaient en journée afin de se divertir l’une l’autre. La femme-serpent avait même aidé son amie à utiliser sa magie. La princesse avait d’ailleurs été beaucoup surprise de son aisance dans ce domaine. Elle avait essayé d’en savoir plus, mais malgré leur relation, Médusa restait très mystérieuse et ne parlait pas beaucoup de ce qu’elle faisait. Mais la jeune fille était sûre d’avoir eu un effet positif sur la gorgone. Le caractère brutal de celle-ci était devenu joueur. Elle avait même réussi à l’empêcher de tuer trop d’innocents. Mais elle n’avait pas réussi à l’empêcher de massacrer les temples du culte de l’héroïne. Cette haine là était toujours encrée profondément dans sa chair.

 Natasha sortit de ses pensées quand elle aperçut trois chariots à toile arriver dans la cour du château. Elle reconnut son professeur sortir de l’un deux et comprit qu’ils étaient arrivés. Elle se précipita vers la sortie. La reine n’eut le temps que d’appeler la garde royale.

 Auriel posa doucement les pieds au sol, soutenu par Lucas. Il leva les yeux et observa l’imposant château. Il pensa à la fille du Roi. Avait-elle toujours ce lien avec sa sœur ? En avait-elle encore souffert ? Maintenant qu’il disposait d’une puissante magie, il voulait tout faire pour la maîtriser et partir à la recherche de la meurtrière de ses parents. Peut-être pourrait-elle l’aider ? Son besoin de réponse était devenu vitale. Il devait savoir si toutes ces années ensemble étaient si futile qu’elle avait tout détruit en un instant pour s’enfuir, quand elle s’était retrouvée piégée.

 Samael s’approcha de lui avec sa lance noire à la main, et lui tendit :

- Tiens.

- Merci.

- Reposez-vous bien. Vous avez un mois. Après vous pourrez choisir de revenir avec moi, ou de vous concentrer sur votre véritable but.

 Le commandant l’avait très bien cerné, et connaissait son véritable objectif. Mais le plus important, il le respectait et l’aidait. Le jeune homme attrapa son arme et s’appuya dessus.

- Auriel... commença Thomas avant de se faire interrompre par un hurlement.

- Auriel !!

 Ils tournèrent tous la tête et virent la princesse descendre en courant les escaliers de la grande porte. Le lancier fut si surpris qu’il faillit ne pas la reconnaitre. Elle avait beaucoup grandi. Ses cheveux étaient plus longs et s’arrêtaient au milieu du dos. Son corps était élancé, aux formes généreuses. Ses beau yeux marrons brillaient de joie. Son visage s’était allongé, ses traits affinés. Elle ressemblait à une véritable femme, plus à une enfant. Le jeune homme fut très surpris. Lui qui avait encore l’image de petite fille en tête, se retrouvait face à la réalité. Il la trouvait sur l’instant splendide. Il se mis à envier l’homme que le roi choisirait surement pour l’épouser. Elle arriva près d’eux. Lucas et le commandant s’inclinèrent. Le lancier resta aussi droit que sa condition physique lui permettait.

- Bonjour, comment allez-vous depuis le temps ? salua-t-elle le groupe.

- Très bien, répondirent-ils tous en chœur.

- Vous êtes resplendissante, Mademoiselle, enchaîna Samael.

- Merci, commandant.

 La jeune femme était intimidée. Elle savait que son ami a avait grandi lui aussi, mais à ce point-là. Elle qui avait espéré le rattrapé en taille, il la dépassait d’un pied quasiment. Il avait toujours ses beau cheveux blonds hérissés dans tout les sens, ses yeux bleu turquoise. Mais ce qui le différenciait d’avant était sa corpulence. L’adolescent assez svelte avait laissé place à un homme bien musclé sans être dans l’excès. Ce qui ne déplaisait pas à la demoiselle, qui en rougit légèrement, surtout quand il lui adressa la parole :

- Bonjour princesse, fit Auriel. Comment allez-vous ?

- Quatre ans et tu oublies tes leçons ? soupira-t-elle.

- Je suis désolé.

- Que t’est-il arrivé pour que tu sois dans cet état ?

- Euh...

 Ils furent interrompus par le mage de flamme. Il annonça que le roi désirait avoir un rapport sur la mission. De plus, il déclara qu’il se chargerait de la formation magique du jeune homme avant sa prochaine affectation. Les concernés acquiescèrent et suivirent Thomas. La jeune femme resta seule sur place, surveillée par sa garde personnelle. Elle s’en voulait aussi d’avoir réagi comme une enfant et se dit qu’elle n’avait pas tant grandi que ça. Mais elle était triste de ne pas avoir pu lui parler seul à seul, tout en étant aussi soulagée de cela. La question lui revenait sans cesse : « Comment lui expliquer ? »

 Soudain, une voix retentit dans son esprit :

- Alors ? Comment va-t-il ?

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