Chapitre 25 :  cours manqué

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  Le soleil perçait entre les feuilles et fleurs du cerisier. Un pétale tomba sur la joue de l'adolescent, le réveillant en sursaut. Il regarda frénétiquement autour de lui. Il était dans le parc, mais quand ? Il tenta de se lever mais retomba sur les genoux. Ses jambes tremblaient toujours un peu. Une femme s’approcha de lui et lui tendit sa main :

  • Vous allez bien, jeune homme ?
  • Oui oui, je crois… Je suis de retour, termina-t-il dans sa tête.
  • Vous avez besoin d’aide ?
  • Non merci.

 Il réussit enfin à se lever, salua la noble avant de partir en courant vers l’académie des mages. Le bâtiment était aussi immense voire plus que le Colisée, de forme carré avec une tour à chaque coin. L’adolescent arriva devant l’entrée et observa un instant la façade. Il y avait une escalier d’une vingtaine de marches avant d’atteindre le niveau de la porte. Celle-ci était encadrée de symboles magiques et de gargouilles. Les murs de pierre blanche étaient parsemés de fenêtres, à des hauteurs constantes. Le dernier étage, le cinq ou sixième à vue d’œil, plus large que le reste du bâtiment, était soutenu par d’imposantes colonnes de marbre blanc, veinées de rayures noires. Le toit était couvert de tuiles rouges reflétant la lumière du soleil.

 Auriel gravit les marches et poussa la grande porte, révélant le grand hall. Cette immense pièce était très lumineuse. Son sol était lisse et brillant, si bien que dans sa hâte, le jeune homme faillit perdre l’équilibre à la suite d’une petite glissade. Il regarda autour de lui. Il n’y avait pas grand monde, quelques étudiants, avec une robe de couleur symbolisant leur type de magie : rouge pour le feu, bleu pour l’eau, blanche pour l’air, marron pour la terre et grise pour l’éther. L’adolescent s’approcha de l’un des groupes et leur demanda :

  • Excusez-moi, savez-vous où se trouve le mage Firma ?
  • Euh… non je suis désolé.
  • Moi non plus.
  • Je l’ai vu dans la cour, dans la zone du feu, avec une petite fille, lui révéla la fille de la troupe.
  • Merci beaucoup.

 Il les salua, s’inclina et se dirigea vers l’une des arches menant à l’extérieur. Au centre de l’académie se situait une grande cour divisée en quatre par des allées reliant le milieu de chaque côté à son opposé, se croisant autour d’une statue représentant une sphère parfaite, symbole de l’éther. Chaque zone était censée représenter un élément : le feu, la terre, l’air et l’eau. Elles se ressemblaient beaucoup, des mannequins d’entraînement à par la statue en leur centre, figure du pouvoir où elles étaient placées. Ce système servait surtout à séparer les étudiants dans leurs entraînements, éviter les interférences.

 Auriel avança et trouva rapidement le mage, en train de lancer un trait de feu… sur Natasha. Elle créa un mur de glace, de dix pieds de haut. Les flammes frappèrent l’obstacle d’eau solidifiée, et se répandirent sur toute sa surface, débordant légèrement au-dessus et sur les côtés. Le jet flamboyant s’arrêta dès que l’abri perdit la moitié de sa taille. Le mage de feu s’approcha de son élève et la félicita :

  • Très bien, princesse. Excellent même. Vous faites des progrès fulgurants.
  • Merci beaucoup, maître.

 Elle tourna la tête et vit le jeune homme non loin d’eux.

  • Auriel ? Que fais-tu ici ?
  • Auriel ! fit le magicien avec un grand sourire. Que nous vaut cette visite ?
  • J’avais des questions à vous poser, à propos de la reine Amélya.
  • Tu as déjà réussi à apprendre quelque chose, fit la jeune fille, surprise.

 Thomas resta interdit un instant, dévisageant l’adolescent quelques instants avant de reprendre :

  • Que savez-vous ?

  Il lui raconta tout ce qu’il avait appris. Natalia écarquilla les yeux face à toutes les informations qu’elle entendait.

  • Qui vous a révélé tout ça ? Surtout ce qui s’était passé vraiment là-bas.
  • Un homme étrange. Il s’est présenté comme un apothicaire. La première fois que je l’ai vu c’était dans le désert d’Oto. Puis il est réapparu, hier, et m’a montré ce que je vous ai raconté. Il a une boutique en ville.
  • Amenez-moi a lui s’il-vous-plait.
  • Répondez-moi d’abord.

 Il fronça les sourcils, souffla du nez puis soupira.

  • Très bien. La reine était incroyable. Dès son apparition, elle s’est révélée être incroyable, l’une des plus grandes mages de notre temps. Elle et sa majesté se sont très vite rapprochés malgré la mort du roi. L’année qui suivit cet incident fut pour eux une sorte de jeu du chat et de la souris. Puis sa majesté a fait sa demande, et il se sont mariés. Après durant quatre ans, la reine a participé aux affaires du pays de façon très sérieuse, plus que le laissait supposer son caractère enfantin. Elle nous a aidé à gagner des batailles. Elle avait le sang chaud. Elle a même participé à des combat dans l’arène. Le peuple d’abord retissant, a fini par l’aimer.
  • Le sage qui les a mariés, est-il toujours ici ? Le coupa Auriel.
  • Euh… non. Il a disparu quelques mois avant la mort de la reine, dans des circonstances intrigantes.
  • Comment ça ?
  • Son bureau d’étude avait été retrouvé dévasté, une mare de sang en son centre, mais aucune trace du corps. Je continue ?
  • Oui, allez-y, excusez-moi.
  • Ces quatre ans furent prospèrent pour le pays. Cependant nos relations avec le Kator n’ont fait que se dégrader depuis l’assassinat du roi. Puis est arrivé le jour fatidique. C’était censé être une mission simple. Le couple royal devait se rendre dans une ville à la frontière endorienne pour motiver les soldats. Sur la route, un arbre a subitement poussé sous le carrosse, l’envoyant voler à plus de deux cents pieds de la voie. L’escorte dont je faisais partie le suivi jusqu’à ce qu’il atterrisse. Et c’est à ce moment que tout à vraiment commencé. La reine est sortie la première de la voiture. Elle s’est tournée vers nous et nous a tous neutralisé avec des branches. Dans l’action, je me suis fait assommé. C’est Mickael qui m’a réveillé et libéré. Nous avons alors vu ce démon, cette dardéone.

 Il détailla ensuite le combat de son point de vue : sa peur face au monstre, sa tentative de sacrifice, sa surprise face au retour du roi et à la puissance qu’il déploya, son stress quand le calme revint.

  • Le pire dans cette histoire, c’est que notre roi, qui ce jour déchaîna tout sa puissance, ne réussit qu’à l’égratiner.
  • Pourquoi ne vous a-t-elle pas achevée ?
  • Encore aujourd’hui, je me pose la question. Nos attaques n’étaient pas assez efficaces et le roi était au bord de l’inconscience. Elle aurait largement pu nous tuer. Je ne saurais jamais non plus pourquoi la reine nous a attaqués.
  • Quand j’étais dans la cariole avec eux, j’ai vu d’étranges lumières. Amélya a semblé les voir aussi puis… on aurait dit qu’elle était possédée.
  • Possédée, tu es sûr ? Attends, attends, attends quoi ? De ce que tu as vu ?

  Le garçon expliqua la manière dont l’apothicaire lui avait raconté l’histoire. Le mage écarquilla les yeux, visiblement médusé.

  • Tu te souviens où se situe sa boutique ?
  • Oui.
  • Conduis-moi à lui.

 Le ton très autoritaire du sorcier de feu ne laissa aucun choix au jeune homme. Il acquiesça sans rien dire et se dirigea vers l’arche communiquant avec le hall. Le maître d’armes d’Auriel sortit brutalement de l’ouverture et d’un pas décidé fonça vers son élève, qui se figea voyant l’expression de colère sur son visage.

  • Alors ? Vous avez une bonne excuse pour ne pas être venu à mon cours ? Où étiez-vous à l’aube ? Je vous ai cherché partout.
  • Je…
  • Pardonne-moi, Nathaniel. C’est de ma faute. Je voulais absolument en savoir plus sur Médusa. Du coup hier, à la fin du cours, je lui ai demandé de revenir me voir, le défendit Thomas.
  • Oh… je vois… Tu aurais pu me prévenir. Le roi m’a confié son entraînement, et je n’échoue jamais à mes missions, quelle qu’elle soit.
  • Oui, je suis désolé, fit-il en se frottant l’arrière de la tête avec un sourire géné.
  • Très bien, je te le laisse pour aujourd’hui. Mais ! Auriel, vous avez un jour de moins pour notre accord maintenant.

 Il se retourna et disparut dans le hall. Le mage de flamme poussa un petit soupir et invita l’adolescent à lui indiquer le chemin. Sur la route, l’apprenti épéiste demanda :

  • Que s’est-il passé après la mort de la reine ?
  • Ah… les choses ont plus ou moins empiré. La haine des démons du roi n’a fait qu’augmenter et il a réussi à emmener une partie de la population avec lui. De plus, la religion de l’héroïne, très peu répandue à l’époque, a commencé à se développer. Le… guide, comme il s’était présenté, de cette croyance était venue voir sa majesté. Il a semblé content de cette rencontre et leur a donné plus de droit : avoir leur temple, une place au conseil royal, un pouvoir exécutoire sur les démons ou les traites les aident, et j’en passe.
  • Vous ne semblez pas les aimer.
  • Non, malgré leur dires, ce ne sont que les brutes qui recherche le pouvoir. Je ne saurais pas dire à l’heure actuelle si c’est le roi qui les manipule ou l’inverse.
  • Quel était votre lien avec Mickael ? Vous sembliez très bien vous connaître déjà avant ça.
  • Oui. C’était mon beau-frère.
  • Pourtant, malgré le fait que Médusa l’ai tué, vous ne semblez pas la détester.
  • Si, mais j'éprouve une sorte de facination pour les démons. Ce sont des êtres étranges. Ma sœur m’a accusé d’être sans cœur, rigola-t-il. J’aimerais les comprendre. Savoir pourquoi ? Savoir qui a commencé ? Quand ça a commencé ? Tellement de questions sans réponses.

 Il arrivèrent dans le boulevard où se trouvait la boutique, mais des soldats gardaient l’entrée. Le mage s’approcha de l’un des garde et demande :

  • Bonjour, que se passe-t-il ici ?
  • Bonjour, maître Firma. Il y a eu un meurtre ici. Le propriétaire de cette boutique a été tué.
  • Puis-je entrer pour voir ?
  • Bien-sûr, est-ce que ces enfants vous suivent ?
  • Oui, se sont mes élèves.
  • Très bien.

 Il les laissa passer. Auriel, en entrant, reconnut la pièce, le comptoir. Ils avancèrent jusqu’à la porte derrière celui-ci. Il trouvèrent dans la remise du magasin, le corps d’un vieil homme, en robe sombre, chauve avec une petite barbe grise. Son visage affichait une expression de terreur, mais aucunes plaies, blessures ou autres traces.

  • C’est pas lui, fit l’adolescent.
  • Comment ça ?
  • Ce n’est pas lui. Il ne ressemble pas à ça et ne portait pas cette tenue.

  Le mage sortit et demanda aux soldats :

  • Vous êtes sûr que c’était bien le propriétaire de cette boutique ?
  • Oui, absolument. Je le connaissais.
  • Merci. Auriel, Natasha, venez.

 Le trio partit du magasin. La princesse, un peu perdue par tout cela, s’interrogea :

  • Qu’est-ce que ça veut dire ?
  • Que l’homme qu’a rencontré notre jeune amis est dangereux. Peut-être que… Auriel, je te confie la princesse. Ramène-là au château. Je vous laisse, je dois vérifier quelque chose.

 Et il se dirigea vers l’académie magique d’un pas décidé. l’adolescent se retrouva seul avec la jeune fille. Elle reprit :

  • Merci.
  • De quoi ?
  • D’avoir trouvé aussi rapidement la vérité sur l’ancienne reine.
  • Disons plutôt que c’est elle qui m’a trouvé.
  • Je ne m’attendais pas à ça. Merci beaucoup, même si je ne me sens pas mieux mais je sais.

 Elle s’approcha et déposa un bisou sur la joue du jeune homme.

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