Chapitre 19 : un étrange lien

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  Auriel suivit la princesse pendant quelques minutes. Ils sortirent de l’académie magique et traversèrent une partie du quartier noble avant d’arriver devant un petit parc au centre de celui-ci. L’adolescent s’étonna qu’elle n’ait aucune escorte, puis remarqua deux chevaliers qui les suivaient en courant, bien que ralentis par leur armure.

 Cet espace de verdure, au milieu de ces maisons de pierre, était magnifique. On y rentrait par quatre arches de marbre recouvertes de roses, situées face à face de chaque côté. Des haies de charme, taillées, de sept pieds de haut, reliaient celles-ci. Deux chemins de dalles, parsemés de bancs sur leurs bords, joignaient les portes opposées et se croisaient au centre du parc, faisant le tour d’un sublime cerisier. L’herbe était d’un magnifique vert clair, ondulant au grè de la brise, reflétant les rayons du soleil. L’odeur de nombreux bosquets de fleurs emplissait l’atmosphère, des buissons de roses, du gardénia, des lilas, ainsi que des plats-bandes de tulipes, de géraniums… Le jeune homme vit aussi quelques belles orchidées aux couleurs hypnotisantes.

 Natalia entraina l'apprenti épéiste, qu’elle tenait toujours fermement par la main, vers un arbre à la forme étrange. Il était aussi grand que la haie et avait été taillé pour former un pare-soleil. Trois branches dégarnies partaient de son feuillage et s’enfonçaient dans le sol en formant une sorte de griffes à trois doigts.

 Elle s’assit sous le végétal et invita le garçon à la rejoindre. Au même moment, les deux gardes qui les suivaient les rattrapèrent enfin. L’un deux, essoufflé, prit la parole :

  • Princesse ! Il ne faut pas partir comme ça… s’il vous était arrivé quelque chose.
  • J’étais avec Auriel, je ne risquais rien, répondit-elle avec un grand sourire.
  • Mais princesse…
  • Je souhaite lui parler en privée. Pouvez-vous nous laissez ?
  • Nous… très bien princesse.

 Ils claquèrent les talons, firent une révérence avant de s’éloigner et de se placer à l’entrée du parc, gardant un œil sur eux. L’adolescent demanda à sa kidnappeuse alors qu’elle tentait de réprimer un bâillement :

  • Tu vas bien ? Tu as l’air totalement épuisée.
  • Oui ça va, mais… l’utilisation de la magie me fatigue tellement. A cause de ça je ne la travaille que deux heures par jour, mais là je rentre sans aucune énergie.
  • Pourquoi ça ?
  • Je ne sais pas. D’après mon maître, c’est parce-que je suis trop jeune. Mon corps serait trop faible pour supporter une utilisation aussi forte.
  • Et du coup tu gardes la rapière pour essayer de mieux maitriser ton pouvoir.
  • Oui. Mais ce n’est pas pour ça que je voulais te parler.
  • Oui, qu'y a-t-il ?

 Elle lui expliqua ce qu’elle avait ressenti le jour de l'accident, ou plutôt les sentiments de Médusa qu’elle avait perçus. Auriel resta bouche bée, médusé face à ces informations. Il finit par articuler :

  • Mais… mais… comment ?
  • Je ne sais pas. C’était… Je n’arriverai pas à mieux l’expliquer… je suis encore…

 Des larmes apparurent dans ses yeux.

  • Mais ce n’était pas la seule fois.
  • Je ne comprends pas, comment ça ?
  • Ça c’est produit trois fois au total. La première dans l’arène, la deuxième fois, c’était deux semaines après que tu sois parti. Ses sentiments m’ont submergée de nouveau : de la honte, de la haine principalement, de la tristesse…

 L’adolescent comprit tout de suite. Ça coïncidait avec l’attaque de l’oasis. « Pourquoi de la honte ? » se demanda-t-il. Elle ne lui avait pas du tout semblé avoir honte de ses actes. Elle semblait les avoir assumés. Il avait vu de la haine, du dégout, pas ça. Il ne comprenait pas. Mais une question submergea son esprit et remplaça son incompréhension : « Comment Natalia pouvait-elle être liée à ce point avec sa sœur ? »

  • Ensuite quatre jours avant que tu rentres, ça a recommencé. J’ai ressenti du désespoir, de colère, une envie de tuer si forte… ce jour-là, ses émotions étaient encore plus puissantes qu’avant. J’ai cru perdre la tête.

 La jeune fille tremblait. Auriel, encore sous le choc de ces révélations, tenta de la calmer et de la réconforter. Il la prit dans ses bras et la serra contre lui. Elle reprit une respiration normale, essuya ses joues et continua :

  • Je n’en ai parlé qu’à mère. J’ai eu peur d’en parler à père.
  • Pourquoi moi alors ?
  • J’ai pensé que cela te concernait.
  • Merci, je garderai le secret.
  • Merci à toi.

 Ils restèrent tous les deux sous l’arbre un moment, sans rien dire, juste à écouter le vent dans les feuilles. Le soleil se couchait lorsque les deux chevaliers s’approchèrent d’eux :

  • Princesse, il se fait tard. Vous devriez rentrer avant que Sa majesté ne s’inquiète.
  • Ah oui, vous avez raison. Attendez-moi à l’entrée du parc, j’arrive.

 Ils s’exécutèrent. Natalia se leva, frotta sa robe bleue, réajusta sa ceinture et sa rapière. Auriel fit de même et se dirigea vers la sortie. La jeune fille lui attrapa le poignet :

  • Attends, avant que tu partes, j’aurais une requête.
  • Quoi donc ? Si je peux t’aider.
  • J’aimerais que tu m’aides à découvrir ce qui est arrivé précisément à la précédente reine.
  • Mais… le roi ne peut-il pas te le dire ?
  • J’ai déjà essayé mais il a réagi de manière brutale et m’a dit de ne plus jamais lui demander. Je comptais demander à Michael, j’avais découvert qu’il faisait partie de leur garde rapprochée à l’époque, mais…
  • Médusa l’a tué dans l’arène.
  • Oui. Je n’avais eu connaissance de cela que deux jours avant l’incident. J’ai demandé à pleins d’autres gardes, mais personne ne sait. J’ai l’impression qu’on me ment, qu’on ne me dit pas tout.

 L’adolescent réfléchit un instant. Lui aussi souhaitait savoir ce qui s’était passé. Et il ne pourrait pas poursuivre sa sœur avant d’être devenu plus fort.

  • J’accepte.
  • Merci !

 Elle l’enlaça, puis repartit vers ses gardes et quitta les lieux. Le jeune homme se dirigea vers le cerisier central. Il était en fleur et ses pétales tombaient sous les assauts de la brise. Son parfum dominait les autres et créait une atmosphère envoutante. Le garçon décida d’y aller et son attention fut attirée par un homme sortant du parc lui aussi, vétue d'une tenue multicolore.

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