Chapitre 7 : l’éveil?

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    Il faisait noir. Médusa avait mal. Tout son corps la martyrisait, jusqu’au bout de sa queue. Elle ouvrit les yeux, toujours enchainée et examina son corps. Elle était couverte de griffures, brûlures, bleus... Son bourreau se tenait à quelques pieds d'elle, tourné vers une table tapissée de lames, pinces, petits marteaux et autres instruments de torture.

  On toqua à la porte. Dans un varcame de cliquetis et grincements métaliques, les serrures s'ouvrirent et le tortionnaire posa un genou à terre. Un homme entra, vétu d'un riche vêtement rouge flamboyant, décoré de dessins en or. Cepandant avec la faible luminosité de l'endroit ne lui permettait pas de voir correctement son visage.

  • Alors? Comment se débrouille notre invité.

  Médusa sentit de la colère dans sa voix.

  • Trop bien hélas, votre majesté. Elle possède une résistance mentale incroyable. Je ne saurais expliquer pourquoi.
  • C'est problèmatique. J'ai besoin qu'elle soit préparée pour demain.
  • Je dois avouer que je n'ai aucune idée de comment franchir ses barrières psychiques.

  Le souverain s'avança:

  • Alors comment vas-tu, sale monstre ?
  • pitié... laissez-moi... rentrer...la ... maison, articula difficilement la démone alors que du sang coulait de sa bouche.
  • Mais pourquoi faire? Tu n'y est plus la bienvenue.
  • Quoi ?
  • J'ai parler à ta famille d'accueil. ils nous ont demandés de s'occuper de toi.
  • Vous... vous mentez!
  • Tu crois ça? Tu veux savoir ce qu'ils ont dit quand nous leur avons révélé ta tuerie?

  Le visage de la fille-serpent se décomposa. Des larmes apparurent dans ses yeux.

  • Non... non... non vous mentez!
  • Elle a gouté au sang ? Nous avons échoué. Il ne faut pas qu'elle tue d'autres être humains.
  • Non... non... non...
  • Leur but était juste de faire de toi une petite soldate, mais maintenant que tu as tué des humains, ils savent qu'ils ne pourront jamais changer ta vraie nature.
  • arrêtez ! stop !

  L'eau coulait sans retenue sur ses joues. Elle leva la tête vers le roi, l'implorant d'arrêter.

  • Il cherchait à monter de classe social grâce à toi.

  Médusa se secouait dans tous les sens, essayant désespérement de chasser ses paroles de son esprit. Les anneaux des chaînes la retenant cognaient les uns sur les autres et résonnaient dans la pièce. Soudain sa vision se teinta de noir. Elle ne voyait plus rien, ne percevait plus rien. Que lui arrivait-il.

     Elle sentit quelque chose dans sa bouche. C’était liquide, cela avait un gout étrange… du fer… Elle entendit une voix, celle de son frère :

  • NOOOONNN !!!

  Elle ouvrit les yeux. Elle était en train de mordre... elle desserra la mâchoire, laissant se déverser le sang qu’elle contenait, et s’éloigna légèrement. Son visage se décomposa. Elle se mit les mains sur la bouche afin de ne pas hurler. Sa mère se trouvait devant elle, serrant son cou au niveau de la carotide. Elle commença à cracher, d’abord de la salive, puis le contenu de son estomac, pour finir du sang. Le liquide rouge coula des yeux et oreille. Ses orbites éclatèrent, projetant du sang sur Médusa. La femme convulsa avant de s’écrouler au sol, sans vie. La démone tenta de reculer mais entendit un craquement derrière elle. Compressé dans les anneaux de sa queue, son père suffoquait. Elle relâcha son étreinte mais trop tard, le forgeron s’effondra, la colonne vertébrale brisée, la cage thoracique écrasée.

  Médusa était affolée. « Qu’ai-je fait ? » pensa-t-elle. Ses mains encadrèrent sa tête alors que les larmes troublaient sa vue. Il n’y avait plus un son dans le colisée. La foule s’était tue lors de l’attaque. Un épieu de roche surgit du sable et empala la démone dans le dos, au niveau du foie, la soulevant à une dizaine de pied du sol. Un homme sauta des tribunes royales et hurla :

  • Moi, Michael Istarion, chevalier royal et ami de Thorn, vais exécuter ici et maintenant ce monstre !

  Il se rapprocha et dégaina son épée, celle forgée par Médusa, sa première vraie arme. Elle avait nécessité plus d'un mois de travail. Les spectateurs se mirent à hurler.

  • Médusa ! Pourquoi ?! cria Auriel.

  La démone ne bougeait pas. Elle souffrait, encore. Pourquoi continuait-elle à souffrir. La pierre lui traversait le ventre, lui pliant le dos, envoyant sa tête en arrière, les yeux rivés sur son agresseur. La pauvre, perdue dans son esprit, n'entendit pas la voix de son frère.

  • C’est ma faute, pensa-t-elle. Ma faute… je suis…
  • Ce n’est pas ta faute…
  • Qui… qui a dit ça ?
  • Ce n’est pas ta faute…
  • Qui est là ? dit-elle à haute-voix, regardant partout autour d’elle, cherchant la source de ces mots.

  Le chevalier s'interrongea. il n'avait rien dit après sa présentation. A qui parlait-elle? Il continua à avancer, toujours sur ses gardes, bouclier et épée levés.

  • Ce sont les humains…
  • Les hommes…
  • Oui… se sont eux les coupables…
  • Mais…
  • Oui… ce sont eux qui nous ont torturés…
  • Nous…
  • Ce sont eux qui nous ont forcés à les tuer…
  • Je les ai tués…
  • C’est leur faute…
  • C’est ma faute…
  • Tue-lez…
  • Leur faute… finit-elle d’une voix grave.

  D’une main elle brisa la roche dans son dos et dégringola du pieu de pierre, la pointe rocheuse toujours dans l’abdomen. Le chevalier s’élança mais s’immobilisa aussitôt. L’espace d’un clignement d’œil, le paladin vit une ombre gigantesque devant lui, terrifiante, avec deux gros yeux verts. Sans véritable forme, juste une énorme masse sombre qui surplombait toute l'arène. Il secoua la tête pour être sûr de ne pas rêver. Il semblait être le seul à la voir. Cette chose disparut aussi vite qu’elle était apparue. Mais elle fut remplacée par bien pire.

  Une aura meurtrière, une soif de sang sans limite émanait de la démone. Si intense, si puissante que Michael resta tétanisé quelques instants. Cette atmosphère opressante provoqua dans l’assemblée évanouissements, vomissements, panique. Certains étaient trop effrayés pour bouger ne serait-ce qu’un sourcil.

  La démone avança vers le chevalier. Il frappa. Elle lui attrapa le poignet dans le mouvement. Il se retrouva bloqué, incapable de se défaire de la poigne de la femme-serpent. Elle serra si fort qu’il se mit à crier de douleur, lâchant son arme. Elle desserra en le repoussant. Son articulation était en morceau. Il activa sa magie. Un pilier de terre surgit. Ondulant sur elle-même, Médusa évita l’assaut. Un autre apparut, un troisième, un quatrième… aucun ne toucha sa cible. Elle arriva juste devant lui. En un geste, rapide, invisible, elle agrippa l’armure de Michael au cou et le souleva du sol. Elle s’éleva en se dressant sur sa queue. Ils se trouvait maintenant à une demi-douzaine de pieds au-dessus du sable. De sa main libre, elle enleva délicatement le casque du chevalier. La fille-serpent saisit le pic dans son foie et l’arracha. Son sang gicla sur la protection du paladin. Elle observa le morceau de roche, comme fascinée par lui. Sans crier garde, la pierre termina sa course dans l’œil du chevalier. Il eut un spasme puis son corps s’immobilisa. La princesse hurla :

  • Michael !
  • Médusa, non ! cria Auriel.

  L'adolescent tenta de sauter dans l'arène comme l'avait fait Michael mais un garde l'en empécha. Il serra les dents de colère.

  • Qu’on abatte cette créature ! ordonna le Roi

  Une pluie de flèches s’abattit dans l’arène. La démone serpenta au ras du sol à toute allure, n'écoutant rien d'autre que le son des projectiles traversant l'air. Arrivée au mur, elle fit demi-tour et fonça vers les stalagmites de pierre. Se servant de l’un deux comme tremplin, elle s’envola et atterrit dans les gradins. La panique gagna la foule. Ils couraient dans tous les sens, se marchaient dessus, criaient… Médusa fonça vers le haut des tribunes, renversant certains qui avait le malheur de passer trop près d’elle, et sauta. Elle atterrit dans la rue et partit. Le roi beugla :

  • Tuez-moi ce monstre ! Rapportez-moi sa tête ! Auriel…

  L’adolescent avait disparu. Le garde qui le retenait s'enfonçait dans les escaliers à l'arrière de la tribune royal, afin de le poursuivre.

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