Chapitre 42 : un bel équipement

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  Auriel était parti à l’armurerie du château. Celle-ci se situait au sous-sol du bâtiment, avec des dortoirs de soldats, des salles d’entrainement et des réfectoires. Il trouva assez vite la pièce. Face à la porte, il entendit des bruits de marteau sur du fer. Les souvenirs de son père ressurgirent dans son esprit. Il se revit dans sa forge, observant Thorn travailler, sa sœur se baladant partout. Il inspira profondément, tentant de chasser sa mélancolie, et ouvrit la porte. L'endroit ressemblait énormément au lieu de travail de son père, la même disposition des meubles, sauf que la pièce était rectangulaire et non ronde. Il y avait au centre une grande table couverte d’objets, d’outils, de morceaux de métal. Au fond à droite, était placée une grosse forge, dont la cheminée s’enfonçait dans le plafond. Sur sa droite, le jeune homme vit un tas de sacs, sûrement de minerais. De l’autre côté de la salle se trouvaient des fours plus petits, deux enclumes, et des plans à charbons. C'étaient des tables creuses, remplies de charbons ardents sur le dessus, avec un petit feu en-dessous, protégé par de la pierre, pour maintenir les braises chaudes. Leur utilité était de garder des pièces de métal en travail à température. Les murs étaient parsemés de torches. La jonction avec le plafond était constellée d’ouverture menant à l’extérieur, afin d’évacuer les fumées et gaz pouvant être dangereux. Auriel remarqua aussi au fond de la forge une porte.

 Le nouveau chevalier royal s’avança. Le forgeron remarqua sa présence mais n’arrêta pas son travail. Il façonnait une épée d’après le jeune homme. Quelques minutes plus tard, il plongea la lame rougeoyante dans un tonneau rempli d’eau. Un nuage de vapeur s’éleva. L'artisan s’approcha. C'était un grand homme, bien musclé, un peu trop même, très large d’épaules, presque deux fois plus que le jeune homme. Il avait les cheveux châtain très clair, à la limite du blond, ainsi qu’une moustache de la même teinte. Il portait de simples vêtements en tissu classique, assez sombre, protégés par un épais tablier en cuir. Le forgeron était très imposant, intimidant même. Il brisa le silence :

  • Bonjour, jeune lancier. Que voulez-vous ?
  • Bonjour, noble artisan. Je viens de devenir chevalier royal, et sa majesté m’a ordonné de venir récupérer l’équipement nécessaire.
  • Noble artisan ? Haha haha ! Rigola ce dernier. Pas besoin de telle formalité. Appelez-moi Stannis. On m’a prévenu de votre arrivée. Je dois avoir ce qu’il vous faut. Suivez-moi.

 Il se dirigea vers la porte au fond de son atelier, suivi par Auriel. C'était une grosse salle de stockage, remplie de portes-armures équipés, d’armoires, de tonneaux contenant de nombreuses armes en tout genre.

  • Alors ? Reprit le ferronnier. Je n’ai pas eu le temps de vous faire une armure. Heureusement il m’en restait une que j’ai eu le temps de mettre à neuf.
  • De quel type d’armure ?
  • De plaque, en acier. L’armure des chevaliers royaux.
  • Euh... serait-il possible d’avoir une armure plus légère ?
  • Plus légère ? Demanda-t-il en regardant le jeune homme, perplexe. Vous êtes sûr ? La plupart des soldats veulent d’épaisses cuirasses en général. De plus, les gardes royaux ont une armure attitrée, symbole de leur grade.
  • Certes, mais je compte beaucoup sur ma mobilité pour me battre, et une trop lourde protection m’empêcherait d’en user comme il faut. De plus, j’ai récemment enfin pu utiliser ma magie que se révèle être celle de la foudre.
  • Hmmmmmm, réfléchit l’artisan. Je comprends.
  • Je pourrais plus facilement protéger Na... la princesse si je suis libre de mes mouvements.

 Il se tut quelques instants, fixant Auriel. Il lâcha un puissant soupir puis se tourna vers un coffre, un peu à l’écart.

  • En effet. J'ai peut-être ce qu’il vous faut mais...

 Le forgeron s’accroupit devant la malle et sortit une clé de sa tunique. Il l’ouvrit et en sortit plusieurs paquets qu’il posa sur une table non loin. Il s’agissait d’une armure, mais différente. Le jeune soldat observa l’artisan finir de déballer son ouvrage. Il lui demanda :

  • Qu'est-ce que cette armure ?
  • Un équipement que j’ai créé il y a de nombreuses années.
  • Elle n’est pas en métal ?
  • En effet. Elle est en cuir. En cuir de dardéone.

 Auriel écarquilla les yeux d’étonnement.

  • Cela vous surprend ?
  • Pour récupérer du cuir d’un démon, surtout d’un dardéone...
  • Oui. Ce ne fut pas chose aisée. Beaucoup sont morts à l’époque. C'était une coalition entre tous les pays.

 L'armure semblait somme toute assez banale, hormis sa couleur très claire, bien plus que celle du cuir de sanglier ou de vache. Taillée parfaitement, cousue avec quelques renforts de mailles, elle était composée de quatre pièces : le torse, les jambières, les gants et les bottes.

  • Je vous laisse l’essayer.

 Le forgeron sortit de pièce. Le jeune homme enfila l’armure. Elle était bien plus lourde qu’il ne l’aurait cru. Il fit quelques mouvements et se trouva lent, trop lent. Il n’arrivait pas à bouger correctement, gêné par sa nouvelle protection. Après quelques minutes, il rejoignit Stannis.

  • Alors, qu’en pensez-vous ?
  • J'avais espéré quelque chose de plus léger.
  • Haha haha! S’esclaffa-t-il. C'est sûrement l’armure la plus leste que je possède. Celles faites de métal sont bien plus épaisses.
  • Je n’arrive pas à me déplacer comme avant.
  • C'est la première fois que vous portez une armure ?
  • Oui. Je n’avais jusqu’alors utilisé des pièces légères, pour les entraînements.
  • Ces protections-là ne servent qu’à amortir les chocs des épées d’entrainements. En combat réel, elles s’avèrent inutiles. Il va vous falloir apprendre à...

 Le roi fit interruption dans la forge, suivi par sa garde personnelle. Auriel et Stannis posèrent genou à terre, le visage vers le sol.

  • La célébration d’anniversaire de ma fille va bientôt commencer ! Que faites-vous encore ici ? Et quelle est cette armure ? Les gardes royaux ont une cuirasse spéciale !

 Il semblait furieux.

  • Veuillez me pardonner, votre Majesté. L'armure dont vous parlez est trop lourde pour moi. Avec, il me sera impossible de protéger efficacement la princesse. J'ai donc demandé à votre forgeron s’il avait une protection plus à ma convenance.

 Le souverain l’observa plus en détail, avant de se tourner vers l’artisan.

  • Qu'est-ce donc ? D’où cela vient-il ?
  • Il s’agit d’un équipement que j’avais fabriqué, il y a plusieurs années, avec la peau d’un dardéone vaincu.
  • Très bien. J'autorise cet écart. Ma fille vous attend, Auriel. Ne me décevez pas.
  • À vos ordres, votre majesté.

 Et le monarque partit aussi vite qu’il était venu. Ils se relevèrent et le jeune homme se dirigea vers la porte à son tour après avoir salué le forgeron.

  Natalia observait depuis la fenêtre de sa chambre les invités arriver les uns après les autres. Elle était heureuse et en même temps, troublée, embêtée. Elle se faisait une joie de participer à cette fête, surtout qu’elle serait accompagnée d'Auriel. Cette pensée la réjouissait. Elle qui attendait ça depuis quatre ans, en espérant que cette fois, rien ne troublerait la soirée. Mais elle savait aussi pourquoi son père avait insisté pour que cet anniversaire soit parfait, qu’elle soit belle. Car elle était maintenant en âge de se fiancer. Ces dernières années, elle avait vu bon nombre de prétendants, même si à l’époque, ils n’en avaient pas le nom. Ce soir, la princesse savait qu’elle en verrait défiler sans interruption. Le plus dur serait de les repousser sans vexer leur famille. Rien que cette idée la fit soupirer.

 De depuis la semaine dernière, elle n’avait plus aucune nouvelle de Médusa. Cela l’inquiétait. Elle était quelque part dans Ismar, inarrêtable, incontrôlable... et Natalia ne pouvait en parler à personne. Ce secret commençait à lui peser. Elle voulait le révéler à Auriel mais la peur bloquait les mots.

 On frappa à la porte, la sortant de ses pensées et de ses troubles. Elle autorisa à entrer et Auriel apparut à la porte. Il portait une armure étrange, différente de celle des gardes royaux, toujours avec sa grande lance noire dans le dos, et une épée courte à la ceinture.

  • Mes respects, princesse. Je viens vous escorter.
  • Bonsoir, lui sourit-elle. Pas besoin d’être si formel.
  • Je sais, cependant si je suis trop familier avec vous, votre père et la noblesse présente risquent de ne pas apprécier. Pour ce soir, je vous demande de ne pas m’en vouloir.

 Il avait raison. Malgré tout, elle était la princesse. Qu'un simple garde la tutoie, et lui parle aussi librement serait mal vu. Elle poussa un léger soupir, discret, puis avança vers son chevalier servant.

  • Je compte sur toi, termina-t-elle avec un magnifique sourire.

 Le jeune homme se figea un instant. Elle était sublime. Dur de résister. Il sentait ses joues s’enflammer. Pour se dissimuler, il se décala et pencha la tête, le bras sur le torse pour inviter sa maîtresse à le suivre.

  • Je vous en prie, princesse.
  • Allons-y, mon père nous attend.

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