Chapitre 31 :  Pour se détendre

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  Des applaudissements claquèrent derrière eux. Le commandant se tenait à vingt pieds d’eux, avec deux épées d’entrainements à la ceinture. Contrairement à tout à l’heure, il portait une armure bien plus légère, en cuir souple, richement travaillée et brodée, l’image d’un lion dessiné sur le torse, symbole de sa maison sûrement. Le cuir était soutenu par du tissu en soie de la même couleur et renforcé avec un peu de cotte de maille.

  • Bien, bien, bien. Vous êtes les premiers, je vous félicite.
  • Mon Commandant ! Crièrent-ils en chœur, surpris.
  • Repos. Nous allons maintenant passer à la deuxième étape de ce petit jeu ?

 Voyant son équipement, Auriel se doutait de la suite de la partie.

  • La suite va me servir de petit examen, dit le haut gradé, un grand sourire sur le visage. Cette petite zone sera notre arène, messieurs. Vous allez tous les deux, ensemble, m’affronter.

 Les deux adolescents affichèrent un air ahuri, les yeux écarquillés, surtout Antoine, tandis que l’amusement de leur professeur s’affichait de plus en plus sur son visage.

  • Qu’y a-t-il ? Vous semblez surpris.
  • Mon commandant, nous n’avons pas le niveau ni les compétences pour espérer avoir une chance contre vous.
  • Les flatteries ne changeront rien, mais merci. Vous semblez avoir connaissance de mon palmarès.
  • Oui, mon père me parlait beaucoup de vous.
  • C’est votre père qui m’a formé. Sa mort m’a fait beaucoup de chagrin.
  • Il disait que vous aviez les capacités, et surtout la force de caractère, pour devenir général.
  • Je n’ai pas autant d’ambition, contrairement à ce que beaucoup pensent. Mais oubliez ça, aujourd’hui nous allons nous affronter, mais je ne serais pas le commandant des forces armées d’Ismar, mais juste Samaël Stringer. Cela vaut pour vous aussi, Auriel.
  • Très bien ! Répondit-il.
  • Cependant, il y aura quelques petites règles et objectifs. Premièrement, notre combat devra se limiter à cette petite zone, car j’ai promis au propriétaire de ce jardin de ne pas abimer les fleurs. Deuxièmement, pas de magie. Ensuite vos conditions de victoire, tenir plus de dix minutes, car je ne me retiendrai que très peu, ou me désarmer. Comme vous le voyez, j’ai deux épées, une chacun.

 Son sourire sadique grandit encore, à tellement point que le jeune épéiste et lancier se demandaient s'il n’allait pas atteindre ses oreilles. Il semblait déjà prendre plaisir à ce qui allait suivre.

  • Vous avez des questions ?

 Le silence lui indiqua que non. Satisfait, il sortit un petit sablier de sa tunique et s’approcha pour le poser sur le poteau de la clochette, tout en le retournant. Le sable commença à s’écouler et il revint à sa place.

  • Vous avez deux minutes pour vous préparer et établir une stratégie si vous le souhaitez. Vous pouvez aussi m’attaquer tout de suite si cela vous chante.

 La poussière jaune coulait grain par grain dans sa prison de verre. Le commandant avait déjà dégainé ses armes d’entrainement et attendait. Antoine se retourna vers Auriel:

  • Je pense avoir une idée. Il faut qu’on se répartisse, un devant et un derrière. Il faut se servir de notre supériorité numérique, c’est notre seul avantage.
  • Il va se battre une épée dans chaque main, il aura moins de force que s’il en tenait qu’une à deux mains. C'est là-dessus aussi qu’il faut miser. Guetter le bon moment pour le désarmer.
  • Bien vu. Mais ça ne sera pas évident. Même contre deux gamins, il ne relâche pas sa garde.
  • On n’a pas le choix...

 L’adolescent jeta un coup d’œil au sablier et remarqua le dernier grain tomber. Sans attendre, Samaël s’élança. Il traversa les vingt pieds qui les séparaient en un éclair et arriva entre les deux jeunes hommes. D'un coup de pied, Auriel fut projeté en arrière. Son camarade eut juste le temps de parer l’une des armes de leur adversaire. L'apprenti épéiste se releva et se plaça rapidement derrière le commandant, à l’opposé de son binôme. Celui-ci commença à se déplacer latéralement, vers la droite, l’épée levée en garde près à parer. Mais leur opposant ne resta pas à rien faire. Il attaqua le blondinet à peine relevé. Une avalanche de coups s’abattit sur lui. Malgré de nombreux efforts, il ne réussit pas à tout parer avant que son camarade intervînt. Mais le haut gradé lui saisit le bras et le jeta sur son autre élève. Ils se retrouvèrent tous les deux du même côté.

  • Je ne vais pas vous laisser faire aussi facilement.

 Antoine se releva et tira son compagnons du bras.

  • Comme si j’allais me laisser faire aussi ! Hurla-t-il avant de repartir à l’assaut.

 Il attaqua de toutes ses forces. Son arme s’opposa à la parade du combattant aguerri face à lui. Les deux épées de son adversaire rendaient toute attaque directe impossible. Dès que l’adolescent se dirigeait d’un côté, il se heurtait à leurs résistances. Il perdit patience et décida de tenter le tout pour le tout. Il s’accroupit et frappa de toutes ses forces. Sa lame vola de bas en haut et toucha l’épée droite de Samaël. Le bras de celui-ci fut propulsé avec son arme vers le ciel, mais le commandant utilisa le mouvement de l’attaque pour tourner sur lui-même. Son épée de bois se dirigea vers le visage de son élève.

 Tout à coup, Auriel surgit de nulle part, sans arme. Il sauta et utilisa son camarade comme tremplin. La force de l’adolescent cloua celui-ci au sol. Du pied, il projeta l’arme destinée au préalable au visage d’Antoine. Ses bras encadrèrent le cou de son professeur. Il se servit de tout son poids pour le plaquer au sol. Le choc sonna légèrement son adversaire. Il en profita pour se relever rapidement et saisit l’arme restante du commandant, avant de la pointer sur sa gorge.

 Le jeune homme s’efforça de reprendre son souffle, fier de son action. Il jeta un bref coup d’œil à son binôme qui avait redressé la tête. Il se retint de rire, voyant sa figure. De l’herbe et de la terre étaient collées une peu partout sur son visage et, avec son expression vexée, le rendant hilarant. L’apprenti épéiste se retourna pour cacher son sourire et retenir son rigoler. Un puissant rire l’interpela. Sa victime riait à gorge déployée. Il alla jusqu’à en pleurer. Après avoir repris un peu son calme, il décala l’arme le menaçant du bout du doigt et se remit sur ses jambes. Il continuait de ricaner. Il se frotta le corps pour enlever la poussière et regarda ses deux élèves, dont l’un d’eux était en train de se débarbouiller le visage. Il applaudit.

  • Mes félicitations, messieurs. Il y a longtemps que je ne m’étais pas autant amusé. Ha haha ! Et encore plus longtemps qu’on ne m’avait ridiculisé de la sorte. Bravo encore. Votre stratégie laissait à désirer mais elle a fonctionné.

 Les deux adolescents se regardèrent, un peu perplexe, mais on pouvait facilement deviner leur pensée : “Mais quelle stratégie ?!

  • Apparemment vous n’en aviez pas vraiment. Laissez-moi éclairer votre lanterne. Antoine, de par sa présence et ses attaques, a réussi à accaparer toute mon attention. Quant à vous, Auriel, vous avez saisi l’opportunité dès qu’elle s’est présentée et l’avez parfaitement exploitée. Vous avez une très bonne vision des choses, et savez parfaitement profiter de vos outils.
  • De ses outils ?!
  • Oui. On peut dire qu’il s’est servi de vous. Mais ce n’est pas un mal. Au final, il vous a même empêché de recevoir un coup qui vous aurait mis hors d’état de combattre.
  • Pardon, s’excusa-t-il.
  • Vous êtes un bon combattant, jeune Garozane. Pas à l’épée apparemment car vous la lâchez souvent, dit-il en ricanant. Mais vous, monsieur Istarion, vous avez beaucoup de force. C'est indéniable. Sans votre coup, votre compagnon n’aurait pas réussi. Mais je ne pensais pas que vous étiez si fort. Cette attaque avait totalement ouvert ma garde.

 Il les applaudit à nouveau. Auriel était fier de lui et adressa un regard heureux à son binôme. Celui-ci afficha d’abord une mine sérieuse, puis se relâcha et lui tendit la main. Il la serra de bon cœur, mais savait au fond de lui que la haine de sa sœur planait toujours au-dessus de lui.

  • Pour finir, reprit le commandant. Vous aurez fini votre formation d’ici un mois. Après vous rejoindrez une escouade pour six ans. Et vous rejoindrez tous deux la mienne. Ne vous inquiétez pas, ça passera vite. Après, en fonction de vos faits d’armes ou de vos recommandations, je vous offrirai le choix de votre affectation.

 Cette idée plut aux deux apprentis épéistes. Tous deux souhaitaient combattre les démons et retrouver celle qui leur avait volé leurs parents. Après cela, il les congédia et disparut. Auriel sortit du parc à fleurs, suivi par Antoine qui l’interpella :

  • Tu vas où ?
  • A l’académie magique, voir le mage Firma.
  • Ah, c’est mon oncle, je peux venir ?
  • Ton oncle ?
  • Oui, c’est le petit frère de ma mère.

  L'adolescent hésita. Il n'y avait pas une demi-journée, il le haïssait au point de vouloir presque le tuer. Mais ça pourrait aussi lui permettre de mieux sympathiser avec lui. Et même, en quelle honneur l’empêcherait-il de voir son oncle ?

  • Bien sûr, t’as le droit de le voir, dit-il avec un instant d’hésitation.

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