Chapitre 24: la fin du livre

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  Dans le noir, Auriel vit des images apparaître puis disparaître devant lui, comme si on tournait les pages d’un livre. Elles montrèrent d’abord le roi et la reine dans la salle du trône, s’occupant des affaires du peuple. Le couple semblait si joyeux. L’amour se lisait dans leur regard. L’adolescent pensa à sa famille, à ses parents. Grâce à de lourds efforts, il réussit à retenir ses larmes. La suivante exposa Amélya, au milieu du Colisée de la capitale, se battant contre quelqu'un, un mage, un chevalier, un soldat, le garçon n’arrivait pas à le distinguer. Il resta perplexe face à cette information, une reine se battant dans l’arène ? Voila qui était surprenant, mais avant qu’il n’eût le temps d’y réfléchir, une autre vision s’offrit à lui. On aurait dit une bataille. Deux armées couraient et s’apprêtaient à rentrer en collision. L’une d’elle était menée par la souveraine chauve.

 L’image vola en éclat. Les morceaux tournoyèrent autour du garçon et accélérèrent jusqu’à l’enrober d’un voile lumineux. Il se dissipa vite et Auriel apparut dans un carrosse, assis sur un confortable canapé rouge. Sur celui face à lui, Amélya dormait, allongée, prenant toute la largeur du banc. Elle était vêtue d’une robe simple si l’on pouvait dire, du moins pour la noblesse. Elle tenait dans sa main un diadème en argent, serti de saphir et de diamant.

 La porte s’ouvrit et le roi entra. Voyant sa femme endormie, il s’assit délicatement à côté d’Auriel et posa une petite pile de parchemins à travers le corps le garçon. Celui-ci regarda certains papiers dépasser de sa jambe. Il ne sentait rien mais c’était perturbant de voir cela. il n'était pas vraiment là, intangible, immatériel. Le souverain ferma une partie des rideaux du carrosse et se plongea dans la lecture.

 La voiture se mit en route. Après quelques heures, Amélya se réveilla en cachant tant bien que mal un bâillement. Elle s’étira, sa main s’approcha du plafond et son diadème le cogna. Elle replaça la petite couronne sur sa tête et demanda :

  • J’ai dormi combien de temps ?
  • Un peu plus de quatre heures.
  • Tant que ça ?
  • Oui, tu dors beaucoup en ce moment. Tu es sure que ça va ?
  • Oui oui, ça dois être le surmenage. Tu veux que je t’aide avec ça ?
  • Non, repose-toi. Nous aurons beaucoup de travail à Orlona.

 La reine gonfla les joues, visiblement vexée, ouvrit le rideau et rêvassa . Elle avait toujours son caractère spécial. Auriel regarda lui aussi le paysage. La route qu’ils empruntaient longeait une forêt luxuriante. Derrière celle-ci on apercevait quelques montagnes. Soudain l’adolescent vit une ombre étrange entre les arbres, plusieurs lumières rouges, huit au total. Amélya sembla l’avoir remarquée aussi, son visage se figea. Elle serra les bras, puis sa respiration s’arrêta brutalement.

  • Mon amour ? Tout va bien ?

 Le dos de la souveraine se cabra. Elle gémit de douleur. Alphonse se précipita vers elle, la saisit par les épaules, répétant :

  • Amélya ! Amélya! Dis-moi ce qui passe !

 Ses tremblements s’arrêtèrent après quelques instants. Elle inspira profondément et ses yeux devinrent gris. Elle regarda son mari. Celui-ci eut un mouvement de recul. Sa main s’illumina. Le carrosse s’envola brutalement. Auriel fut à sa grande surprise entrainé dans le mouvement. Lui, ainsi que les deux autre occupants tournoyèrent dans la cabine jusqu’à ce qu’elle s’arrêtât. L’adolescent se remit doucement de ce tourbillon et sortit de la carriole. Il regarda autour de lui. Toute l’escorte avait été neutralisée, ligotée par des branches. Un arbre imposant trônait au milieu de la route, surement ce qui avait projeté la voiture en l'air.

 Le jeune homme chercha la reine des yeux et se tétanisa. Elle se trouvait devant un monstre immense, une araignée noire, avec une tâche rouge sous l’abdomen. Ses yeux brillaient brillaient d’une lueur rouge inquiétante. Elle offrit un spectacle aussi terrifiant qu’extraordinaire. Son thorax s’allongea. Ses pattes avant se munirent de mains et grossirent, celles de l’arrière de pied tandis que les quatre centrales se replièrent sur son torse. Son abdomen rétrécit légèrement. Ses mandibules disparurent pour laisser place a une bouche, surplombé d’un nez. Ses huit yeux se placèrent de chaque côtés de celui-ci. Sa peau resta aussi noire que la nuit. En quelques seconde, cette créature immonde était devenue une géante à mi-chemin entre l’humain et l’araignée.

 La reine se tenait toujours devant la démone. Elle n’avait pas réagit, pas bougé. L’adolescent cria:

  • Majesté ! Fuyez !

 Le monstre se baissa, saisit la femme entre ses doigts et l’amena à son visage, l’observant attentivement. Auriel entendit du mouvement derrière lui. Le roi avait réussi à s’extirper de la voiture et regardait la scène, paniqué. Il avança, répétant :

  • Amélya. Amélya… Amélya !

 A peine avait-il eut le temps de faire quelques pas que la démone ouvrit la bouche et la referma sur la reine.

  • Amélya ! hurla de tout son être le souverain.

 Le monstre leva la tête et avala. Elle déglutit. Sa langue parcourut ses lèvres qui affichaient un sourire satisfait. Le roi resta tétanisé. Il n’arrivait plus a parler, bouger, ou même juste comprendre vraiment ce qui venait de se passer. La démone fit un pas dans sa direction. La terre trembla légèrement. Elle était si grande, elle dépassait les trente pieds de haut.

 Une boule de feu vola et explosa à la figure de la créature. Des pieux de roche apparurent à ses pieds et tentèrent de percer ses jambes, mais sa peau était résistante, la pierre se brisa à son contact. Auriel se retourna et reconnut Thomas et Mickael aux côtés du roi. Le chevalier ne semblait pas blessé tandis que le mage de feu avait une petite plaie au-dessus de l’œil droit.

  • Votre majesté ! Vous allez bien ? demanda le paladin de la terre.
  • Je… je… Am… ell… bégaya-t-il.
  • Savez-vous où se trouve la reine ?
  • Ce… c’est… fit le monarque en pointant du doigt le monstre araignée.

 Il ne leur fallut pas longtemps pour comprendre la situation. Le mage grinça des dents, réfléchissant à une solution. Auriel, lui, n’osait plus bouger. Il était si apeuré qu’il avait oublié qu’il n’était pas vraiment là. Il se disait qu’au moindre mouvement, la bête le tuerait. La fumée provoquée par les flammes autour de la tête de la démone se dissipèrent. Elle poussa un hurlement qui lui glaça le sang. Ses genoux tremblaient si fort que ses jambes ne le soutenaient plus, et le firent tomber. La voix de Thomas le ramena un peu à la réalité :

  • Mickael ! Prends le roi et fuyez !
  • Ça va pas la tête ! Tu es fou. Tu ne compte pas l’affronter seul, c’est du suicide !
  • Je compte l’affronter, mais vous laissez assez de temps pour fuir. Alors pars !

 Le chevalier sembla hésiter mais céda à l’ordre. Il soutint le roi sur son épaule et s’éloigna avant de s’arrêter et de lancer à son compagnon :

  • Tu as intérêt à survivre !
  • N’espère pas trop, répondit-il en souriant.

 Le sorcier des flammes tendit les mains vers le monstre. Deux orbes flamboyantes apparurent, grossirent et foncèrent vers leur cible. Celles-ci explosèrent sur le bras de la démone placé pour les bloquer, mais ne firent pas de dégât notable. Il recommença, encore et encore, mais la créature gagnait du terrain malgré toutes ses attaques. Elle arriva à porter pour frapper. Son poing se leva, prêt à s’abattre sur le pauvre homme. Aussitôt un vent violent souffla sur les adversaires, et une tornade passa par dessus Thomas avant d’atteindre le ventre de la démone. Elle subit l’attaque de plein fouet quelques instants, puis fut projetée à plus de cent pieds en arrière.

 Le mage se retourna, Auriel aussi. Le roi était revenu, le bras tendu, la paume ouverte vers le monstre qui se relevait déjà. Son visage était déformé par la colère, la tristesse, le dégoût. Les larmes inondaient ses yeux et ses joues. Il hurla :

  • Rends-la-moi !
  • Votre majesté, tenta de l’arrêter Mickael.
  • Laisse-moi ! Je veux qu’elle me la rende !

 Un tourbillon d’air naquit au centre de sa main et fonça vers la cible de ses émotions, ce qui la propulsa encore plus loin. Auriel remarqua que malgré la puissance de ces sorts, la démone ne subissait que très peu de blessures. Cependant cela n’arrêta pas le monarque qui enchaîna les assauts. Le ciel devint noir. Les nuages s’agglutinèrent au-dessus de l’accident. L’adolescent resta ébahi devant la puissance du roi, mais cela serait-il suffisant ? Une véritable ouragan s’était formé. Le vent balayait la zone si violemment que le carrosse s’envola. D’autres tornades apparurent et commencèrent à frapper le monstre à répétition, le maintenant cloué au sol.

 Cette scène dura une bonne minute avant que le roi ne faiblît. Il posa un genou à terre, essoufflé par son sortilège. La tempête se calma momentanément. La démone profita cet instant pour s’extirper du cratère créé par les assauts d’Alphonse. Elle avança à quatre pattes sur quelques pieds avant de reprendre son apparence initiale, celle d’immense araignée. Elle détala à tout pattes à une vitesse surprenante.

 Le roi hurla de nouveau. Les tourbillons nuageux reprirent leur assaut mais ne réussirent pas à la toucher. Rapidement, elle atteignit la forêt et disparut entre les arbres en en déracinant quelques uns au passage.

  • Reviens ! Rends-la moi ! Rends-la moi ! Rends-la moi ! Rends-la…

 Alphonse tomba dans l’inconscience. l’ouragan se volatilisa et laissa place à un magnifique ciel bleu. Auriel arrêta de trembler et réussit enfin à ce relever, les jambes toujours tremblante. De le poussière volait par ci par la. Il se crut sur un champ de bataille. Il entendit Mickael :

  • Majesté ! Majesté !
  • Ne t’inquiète pas, lui répondit Thomas. Il a trop utilisé de magie, et a dépassé ses limites. Il a besoin de beaucoup de repos… et de temps… 

 Il s’assit et soutint sa tête avec l’une de ses mains.

  • Avec un peu de chance, cette tempête a été vue depuis la capitale et une troupe est en route pour venir enquêter. Sinon espérons que certains chevaux soient encore vivant.

 Une fissure apparut devant le jeune homme. Il ne comprit pas et resta interdit face à cet événement. La brèche grandit dans un bruit de verre brisé pour totalement encerclé le garçon dans une mosaïque. Il tendit le bras, tentant de toucher l’une des rayures, mais tous les morceaux explosèrent, le monde disparut. Auriel se retrouva dans l’obscurité absolue.

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