Chapitre 18 : Le cours du mage

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    Nathaniel ouvrit la porte et dévoila une grande salle en forme d’amphithéâtre. Les murs et le sol étaient faits d’une pierre grise, une centaine d’écritoires, avec un encrier et une plume visible dessus, étaient répartis autour d’un grand bureau en bas de la pièce. Un homme assez petit, portant une longue robe rouge, se tenait derrière celui-ci. Il avait de courts cheveux roux, pas de barde et de sourcils au grand étonnement de l’adolescent. L’homme accueillit les deux arrivants les bras grands ouverts :

  • Nathaniel ! Comment allez-vous ?
  • Très bien et vous, Thomas ?
  • Je m’apprête à donner un cours sur les démons. On dira ce qu’on veut mais ils sont fascinants.
  • Ne laissez pas le roi vous entendre.
  • Je sais mais je n’arrive pas à cacher ma joie quand je parle des démons. Ah si seulement je pouvais en étudier un vrai, vivant. Mais sinon, qui est ce jeune homme qui vous suit ?
  • Il s’agit d’Auriel Garozane, il va assister…
  • Oh ! Content de vous rencontrer ! s’écria-t-il en saisissant la main du garçon et en la secouant de haut en bas. Pouvez-vous me parler…
  • A votre cours, ordre du roi, l’interrompit le maître d’armes à son tour.
  • Pardon excusez-moi. Allez-vous installer jeune homme.

  Il s’exécuta tandis que les deux professeurs terminèrent leur discussion. La salle était aux trois quarts pleins d’élèves légèrement plus vieux que lui, seize ou dix-sept ans. Il observa les lieux et vit des places libres dans le font de la salle, au dernier rang. En s’y dirigeant il entendit des murmures à son sujet :

  • C’est lui… oui… le frère du démon… ça m’étonne que le roi lui ait pardonné… il n’a rien à faire ici… sale traitre…

  Il les ignora et prit place. Il fulminait de colère mais répondre ne ferait que leur donner raison et aggraver les choses.

  Après quelques minutes, quelqu’un d’autre entra. Auriel reconnut tout de suite Natasha. Elle portait une robe bleue semblable à celle du mage Thomas, ainsi qu’une ceinture en cuir portant sa rapière. Cependant elle était encore un peu grande pour elle et frottait parterre. L’adolescent lui fit un signe du bras. Elle sourit et le rejoignit. Elle avait d’énormes cernes sous les yeux. Elle semblait épuisée, le teint pâle. A peine assise elle s’affala sur sa table.

  • Vous allez bien princesse ? demanda le garçon.
  • Oui… et je t’ai déjà dit de m’appeler Natasha.

  Des messes basses s’élevèrent de nouveau dans la pièce.

  • La princesse chouchou est là… qu’est-ce qu’elle fait là ? … gamine privilégiée… tout ça parce qu’elle maitrise la très rare magie de glace…

  Le mage frappa son bureau et prit la parole :

  • Silence ! Bien, pour ceux qui ne me connaissent pas, je m’appelle Thomas Firma, mage de la cour et assistant de recherche sur les démons. Et avant que la question submerge vos esprits, j’ai perdu mes sourcils en jouant un peu trop avec le feu.

  Il fit apparaître une boule de feu dans sa main et la dissipa aussitôt. Nathaniel sortit et ferma la porte. Le mage de feu reprit :

  • Je suis ici pour vous parler des démons. Que pouvez-vous me dire sur eux ?
  • Il nous attaquent ! hurla un élève.
  • Mais encore ?
  • Ce sont des monstres mangeur d'homme ! cria un autre. Ils veulent nous exterminer !
  • Oui c’est plus ou moins ça. Le vrai but des démons reste inconnu. On ne sait pas s’ils nous attaquent par défi, par nécessité, par faim ?

  Il se lança dans des explications sur ces créatures. Il les sépara en trois catégories : les umidas, des démons de taille humaine en général, souvent de forme humanoïde mais partiellement animal. Ils étaient un peu plus fort physiquement et magiquement que les hommes, mais étaient facilement tuables si on si prenait bien. . Il s’agissait du groupe de démon le plus répandu et le plus nombreux.

  Ensuite vint ceux qu’il appela les garcasses. C’était littéralement des bêtes, des monstres de tailles variables, certains très petits, d’autres gigantesques. Le professeur en démonologie n’en dit pas énormément plus. Il n’y avait rien à ajouter sur eux. Il allait enchaîner sur la dernière classe de démon, mais une élève posa une question :

  • Excusez-moi mais que voulez-vous dire par partiellement animal s’ils sont humanoïdes.
  • C’est très simple. Vous vous souvenez de ce démon s’étant enfui de la capitale en tuant de nombreux soldats.
  • Oui.
  • Elle était de forme humanoïde mais aussi à moitié serpent. La plupart des umidas sont en partie animal comme elle, leur ressemblant partiellement, possédant certaines caractéristiques de l’animal, certains attributs dira-t-on. Hormis la queue, elle possédait une capacité du serpent. L’étude du corps de Gabrielle Garozane a révélé que du venin avait eu raison d’elle.

  Auriel serra les poings et les dents. La colère le submergea. Du poisin, quelle arme ignoble. Il leva le bras et demanda :

  • Qu’a fait cette toxine à ma mère ?
  • Vous tenez vraiment à le savoir ?

  Il n’eut pour raison que le regard insistant du garçon.

  • Très bien. Ça a totalement détruit ses organes, fragilisé ses os à tel point qu’ils se sont brisés sous son propre poids, et causé d’innombrables hémorragies internes. Elle a ensuite commencé à se noyer dans son propre sang, puis celui-ci est sorti par les chemins faciles, les yeux, le nez, la bouche, les oreilles. Je ne vous mentirai pas, elle a dû souffrir le martyr le temps que le venin ne la tue. Je ne souhaite à personne de se faire mordre par ce démon.

  L’adolescent tomba sur sa chaise, sans énergie, déprimé, énervé. Le mage marqua une pause. Il remarqua qu’il avait choqué certains élèves avec cette description et leur laissa se remettre tout doucement. Le jeune homme avait la tête entre les mains, les coudes sur l’écritoire. Ses parents étaient morts de façon horrible, Matthew, l'homme qui l’avait aidé aussi, alors pourquoi lui avait été épargné ? Il y avait longuement réfléchi, mais aucunes solutions ne venaient. Et maintenant il était encore plus perplexe. Si elle l’avait tué, serait-il mort d’une manière si horrible et brutale ?

  Il fut tiré de ses pensées par sa voisine :

  • Auriel ? Ça va ?
  • Oui oui, finit-il par articuler.
  • Après ce cours, je pourrais te parler ?
  • De quoi ?
  • De… de Médusa…

  Elle se tut et se reconcentra sur le professeur qui avait repris ses explications :

  • Cela me permet de vous parler de la dernière catégorie de démon : les Dardéones. Si un jour, vous avez le malheur d’en croiser un et que vous êtes seuls, fuyez et espérez qu’il ne s’intéresse pas à vous.

  Il leur décrit ces monstres, ressemblant aux umidas mais plus grands, et surtout beaucoup plus puissants. Ils mesuraient souvent plus de quinze pieds de haut. Leur force dépassait l’entendement. Selon le mage de feu, il fallait au moins une vingtaine de chevaliers aguerris et de bon mages, endurants surtout, et encore les victimes et dommages collatéraux pouvaient être conséquants.

  • Mais professeur, s’ils sont si puissants, même en groupe, comment pouvons-nous les vaincre ?
  • La stratégie, mais surtout le nombre. La quantité, c’est notre principal avantage face à eux. A ce jour, nous n’avons compter qu’une dizaine de ces colosses.
  • Mais du coup, de quel groupe fait partie le démon-serpent du mois dernier ?
  • Ah, mes confères et moi-même avons beaucoup débattu à ce sujet. Et nous avons conclu, au vu des derniers évènements qu’elle a provoqué, qu’il s’agissait bel et bien d’un dardéone. Sa puissance est bien trop grande pour qu'il sagisse d'une simple umidas

  Il parla aussi du berserk, cet état de surpuissance temporaire, mais dangereux aussi pour eux car ils ne se contrôlait plus. Cet force se symbolisait sur ces monstres par des yeux jaune aux iris noirs. Il termina son cours en donnant quelques exemples de ces démons connus, chacun avait un nom donné par les humains en fonction de leur apparence : le dragon blanc, le centaure, le géant de pierre, la veuve noire… Et donc la nouvelle venue, Médusa.

  C’était le milieu de l’après-midi. L’intervention était finie, Thomas était parti. Les élèves commencèrent à partir mais un petit groupe s’amassa autour d’Auriel et de Natasha. Un garçon, très grand, brun, bien musclé pour son âge, semblait être à la tête de ce groupe et prit la parole :

  • Alors ? Comment vas-tu ? Hein ? Le petit traître ? Tu n’en as déjà pas assez fait comme ça ? Tu fais quoi ici ? Casse-toi. On ne veut pas de toi ici.

  La jeune mage saisit le poignet de l’adolescent, se leva et l’entraina vers la sortie.

  • C’est ça fuis sale traître ! cria le blondinet.

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