Pressé

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 C'était un temps de grande affluence. Partout les rues grouillaient de monde, et l'aéroport particulièrement était bondé. Pourtant, on discernait facilement au sein de cette foule une espèce d'énergumène excité à la Drucker, qui s'agitait dans tous les sens dans son chemin vers la sortie. Il n'était pas évident, à le regarder, de déterminer s'il était exalté ou anxieux, son air était trop étranger. Toujours est-il qu'on vit cet hurluberlu bondir sur un taxi disponible, au nez et à la barbe d'un autre passager ; et il semble que son toupet ait fait taire toute contestation. Aussi le conducteur se contenta-t-il, après avoir chargé ses bagages, de démarrer sur-le-champ tout en lui demandant sa destination. L'autre répondit l'office de tourisme. Puis, il lui vint à l'esprit que le véhicule avait étrange allure, mais il ne sut dire en quoi car il n'avait pas pris le temps de le regarder. Ce que le conducteur expliqua très simplement quant à la nature de son engin stupéfia le passager.

 - Comment ça, une souris ?

 - Ben oui, c'est ma souris, quoi, avec quoi voulez-vous que je conduise ?

 Fabien regarda le conducteur ébahi, ne dit pas un mot, puis tourna la tête vers la vitre et contempla le paysage. Il voyait passer des arbres, des reliefs, et des bâtiments dont il jugeait l'architecture avec un air curieux et connaisseur. De là, ses yeux dérivèrent vers la lunule du véhicule où s'affichaient divers signaux incompréhensibles. Il cherchait l'indication du calcul du tarif, mais ce qui en était le plus proche lui était illisible. Il s'agissait d'un symbole de cloche orange qui clignotait régulièrement, à côté duquel un chiffre croissait selon une variation inconstante. Il s'apprêtait à demander une explication au chauffeur quand celui-ci lui intima autoritairement de se taire, ce qui dérouta Fabien. "Silence !" "Mais pour...?" "Chhht !!" Et le conducteur lui montra du doigt les vitres à gauche, et, à travers elles, un groupe de véhicules, c'est-à-dire, de souris, aux girophares allumés. "C'est la Grammar Police. Pour la bonté du Ciel, ne dites pas un mot !" Les souris policières avançaient plus vite et furent finalement hors de vue. "Ouff..."

 À peine sorti de l'office de tourisme, Fabien fonçait à nouveau sur le trottoir. Dans sa course, il sortit sa montre de sa poche. Mais il fut embarrassé en voyant qu'elle était arrêtée. Alors il se mit à marcher et demander l'heure aux passants. Il eut de curieux résultats. Le premier, d'un air austère, en costume-cravate, passa son chemin d'un revers de main. Comme il avait sa casquette à la main, le second, dont la silhouette exprimait une certaine bonhomie, y glissa une pièce et un sourire. Un troisième, en chemise verte sur laquelle les cheveux emmêlés tombaient en cascade, lui dit que le tao suivait un cours irrégulier en ce moment. Enfin, le quatrième lui demanda : "Quelle heure par rapport à quoi ?", d'un ton qui rappelait à Fabien le magicien concurrent de Merlin de Kaamelott. Alors il ne chercha pas à discuter, passa son chemin, et se dit à demi-mot : "Bon sang ! mais qu'est-ce qu'ils ont ils sont tous malades ?!" Il avisa un bar, Le Tableau de bord, commanda un café et s'assit. Puis il soupira sur son troisième café...

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