Chapitre 4 - 15 ans

2 minutes de lecture

“C’est chiant à mourir.”

Jamais contente. Cette période est très difficile. On est dans les Rocheuses. Notre randonnée tu la détestes. Tu as quinze ans. On est tous les deux, ta mère n’est pas là, elle est malade. Nous sommes en été, mais va savoir comment, elle a chopé un rhume. Sa gorge brûle. Alors elle est restée à la maison. “Tu exagères, prends donc des jumelles et viens à mes côtés.” Je suis à bout, tu es imbuvable depuis notre départ. Tu n’as pas cessée de te plaindre du poids des sacs. Je prends sur moi mais c’est difficile, tu ne cesses de souffler, soupirer. “Pfff, pour voir quoi, les cailloux ?” Effectivement, ici, il n’y a que des rochers. On a grimpé sur le promontoire de Ralstone. De là, on s’apprête à voir le soleil se lever. D’où notre réveil à quatre heures du matin pour pouvoir y être à temps. “J’aurai aimé que ta mère voit ça.” Tu craches un rire de dédain. “Pour voir quoi ? Je te repose la question, les cailloux ?” Je serre les dents, je prends sur moi.

“On ne sélectionne pas notre mémoire monsieur Jenkins. C’est elle qui nous embarque. Et ce, peu importe votre état d’esprit actuel, malgré le deuil je...Aller, ça va aller, ne pleurez pas. Vous savez, on peut arrêter là si l’expérience est trop éprouvant. Pardon ? Oui, la charge émotionnelle est très puissante en effet. Il faut retenir que si ces instants se sont déjà déroulés, notre cerveau, lui, comprend simplement que vous revivez ces scènes. A court terme, c’est-à-dire le temps d’un ou deux cycles de trois mois, cela n’a aucun effet. Mais à long terme, oui monsieur, plusieurs cycles peuvent avoir des effets...Pardon ? Sur des chimpanzés monsieur. Les ? eh bien nous parlons de dégénérescence dans le cas de la répétition de souvenirs, oui.”

Là, tout là-haut, les premières nappes de soleil viennent inonder la falaise devant nous. La caresse du soleil y glisse le long et vient nous réconforter de sa chaleur apaisante. J’espère à cet instant que cela te calmera. J’ai tort. “Tu m’as réveillé et fait rater le pilote de ma série pour ça ? Mais papa tu sais qu’y a exactement la même chose tous les matins en ville hein ?” tu soupires. Je suis sur le point de sortir de mes gonds mais là, tout là-haut, profitant du bain de soleil, se trouve un aigle. Il est perché de manière si noble qu’il paraît méditer. Comme un roi. C’est ça qui m’a donné l’envie de peindre sur ta porte. Et sous la forme d’un origami, tu sais pourquoi.

Je suis tellement frustré de ne pas t’avoir donné satisfaction que je ne te préviens même pas de la présence de l’aigle. Tu soupires encore et saisis une nouvelle fois ton portable.

Je saigne du nez.

Je me retourne comme si de rien n’était et range les jumelles. Dans ma poche, l’origami éléphant. Tu le vois, et tu soupires.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire WhiteWolf ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0