Nouvelle 27 : DOUBLE

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Je me réveillai avec la sensation étrange que quelque chose n'allait pas. Un sentiment diffus, un changement dans l'atmosphère de ma chambre. La lumière n'était pas tout-à-fait la même.

La luminosité, son intensité. Plus d'éclat ? Les murs sans doute. Le jour était levé, déjà. Mais il n'y avait pas de soleil. C'était le blanc.


Du blanc, oui, il y avait trop de clarté ! Mes cheveux... blancs ? Nooon, non ! Pas ça !

À près de cinquante ans, je m’enorgueillissais encore du châtain doré de ma chevelure. Je me flattais de la rareté des filets d'argent au sein de mon opulente tignasse chatoyante.

Comment était-ce possible ? Pourquoi une telle horreur avait-elle fondu sur ma tête ? Qui pouvait prévoir un malheur pareil ? J'avais la sensation de porter une perruque, d'avoir changé de visage, vieilli de vingt ans. Désormais je frôlai la mort elle-même. Pauvre de moi ! Je n'osais pas me lever et affronter le miroir. je contemplais mes cheveux épars sur mes épaules, mes mèches emprisonnées dans mes poings fermés.

Qu'allai-je devenir ? Une vieille femme ? Une misérable grand-mère ? Une vioque à l'agonie ? Non, non et non ! Pas question ! Mes sourcils ! Qu'étaient devenus mes sourcils ! Mon Dieu, faites qu'ils aient résisté, eux au moins ! Pitié que mon regard soit toujours le même ! vif, brillant, intelligent, si pétillant de vie !

Prise de panique et d’effervescence, je me levai d'un bond. Comme quoi, seuls mes cheveux avaient accusé le coup ; moi, j'étais toujours vaillante, ha ! Je fonçai à la salle de bain et me ruai sur le miroir, les deux mains accrochées au bord du lavabo, prête à défaillir.

Rien. Je ne voyais rien. Ma salle de bain était une pièce aveugle, j'avais oublié d'allumer la lumière. Viiite ! Voilà, j'étais retournée à l'entrée de la pièce pour allumer le plafonnier et dans mon élan, je fis volte-face sans aucune précaution. Un vertige me prit. Je me rattrapai in extremis au porte-serviettes et fixai mon reflet dans le miroir.

Châtain ! j'avais les sourcils châtains. Mais pas seulement. Mes cheveux aussi l'étaient. Le problème, voyez-vous, c'est que s'ils étaient bien colorés, ils ne l'étaient que sur la surface polie de la glace en face de moi...

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