Chapitre 10 : Repos et craintes (Jules)

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Je me levais dans ma chambre, mon ancien chez moi. Je voyais dans le miroir mon reflet, j'avais 7 ans, et j'avais ma peluche à la main. J'avais fait un cauchemar et j'allais dans la chambre de mes parents parce que l'orage me faisait peur. Je m'étais glissé entre les draps et le matelas entre mes parents. ils m'avaient tous les deux enlacés et ma mère me caressa les cheveux. Je me blotti contre elle instinctivement et murmura.

-Maman...

Et mon rêve s'arrêta là, mais je restait dans l'inconscience pendant de nombreuses heures encore. J'avais parfois des visions de mon passé, qui étaient plus ou moins douces, mais elles ne duraient jamais. J'entendais au loin la voix de Vincent et Amélie, qui parlaient de couverture. Je ne compris pas tout de suite de quoi ils parlaient et je décidai de commencer à me réveiller pour pouvoir voir ce qu'il se passait.

La première sensation qui me frappa fut la douleur, forte, vive, intense. J'avais l'impression d'être passé sous un camion beaucoup trop de fois. Je grognai en ouvrant les yeux. Je détestait la redescente des crises, c'était toujours horriblement douloureux, et à chaque fois je ne savait jamais ce que je faisais là, et ce sentiment d'être totalement perdu durait de longues minutes. Je soufflais pour tenter de calmer la course de mon cœur et je prenais conscience de ce qui m'entourait.

La pièce était plongée dans l'obscurité, mais je mis peu de temps à m'habituer à la noirceur alentours. Je vis que j'étais allongé sur un lit dans ce qui devait être l'infirmerie au vu de la blancheur de la pièce. Je vis des étagères avec des médicaments, un petit meuble fermé, mais je peux supposer qu'il sert aussi à ranger des bandages et d'autres pansements. Mon lit était confortable, enfin ce n'était pas l'extase non plus mais il n'était pas si mal.

J'entendis une respiration calme à côté de moi, et senti qu'il y avait un poids léger à ma gauche. Je tournai ma tête pour voir qui cela pouvait bien être même si je n'avais pas trop de doutes sur qui c'était. Je tombai sur la chevelure brune de Vincent qui dormait à poings fermés, des mèches tombant lentement sur son visage fin. Je me tournais avec peine dans sa direction, me mettant sur le côté pour pouvoir le regarder un peu mieux.

Je me répète peut-être mais il est adorable quand il dort.

Je passais une main dans ses cheveux pour dégager son visage qui était de profil, et je pu constater la douceur de sa peau. Sa joue était toute douce, il a vraiment une peau de bébé ma parole ! Cela me tira un sourire attendri, et je pu aussi me rendre compte qu'il avait une couverture sur lui. Il avait donc veillé sur moi jusqu'à ce que je me réveille ? C'était...comment dire...Beaucoup trop adorable ! J'étais énormément touché par l'attention qu'il me portait et toute la tendresse dont il pouvait faire preuve. Il avait même changé mon haut qui avait été déchiré par mes ailes. Bon sang, il est beaucoup trop prévoyant !

Je souris légèrement, pensant à toutes les petites attentions qu'il avait eue à mon égard depuis que j'étais arrivé, toute la douceur et la compréhension dont il avait pu faire preuve, et cela me bouleversa. Je me redressais, essayant de le surplomber. Je me penchais vers lui doucement, parce que bon sang comme j'avais mal ! J'hésitais quelques secondes, n'osant pas l'embrasser, mais l'image de lui en train de m'embrasser me frappa de plein fouet et je rougis intensément. Le baiser que je lui fit commença doucement, et quand je le sentis commencer à répondre j'eus un mouvement de recul, ne m'y attendant pas du tout.

Il se redressa, me laissant haletant et tout rouge. Il était dans le même état que moi, mais il du se redresser en voyant la petite grimace que j'avais fait quand il avait posé sa main sur mon épaule droite. Il fit un petit sourire avant de m'embrasser le front, faisant bien attention à ne pas s'appuyer sur moi, de peur de me faire mal. Je fis une petite mine boudeuse, tout frustré de ne pas pouvoir avoir de câlin de sa part mais il me calma en embrassant mon cou.

-Le médecin a dit qu'il te faudrait trois jours de repos, et puis tu n'es pas très bien en point. Tu ne fais pas d'efforts jusqu'à la fin de la semaine c'est clair ?

-De toute façon on ne peut pas dire que j'ai le choix !

Il sourit, se redressa et s'assit sur la chaise sur laquelle il s'était endormi plus tôt. Il restait toujours proche de moi et encore enroulé dans la couverture. Les premières lueurs du jour commençaient à illuminer le ciel, le teintant d'une couleur magnifique dans les tons rouges, oranges, faisant augmenter la luminosité dans la pièce.

Je regardais Vincent. Il fuyait légèrement mon regard, mais pas parce qu'il avait peur de moi. Non il avait plutôt l'air de réfléchir à quelque chose. Je penchais légèrement la tête sur le côté, tentant vainement de deviner ce qu'il allait bien vouloir me dire, et au bout de quelques minutes qui me parurent plus courtes, il se lança.

-Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Il avait ancré ses yeux dans les miens. Je ne voyais pas le moindre reproche, ou la moindre peur. C'était surtout de l'incompréhension qu'il y avait et je me sentis un peu mal. Je lui avait caché quelque chose de très important alors qu'il était mon gardien.

-J'avais peur que tu me laisse seul...Je ne l'ai dit à personne ici. Dans l'orphelinat où j'étais avant, je l'ai raconté à une personne que je connaissais très bien, mais il a eu peur de moi et ne voulais plus être avec moi. Je savais que tu n'allais pas m'abandonner, mais je ne voulais pas voir la peur ou la crainte dans ton regard, je-

-Est-ce que tu vois la moindre peur dans mon regard ?

Il me fit relever le regard, sa voix douce mais ferme m'avait coupé net dans mes pensées tristes. Il avait raison, je ne voyait pas de la peur ou de la terreur dans son regard polaire. Cela m'enleva un poids sur mes épaules qui s'affaissèrent d'un coup. Je le vis se retenir de me prendre dans ses bras, un pli légèrement vexé barra son front un instant.

Un silence reposant s'installa, pendant lequel je ne fis rien d'autre que somnoler légèrement ou regarder Vincent, et c'est à ce moment là que mon ventre décida de me prouver son existence en gargouillant. Le bruit et ma gêne firent légèrement rire Vincent qui se leva en me disant.

-Je vais aller prendre de quoi manger, je ne veux pas que l'animal qu'est ton ventre nous dispute !

Il ferma la porte derrière lui, me laissant seul. Je me mis à rougir furieusement en voyant à nouveau la scène où on s'embrassait. Oh mon dieu ! Mais comment c'était possible d'être comme ça !? Je me sentais comme une écolière après son premier baiser, ce qui était presque le cas d'ailleurs, et cela amplifia ma gêne.

Je sursautai quand au bout de quelques minutes, celui qui faisait battre mon coeur entra dans la pièce.

-Bah pourquoi t'es tout rouge ?

Il n'avait pas l'air de tout comprendre, mais ma confusion du lui montrer ce que je pensais. Il sourit avec douceur et s'assit à côté de moi, me redressant pour faciliter mon repas.

-Allez faut que tu reprenne des forces, je n'aimes pas te voir comme ça.

Il eut l'air de penser à quelque chose jusqu'à ce que son téléphone fasse le bruit d'une notification. Je vis au passage qu'il était huit heures, et le regarda lire son message. Il fronça légèrement les sourcils et me dit, un peu embêté.

-Je dois aller voir Amélie, elle m'a dit qu'elle avait quelque chose de très important à me dire. Je reviens vite.

Il se leva et me fis un petit signe de la main avant de me laisser seul à nouveau. Je ne m'en plaignais pas, cela me laissera le temps de remettre tout le bazar dans ma tête en ordre, parce que bon sang, avec ce qu'il venait de se passer, il y en avait du boulot !

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