Chapitre 9 : Crise (Vincent)

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Je savais que c'était sérieux, le visage de Jessica aussi paniqué en témoignait. Elle qui est d'habitude si calme, la voir paniquer commençait sérieusement à m'inquiéter.

-Quel genre de problème ?

-Je ne peux pas t'en parler maintenant, dépêches toi !

Il ne me fallut pas plus de mots pour sortir de ma chambre en courant, la suivant pour finalement me mener au jardin. Elle m'expliqua sur le chemin ce qu'il s'était passé.

-Jules était venu nous voir parce qu'il n'allait pas bien, on a tous pensé que c'était un petit coup de mou, et comme il ne voulait pas nous en parler on s'est dit qu'il n'en avait pas envie, mais c'est là que la situation a dégénérée.

Elle reprit rapidement son souffle en ouvrant la porte, et nous continuions notre course. Nous entendions au loin des cris, et je reconnu les voix de Kal et Luca, mais Jules ne disait rien, ou en tout cas je ne reconnaissais pas sa voix. Plus nous nous rapprochions et plus la scène était nette, et là Jessica fini de m'expliquer.

-Soudainement son aura est devenu très forte, et ses yeux sont devenus verts. Il a commencé à se battre contre nous en disant qu'il voulait te voir et te faire comprendre ce qu'est la douleur.

Au moins ça avait le mérite d'être clair, et je n'étais pas non plus totalement innocent sur les causes de cette crise. Je lâchai un soupir en voyant les deux jeunes Autres tenter de contenir Jules. Il était méconnaissable avec ces grandes stigmates noires sur son corps, comme des veines, ce regard fou et cette envie de détruire. C'était donc pour cela qu'il ne voulait rien me dire, pour ne pas m'effrayer. L'instabilité des hybrides est donc cela, et les deux espèces puissantes réunies au sein de ce corps n'ont pas l'air de faire bon ménage.

-Jessica, demande à Kal et Luca de s'éloigner, je vais m'occuper de lui, je suis son gardien.

-Mais il va t'attaquer !

-Justement, je suis la cause de cette crise, je dois assumer.

Kal et Luca lâchèrent Jules une fois que Jessica leur avait demandé, non sans un peu d'hésitation, et Jules se dirigea vers moi, des ailes sortirent de son dos, aussi noires que la nuit, elles étaient absolument magnifiques et elles m'auraient fascinés si le propriétaire n'avait pas envie de me tuer.

Il me donna un coup d'aile violent, ses yeux remplis de haine mais aussi d'une profonde tristesse, je ne savais pas quoi faire. Il me criait dessus.

-Tu m'as fais croire que tu avais des sentiments pour moi ! Tu m'as menti ! Tu es lâche ! Tu n'as pas pris en compte une seule fois que je pouvais aussi avoir un cœur et des sentiments ! Tu es un monstre !

Il disait cela en m'assénant des coups que j'encaissais sans riposter, ne voulant pas plus aggraver la situation.Mais à un moment j'explosai aussi, je ne voulais pas qu'il se fasse des fausses idées, mais il était trop perdu pour m'écouter, alors je le plaquait au sol en le tenant fermement et je le prenait dans mes bras.

-Ce n'est pas ma décision...c'est la directrice qui ne veut pas, je n'y suis pour rien. Cela me fends le cœur à chaque fois, mais sache que je t'aime du plus profond de mon âme. Tu es magnifique Jules, et je sais que c'est difficile, mais s'il te plaît ne te met plus dans des états pareils.

Je le sentais se détendre sous mon corps, je me redressais légèrement pour pouvoir le regarder. Il redevenait "humain" et il avait les yeux encore larmoyants.

-Donnes moi une raison de te croire !

Et là je fis la première chose qui me venait à l'esprit : je pris son visages entre mes mains, et je posais avec douceur mes lèvres sur les siennes. Il avait ouverts de grands yeux surpris, mais répondit avec possessivité à ce baiser, en glissant une main dans mes cheveux. Je fus obligé de mettre fin à ce baiser en voyant qu'il avait l'air d'avoir mal, et qu'il était fatigué ce qui lui tira un grognement de frustration.

Je ris avec douceur et l'aida pour se relever. Je supportais son poids et l'amenait immédiatement à l'infirmerie pour qu'il puisse se reposer et récupérer. Il avait légèrement souris et alors que j'étais en train de partir pour aller prendre une tenue de rechange pour Jules, j'entendis une voix furieuse m'interpeller dans les couloirs.

-Vincent Midford, non seulement vous vous approchez de Jules sans en avoir l'autorisation ni les compétences requises pour gérer une crise, mais en plus vous vous permettez de le toucher !

Je soufflai et me tournai dans la direction de Mme.Waltz, le visage fermé, contenant ma colère.

-Tout d'abord Madame, je suis son gardien donc c'est mon rôle de calmer les crises de mon protégé, ensuite si vous êtes définitivement trop coincées et aveugle pour voir que vous êtes la cause de la crise, et que vous n'aviez pas pu voir que Jules et mois nous rapprochions plus que nécessaire pour une relation Gardien/Protégé je ne peux rien vous dire. Ouvrez les yeux et soyez un peu plus préoccupées par votre orphelinat que par vos chiffres, et avec ça le monde sera sauvé ! Sur ce je dois aller m'occuper de Jules car il déteste être seul.

Elle était sans voix, en même temps avec Amélie, nous étions les deux seuls gardiens qui osaient dire quelque chose. Je rentrai donc dans la chambre de Jules, découvrant aussi qu'elle était dans un désordre des plus total. Quand j venais dans sa chambre les dernières semaines il faisait toujours attention à la laisser ranger, mais là je venais moins souvent donc je voyais bien qu'il y avait du laisser aller. Cela me tira un sourire, et j'allais me servir dans son placard, lui prenant juste un haut simple et un pantalon pour qu'il puisse se changer.

Je me dirigeais donc joyeusement à l'infirmerie, et ouvrit la porte avec toute la discrétion dont je pu faire preuve. Il dormait comme un bébé, étendu sur le dos, torse nu car son ancien t-shirt avait été déchiré lorsque ses ailes étaient sorties. Je remarquais seulement maintenant ses petites tâches de rousseur sur ses épaules, mais aussi les cicatrices qu'il avait sur son torse. Il y en avait des fines qui étaient en train de disparaître tout comme il en avait des plus grandes, plus profondes, qui n'allaient sûrement jamais partir. Je me surpris à en toucher une sur son torse, au niveau de son cœur. J'enlevais précipitamment ma main en l'entendant pousser un grognement de douleur.

Il avait l'air d'être perdu dans son sommeil, et je tentai de l'apaiser en lui caressant les cheveux. Un fin sourire apparut sur ses lèvres, et il murmura.

-Maman...

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