Chapitre 6 : Enquête (Vincent)

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Je ne pu empêcher mon cerveau de se faire des millions de films pendant le repas. Non mais lui alors, il me dit quelque chose de très important, il me dit de faire attention à ses yeux, et puis hop : débrouilles toi Vincent je ne t'en parlerai pas. Génial ! Jules ma vengeance sera terrible ! Je lâchai un soupir pendant que je mangeais les pâtes à la sauce tomate qu'on nous avait servi. Elles étaient très bonne, Héléna, une gardienne du centre qui s'occupait aussi de la cuisine, était vraiment très douée.

Je détaillais Jules du regard tout en mangeant, comme si le fixer pouvait faire apparaître en grosses lettres ce que je cherchais. C'était idiot mais c'était pourtant ce que je faisais jusqu'à ce qu'un coup de coude ne vienne perturber ma contemplation et ma recherche de réponse. Je tournais la tête et je vis Amélie avoir un grand sourire sur ses lèvres, et à voir son regard, elle se doutait bien que quelque chose se tramait, mais une chose complètement différente que ce que j'avais en tête.

-Tu sais Vincent, tu peux être un tout petit peu plus discret quand tu lorgnes ton protégé.

-Q-quoi !? Mais pas du tout !

Mon offuscation n'eut pas l'air de marcher car cela lui tira un sourire qui était typiquement celui qui voulait dire "Mais bien sûr". J'essayai de changer de sujets en tentant de mener tranquillement mon enquête sur les yeux de notre petit Jules.

-Au fait, je faisais des recherches l'autre jour, et tu sais quelle est la plus grosse particularité des hybrides ?

Elle parut réfléchir un peu et elle me dit en étant peu convaincue.

-Ce que je sais c'est qu'on les trouve souvent dans l'armée car ils sont très recherchés pour leur puissance. Par exemple, les hybrides qui sont croisés avec une espèce puissante comme les démons, les anges, les elfes et même les dragons sont presque immédiatement dans l'armée pour servir notre pays. Ne le dis à personne...

Elle se pencha à mon oreille et me chuchota.

-Moi cela me paraît injuste qu'on force des personnes à servir un pays, et mourir pour une cause qui n'est même pas la leur.

Elle se redressa et fit un petit sourire complice, se servant un verre de jus de pomme, puis le buvant tranquillement. Elle lâcha un soupir puis se tourna vers moi, à nouveau ce petit sourire taquin sur ses lèvres.

-Mais sinon changeons de sujet mon petit Vincent : ton protégé t'as tapé dans l'œil !

Heureusement que le petit brouhaha alentours permettait de camoufler un peu notre conversation parce que j'aurais été énormément gêné si Jules nous avait entendu, surtout qu'il n'était seulement que trois places plus loin ! Elle lâcha un rire victorieux quand elle me vit être tout gêné.

-Mais c'est mon protégé ! Je ne peux pas avoir de sentiments pour lui ? Surtout qu'en plus il sera peut-être adopté dans quelques semaines. Et puis, pourquoi tu te fais ces idées !?

Elle rit gentiment et décida de me laisser encore plus dans le flou en me disant simplement.

-Comme ça, comme ça...En tout cas lui n'a pas l'air de te détester non plus !

Elle fit un léger signe du menton et quand je me tournai légèrement je pu me rendre compte que Jules me regardais, et il tourna précipitamment sa tête avec Kal qui lui donna une petite tape sur l'épaule en riant.

-Enfin bon, je vais aussi demander à Lucien, il aura peut être plus d'informations.

-Fais attention, il avait l'air particulièrement fasciné par Jules, le laisses pas entre ses mains. Et puis aussi fais attention-

-Merci maman Amélie, mais je vais me débrouiller comme un grand garçon, j'ai 23 ans quand même.

Elle me décoiffa un peu et me laissa partir. Elle a toujours été aussi protectrice avec moi, elle avait quatre ans de plus, et elle me considérait comme son petit frère même si on ne se connaissait que depuis deux ans. Je me dirigeai jusqu'au réfectoire des responsables. Ils mangeaient séparés de nous, il y avait la directrice, le médecin, le psychologue et de temps en temps il y avait le responsable de l'orphelinat, c'est-à-dire celui qui s'occupait de donner de l'argent pour que l'orphelinat continue à tenir. Je frappai quelques coups à la porte en bois et entrai une fois que l'autorisation me fut donnée. Je les vis tous les trois en train de manger, le responsable n'était pas là, et ils me firent bien comprendre à leurs regards que je les dérangeait. Cela eu le don de me mettre encore plus mal à l'aise et je demandai de m'entretenir en privé avec le médecin. Cela fus accepté et je me retrouvai donc seul dans le couloir avec le médecin en face. Il voulu prendre la parole en premier.

-Je voudrais m'excuser pour l'incident de tout à l'heure, j'étais tellement pris dans mes pensées que je n'ai même pas pris en compte l'état de Jules. De quoi voulais tu me parler ?

-Je voulais obtenir quelques informations sur les hybrides, comme vous aviez dit que Jules en était un.

Il avait hoché la tête, signe qu'il voyait bien ce que voulais lui demander et n'eut pas la peine de prendre un temps de réflexion pour me répondre.

-Les hybrides sont extrêmement puissants, surtout selon les croisements issus des espèces "dominantes", dans le sens puissantes c'est comme ça qu'on va les appeler. Après la deuxième particularité un peu moins reluisante sur laquelle je suis toujours en train de faire des recherches est qu'ils sont instables, selon des experts. Après pour le moment je ne sais pas ce que cela veut dire, il faut encore que j'approfondisse, mais je pense que c'est lié au fait de la force des espèces croisées. Imagines lorsque nous mélangeons de l'eau avec du sirop, ce qui correspondrait à une espèce "faible" avec une espèce "forte", nous allons avoir un mélange bien lié. Mais si tu mets de l'huile à la place du sirop, un croisement de deux espèces "fortes", le mélange sera instable, et la cohabitation disons sera difficile. Est-ce que j'ai été clair ?

J'assimilai les informations, et sa clarté avec son exemple m'avaient beaucoup aidés, mais aussi un peu effrayés : mon instinct me disait que Jules me cachait quelque chose de très important, mais j'avais aussi l'impression qu'il avait peur de me le dire. Pourtant, je ne l'abandonnerai pas, et je ne voulais vraiment pas qu'il pense ça.

Je remerciai le médecin et le laissai aller finir son repas pendant que je me dirigeai dans ma chambre. Le repas devait déjà être terminé, et les jeunes Autres étaient tous dans leur chambre, ou dans celle d'un autre pour pouvoir parler. On était plutôt souple sur les règles dans les dortoirs dans le sens où tant qu'il n'y avait pas de problèmes on les laissait libre d'aller où ils voulaient. L'orphelinat n'était pas une prison, donc cela ne servait à rien d'être trop strict.

J'étais entré dans ma chambre et j'étais en train de chercher mes affaires pour pouvoir me changer afin de prendre ma douche quand j'entendis des coups légers frappés à ma porte. J'autorisai la personne qui était à l'origine de ces coups et la porte s'ouvrit sur la chevelure rousse de Jules. Il avait l'air d'être un peu embarrassé de débarquer ainsi dans ma chambre, mais je le rassurai presque immédiatement.

-Tu peux rester si tu veux, je vais aller me doucher cela ne va pas me prendre longtemps. Assieds toi sur mon lit en attendant.

Il s'assit avec une petite hésitation touchante et je filai dans la douche, histoire de pouvoir un peu mettre mes idées au clair, surtout après ce que je venais d'apprendre en une seule journée. L'eau chaude me fit du bien, et détendit mes muscles. Je ne traînai pas trop et au bout d'une quinzaine de minutes. Je sortis de la pièce avec un jogging noir, un t-shirt blanc avec le logo Marvel dessus. J'étais toujours pieds nus dans ma chambre, elle était d'ailleurs comme toutes les chambres de l'orphelinat : simple, avec les meubles essentiels tels une commode, un bureau, un lit. Il n'y avait rien de superflu, et les murs avaient été peints en bleu clair à ma demande, c'était ma couleur préférée.

Je m'assis à côté de lui, et lui sourit gentiment, lui aussi s'était changé, et avait opté pour un bas de pyjama noir avec un haut bordeaux simple. Il était sagement assis en tailleur et il me regardait avec douceur, et tout de même une pointe de fatigue dans le regard.

-Alors monsieur l'enquêteur, tu as plus d'informations ?

Il me faisait son éternel sourire provoquant, et je ne pu m'empêcher de lever légèrement les yeux au ciel en entendant le surnom qu'il m'avait donné.

-Je sais que tu es très fort, mais aussi que tu serai instable selon le médecin.

-C'est plutôt lui qui est instable !

-Et d'ailleurs il s'excuse pour ce qu'il s'est passé tout à l'heure.

-Tu m'en vois ravi, qu'il s'excuse ne le rendra pas plus gentil à mes yeux.

Il soupira en croisant les bras sur son torse. Il n'a vraiment pas du tout l'air d'être rancunier notre Jules. Il s'allongea sur le lit, étant sans doute trop fatigué pour être bien en position assise, surtout qu'il était en train de somnoler déjà. Sa journée avait été très longue, et son état ne m'étonna pas vraiment.

-Tu veux que je te ramène dans ta chambre ? Jules ? Eh !

Je l'entendis respirer tout sereinement, les yeux fermés. Il avait le don de s'endormir rapidement, cela me tira un petit rire à cette constatation. Je retournai dans la salle de bain et décida de le couvrir en même temps que je me glissai sous les draps avec lui. Je ne voulais pas le porter jusqu'à sa chambre, cela risquait de le réveiller et je n'avais pas envie de lui faire perdre de précieuses heures de sommeil. Je le regardais un peu en train de dormir, cela détendais ses traits, et lui donnait un côté très enfantin ainsi. Comme tous les jeunes, il avait un passé difficile, et j'espérais qu'il allait m'en parler, même s'il n'y avait pas d'urgence. Je lui embrassai le front en lui souhaitant bonne nuit, ce qui lui tira un petit grognement. Je m'installais mieux dans les draps, et commença petit à petit à m'endormir à mon tour.

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