Le trajet se déroula dans le calme, je regardais passer les bâtiments le long de la route, des immeubles gris, ternes, s'élevaient dans la ville, mais plus nous nous éloignions de celle-ci, plus les bâtiments devenaient colorés, dans les tons plus clairs tels le beige, le marron des charpentes en bois, en plus des végétaux qui fleurissaient petit à petit, mais cela ne me fit aucun effet, je ne fut pas enchanté de partir de l'endroit dans lequel j'avais vécus pendant presque 6 ans pour à nouveau devoir tout recommencer. Cela m'irritais mais le chauffeur avait l'air de n'en avoir rien à faire, car de toute façon il serait payé pareil pour ce voyage.

Je soupirai et au bout d'une bonne heure de voiture, nous étions arrivés devant l'orphelinat Rosenwalth. C'était un bâtiment ancien, cela se voyait à la façade blanche orné de différentes gravures de fleurs, des roses principalement, mais aussi à la toiture en ardoise. Toutefois, c'était très loin d'être une ruine, et il était très bien entretenu. J'ouvris la portière et descendis, constatant la cour ornée de pavés. C'étaient de larges pierres grises, rondes et lisses même si certaines avaient un peu de mousse dessus. Je pus m'imaginer qu'il devait y avoir un grand jardin, car je vis des arbres au loin et ce qui semblait être des tables et des bacs en bois pour profiter du soleil. J'avançais sur les pierres, mes pas claquant légèrement, et vit un jeune homme sur le perron.

Je ne l'avais pas remarqué, mais il était vraiment adorable. Il était plutôt mince, devait faire dans le mètre soixante-quinze, des cheveux bruns un peu longs avec quelques épis, et des yeux bleus qui pétillaient. Il avait un sourire solaire, et c'était cela qui était le plus marquant. Il portait un haut blanc simple, un jean bleu clair légèrement slim et des basket blanches, des chaussures de ville.

Je montai les quelques marches qui menaient à la porte du bâtiment et salua l'homme qui devait être légèrement plus vieux que moi, puis rentra sans dire un mot de plus. Je ne savais pas comment je devais réagir, je ne savais pas ce que je devais penser, et j'étais un peu perdu, déboussolé. Je n'avais pas trop de repères et même si c'était normal j'avais un peu peur.

Je rentrais dans la chambre qui avait l'air de m'être attitrée car la porte était ouverte et qu'il n'y avait rien dedans, mis à part les mêmes meubles qu'il y avait dans mon ancienne chambre. J'ouvris ma valise et mon sac, et entrepris de les vider. Je rangea donc mes vestes et mes manteaux dans ma penderie, pliant soigneusement mes différents sweats et pulls pour les ranger sur les étagères sans qu'ils se froissent, faisant de même pour mes t-shirt et mes pantalons, et enfin je rangeais mes chaussettes et mes sous-vêtements puis je fermais la porte du placard pour m'attaquer au bureau.

Je mis une bonne heure pour tout ranger, et quelle ne fut pas ma surprise en voyant que j'avais une salle de bains attenant à ma chambre !

Je ne mis pas longtemps avant de décider de faire couler un bain dans la baignoire, une fois que j'avais tout rangé pour pouvoir faire ma toilette. Je regardais mon reflet dans la glace qui s'élevait au dessus du lavabo gris. Mes cheveux couleur feu commençaient déjà à me manifester leur présence en faisant des épis, et je fis attention à bien vérifier que mes yeux étaient biens vairons, un bleu et un vert, afin de m'éviter des soucis dès le premier soir. J'avais de petites tâches de rousseur sur mes joues et mes épaules, et j'avais quelques cicatrices qui n'étaient pas encore parties.

Je finis de me déshabiller et rentra dans un soupir dans l'eau claire, profitant d'un bain bien mérité. Je laissais mes pensées dériver jusqu'à ce que l'eau devienne froide et décidais qu'il était quand même temps de bouger et de se laver.

Une fois sorti sec de la salle de bain, je découvris dans un sursaut qu'il y avait une personne assise sur la chaise de mon bureau, et je lâcha un cri de surprise qui me fit perdre toute chance d'avoir l'air menaçant par la suite.

En entendant le rire de l'homme, je compris que j'avais vraiment perdu toute crédibilité, il se leva et se tourna face à moi, et je pus reconnaître le brun qui m'avait accueilli sur le pas de la porte.

-Bah dites donc, la prochaine fois je ferais plus attention quand je rentrerai dans ta chambre Jules, je pensais pas que j'étais si effrayant !

Il avait dit cela en riant, ce qui eut le don de me faire gonfler légèrement les joues, vexé.

-Mais en même temps la prochaine fois, tu frapperas avant de rentrer comme si c'était chez toi !

Bon je ne pouvais pas lui dire son prénom, mais même, qui rentre sans frapper chez les gens ? Bon, lui visiblement, mais il devait être le seul !

-Désolé, sinon, je m'appelles, Vincent, je serais ton gardien, j'espère qu'on va bien s'entendre !

Il me fit un sourire solaire, bon sang ! C'était un don chez lui de faire ce genre de sourire ? Je lui sourit aussi en retour, et il commença à marcher jusqu'à moi, puis il me dit sur un ton chaleureux, comme si c'était une habitude chez lui.

-Je suis sûr que tu dois avoir pleins de questions, mais je pense que tu dois manger d'abord, il est midi passé.

J'hochais la tête et le suivi, descendant les escaliers qui menaient aux chambres pour aller dans ce qu'il me dit être les parties communes, et on alla ensemble jusqu'au réfectoire, d'où des bruits de conversation émanaient déjà.

-Ils ont hâte de te voir, ne t'en fait pas ils risquent d'être un peu brusques, ne leur en veut pas.

Je lui montra mon accord en hochant la tête et il ouvrit les portes du réfectoire avec un sourire léger.

-Après toi.