Chapitre 16

6 minutes de lecture

La presqu’île de Quiberon est remplie de petits ports. Et de recoins. De gens aussi, qui déambulent à toute heure, pour faire dieu sait quoi.

Nous avions marché d’abord, puis presque couru, en nous enfuyant de la jetée. Comme des enfants, qui découvrent soudain une liberté toute neuve.

J’avais envie de lui, je ne pouvais pas me le cacher. Et je sentais dans sa course effrénée une joie qui se disputait à la hâte.

En descendant un escalier de pierres, nous arrivâmes sur une bande de sable, coincée entre des rochers. Une barque, amarrée à une bouée, flottait un peu plus loin dans l’eau. Les lueurs des feus d’artifice autour de la baie couvraient le bruit des vagues, qui s’échouaient autour de nous.

Sa main dans la mienne, j’avais l’impression d’être seul au monde, ici. Il m’attira contre lui, et donnant enfin libre cours à ses attentes, il m’embrassa.

Au moment où nos lèvres se touchèrent, j’oubliai tout. Je ne voulais que lui. Sa main sous mon sweat caressa mes côtes, ma taille. Je soulevai son t-shirt, et pris son ventre entre mes mains. Il était chaud. De son cou émanait son odeur. Une odeur douce et excitante. Nos ventres se collèrent. Peau contre peau.

Je respirai plus vite.

J’avais tellement de mots qui tourbillonnaient dans ma tête. J’avais envie de lui dire, à quel point je l’aimais. À quel point il me rendait fou. Et que j’aurais fait n’importe quoi, pour l’engloutir en moi et ne jamais me séparer de lui. Si cela avait été possible.

Je ne savais pas, avant, qu’une telle passion existait en moi.

Ses mains sur ma peau, dans mon dos, enlevèrent mon sweat. Haletants, face à face, son visage entre mes doigts, j’ouvris les yeux pour ne rien perdre de lui. Ses yeux noirs, sur son visage bronzé, me transperçaient d’une ferveur que je n’avais vu qu’une fois. La nuit dernière, dans la pénombre.

Il me voulait.

Mon cœur s’emballa, cognant dans ma poitrine à m’en faire mal.

Je l’embrassai encore, ma langue glissant sur la sienne avec avidité.

Il fit jouer l’élastique de mon bermuda, passant sous celui de mon boxer. Lorsqu’il caressa mes fesses, une décharge me transperça le ventre.

Je ris.

- C’est drôle ? demanda-t-il en se détachant de mes lèvres un instant inquiet.

- Juste… soufflai-je en reprenant mon souffle, je me dis que vu l’état dans lequel tu me mets rien qu’avec quelques caresses… je finirai en mille morceaux avant même d’avoir fini de te déshabiller.

Il me regarda, amusé cette fois, et répondit tranquillement :

- Alors vas-y. Je ne te touche plus tant que je ne suis pas tout nu.

Je déglutis.

J’hésitai, bêtement, mais finit par faire ce qu’il voulait. Il ne me lâcha pas du regard, tandis que je faisais disparaître ses vêtements. Stoïque, il resta de marbre lorsque son propre caleçon toucha le sol. Enfin pas tout à fait.

Me redressant, je continuai mes caresses sur ses jambes. Sur ses cuisses. Lorsque j’embrassai sa peau, je vis ses mains frémir à l’idée de me toucher, mais il se contint.

Je posai ma langue sur lui, traçant des sillons frais jusqu’à l’aine.

À partir de là, il ne se retint plus. Plongeant dans mes cheveux, il me guida, caressant ma joue maintes fois, tandis que je le faisais jouir entre mes lèvres.

Allongé sur le sable, me serrant contre lui, il reprit son souffle alors mon excitation ne passait pas. Il s’en rendit compte, et, tout en m’embrassant doucement, commença des va-et-viens sur mon membre.

- Tu es doux, murmurait-il. Et chaud. J’adore te sentir entre mes mains.

Je ne répondis rien, accaparé par les sensations de ses doigts qui glissaient sur moi. Mes mains sur son torse, ses fesses, ne savaient plus ce qu’elles faisaient.

- J’ai envie de toi, dis-je désespéré en me collant à lui, mes doigts se faisant plus pressants.

Il me dit rien, mais marqua un temps d’arrêt dans son mouvement. Une fraction de seconde. Pas vraiment plus long. Avant de reposer sa bouche sur la mienne avec une force qui me fit presque mal.

Puis il se laissa faire.

Plonger en lui faisait vibrer tout mon corps. Je bouillonnais, frémissant. Les battements sourds au fond de moi cognaient, alors que je m’enfonçais toujours un peu plus.

J’attrapais ses hanches, saisissais ses fesses à pleines mains. Je n’en avais jamais assez. J’essayais de ne pas lui faire mal. Je le sentais se resserrer sur moi. Se cambrer. Tentant de maîtriser ce qu’il lui restait de conscience. Mais à cette heure, il n’en avait plus beaucoup. Je me collai à lui, scellant mes lèvres à sa peau salée. Brûlante.

Les nerfs à vif, tout mon corps s’enflammait.

Encore une fois, les milliers de mots que j’avais envie de lui dire ne franchirent pas ma gorge. Elle était trop occupée à murmurer son prénom.

Sans cesse. Comme une obsession.

À le posséder. À imprimer en lui à quel point je le voulais.

L’explosion de mon désir me coupa le souffle. Je m’accrochai à lui comme un koala. Embrassant ses yeux. Sa gorge. Sa bouche.

Il enfouit sa tête contre mon cou. Comme avant. Lorsque nos jeux n’étaient qu’innocents.

- Waaa, dit-il au bout d’un moment, toujours lové contre moi.

Je baissai la tête vers lui. Il parlait toujours à mon épaule. Avais-je été un peu trop… énergique ?

- Je ne savais pas que le petit chaton pouvait se transformer en une sorte de jaguar incontrôlable!

- C’est mal ? demandai-je, soudain un peu anxieux.

- Non ! Au contraire ! s’exclama-t-il en me serrant contre lui.

- Alors tant mieux. J’ai eu peur de…

- De trop me vouloir ? Je ne vois pas comment ça pourrait me déplaire ! Il y’a juste que…

- Que ?… dis-je, l’angoisse revenant à grands pas.

- Que tu mets la barre haut !

- Idiot ! dis-je en faisant mine de me séparer de lui.

Mais il me retint. Encore. Comme toujours désormais.

- Je ferai attention à ne pas sortir les griffes, alors, repris-je alors que je le sentais sourire contre moi.

- Hum…

- Quoi ?

- Faudrait que je me transforme, moi aussi, alors.

Je levai les yeux au ciel. Il était reparti dans son grand n’importe quoi.

- Et en quoi, s’il te plaît ?

- J’aime bien les tigres.

- Tu veux que je te peigne des rayures, peut-être ? dis-je d’un air ronchon, gêné que mes ardeurs le fassent rire.

- Raah, boude pas ! Je ne vois pas de quoi tu pourrais avoir honte. Si je pouvais, je ne te lâcherais pas. De toute la journée. De toutes mes nuits.

- C’est déjà un peu le cas, fis-je remarquer, mes mains se promenant doucement sur son dos et dans ses cheveux.

- Oui, dit-il en se redressant d’un coup. Mais ce n’est jamais assez. Je ne sais pas comment tu fais pour tenir. Et rester sage.

- Sans doute que je suis vraiment devenu le plus adulte de nous deux, répondis-je en le regardant se rhabiller, un peu déçu que notre escapade soit finie.

Il me jeta un regard amusé, son sourire en coin que j’aimais tant sur les lèvres.

- Ok. Mais on dirait bien que mon grand frère à besoin d’aide pour se relever. Un coup de main? dit-il en joignant le geste à la parole.

Je récupérai mes habits mollement. Je n’avais pas envie de partir. La nuit nous enveloppait, mais à présent elle n’appartenait plus qu’à nous. Il sentit mon humeur et passa son bras sur mon épaule tandis que nous atteignions la route du port.

Nous retrouvâmes la voiture, dont la clef n’avait, miraculeusement, pas franchi la poche du short de Yann. Nos portables, saturés de SMS, nous confirmèrent que les autres étaient soit rentrés, soit repartis en vadrouille. Nous étions donc libres de continuer comme nous voulions.

Ce qui nous alla bien.

Dans l’habitacle, je lançai une musique.

Un truc que je n’aurais jamais écouté tout seul. Mais elle disait bien tout ce que je n’arrivais pas à exprimer. À quel point nos vies étaient si étroitement soudées qu’il aurait été impossible de démêler l’une de l’autre.

- On va jusqu’au bout du monde, dis ?

Il me regarda quelques secondes, avant de reposer les yeux sur la route.

- Chiche, répondit-il, un doux sourire aux lèvres.

Il conduisit doucement. Pas pressé d’arriver. Nous n’avions pas de plan. Pas de carte. Nous n’avons jamais pensé à consulter un Gps. Juste la perspective d’un horizon, un jour, au petit matin, nous suffisait.

Lorsqu’au détour d’un virage il bailla, je lui indiquai un petit chemin de sable, pas loin de l’océan.

On inclina les sièges. La brise nocturne ramenait les cris de quelques oiseaux encore debout. Et celui des vagues. Immuable. Comme un écho au sang que je sentais dans mes veines. Au lien qui vibrait, encore, toujours, entre nous.

Il se pencha pour m’embrasser. Les yeux mi-clos de fatigue.

Son « bonne nuit » valut toutes les déclarations d’amour du monde.

* * *

Annotations

Vous aimez lire chimère nocturne ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0