Le Trésor d'Horlan

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 Après plusieurs jours passés ensemble à affronter les menaces qu’ils croisèrent, nos deux héros se retrouvèrent dans la région de Horlan où ils firent halte dans un petit village du nom de Tahgar. Ils passèrent dans des rues animées par le marché où la diversité culturelle battait son plein. Les peuples du monde entier semblaient y être représentés. Embaumés par les odeurs alléchantes qui émanaient des différents étales culinaires, ils se mirent en route vers l’auberge située à l’orée du village pour pouvoir enfin se restaurer et se détendre.

En entrant, ils découvrirent une ambiance tamisée par les nombreuses bougies disposées sur les différentes tables que des clients divers et variés occupaient. Ils s’installèrent à une table libre dans un coin de la pièce et commandèrent de quoi se restaurer. Par reflexe, Daenara toisa du regard les alentours et repéra rapidement une présence indésirable qu’elle indiqua d’un signe de tête à Heiric. Ce dernier se retourna discrètement et découvrit, à l’écart des autres clients, arborant leur célèbre tenue jaune et noire, un groupe de gardes impériaux qui buvaient en silence. Suspicieux, Heiric se retourna vers l’elfe et demanda à voix basse :

- Que fait une troupe de la garde impériale ici ?

- Depuis un certain temps l’empereur a envoyé sa garde pour surveiller les villages…mais j’ignore pourquoi.

L’aubergiste qui avait entendu la conversation leur dit tout bas, en déposant leurs plats :

- Le bruit court qu’on a tenté d’enlever la princesse, depuis, l’Empereur est sur ses gardes.

Remerciant le brave homme d’un hochement de tête, les deux partenaires entamèrent leur repas.

Tandis qu’ils vidaient leur assiette, ils entendirent de légers bruissements dans la forêt avoisinante. Daenara, qui avait l’oreille fine, perçu des ricanements longer les murs mais n’eut pas le temps de prévenir Heiric que des gobelins firent irruption dans l’auberge. La porte fut démontée, les vitres brisées, laissant les créatures surgir de toutes parts. Nos deux acolytes dégainèrent leur arme respective et s’élancèrent vers les assaillants qui saccageaient l’endroit. L’un fut rapidement transpercé d’une flèche, tandis qu’un autre se fit empaler par la lame du guerrier. Le combat s’intensifia lorsque les gardes impériaux jusque là décontenancés par la brutalité de l’attaque, entrèrent en action. Ils se sentirent néanmoins désemparés par l’efficacité de nos deux héros. En effet, les cadavres de gobelins se multipliaient à une vitesse folle tant la cohésion de ces deux inconnus était percutante. Récupérant une flèche sur un des cadavres, Daenara se rendit compte que deux gobelins tentaient de s’enfuir. Malgré sa finesse, elle banda son arc avec force et vigueur, se concentra sur ses cibles et décocha une flèche puissante qui embrocha les deux créatures d’un seul trait. Au même moment, Heiric s’avança vers le dernier gobelin présent sur les lieux et le trancha à l’horizontale d’un coup d’épée bien sentie, mettant fin au combat.

Le calme eu à peine le temps de s’installer que l’aubergiste s’écria :

- Ils m’ont tout volé ! Je n’ai plus rien !

Les gardes rassurèrent le vieil homme et se proposèrent de partir à la poursuite des gobelins. Ayant entendu leur conversation, Daenara se tourna vers Heiric et lui dit discrètement :

- Etant donné leur grande efficacité, il vaudrait mieux qu’on fasse ça nous même.

Le jeune homme acquiesça et ils se mirent en route. Une fois sortie de l’auberge, l’elfe repéra des traces de pas encore fraîches menant à la forêt vers laquelle ils se dirigeaient.

-

Plusieurs heures s’étaient écoulées et le soleil commençait à se coucher, rendant la forêt de plus en plus sombre et le pistage de plus en plus dur. Cependant, les sens affûtés de Daenara permettaient au duo de se frayer un chemin à travers la végétation qui se faisait de plus en plus dense.

Elle finit par apercevoir au loin une faille dans une paroi rocheuse et c’est en s’approchant, qu’ils découvrirent l’entrée d’une grotte. A leurs pieds gisaient des cadavres de petits animaux, quelques os rongés ainsi que quelques pièces d’or qui semblaient s’engouffrer dans l’obscurité. En tendant l’oreille, ils perçurent des échos qui se répercutaient sur la roche. D’un air entendu, ils s’engagèrent prudemment dans la cavité humide de laquelle se dégageait une odeur nauséabonde.

A travers les ténèbres qui les entouraient, ils virent une lueur au loin qu’ils suivirent jusqu’à atteindre ce qui s’apparentait à un pont rocheux. Cette passerelle surplombait une fosse remplie d’objets en tout genre entassés les uns sur les autres. Au bout se trouvait un barrage composé de planches de bois taillées en pointes et assemblées de façon rudimentaire. Il était gardé par deux gobelins, l’un armé d’une simple épée émoussée tandis que l’autre tenait une lance confectionnée d’un grand bâton et une lame rouillée attachée en son sommet. Ils furent rapidement neutralisés par nos deux héros, qui, en passant la barricade, découvrirent ce qui semblait être l’antre des gobelins.

Les créatures étaient éparpillées de part et d’autre de la pièce. Certaines se battaient pour de la nourriture quand d’autres s’extasiaient sur les derrières richesses acquises, tout cela dans une hystérie continue. Au fond, affalé sur un amas de pièces, de bijoux et de trésors en tout genre, un immense troll dévorait ce qui semblait être un sanglier. Sa peau grisâtre et rugueuse était en partie recouverte par un draps boueux et déchiré, maintenu à sa taille par une corde effilochée, qui mettait en avant son ventre imposant.

Dissimulés derrière un tas de coffres vides, l’elfe et le jeune guerrier se demandaient de quelle manière ils allaient pouvoir s’en sortir. Heiric se retourna vers Daenara et chuchota d’un air hésitant :

- On a peut-être été trop téméraires…

- On ne pouvait pas imaginer qu’ils seraient si nombreux…Ni qu’il y avait un troll...Répondit la jeune femme, peu confiante.

Tandis qu’ils se questionnaient à voix basse, le troll, ayant un sens aigu de l’odorat, s’arrêta soudainement de manger, et se mis à humer les alentours afin de déterminer d’où provenait cette étrange odeur qu’il ne connaissait pas. Son regard se dirigea alors vers leur cachette. Se sentant observée, Daenara jeta un rapide coup d’œil sur le côté ce qui alerta le troll qui, enragé, envoya la carcasse du sanglier contre une stalactite qui se brisa et tomba violemment sur un gobelin malchanceux.

Un grand silence qui sembla durer une éternité envahit la pièce.

 N’ayant jamais été soumis à une telle épreuve, Heiric et Daenara furent parcourus d’un frisson de panique. Ce sentiment les quitta rapidement lorsque le troll poussa un puissant rugissement en se dirigeant vers eux, suivi de près par les gobelins. Voyant le danger s’approcher rapidement, l’elfe et le guerrier s’engagèrent dans leur seule option possible : la fuite.

Talonnés par les créatures, ils rejoignirent rapidement la barricade et arrivèrent à hauteur de la passerelle. En jetant un coup d’œil derrière eux, ils virent le troll déchainé se ruer dans leur direction, écrasant sans scrupule les gobelins sur son passage.

Dans sa course, Heiric fut pris d’un élan de courage et s’adressa à Daenara :

- La passerelle est assez étroite pour les retenir !

Comprenant l’intention de son partenaire, la jeune femme approuva :

- Je te couvre !

La jeune elfe s’élança à toute vitesse vers la paroi de la caverne qu’elle gravit en quelques secondes afin de se retrouver en hauteur. Sans attendre, elle décocha de multiples flèches qui se logèrent dans la tête des premiers gobelins qui avaient passé la plate-forme rocheuse. Cela laissa le temps à Heiric pour se mettre en position de riposte et accueillir ceux qui passeraient entre les projectiles. Deux gobelins qui réussirent se jetèrent sur le guerrier à quelques secondes d’intervalle, mais furent rapidement tranchés l’un après l’autre.

Les gobelins commençaient à s’accumuler dangereusement malgré les coups et les flèches des deux acolytes. Qui plus est, la plus grande menace n’était pas encore présente car le troll était encore loin, retenu par la masse de gobelins.

Daenara, qui commençait à manquer de flèches s’arrêta et cria en direction de Heiric :

- Je dois récupérer des flèches ! Repousse-les autant que possible !

Suite à ces mots, elle plongea vers le tas de gobelins criblés de flèches pendant que son compagnon redoublait d’efforts pour éloigner la masse d’ennemis. Elle ramassa une poignée de flèches qu’elle décocha aussitôt tout en avançant vers Heiric afin de l’aider à stopper définitivement le flot de gobelins. Les créatures étant trop proches, Daenara empoigna une flèche qu’elle alla planter dans l’œil de l’une d’elle avant de l’envoyer terminer sa course en la décochant avec force en direction d’un gobelin situé plus loin.

Après de longues minutes de combat acharné, il ne resta qu’un petit groupe d’ennemis. Heiric se rua vers l’un d’entre eux qu’il embrocha rapidement et profita de son élan pour en plaquer un au sol qu’il acheva en lui plantant verticalement son épée. Pris dans son action, il ne remarqua pas le dernier gobelin prêt à lui sauter dessus. La créature fut néanmoins arrêtée en plein vol par une ultime flèche qui signa la fin cette bataille.

Exténués par tant d’efforts, ils n’eurent pas le temps de reprendre leur souffle que le troll arriva à leur hauteur et les éjecta d’un puissant coup vers l’arrière. Leurs corps furent violemment expulsés contre un mur de la caverne et allèrent se fracasser contre le sol. Ils tentèrent tant bien que mal de se relever mais le troll chargea à nouveau. Par instinct de survie, Heiric brandit son épée devant lui en attendant le coup fatal mais il fut alerté par un cri de douleur de la créature. En levant les yeux, il vit sa lame légèrement enfoncée dans la cheville de cette dernière. Ce court laps de temps offert par son compagnon, laissa à Daenara le temps de se remettre sur pied.

Le monstre recula, surpris par la blessure qu’il venait de recevoir. La jeune elfe alla aider le guerrier à se redresser, faisant maintenant face à leur ultime menace. Conscient que sa nouvelle blessure allait entraver ses mouvements, le troll se positionna au centre de la passerelle, attendant l’assaut des deux inconnus qui venaient perturber son confort.

Daenara, ayant repris des forces, s’adressa à Heiric :

- Il faut le ramener à la salle du trésor ! Il est beaucoup trop imposant pour le combattre ici !

Toujours affaiblit, Heiric rétorqua :

- Je vais le charger, passe derrière lui !

Suite à ces mots, le jeune homme fonça tête baissée en poussant un cri plein de hargne afin de se donner du courage. Le troll s’apprêta à le mettre en pièce, quand tout à coup Daenara pris appuie sur le dos de son partenaire, et, d’un bond puissant, s’éleva au-dessus de la créature, pressa son pied sur le haut de son crâne et atterrie derrière lui en une roulade maîtrisée. Dans le même temps Heiric profita de l’étourdissement du monstre pour glisser sous lui et lui entailla profondément la deuxième cheville.

Nos deux héros se mirent à courir en direction de la salle du trésor, poursuivis par le troll qui avait du mal à les rattraper. Une fois arrivés dans la pièce, Daenara alla se percher sur l’immense tas de richesses qui servait de trône à l’énorme bête. Arc en main et voyant la créature s’approcher, elle décocha une salve de flèches qui se plantèrent arbitrairement dans le corps du troll. Celui-ci arriva, diminué par les nombreuses attaques qu’il subissait, dirigeant toute sa haine vers la jeune femme. Il ne remarqua donc pas Heiric, surgissant du haut d’une pile de coffres, brandissant son épée qu’il planta sauvagement dans le dos de l’imposante créature qui alla s’étaler lourdement sur le sol.

Une fois le calme revenu, Daenara se laissa glisser le long des pièces d’or et rejoignit Heiric qui retira bruyamment son épée du corps encore chaud. Blessés et épuisés, ils se dirigèrent lentement vers la sortie. Petit à petit ils sentirent leurs forces les quitter et s’affaissèrent sur sol, apercevant seulement quelques silhouettes au loin, avant de sombrer dans l’inconscience.

 Ce n’est que le lendemain qu’ils se réveillèrent à l’auberge où tout avait commencé. Ils se rendirent alors compte qu’ils avaient été soignés malgré leurs corps encore endoloris. L’elfe portait des bandages serrés aux bras et le guerrier autour de son buste. Dans un coin de la chambre, leurs affaires étaient soigneusement rangées et nettoyées. Après quelques minutes, l’aubergiste frappa à la porte et entra, deux plateaux garnis de nourriture en main :

- Oh, vous êtes réveillés ! Je vous ai apporté de quoi reprendre des forces.

A peine les plateaux furent-ils posés qu’ils se jetèrent sur la nourriture. Reconnaissants envers le vieil homme, ils le remercièrent d’un signe de tête tout en continuant de manger.

Une fois leur repas terminé, ils apprirent qu’ils avaient été ramenés par les gardes qu’ils avaient devancés. Ceux-ci, une fois de retour à Tahgar, avaient chanté leurs louanges, stupéfaits par leurs exploits. Ils apprirent également que le trésor avait été restitué aux villageois qui les récompensèrent avec une partie de ce dernier.

Le soir même, une fête fut organisée en leur honneur. La joie battait son plein, les rues débordaient d’allégresse, la musique rythmait les beuveries et les danses traditionnelles. Daenara et Heiric se joignirent à la célébration, partageant nourriture et alcool avec les villageois réjouis de passer un moment avec leurs sauveurs. Durant les festivités, le groupe de gardes impériaux approcha les deux héros et s’adressèrent à eux, légèrement éméchés :

- Impressionnant ! J’avais jamais vu un tel massacre ! Dit l’un en ricanant.

- Il faut absolument que l’empereur vous rencontre ! Ajoute d’un autre.

- On rentre au Palais demain, vous pourriez nous accompagner ? Demanda le moins alcoolisé de tous.

Daenara s’apprêta à refuser l’offre mais fut devancé par Heiric qui répondit d’un ton enjoué :

- Mais avec plaisir messieurs, retrouvons-nous demain sur la place du village !

Les gardes, ravis, tournèrent les talons et se dirigèrent vers un groupe de jeunes femmes à courtiser. Agacée par la décision de son partenaire, le jeune elfe se tourna vers lui et demanda :

- Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu as accepté ?

Le jeune homme répondit :

- Tu voulais bien qu’on les fasse tomber non ? Quel meilleur moyen de le faire si ce n’est en s’infiltrant dans le Palais ?

La jeune femme hésita quelques secondes et finit par acquiescer.

Ils partagèrent encore quelques verres avant d’aller se reposer. Le lendemain matin, ils rejoignirent les gardes au point de rendez-vous et prirent la route en direction de Ninvaldir, siège de l’Empire.

Chapitre inspiré de : Aventia / Calling the rain - Eluveitie

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