Prologue

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 Les fortes bourrasques hivernales fouettaient les minces branches des arbres. Le vent était si puissant qu'il aurait pu arracher les bras de bois de leur robuste arborescence.

 Au milieu de la forêt de conifères se tenait une pâle silhouette encadrée de longues vagues rouges. La jeune elfe aux cheveux de feu regardait au loin, perdue dans ses pensées. Malgré le froid glacial et les salves de vent qui levaient sa cape et agitaient sa capuche, elle ne portait qu’une mince robe de lin sous sa houppelande blanche comme la neige. Ses oreilles pointues dépassaient d’un bon cinq centimètres. Ses cheveux décrivaient des mouvements irréguliers dans les airs donnant l'impression d'être les flammes d'un brasier ardent.

 Elle leva son regard vers le ciel gris à peine visible à travers la canopée . Il n'y avait personne, aucun animal : seuls les hurlements du vent. Un léger bruit, presque imperceptible, attira son attention. Ses prunelles, aussi pures que des améthystes, plongèrent vers la gauche. Une empreinte de pas déformait le tapis immaculé. Lentement, sans être effrayée ou même sur ses gardes, elle s’avança vers la trace.

 Soudainement, un individu encapuchonné surgit de derrière un pin. Il appuya une dague finement aiguisée sur la gorge de la jeune fille. Il la tira en arrière jusqu’à ce que son pied heurte un sapin. Cette dernière se laissa faire sans tressaillir et ne sembla pas surprise pour autant. Un voile neutre couvrait son visage gracieux.

— Donne le bouquin, maudite elfe ! Cracha-t-il à son visage.

— Hors de question. Pour quelles raisons vous le donnerais-je, démon ?

— De gré ou de force, mon maître finira par avoir cet écrit entre les mains.

— Vous ne le trouverez jamais.

 L’homme appuya un peu plus fort sur sa lame, de sorte qu’un mince filet de sang coula sur son cou pâle. Malgré la capuche qui lui bloquait le visage, elle devina que l’homme bouillait intérieurement. Elle prononça un mot en elfique et, brusquement, un tremblement de terre se fit sentir sous leurs pieds. Surpris, il desserra sa prise sur la lame mais ne lâcha pas pour autant celle sur son corps, toujours adossé au sapin. L’arbre s'agita, puis, en une fraction de seconde, transperça le corps de l’homme sur la droite. L’impact fut si brutal qu’il mourut quelques instants après. Dans ses derniers soupirs, il réussit à prononcer ses derniers mots :

— Tu verras, il nous appartiendra ce livre …

 L’arbre retira sa branche du corps encore chaud pour se replacer dans sa position d’origine. Une marre de sang écarlate se forma alors sur le duvet glacial qui prenait une teinte rosâtre. La jeune fille, indifférente à cette scène, tourna les talons. Elle chuchota quelque chose d’inaudible en raison des rafales de vent. Elle se dirigea vers la sortie de la forêt, les flocons effaçant toute trace de son passage.

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