Chapitre 1

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 Les rayons matinaux du soleil s'infiltrant dans ma chambre, me réveillèrent en me chatouillant le bout de mon nez. J'émergeai en douceur dans mon lit presque confortable. En me redressant, je me frottais les yeux. Déjà le matin ? Je me levai de mon lit et ouvris complètement les rideaux d'un brun foncé puis me dirigeai vers mon armoire pour y prendre mon uniforme : une chemise blanche aux manches bouffantes, un pantalon de toile beige ainsi qu’une paire de bottillons en cuir usé par les années. Il fallait porter ces vêtements tous les jours, car c’était la tenue de l'orphelinat dans lequel je me trouvais depuis quelque temps après ma naissance.

 D’après les dires des responsables de l’endroit, un homme n’ayant pas voulu révéler son identité, avait dit que la maison de mes parents avait brûlée suite à un accident et qu’ils étaient décédés. Il m’avait trouvée dans les décombres après que les flammes se soient éteintes, alors qu’il passait près de là. Pendant longtemps, je les avais crus mais récemment, j’ai commencé à éprouver des doutes. J’avais l’impression que ce n’était pas la vérité. Bien sûr, je n'avais aucune preuve, mais j’avais toujours suivi mon instinct et il ne m'avait jamais fait défaut.

 Dans cet endroit, je me sentais enfermée dans une cage dont je n'aurai pas la chance de sortir. On avait un code vestimentaire strict, on ne pouvait pas sortir de l'enceinte, la nourriture qu’on mangeait était fade et insuffisante. D'un seul coup d’oeil, on pouvait remarquer que chacun d’entre nous avait la peau sur les os. On nous rappelait constamment qu'un jour ou l’autre, des gens viendraient pour nous adopter, mais nous savions tous que c’était faux. Aucun visiteur n’avait mis les pieds ici depuis plus d’une dizaine d’années. Même nos apprentissages étaient rudimentaires, sauf pour ceux qui consistaient à révéler notre plein potentiel et le maniement des armes.

 Chaque race possédait différentes sortes de potentiels, mise à part les humains, et nous avions des cours spécifiques à la magie. Les elfes pouvaient contrôler les plantes, les fées : les fleurs (cousins des elfes, leur magie était similaire), les nymphes et les élémentaires maîtrisaient l'un des quatre éléments : la terre, l'eau, l'air ou le feu. Les sirènes et les tritons, les flots et la faune aquatique, mais pouvaient aussi avoir des jambes sur la terre ferme et une queue de poisson dans l'eau. Les centaures possédaient le pouvoir de contrôler et de parler aux animaux, les nains étaient capables de transformer le fer et n'importe quels métaux en or. Les anges dirigaient les courants d'air et les nuages et les démons, l'énergie négative et toutes créatures mauvaises comme les hydres et les basilics. Les draconiens renfermaient la capacité de se changer en dragons lorsqu'ils le souhaitaient et avaient l'habilité de cracher du feu comme de l'acide ou même des flammes glacées.

 Grâce à mes caractéristiques, j'étais supposément un ange, mais l'absence totale d’appendices servant à voler me faisait constamment douter mon identité. Selon un des livres de la bibliothèque, aucune race ne possédait des iris de couleur très pâle, sauf les anges. Mes yeux étaient de la couleur de l'or clair. Ils étaient presque blancs alors il n'y avait aucun doute sur le fait que j'appartenais à ce peuple, mais sans savoir d'où je venais et de quelle race était issus mes parents, j’avais beaucoup de difficultés à y croire. Heureusement, mes amis étaient toujours là pour me rappeler que même si j’étais différente, il n'y avait aucun mal à douter, car des malformations pouvaient survenir. Peut-être étais-je une nymphe sans le savoir !

 Un petit coup à la porte de ma chambre me tira de mes pensées qui commençaient à prendre trop d'importance. Perplexe, j’ouvris la porte - non sans surprise - à une petite fée : Nyra Sairi. Elle avait relevé ses longs cheveux foncés en un chignon déjà à moitié défait. La lumière qui jouait de transparence à travers les ailes de charax de mon amie, y faisait ressortir ses points bleus en lui donnant l'allure de la nuit elle-même. Elle qui détestait se lever tôt, elle était debout de bonne heure. Ses prunelles, semblables à de grands saphirs, renvoyaient des étincelles de joie.

— Bon matin Aeris ! s’exclama mon amie en me gratifiant de son sourire contagieux.

— Bonjour, Nyra. Que fais-tu de si bonne heure ? Tu es pourtant la première à râler lorsqu’on doit se lever tôt.

 D’un simple geste de la main, je l'invitai à passer le seuil de la porte. Elle s’assied alors sur mon lit alors que je me contentais de rester debout.

— Tu as raison : je déteste ça, mais aujourd’hui, c'est différent ! Une garnison entière sera de passage ici pour “adopter” les meilleurs au combat. Ceux qui seront choisis iront à la capitale pour se faire enrôler dans l’armée pour aider à repousser l’armée de démons qui nous menace. Toi qui adores te battre et espères voyager partout sur Extyria, n'est-ce pas la meilleure opportunité ?

 Dis de cette manière, cela semblait si facile ! Mais malgré le fait que ça me rendait heureuse, je ne pus m'empêcher d'éprouver de la tristesse. Je mis un genou sur le sol et pris ses mains dans les miennes.

— Mais bien sûr que c'est une belle occasion, mais tu sais Nyra... je ne quitterai pas l'orphelinat pour tout l'or du monde si vous n'êtes pas avec moi, toi, Kaleb et Elize.

 Le sourire de la fée se changea en moue déconfite. Avec difficulté, elle se retenait pour ne pas verser une larme. Dieu qu’elle était sensible !

— Nous ne pouvons pas te retenir ici, alors qu'on sait à quel point quitter cet endroit est-ce que tu désires le plus. Kaleb et Elize ont plus de chance de se faire choisir que moi alors ils pourront venir avec toi.

 Son regard s'assombrit. Elle baissa la tête et plusieurs mèches de cheveux tombèrent de son chignon qui avait piètre allure. Quelques larmes roulèrent le long de ses joues roses alors je pris son menton entre mes doigts et remonter sa tête, la forçant à me regarder dans les yeux.

— Oui, tu es plutôt frêle à cause de tes ailes, mais ne viens pas penser que tu vaux moins qu’eux et que j’accepterais de te laisser ici avec ces gens. Montre-leur de quoi Nyra Sairi est faite !

 Ma dernière phrase eut l'effet escompté et elle se mit à rire face à cette sentence ridicule. Elle essuya ses larmes d’un revers de la main et retira ma main de son menton.

— Tu as raison Aeris. Je ne dois pas douter de mes capacités. Nous irons tous à la capitale, dit-elle avec grand enthousiasme.

 Dans un élan de tendresse, elle me prit dans ses bras puis me relâcha tout aussi rapidement. Je gloussai puis elle s'assied à nouveau sur mon lit.

— Puisque la garnison n'arrive qu'en plein après-midi, il faut tout de même assister à nos cours du matin, ce qui veut dire magie et entraînement.

 Je hochais la tête et me dirigeai vers la sortie, Nyra sur mes talons. Nous quittâmes le dortoir où se trouvaient nos chambres pour se diriger vers le bâtiment principal. Les classes et la cantine s’y trouvaient. Après avoir pénétré le bâtiment Kaleb et Elize nous rejoignirent. Mon ami était un triton en provenance de la mer de Bellès. Lorsqu’il était dans l’eau ses écailles passaient de l'orange au turquoise comme ses cheveux, mais quand il se trouvait sur la terre, les couleurs vives tournaient au brun foncé. Sa peau mate allait parfaitement avec la couleur émeraude de ses prunelles. Elize quant à elle, était une elfe originaire d’Amselume, la capitale du pays des elfes, l’Yndran. Ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules et ses oreilles dépassaient de plusieurs centimètres. Plus elles étaient longues, plus la personne venait d'une famille noble. Ses yeux faisaient penser à de l’or ou des topazes en raison de leur couleur dorée. Un éclat de curiosité y brillait toujours. Plutôt svelte, elle était très agile et maniait parfaitement l’épée comme l’arc.

 Nous fîmes un petit arrêt à la cantine pour prendre notre déjeuner - un morceau de pain avec un gruau froid - puis nous nous rendîmes à notre salle de classe. Nous allons nous installer sur un banc dans le fond de la pièce puis attendons quelques minutes avant que le professeur - un vieil elfe - commence le cours, non sans nous détailler un a un de ses petits yeux bruns perçants, pour vérifier que nous étions tous conformes au code vestimentaire.

— Ce cours sera constitué uniquement de pratique ainsi qu'aucune théorie. Vous allez devoir trouver votre source de magie et tenter de l’exploiter dans sa forme la plus brute, disait-il en pointant son bâton de marche en direction des élèves.

 Il continua ses explications pendant plusieurs minutes, mais j’avais cessé de l'écouter comme à mon habitude. Il avait beau dire que nous avions chacun de la magie en nous et du “potentiel à exploiter”, je ne sentais rien. Juste du vide. Je ne connaissais pas ma propre race. N'avais-je, en plus, aucune magie ? À cette pensée, je soupirai et cela attira les foudres du professeur Elryon.

— Aeris ! Concentrez-vous et cessez de rêvasser. Pourquoi pensez-vous que vous n'êtes pas capable de trouver votre magie ? me sermonna-t-il depuis l'avant de la classe.

 Tous les élèves se tournèrent dans ma direction pour me rire au visage, mais j'avais enduré ces moqueries pendant douze années, alors elles ne faisaient plus rien à présent. J'y étais habituée. Le professeur les ramena sévèrement à l’ordre puis tous, sans exception, se turent. Je tentai de me concentrer, mais Elize posa sa main sur mon épaule puis me fit un sourire compatissant. Elle la retira puis se concentra. Les yeux à nouveau clos, j'essayai de faire comme l'avait expliqué le professeur, mais je ne sentais toujours rien. Je commençais à croire qu’elle n’existait pas.

 Pendant l’heure qui suivit, je cherchai ma magie au fond de mon corps, mais en vain. À mon grand soulagement, le cours se termina et je pus enfin souffler un peu, car j’avais l'impression qu'un étau se refermait sur ma tête. Je n’aimais pas ce cours et ce professeur. Après une pause d’une dizaine de minutes, nous nous rendîmes au terrain de sable pour y pratiquer le maniement des armes. L’instructeur, un élémentaire de terre du nom de Arvyn, se trouvait déjà sur le terrain, aux côtés d’un râtelier, une épée dans ses mains.

— Ah, Aeris ! s’écria-t-il en me voyant approcher de lui. Garde ta meilleure performance pour la garnison. Peut-être seras-tu choisie par le lieutenant ? lança-t-il à la blague en me tendant les deux lames avec lesquelles j’étais plus habile.

— Avec plaisir, lui répondis-je sur le même ton amical et enjoué.

 Les élèves s’amassèrent lentement autour du terrain et lorsque tout le monde était présent, il commença son cours. Plusieurs techniques de base furent montrées pour les nouveaux arrivants, mais pour les autres, il y alla un peu plus fort. Il enchaîna élève après élève pour que tout le monde puisse se battre au moins une fois pendant la période. Après le cours, j’étais pleine de sueur et je devais absolument prendre une douche. Je me rendis au dortoir en compagnie de Nyra et Elize. Une vingtaine de minutes plus tard, nous nous dirigeames à la cantine, car nous aurions droit à un vrai repas. Kaleb nous attendait à la table ou nous avions tous l'habitude de s'asseoir. Quelques minutes après , nous avions chacun une assiette bien remplie. Elle contenait du poulet, du boeuf, des patates et une multitude de légumes colorés. Tout était bon ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas mangé un aussi gros et délicieux repas. J'avais si faim que je me servis une deuxième fois.

— Je savais que tu aurais très faim, me dit Kaleb en riant.

— En effet : j’étais affamée. Est-ce que vous vous êtes tous bien entraîné récemment ?

— Oui, nous n’avons raté aucune séance. Je crois que nous avons une chance de plus que les autres vu que nous faisons partie des plus âgés ici, dit Elize.

— Je suppose que tu as raison, répondit Nyra en fourrant un gros morceau de viande dans sa bouche.

 Une fois le repas de roi avalé, nous arrivâmes au terrain d’entraînement pour attendre la garnison. Nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre. Était-ce une petite ou une grosse troupe ? Nous choisiraient-ils tous ? Le temps s'éternisait, faisant augmenter mon stress au fur et à mesure que les minutes passaient.

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