Chapitre 2

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Livia part en tête sur le pavé trempé de neige fondue. Aucun projectile ne vole sur le campo, elle n’entend que le bruit des pas de ses compagnons. Ils sont presque tirés d’affaire.

Silvio, juste derrière elle, ralentit pour ne pas la dépasser. Dans son dos, Agostino retient ses foulées pour couvrir leur retraite.

Soudain, le pied de Livia se dérobe sur une plaque de neige et part dans une effroyable glissade. Silvio grimace, imagine la douleur de son amie, freine tant bien que mal et arrive à s’arrêter, à deux pas de la petite fille.

— Qu’est-ce que vous faites ? crie Agostino en manquant de les percuter.

Livia gémit et se tient le genou, les vêtements trempés.

Devant, à quelques pas, une vieille dame pose son balai contre un mur et s’avance vers elle.

— Allons, ma grande, ne pleure pas, je vais t’aider, déclare-t-elle en tendant la main.

Alors qu’elle aide Livia à se relever et vérifie que la fillette ne s’est pas blessée, les deux garçons restent en retrait et observent, muets. Silvio l’a déjà croisée et sait qu’elle habite la maison devant laquelle elle se tient, à la façade étroite, à peine plus large que sa porte d’entrée. Il constate que la propriétaire et la bâtisse partagent la même allure : fine et un peu tordue, vieille, mais encore belle et bien entretenue.

Livia attrape le bras secourable et se retrouve debout.

— Merci, madame, grelotte la petite fille entre deux sanglots.

— Plus de peur que de mal, mais tu es toute trempée. Rentre vite chez toi. Quant à toi, Silvio, raccompagne-la.

Silvio s’approche de son amie, lui prend gentiment la main et les pleurs cessent. La vieille dame le regarde et sourit. Pour le garçon, garder la main de Livia au creux de la sienne devient la chose la plus importante au monde.

— Et toi, Agostino Roccelli, protège-les. Évite que ces garnements, là-bas, ne leur fassent des misères. Montre-toi gentil et sage ! Peut-être que cela sauvera ta fin d’année et t’épargnera de recevoir du charbon quand la Befana viendra remplir tes chaussettes.

Mi-encouragé, mi-inquiet, Agostino carre ses épaules, prêt à assumer le rôle de protecteur, et se retourne vers le groupe d’Alceo, maintenant dispersé.

La femme regarde les enfants partir, un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’elle rentre dans sa maison.

***

Agostino observe la vieille dame qui disparaît. De la porte ouverte s’échappe une bonne odeur de soupe de lard aux haricots qui lui rappelle que son estomac crie famine. Revenant à sa mission, il façonne de nouvelles boules de neige et les glisse dans les poches de son anorak.

— Je passe devant, déclare-t-il en partant en avant-garde.

Livia grelotte dans ses vêtements trempés et le regarde prendre de l’avance. Les larmes s’évanouissent de ses yeux lorsqu’elle les plonge dans ceux de Silvio.

Le garçon aimerait pouvoir réchauffer les mains gelées de son amie, mais s’aperçoit que ses propres doigts, prisonniers dans ses gants humides et froids, ne dégagent aucune chaleur. Il lui lance un sourire timide qu’elle lui rend et, sans un mot, les deux enfants entament le chemin de retour.

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