Chapitre 17

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Quand je me réveillais, j’étais étendue sur le ventre sur un sol de cuir. On m’avait déshabillée. Mon dos me faisait souffrir, ma poitrine exprimait douloureusement qu’elle avait été trop souvent écrasée par ma position ces temps-ci et j’éprouvais une sensation de gêne entre les jambes. En dehors de cela, je ne me sentais pas trop mal. Beaucoup mieux que ces derniers jours. Mes bras étaient inconfortablement placés au-dessus de ma tête. J’essayais de les ramener dans une position plus agréable. En vain. On m’avait attaché. Je me tortillais pour tenter de voir mes poignets. Mon ravisseur avait utilisé une sangle passée dans une boucle pour m’entraver. Au moins, je n’en garderai pas de brûlures sur la peau. Mais j’aurai bien plus de mal à me détacher qu’avec une corde. Il avait écarté les mains d’une demi-perche ce qui me permettait de poser la tête sur le sol. Il se montrait bien prévenant pour un pervers.

Devant moi, je vis le cuir de la paroi d’une tente. Voilà qui s’avérait bien intrigant. Nous n’avions pas emporté un tel accessoire dans nos bagages et pour ce que j’en savais Staploss non plus. Comment étais-je arrivée là ? Je tentais de me retourner pour mieux découvrir mon environnement. Je m’aperçus alors que mes chevilles étaient prisonnières des mêmes sangles qui bloquaient mes bras.

Je laissais reposer ma tête sur le sol. Mon geôlier connaissait son affaire. J’étais proprement immobilisée. Je n’avais aucune chance de me détacher seule. Quoi qu’il advînt, je me trouvais à sa merci. Je décidais d’appeler. Après tout, il ne servait à rien de gagner du temps. Je n’avais aucun moyen de m’opposer à ce qu’il avait envisagé de faire de moi. Autant crever l’abcès.

— Il y a quelqu’un, criais-je d’une voix que j’aurai voulue plus forte.

Je n’eus pas à réitérer l’appel. On se déplaçait à l’extérieur. De toute évidence, quelqu’un me surveillait. J’entendis le rabat de l’accès glisser et quelqu’un entrer.

— Vous pouvez me détacher, demandai-je, et me rendre mes habits. Et puis j’ai faim. Et où sont mes compagnons.

— Toi pas bouger. Vêtements sales, détruits. Nourriture venir.

Je reconnus de l’ocarianmen dans ces paroles à la limite du compréhensible. Mais jamais je n’avais entendu quelqu’un le parler si mal. Je me tortillais de nouveau pour tenter d’apercevoir mon geôlier.

— Toi pas bouger, rugit-il.

Immobilisée et totalement exposée, je commençais à avoir peur. Il entra alors dans mon champ de vision. C’était un bawck. J’étais à l’intérieur d’une de leurs tentes et certainement dans un de leur campement. Mais que me voulaient ces sauvages ? Il s’accroupit à côté de moi. Je paniquais.

Je me mis à hurler à m’en briser les cordes vocales, à me tordre les poignets pour essayer de rompre mes liens ou à tenter de trépigner. Je ne me dominais plus, mes instincts les plus primitifs avaient pris le contrôle.

Ce fut une caresse aussi légère qu’une plume et une voix très douce qui me ramena à la raison.

— Calme-toi. Tu es en sécurité.

Je reconnus Lassa. Je m’apaisais.

Sa main remonta le long de mon cou jusqu’à mon visage.

— Il veut juste te donner de l’eau.

Elle se pencha en avant, certainement pour attraper quelque chose. Quand elle reprit sa position, elle tenait un verre en argile cuite. Elle avait raison, j’avais soif. Elle n’avait pas de cuillère, mais il contenait un ingénieux petit tuyau qui permettait d’aspirer le breuvage. Le liquide dans mon corps me fit un bien fou. Je le sentais presque se répandre le long de mes veines et me rendre de la force. J’en bus un deuxième avant d’être désaltérée. Je laissai retomber ma tête sur la couverture, ce qui me donnait la possibilité de voir le visage de la jeune femme.

— Pourquoi suis-je attachée ainsi ? demandai-je.

— Pour que tu ne bouges pas. Ton dos est encore trop fragile.

— Et pourquoi s’est-on arrêté ici ? Les bawcks sont dangereux.

— Parce que tu étais en train de mourir.

Elle détourna les yeux. Mais pas assez vite me cacher les larmes qui coulaient sur ses joues.

— On a failli te perdre. J’ai échoué à te sauver. Ce shaman bawck représentait la seule chance qui nous restait.

Je tentais de lui passer un bras autour des épaules, j’avais oublié mes entraves.

— Viens près de moi, dis-je.

— Je le suis déjà.

— Tu es un peu haut pour moi. Allonge-toi.

— Oh.

Je sentis son corps se coller contre mon flanc et une main se poser délicatement à la base de mon cou. Elle appuya sa tête contre mon bras. Elle me faisait mal, mais je ne le lui signalais pas. Ainsi on ressemblait à deux sœurs qui s’échangeaient des confidences. Cette pensée me donna une poussée de nostalgie. J’éprouvais une furieuse envie de voir les miennes. Nous n’étions pas très proches pourtant. Je n’étais pas très famille.

— Si tu me racontais tout, dis-je.

— Quand tu as failli tombe de ton hofec, j’ai compris que c’était grave. Tes blessures s’étaient rouvertes et tu perdais tout ton sang. Je suis parvenue à arrêter l’hémorragie, mais je savais qu’il ne te restait plus longtemps à vivre. Nous devions trouver une solution, et vite. Nous avons confectionné une civière et nous t’avons transporté vers le sud, aussi rapidement que nous le pouvions. Nous sommes tombés sur ce campement bawck. On voulait le contourner, mais un Ocariansen qui s’y connaît un peu nous a conseillé au contraire d’y aller. En fait, ils ne sont pas aussi agressifs qu’on le pensait. Ils se montrent même plutôt agréables comme compagnons. Ils ne se mêlent jamais des affaires des autres, ce que je trouve sympathique. Leur shaman t’a prise en charge. Et aujourd’hui, tu es vivante.

— Que m’est-il arrivé exactement ?

— Quand les blessures sont aussi graves que les tiennes, des déchets s’accumulent dans le sang et bloquent les reins. Le corps s’empoisonne. Le shaman a utilisé des produits qui débloquent le rein et ton sang s’est nettoyé.

— Et pourquoi m’avez-vous immobilisée comme cela, et pourquoi ai-je si mal au dos si le problème se situait dans les reins ?

— Il n’y avait pas que ça. Il restait des petits morceaux de plomb dans tes blessures. Il a dû les enlever. Et pour ça, il a dû… comment dire… tailler dans le vif pour être sûr de ne rien laisser ?

Bref, je n’avais plus beaucoup de muscle dans le dos. Le peu que j’avais pu reconstituer ces derniers jours était parti et si j’avais bien interprété les hésitations de Lassa, on m’en avait retiré davantage.

— En fait, reprit Lassa, quand on fouette quelqu’un aussi violemment que tu l’as été, tous les organes internes sont endommagés, le cœur, les poumons, les reins. Je l’ignorai. Je n’avais jamais traité une personne suppliciée avant toi. J’ai failli te laisser mourir parce que j’étais incompétente.

Je sentais une seconde crise de larmes arriver. J’essayais d’y couper court.

— Comment pouvais-tu savoir ce que l’on ne t’avait jamais appris ? protestai-je. Je trouve au contraire que tu t’es bien débrouillée. Tu m’as maintenue vivante assez longtemps pour que les bawcks pussent me sauver la vie.

Un petit sourire triste se dessina sur ses lèvres.

— Maintenant que je comprends pourquoi vous m’avez attachée, étiez-vous obligé de m’étirer comme un morceau de cuir qu’on tanne ?

— Il ne fallait pas que ton dos bouge, pour ne pas aggraver tes blessures.

— Et les bawcks ne possèdent pas de coussins ?

— Si, mais ton dos devait rester bien plat.

— En tout cas, mes seins ne vont pas tarder à l’être.

— Oh, je n’y avais pas pensé, s’excusa-t-elle. Ce doit être désagréable.

— Depuis un moment, le terme désagréable n’est plus vraiment adapté.

Elle se leva.

— Ce genre de souci n’est pas aussi critique chez moi, plaisanta-t-elle.

Je tentais de lever la tête pour la regarder, mais je n’arrivais pas à la tenir.

— Quand tu te réveilleras, le problème sera arrangé.

La garce, elle m’avait droguée. Je ne tardais pas à perdre connaissance.

Quand je me repris mes esprits, ma situation avait bien changé. Même si j’étais toujours entravée comme un bestiau que l’on s’apprête à équarrir, je reposais maintenant sur une couche moelleuse. Et un drap me recouvrait les jambes et le bas du dos. Je n’étais pas pudique, mais ce petit détail m’ôta un immense poids sur la poitrine. J’appelai. Ce fut Meton qui entra.

— Comment vas-tu ? me demanda-t-il.

— Bien mieux qu’hier.

Il s’accroupit devant moi. Puis, avec un chiffon, il me débarbouilla le visage. Que c’était agréable, le tissu était doux, légèrement parfumé de senteurs florales. Cela me fit un bien incroyable. Il termina par une caresse sur la joue qui ne dura qu’un trop court instant. J’aurais bien voulu qu’il laissât sa main plus longtemps, mais je n’osais pas lui demander.

Il me quitta brièvement pour revenir avec un verre d’eau équipé d’une paille. Non, ce n’était pas de l’eau. C’était une tisane légère et revigorante. Elle était, je supposais, destinée à aider mes reins à fonctionner.

Le shaman avait donné sept jours pour que je pusse partir avec mes compagnons. Et il avait raison. Trois jours plus tard, je pus me mettre debout. Et cela faisait du bien de retrouver la position verticale. Je n’étais pas capable de me tenir droite seule. Mais ce n’était plus cette sensation d’abandon qui me poussait à chercher refuge entre des bras rassurants. J’avais besoin d’un point d’appuis, rien de plus. Il me faudrait des mois pour que je récupérasse toute ma force et ma souplesse. Mais je savais que je guérirais. Sur les conseils du shaman, pour ma première sortie, je ne marchais que quelques pas à la fois, mais très souvent. En gros, cela consistait à parcourir quelques tours de la tente et à m’étendre. Généralement, c’était Meton qui m’aidait. Mais quand il n’était pas disponible, je ne manquais pas de volontaires. Dès le second jour, je pus quitter mon abri pour réaliser de longues marches à travers le camp. J’attirai pas mal de regards, aussi bien chez les stoltzt – ce qui n’avait rien d’étonnant – que chez les bawcks qui exprimaient une vague curiosité parce que je représentais un élément inconnu.

Vers midi, Meton m’amena jusqu’à la rivière pour que je pusse procéder à ma toilette. Elle était suffisamment large pour s’y baigner. Et les bawcks possédaient toute une gamme de savons, d’onguents, et d’autres produits de soins. Je ne m’en étais jamais douté, mais ce peuple manifestait une grande hygiène corporelle, à la limite de la maniaquerie. Et j’avais cru comprendre que cette escale avait été imposée par celui qui me traitait parce qu’il estimait que je puais. Il exagérait quand même un peu.

L’eau descendait des montagnes. Elle était glaciale, je ne pus pas y rester longtemps. Mais elle me fit du bien. Et je n’étais pas seule. Les enfants bawcks s’amusaient autour de moi. Et très vite, avec moi. Meton repartit, me laissant à leur garde. Et ils s’acquittèrent à la perfection de leur tâche. Leur exubérance contrastait avec le mutisme des adultes. Les voir jouer tout en me surveillant présentait un côté réjouissant qui m’avait tant manqué ces derniers jours. Quand je désirais sortir, ils m’assistèrent. Meton avait déposé à mon intention une couverture de cuir qu’ils étalèrent. Ils m’aidèrent à m’y étendre et à me retourner sur le dos. Le shaman avait dit que je pouvais et il semblait connaître son affaire. Ainsi allongée au soleil, le bruit des enfants qui jouaient près de moi, les voix de mes compagnons dans le lointain, le passage fréquent des bawcks qui venaient vérifier que j’allais bien, il y avait si longtemps que je ne m’étais pas sentie autant en sécurité que je m’endormis.

Les bawcks avaient proposé de nous conduire jusqu’à la frontière de l’empire Ocarian. Ils estimaient à cinq jours la durée du trajet. En leur compagnie, nous ne risquerions rien. Les hofecy géants ne s’attaquaient pas à ce peuple, ils avaient compris que leur chair était indigeste. Mais pour voyager en toute sécurité, notre escorte devrait être assez nombreuse pour nous masquer à la détection de ces prédateurs. Ce résultat fut atteint en s’adjoignant les guerriers des deux clans les plus proches. Nous aurions une dette envers eux. Mais ils avaient une très mauvaise notion du temps. Ils pouvaient réclamer le remboursement dans un an, dix ans, voire dans si longtemps que mes propres petits enfants fussent morts de vieillesse. Si un jour j’avais des petits enfants.

En sécurité au milieu de ces guerriers, nous n’avions plus aucune raison de nous presser. Cela allait laisser toutes les chances à mon dos de guérir. Il était prévu que je parcourusse la moitié du trajet en civière et l’autre à dos de hofec. Et pendant les bivouacs, je ne voulais pas dépendre de mes compagnons pour faire mes besoins ou ma toilette. Et c’est là que je pus voir l’intelligence instinctive des bawcks en action. Je décrivis à l’équivalent de leur maître charpentier l’usage que je comptais faire de l’objet désiré. Dans la journée, il m’amena le résultat de son travail. Il avait conçu une paire de béquilles comme je m’y attendais. Mais si dans la forme elles ne différaient pas trop de celles que nous fabriquions en Helaria, dans le détail, elles présentaient une quantité incroyable de petits détails. L’artisan avait utilisé la souplesse du bois pour amortir le choc de la pointe sur le sol, il avait prévu un système pour l’empêcher de trop s’enfoncer dans un terrain meuble. Et jusqu’à leur forme qui me permettait de les garder près du corps sans que mes hanches les frôlassent à chaque mouvement. La tentative que je réalisais sous la surveillance de Meton s’avéra concluante. Non seulement elles se révélèrent très efficaces, mais en plus elles étaient bien plus confortables que celles que j’avais utilisées par le passé.

Nous pûmes enfin partir. Au début, je ne voulais pas utiliser la civière que j’estimais humiliante. Mais après un peu moins d’un monsihon à dos de hofec, c’est avec un plaisir immense que je me fis transporter par mes compagnons. Cette première journée se passa lentement, alternant entre les deux modes de transport. Et cela fut le cas pendant les quatre jours suivants. Et pendant ce temps, je me renforçais. J’arrivais à me tenir droite seule un moment et à me mettre debout sans aide.

Notre camouflage se révéla efficace. À plusieurs reprises, nous croisâmes des hordes de hofecy sauvages. Ils se désintéressèrent de nous. Nous devions nous rendre à l’évidence, la terre de nos ancêtres appartenait maintenant à ces prédateurs et aux bawcks. Au fond de mon esprit, je sentis Helaria qui regardait d’un air triste cet environnement qui l’avait vu grandir.

Enfin, nous atteignîmes le fleuve qui matérialisait la frontière avec l’Ocar. C’était le bras ouest de l’Unster. Il dévalait les montagnes de la licorne en direction de l’est et finissait par rejoindre le bras nord pour former le fleuve géant qui protégeait l’empire des incursions de ces féroces prédateurs. L’obstacle était immense. Mais en tant que stoltzt, il ne nous faisait pas peur. En fait, c’était les hofecy qui allaient poser problème. Jamais ils ne pourraient traverser. Nous allions devoir nous résoudre à les abandonner. À l’abri dans le camp des bawcks, je savais que je pourrais venir les reprendre un jour. Mais quand ?

Nous échangeâmes nos adieux avec nos anges gardiens. Cela ne prit pas longtemps. Les bawcks n’étaient pas un peuple sentimental. Une poignée de main, la promesse de se revoir un jour et c’était réglé. Puis nous nous préparâmes. En prévision de la traversée, nos affaires étaient déjà rangées dans des sacs étanches. Nous n’eûmes qu’à y rajouter les vêtements que nous portions sur nous. Une fois le rabat scellé sur l’ouverture, nous savions qu’aucune goutte d’eau n’y rentrerait.

Je remarquais que les femmes s’étaient mises à l’écart pour se déshabiller, même les Helariaseny. Et les hommes de mon pays s’étaient interposés entre elles et les étrangers. Il y avait donc eu des problèmes pendant que je me prélassais dans les bras de Morphée. Sans gravité apparemment. Mais suffisamment pour qu’elles se sentissent menacées et qu’ils éprouvent le besoin de les protéger.

Une dernière précaution, Meton m’assura d’une corde passée sous les bras. Ainsi, même si je n’arrivais pas à finir le parcours, il pourrait toujours me tracter.

Enfin, nous fûmes prêts. Nous nous mîmes à l’eau. Quelques mouvements de brasse énergique nous éloignèrent du bord. Quand ils estimèrent que nous étions suffisamment en sécurité, les bawcks firent demi-tour et s’éloignèrent sans même nous saluer.

Cela avait constitué un intermède plaisant. Malgré ma longue carrière de guerrière, je n’avais jamais rencontré de bawcks. Je m’attendais à un peuple de barbares agressifs. Pourtant, jamais de ma vie je ne m’étais sentie aussi en sécurité que dans leurs camps. Et malgré le côté fruste de leur civilisation, ils avaient beaucoup à nous apprendre. Lassa par exemple, avait amélioré ses connaissances de guérisseuse auprès d’eux.

Je pus parcourir la moitié du trajet avant que j’arrivasse au bout de mes forces et que je laisse la corde me tirer, me contentant de me maintenir à la surface. La plupart du temps en tout cas. Grâce à ma nature de stoltz et à mon entraînement, je ne restais jamais assez longtemps immergée pour me sentir en danger.

À l’arrivée, Meton et Ksaten m’aidèrent à prendre pied. J’étais à bout de force. Je les laissais s’occuper de moi presque sans réagir. Mais je n’étais plus, comme avant, une poupée de chiffon brisée incapable de s’assumer. J’en profitais pour détailler la jeune femme. Elle avait changé. J’avais constaté il y a quelque temps qu’elle s’était étoffée. Aujourd’hui, elle avait pratiquement retrouvé la silhouette qui était la sienne avant son enlèvement. Je comprenais pourquoi elle avait été enlevée avec ses compagnes. Dinlirsle, bien qu’elle fût aussi en bien meilleure santé qu’à notre rencontre, n’était plus la plus belle femme du groupe. En fait, j’étais la seule dont l’état avait empiré.

Meton déposa mes affaires auprès de moi. Il en sortit des vêtements qu’il étala sur le sol. Mais j’étais trop épuisée pour les mettre de suite. Je comptais souffler un moment, mais en fait je m’endormis. Les bains de rivière et les berges commençaient à exercer un drôle d’effet sur moi.

Il était tard quand je me réveillais. J’étais seule sur la berge. Mais le campement avait été installé non loin. J’enfilais mon pantalon. Puis je trouvais mes béquilles auprès de moi. Je pus me remettre debout. Je jetais un coup d’œil sur cette terre que nous venions de quitter. La terre de mes ancêtres. Nous caressions depuis toujours l’espoir d’y retourner un jour. Je savais maintenant que c’était chose impossible. Nous n’avions que nos îles, nous allions devoir faire avec.

Je sentis que quelqu’un recouvrait mon corps nu d’une couverture bien épaisse. C’était Meton, toujours prévenant. Il m’avait laissé dormir à l’écart, mais jamais il ne m’avait quitté des yeux. Je me laissais aller contre lui. Il m’enlaça. Cela faisait du bien de sentir ses bras autour de moi. Je me sentais en confiance. Lassa avait beaucoup de chance de l’avoir. Il la protégerait toujours, ne la ferait jamais souffrir, et il saurait la rendre heureuse. J’espérais qu’un jour je rencontrerais un homme tel que lui. Mais même en Helaria, ils étaient rares.

Il comprit sans que j’eusse à lui dire qu’il était temps de rentrer. Il me ramena vers le campement. Au passage, il ramassa ma tunique que je ne me sentais pas le courage de mettre. Ensemble, nous nous joignîmes à nos compagnons.

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