33. Ashton

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Une semaine que j’erre dans les quartiers mal famés de la ville, sans fric, à crever la dalle ou à fouiller dans les poubelles pour me nourrir. Si avant son arrivée au ranch, on m’avait dit que ma liberté ressemblerait à une vie aussi misérable, jamais je ne l’aurais cru. Et pourtant, le fait est là, après avoir perdu deux années de mon existence, je suis devenu un putain de clodo. Liam m'a tout volé jusqu'à l’entrepôt que j’ai aménagé.

Après ma prise de bec avec ce salopard, j’ai ressenti le besoin d’aller voir Greg pour trouver des explications à son absence. Si j’avais su, j’aurais fui à l’autre bout de la ville pour ne pas plonger encore plus. Quand je suis arrivé devant la salle où j’avais l’habitude de m’entraîner, j’ai vite constaté que la porte était fermée. Les nombreux tags sur la devanture m’ont alerté. Jamais Greg ne l’aurait laissée dans cet état, il ne l’aurait pas supporté. Je n’ai compris ce qui clochait que lorsqu’un gars de ma connaissance m’a appris la terrible nouvelle. Mon père de substitution est décédé pendant ma détention. Rien que d’y songer, des larmes me brouillent la vue. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter une telle vie de merde ? Allongé sur mon lit de fortune, un simple banc au milieu d’un square, je frotte mon visage à l’aide de ma main pour tenter d’endiguer le chagrin qui souhaite m'ensevelir. Si mon entraîneur me voyait aussi mal, il me botterait le cul en me disant d’aller me défouler sur le ring. Mes emmerdes finiraient par me sortir de la tête et je me sentirais mieux sans aucun doute. 

Putain, faut que je me bouge, avant qu’il ne se retourne dans sa tombe, furax de me voir m’apitoyer sur mon sort !

Je me redresse d’un bond, puis attrape mon sac à dos et me barre d’ici. J’ignore où je vais, mais je m’en fous. Tôt ou tard dans la journée, je finirai bien par trouver une solution. En passant devant une fontaine, j’asperge ma gueule d’eau, histoire d’être un peu mieux réveillé. Un café ne serait pas de refus, mais même pour ça, je n’ai pas les moyens. Hors de question, toutefois, de m’abaisser à faire la manche. Plutôt crever la bouche ouverte, je tiens encore à mon ego. 

Ouais, mais va bien falloir que tu trouves un moyen de vivre, ducon; sinon autant te foutre en l’air.

Me foutre en l’air ? Pourquoi pas. Après tout, qui va se soucier de moi ? La réponse est simple… Personne. Je pourrais me jeter dans le réservoir de Hollywood ou bien sauter d’une falaise. Si je ne me rate pas, la Mort devrait me tendre les bras et m’emporter avec elle. 

Putain, ça serait si simple... Sauf que je salirais la mémoire de Greg et ça, je le refuse. Il m’a toujours enseigné à serrer les dents et à me relever quoi qu’il advienne, même devant un combat perdu d’avance. Ma vie est peut-être merdique, mais je ne suis pas un looser. Il suffit juste que je redresse les épaules et que je continue à avancer. Le plan est simple, je dois trouver du fric. Faut absolument que je puisse me nourrir pour garder mes idées claires.[ Deux* options : ou je deale ou je me remets aux combats. Les deux* sont aussi risquées. Dans les deux*(rep) cas, si je me fais choper, je retourne à la case prison. En même temps, ça pourrait être un mal pour un bien. 

Je passe le restant de la journée à hésiter entre les solutions qui se présentent à moideux] (fluidité du passage entre [ ] à revoir je trouve). Je n’ai jamais touché à la drogue, mais je sais qu’on peut se faire de l’oseille facilement. La boxe, c’est mon domaine, sauf que je ne me suis pas entraîné depuis deux ans. Putain, je fais quoi ?

Quand je débarque pas loin du campus, je réalise que j’ai pris ma décision sans même m’en apercevoir. Jamie, un de mes anciens potes, vit à proximité. C’était parfois ici que je crechais vivais également la en semaine et même souvent le week-end(peut-être plus clair?). À l’époque, lui aussi participait aux combats illégaux, tout comme Warren et Kurt. Est-ce que c’est encore le cas ? Aucune idée, on verra bien. Du moins, s’il n’a pas déménagé depuis. 

J’entre dans l’immeuble et pars à la recherche de son nom sur la boîte aux lettres. En voyant que rien n'a changé, je pousse un soupir de soulagement, avant de me diriger vers les escaliers. Arrivé devant chez lui, je toque et attend patiemment qu’il vienne m’ouvrir. Les basses de la sono que j’entends d’ici ne me laisse aucun doute sur sa présence. 

Au bout d’une longue minute, sans qu’il ne se bouge le cul, je décide de frapper plus fort pour me faire entendre. Le battant s’ouvre enfin, non pas sur lui, mais sur Warren qui me détaille de la tête aux pieds comme s’il voyait un revenant.

— Davis ? s'étonne-t-il.

— Ouais. Jamie est là ?

Il hoche la tête et m’offre un passage afin que j’accède à l’intérieur. 

— Mais il est pas mal occupé, précise-t-il, sauf que je ne l’écoute plus.

Mes yeux sont fixés sur la rouquine qui hante mes pensées jour et nuit depuis quatre mois. Elle est là, assise sur le canapé, belle à en crever. Mon cœur pourrait bondir dans tous les sens – je l’ai enfin retrouvée – si le bras de Kurt n’était pas posé sur ses épaules. Tous deux sont bien trop occupés pour prêter attention à moi. Chaque sourire qu’elle lui offre me fout un coup de poignard dans la poitrine. Même si elle ne m’a pas largué pour mon frangin, elle n’est plus à moi et cette vérité douloureuse me fracasse. 

— Eh, mec, regarde qui est là ! lance Warren.

Ce couple qui me débecte cesse aussitôt de se bouffer des yeux pour venir les poser sur moi. Kurt se lève et vient me donner une accolade virile. Je suis incapable de la lui rendre tant mon attention est absorbée par celle qui me rend fou. Elle a perdu son sourire à l’instant même où elle s’est rendu compte de ma présence. Tout en elle m’indique qu’elle ne désirait pas me revoir. Putain d’uppercut !

— Elle est bonne, n’est-ce pas ? me souffle mon ancien pote.

Savannah n’est pas bonne, elle est bien plus que ça. Elle est belle à faire damner un sSaint, drôle, rebelle, intelligente, altruiste et j’en passe. Mais chose essentielle, elle est surtout censée être mienne. Ce lien, qui nous a uni l’été dernier, ne peut pas s’être envolé en l’espace de si peu de temps.  Pour ma part, je le ressens encore. Ces picotements sur ma peau en témoignent. 

Mal à l’aise de m’être fait surprendre en plein échange de regards intenses, je déglutis et glisse une main sur ma nuque. 

— C’est ta nouvelle meuf ? demandé-je en me tournant vers lui. 

Il joue des sourcils un instant, ce qui a le don de me mettre à cran. J’ai besoin de savoir si je vais devoir le dégommer pour reprendre ma place.

— En quoi ça te regarde si c’est mon mec ? intervient Savannah d’un ton cassant. 

Je pivote vers elle et accroche mes prunelles aux siennes. 

— Peut-être tout simplement pour savoir si je peux te baiser sans que ça lui pose de problème.

Un lourd silence tombe dans sur la pièce, malaisant. Savannah secoue la tête, choquée tandis que nous nous jaugeons. Qu’est-ce que t’attend ma belle pour me répondre ? Tu m’as habitué à mieux que ce silence.

— Ce n’est pas sa meuf, mais il y travaille, me renseigne Warren. Je te présente Savannah. Sav, voici Ashton. 

Je suis soulagé de savoir qu’elle ne m’a pas remplacé. C’est peut-être égoïste de ma part, mais je n’aurais pas supporté de la voir avec un autre. C’est elle et moi, point barre. 

— Je suis désolée, Kurt, mais je dois y aller. J’ai complètement zappé un devoir à finir. 

Je me tourne vers elle au moment où elle pose un doux baiser sur la joue de mon rival. Mes tripes se tordent de jalousie. C’est sur moi que ses lèvres devraient se poser, pas sur lui, putain ! 

— Pourquoi j’ai plutôt l’impression que tu cherches une excuse pour me fuir ? l’interrogé-je.

Tous se tournent vers moi, ahuris. 

— Peut-être, parce que c’est vrai, Davis

Elle vomit mon nom comme si j’étais devenu la pire des pourritures à ses yeux. 

— Si je capte bien, vous vous connaissez tous les deux ? Putain, j’me sens con d’un coup de vous avoir présentés, intervient Warren.

— C’est mon ex. Et dire que je m’en suis mordu les doigts pendant des mois* en croyant que j’avais tout foutu en l’air ! Foutaises ! tonné-je. Tu t’es bien foutu de ma gueule, Cortes ?

Je suis vénère en ayant cette impression de ([l’avoir chialer]??) pour rien. Tandis que je crevais sans elle, elle ne se gênait pas pour refaire sa vie. 

Son visage d’ange passe au rouge de colère sans vraiment que je n’en comprenne la raison. Est-elle en train de jouer la comédie ? 

D’un pas rapide, elle s’approche de moi et s’arrête à ma hauteur. 

— T’avais raison durant ces mois*(rep et pas nécessaire),necssaire), t’as tout foutu en l’air, Davis ! me lance-t-elle, amère,  avant de sme me contourner pour prendre la direction de la sortie.

Je ne la quitte pas un seul instant du regard jusqu'à ce qu’elle disparaisse derrière la porte. Si j’avais su que venir ici allait la ramener sur mon chemin, j’aurais peut-être fait en sorte de m’y préparer. Là, je me sens complètement con et je ne sais pas quoi faire. Je crève d’envie de lui courir après et d’avoir une putain de discussion avec elle, mais, en même temps, je suis furax qu’elle ait pu se foutre à ce point de ma gueule. Je recule jusqu’à buter contre le canapé sur lequel je me laisse tomber. Totalement abattu, je pose mes coudes sur mes jambes, les mains entre mes genoux, et baisse la tête. Je l’ai enfin retrouvée, mais à quel prix ? 

— Je rêve ou t’as des sentiments pour cette fille ? s’enquiert le métis.

— Tu déconnes ! Davis qui aurait des sentiments pour une meuf ? Non, mais, on aurait tout vu, se marre Kurt.

Je relève légèrement  le crâne juste pour pouvoir le fixer.

— Si j’ai un conseil à te donner, cesse de lui tourner autour. Elle, je ne la partage pas, pigé ?

— T’as juste oublié une donnée dans ton équation, c’est ton ex. Elle est donc libre de sortir avec qui elle veut.

À la fois furax et blessé par ces propos, je bondis sur mes pieds et fonce sur lui. Je l’attrape par l’encolure de son t-shirt et le force à reculer jusqu’au mur. 

— Ex ou pas, tu ne la touches pas ! grondé-je, menaçant. 

— WoW ! Qu’est-ce qui se passe ici ? C’est qui lui ? entends-je dans mon dos.

En reconnaissant Jamie, je relâche aussitôt Kurt, puis me tourne vers lui. Revoir mon pote me fait sacrément plaisir, même si j’aurais été encore plus heureux si ça s'était déroulé dans d’autres circonstances. Une blonde l’accompagne. Vu comme elle est canon, je n’ai aucun mal à saisir pourquoi il a flashé dessus.

— Ash, sérieux, c’est bien toi ? s’enthousiasme-t-il.

Je hoche juste la tête.

— Putain, ça fait un bail ! Je suis super heureux de te revoir. Mais qu’est-ce que tu fous là ?(ils ne savent pas qu’il etait en taule ?)

— J’ai besoin de blé. Tu crois que tu peux me remettre dans la course ?

Il me dévisage, dubitatif. 

— Depuis quand tu n’as pas participé à un combat ? Non, parce que je ne suis pas certain que ce soit l’idée du siècle. 

— Je t’ai dit, j’ai besoin de fric. J’ai pas le choix mec !

Lui comme moi savons ce qui peut m’attendre si mon niveau a baissé. Pour ma part, je m’en fous, j’ai déjà tout perdu, alors mourir ne me fait pas peur, mais lui ne semble pas partagé mon avis. Il déglutit, glisse sa main dans ses cheveux, puis finit par accéder à ma demande dans un signe de tête.

— Mais, demain, tu viens avec nous à la salle. On entraîne les nouveaux. Ça te remettra doucement dans le bain. En attendant, tu peux toujours crécher ici si besoin.

— Sérieux, tu veux vraiment qu’il nous donne un coup de main à la salle ? lui demande Kurt.

Tout dans son ton m’indique qu’il n’a aucune envie que j’y sois.

— Ben, ouais, pourquoi ?

— À cause de Savannah, lui répond Warren.

— C’est quoi le rapport ? l’interroge la blonde.

D’un signe du pouce par-dessus son épaule, Warren me désigne.

— C’est son ex.

La nana passe par toutes les couleurs, avant de s’arrêter sur un rouge cramoisi. Ça va encore être ma fête. Mais putain, qu’est-ce que je suis venu foutre ici ?

— Franchement, comment t’as pu lui faire ça ? T’es qu’un gros connard ! Ne t’approche pas de ma meilleure amie, elle mérite beaucoup mieux que toi !

— Ouais, je suis un connard, répliqué-je sur le même ton énervé, mais je lui ai écrit un mot dans lequel je me suis excusé. J’ai cru qu’elle comprendrait, mais elle n’est jamais venue, putain !

La blonde blêmit à vue d’œil, si bien que je crains qu’elle fasse un malaise. Elle se laisse tomber sur le canapé, avant de porter un regard désolé sur moi.

— Sa mère me l’a donné et j’ai oublié de lui transmettre aussitôt. Quand je m’en suis souvenu, trop de temps était passé. Elle ne l’a jamais lu.

La déception, la colère, tout se mêle en moi. J’ignore comment réagir. Comment pourra-t-elle me croire à présent ? Son amie a raison, trop de temps s’est écoulé pour qu’elle puisse me pardonner. 

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