9 Savannah

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Depuis la soirée, une semaine s’est écoulée. Nills a compris ma phobie des chevaux, il m’a donc proposé d’autres tâches. Le matin, je m’occupe de l’intendance, des prises de rendez-vous chez le vétérinaire ou de la préparation de la fête que le ranch va organiser dans quinze jours. L’après-midi, je m’enferme dans la sellerie et je me charge de nettoyer les filets, les selles et tout le matos. Ainsi, je me tiens loin des chevaux, mais surtout de ce beau brun qui a réussi en un tour de passe-passe à mettre le feu à ma culotte. Si j’avais été une toute autre fille, il y a de fortes chances que mon sous-vêtement se soit retrouvé en bas de mes chevilles, ma robe relevée sur mes fesses. Mais, je suis moi et je sais ce que ça fait d’être trompée. Et même si Harper était ma pire ennemie, jamais je ne lui ferai un coup pareil en couchant avec son mec. Je me demande encore comment Lea a pu me faire ça. Avait-elle si peu de considération pour moi ? 

Me sentant glisser sur une mauvaise pente, je décide de me lever. De toute façon, le soleil semble être déjà de sortie depuis belle lurette, ça m’étonnerait qu’Ashton soit encore là. Le lendemain de la soirée, il m’a fait comprendre que ce serait la dernière fois qu’il m’emmènerait, de me démerder avec ma cousine pour me rendre jusqu’au ranch, qu’il partirait plus tôt. Je crois qu’il a très mal pris mon coup de genou dans ses bijoux de famille. 

Encore en petite culotte, je m’extirpe de mon lit, pars tirer les rideaux et ouvrir la fenêtre. Je me revigore de l’air chaud qui entre instantanément. Ma peau laiteuse déteste peut-être le soleil, mais moi j’adore les journées estivales. Je reste un moment les yeux fermés à inspirer à pleins poumons les odeurs de la nature. Je dois bien avouer que c’est bien plus agréable que les odeurs de pots d’échappements que je peux sentir en ouvrant ma fenêtre à L.A..

Je file vérifier l’heure sur mon portable. Sept heures. Stacey devrait se pointer dans une heure, ce qui me laisse largement le temps de me préparer avant qu’elle ne débarque. Vu la chaleur étouffante qu’il fait déjà, je décide de descendre dans la même tenue. Une délicieuse odeur de café réveille mon appétit. Pour qu’il sente encore autant, ça ne doit pas faire longtemps qu’Ashton s’est barré. À moins que pour une fois, il ait décidé de se montrer sympa. Ça changerait de son attitude de connard de la première journée. Qui sait, peut-être que ma cousine ou Nills lui a demandé d’être plus cool avec moi ? Je ne pense pas que ce soit Harper, même si elle est venue me serrer dans ses bras quand je suis revenue au ranch, je n’ai pas trop l’impression qu’elle me porte dans son cœur. Elle me regarde souvent de travers comme si j’étais l’ennemie à abattre. Si c’est à cause de son mec, elle n’a pourtant pas de souci à se faire. Entre lui et moi, il n’y aura jamais rien. Il est avec elle, point barre. Puis, je n’ai aucune envie de retomber amoureuse, ça fait bien trop mal. De toute façon, ce que je vis avec Liam me comble suffisamment. D’ailleurs, je ferais bien de lui passer un nouveau coup de fil pour qu’il passe me voir.

Face à cette idée, un sourire illumine mes traits et je finis de descendre les escaliers d’un bon pas, sous les grognements de mon ventre de plus en plus sonore. Je me rends jusqu’à la cafetière sans vraiment prêter attention à mon environnement. En même temps, qui me connaît sait que tant que je n’ai pas pris mon petit-déjeuner, je suis toujours un peu à l’ouest.

— Tu cherches à me provoquer, Savannah ? 

Surprise par la tonalité rauque de la voie d’Ashton, je me retourne d’un mouvement vif et laisse ma tasse s’échapper sur le sol. Oh, mon Dieu ! Qu’est qu’il fout ici ? Assis sur le tabouret, en simple boxer, il me regarde avec gourmandise. Pudique, je croise les bras sur ma poitrine pour tenter de me camoufler à sa vue, mais il continue à me fixer comme s’il n’avait jamais vu un corps féminin avant le mien. Puis son regard change du tout au tout, comme si à présent, je le dégoûtais. 

— Pourquoi j’ai l’impression d’être devenue d’un coup un morceau de viande avarié ? 

Il arque un sourcil avant d’éclater de rire.

— Plus qu’une viande avariée, je dirais que t’es le meilleur morceau sur l'étal du boucher, mais que malheureusement pour moi, on s’est déjà bien servi. Désolée, rouquine, mais je ne me contente jamais des restes.

Comment peut-il me sortir ça, cet enfoiré ? Il me prend pour qui ? Pour une pute ? 

La tête haute, je le jauge, avant de répliquer mordante : 

— Je vois tout à fait ce que tu veux dire. T’as une préférence pour les territoires vierge, un peu comme Harper, je me trompe ?

Un sourire espiègle sur ses lèvres, il prend le temps de dérouler son grand corps et de faire craquer sa nuque. Et moi, comme une idiote, je me sens fondre comme un vulgaire glaçon par quarante degrés devant cet adonis. Faut vraiment que je passe ce coup de fil à Liam, mes hormones bouent un peu trop là. Une fois que j’aurais passé une nuit avec lui, je suis certaine que ce gars qui lui ressemble beaucoup ne me fera plus aucun effet.

En attendant, je dois très vite me reprendre, avant qu’il ne remarque le trouble qu’il engendre en moi. Si c’est le cas, je suis foutue. Puisque je suis là, autant faire comme si lui ne l’était pas ou carrément de zapper que je suis à moitié nue devant lui. Oui, voilà, c’est ce que je dois faire. Je dois réagir comme si j’étais habillée et que sa présence ne m’importait peu. Et puisque j’ai cassé la tasse, commençons par aller chercher le balai et la pelle pour ramasser les dégâts. 

Malheureusement pour moi, j’ai à peine le temps d'effectuer un geste, qu’il se matérialise devant moi. Je recule d’un pas, il avance d’un. J’en fais un sur la gauche, il fait de même sur la droite. Je recule encore, mais le plan de travail finit par me bloquer dans ma retraite. Son corps d’Apollon se colle au mien. Peau contre peau, je ne peux empêcher la chair de poule de me saisir. Son érection se presse contre mon ventre tandis qu’il se penche au-dessus de moi. Il laisse sa langue remonter le long de ma jugulaire. Et moi comme une pauvre idiote, je penche mon cou pour qu’il y ait plus facilement accès.

Mais, merde, Sav ! Reprends-toi, bordel !

Mais bon Dieu, ce mec est une tuerie à lui tout seul. 

Non, mais je ne suis pas sérieuse là !

Pire, je suis en train de jalouser Harper qui peut profiter de lui comme bon lui semble.

— Tu n’as aucune idée de ce que je veux, princesse, souffle-t-il tout contre mon oreille.

Son chuchotement a le don de m’extraire de toutes les pensées qui me traversent l’esprit et de me reprendre. Si je ne me sors pas de cette situation, je pourrais bien commettre l’irréparable et je refuse de faire un coup pareille à Harper. Je suis là pour racheter mes conneries, pas pour en commettre des nouvelles. 

— Vu ce que je sens, je crois que j’en ai ma petite idée. Maintenant, dégage si tu ne veux pas que je t’enfonce mon genou au même endroit que la dernière fois.

Il m’observe un instant pour savoir si je suis vraiment sérieuse ou non. Quand il lit dans mon regard, que je ne déconne pas, il recule sans pour autant me lâcher du regard.

— Je suis certain que tu souhaites la même chose que moi.

Mes bras à nouveau croisés sur la poitrine, je lui montre d’un signe de tête que ce n’est absolument pas le cas. Ce mec est vraiment barré, ma parole ! Comment peut-il croire un seul instant que j’ai envie de baiser avec lui ? 

Peut-être parce que tu l’as laissé te lécher le cou sans le repousser ?

— Au lieu de délirer, tu ferais mieux de t’envoyer en l’air avec Harper !

Je m’attends à ce qu’il me lance une réplique bien cinglante, au lieu de ça, il éclate de rire. Qu’est-ce qu’il a se marrer ? C’est quoi son foutu problème ? Je le suis du regard alors qu’il se dirige vers les escaliers, totalement éberluée. 

Avant même de gravir la première marche, il s’arrête et se retourne vers moi.

— Question, me lance-t-il.

— Quoi, encore ? soufflé-je, agacée.

 Nouveau sourire railleur que je lui ferais bien ravaler. Grrrr.

— Qui te dit que j’me suis pas tapé Harper ? 

— Si c’était le cas, tu ne me chercherais pas autant ! Dis-moi Ash, depuis quand tu ne t’es pas envoyé une fille ? 

Pris de court, je le vois perdre la face une fraction de seconde. 

— Tu veux savoir pourquoi j’te cherche autant ?

Curieuse, j’acquiesce d’un signe de tête. 

— Promets-moi d’abord de ne rien dire à Harper ?

Bordel, il va me le dire, oui ou non ? Encore une fois, je hoche la tête.

Au sourire licencieux qui ourle ses lèvres, je sais déjà que sa réponse va très fortement me déplaire. 

— Tu vois, je suis le genre de gars qui adore la viande. En vérité, je m’en fous royal si on y a déjà touché, donc méfie-toi.

Pas très certaine d’avoir tout compris, une ride s’imprime sur mon front. Devant ma confusion, il éclate de rire. 

— T’as pas trop l’air de capter que je suis le genre de gars à baiser toutes celles qui trainent dans mes pattes et vu comme tu t’accroches, j’ai bien envie d’essayer.

Moi, m’accrocher à lui ? Sérieusement ? Non, mais c’est lui qui me cherche, putain !

Puis, est-ce que ça veut bien dire ce que ça veut dire ? Qu’il trompe sa copine sans états d’âme ? Ses mots ravivent aussi sec la douleur de ma rupture. Furieuse après lui et tous les mecs de la Terre qui ne pensent qu’à leur putain de tronche, ou alors à leur queue, au choix, je chope ma tong et la balance dans sa direction. Agile, il l’évite, avant de gravir les marches, mort de rire tandis que je peste en ramassant les morceaux de tasse qui jonchent le sol. Plus jamais, ce mec ne doit s’approcher de moi ! Hors de question de me cramer les ailes avec un type qui pense plus avec sa bite que son cœur. 

Bouillonnante, je remonte dans ma chambre en grognant, passe par-dessus ma tête le premier t-shirt long qui me tombe sous la main, avant de redescendre jeter les débris de la tasse à la poubelle. Dès que tout est en ordre, je pars me resservir un café. 

Le ventre collé au plan de travail, la tasse entre les mains, je regarde par la fenêtre en essayant de faire le vide en moi. Si Stacey me découvre toujours aussi nerveuse quand elle va débarquer, elle risque de me poser un milliard de questions auxquelles il me sera difficile de répondre. Comment lui expliquer que c’est ce grand brun aux yeux de cendre qui me met dans tous mes états ? 

Sous le léger souffle du vent, les branches ondulent sous mes yeux. Leur spectacle me permet de me reprendre peu à peu jusqu’au moment où un corps taillé dans du granit se colle au mien. Surprise, je me raidis alors qu’il frotte son érection contre mes fesses. Mon Dieu, j’hésite entre le renvoyer bouler correctement ou fondre comme neige au soleil. Avant même que je ne me décide, il dégage ma nuque qu’il parsème de baisers totalement affriolants en partant de la base et remontant vers mon oreille. Et moi, comme une pauvre cruche, je me retrouve électrisée, recouverte de chair de poule,

— Ça fait dix-huit mois que je n’ai pas baisé, alors cesse de m’allumer en te baladant à poil devant moi, parce que je risque de ne plus pouvoir me retenir, me murmure-t-il, avant de me laisser en plan comme si je n’étais qu’un jeu pour lui.

Je l’entends se marrer alors qu’il se dirige vers la porte d’entrée. À cet instant, le claquement d’une portière se fait entendre. Putain, si Stacey était arrivée deux minutes plus tôt, elle aurait pu le surprendre en train de me faire des avances et moi complètement immobile devant lui. 

— Tout va bien ? me questionne ma cousine au moment où elle me rejoint dans l’espace qui sert de cuisine. Je viens de croiser Ash, il avait l’air de bonne humeur ce matin.

Tu m’étonnes qu’il peut l’être ! 

— Ce mec est un con, alors si tu veux me faire plaisir, ne me parle pas de lui !

Sentant mes joues prendre feu, je camoufle mon trouble derrière ma tasse en avalant une gorgée. 

Stacey tire une drôle de grimace. J’aimerai tellement savoir ce qui lui traverse le crâne là, tout de suite, d’autant plus qu’elle me regarde de plus en plus bizarrement.

— Qu’est-ce qu’il y a entre vous ?

Je peine à avaler ma gorgée de café tant cette question me surprend.

— Que veux-tu qu’il y ait entre nous ? Depuis que j’ai débarqué ici, ce type ne peut pas me blairer ! Et s’il se marrait, c’est parce qu’il me l’a bien fait capter !

Alors que je finis de parler, je ressens d’un coup son érection collée contre mes fesses et un feu ardent brûle mon bas-ventre. Bordel, je suis dans la merde si j’éprouve du désir pour ce mec. Lui et moi, c’est impossible, même pour une nuit. Il a déjà Harper. 

— Sérieusement ?

Je pose la tasse sur le plan de travail et je me retourne vers elle, avant de hocher la tête, bras croisés sur la poitrine.

— Désolée de te dire, mais ce mec est un véritable connard, ajouté-je.

Ses yeux s'écarquillent, tant elle semble ahurie par ce que je viens de dire. 

— Tu déconnes, Sav, là, non ? Bon, d’accord, j’admets qu’au début, il envoyait chier tous ceux qui tentaient de l’approcher, mais depuis qu’il est avec Harper, c’est un amour. 

Hallucinée, ma mâchoire en tombe.

— T’es sûre qu’on parle du même gars ? 

— Oui, je te parle du mec super canon qui partage ce chalet avec toi. 

— Super canon ? Dis-moi, Stacey, tu ne serais pas un peu amoureuse de lui ? 

— T’es folle, ma parole ! C’est le copain de ma meilleure amie. 

Comme si ça empêchait les choses, n’est-ce pas Lea ?

Plutôt que de lui montrer ma peine, je finis d’avaler mon café.

— Tout le monde n’est pas...

— Je vais me changer, la coupé-je, avant de m’enfuir telle une voleuse vers l’étage.

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