Les égouts

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Nous fîmes demi-tour jusqu’à l’intersection un peu plus haut, puis nous nous engageâmes dans la voie menant au centre de l’île. La voûte était plus basse, si bien qu’il nous fallait parfois nous pencher pour avancer.

Bientôt, une puanteur nous agressa les narines. Le couloir se terminait sur une porte en bois que Dalin força sans difficulté. Elle débouchait sur une galerie en pierre au sol creusé par une rigole marronâtre remplie d’immondice et d’excréments. J’eus un haut-le-cœur et me couverai la bouche du revers de la main. Le magicien, non moins écœuré, cachait son nez sous sa manche.

— Hâtons-nous, pressa-t-il.

Puis nous nous élançâmes dans ce boyau méconnu de l’île. Je repensais alors aux rues de la cité de marchands et de magiciens que j’avais connue, celle des innombrables tours qui avaient forgé sa renommée. Elles étaient paisibles et il faisait bon d’y vivre. Je n’avais pas peur de m’y salir ou de me faire aborder, bien que ses habitants étaient méfiants des elfes. Tout le contraire du reste d’Albar, et notamment de la ville basse au sud-est de la baie.

Par chance ou par choix avisé du magicien, nous n’empruntâmes aucune voie surchargée de fange et de déjections humaines. Les traces sur les murs témoignaient pourtant de niveaux qui atteignaient notre taille, et parfois plus encore. Mais les voies s’assainirent bientôt, jusqu’à n’être que de minces filets d’eau bruns dans le fossé.

— Nous arrivons dans le réseau de la Citadelle, m’informa le magicien.

Les voies que nous empruntions étaient à présents plus large, sans pour autant déborder d’immondices. Je songeai que Dalin avait dû soigneusement éviter l’artère principale du réseau d’égouts de l’île, et je l’en remerciais secrètement.

Au bout d’un énième embranchement à travers les galeries de ce labyrinthe, nous arrivâmes face à une nouvelle porte fermée. Le magicien l’ouvrit cette fois-ci à l’aide d’une clée. La porte grinça sinistrement dans le silence de mort qui régnait. Le couloir qui s’étendait devant nous était faiblement éclairé de torches fixées aux murs, réparties à intervalles réguliers sur toute sa longueur.

Des crânes et ossements recouvraient les murs et les renfoncements qui s’y trouvaient. Je compris alors que nous nous trouvions dans les catacombes de la citadelle. Seulement, je découvris un peu plus loin que ces dernières n’avaient pas pour unique fonction d’entreposer les restes des défunts. Nous passâmes bientôt devant des salles plongées dans les ténèbres, séparées du couloir par d’immenses barreaux de fer. De ces espaces me parvenaient des reniflements, des quintes de toux et des supplications de voix éraillées. Alors que je m’étais arrêtée pour scruter l’obscurité, une ombre s’avança vers moi, et des yeux jaunes me fixèrent. Les mains qui agrippaient les barreaux étaient recouvertes de feuilles et de terre.

— Recule ! l’invectiva Dalin en laissant échapper une flamme de sa paume.

La créature se retrancha dans les ténèbres avant que je ne puisse apercevoir son visage. Un frisson me traversa l’échine. Revenu à ma hauteur, le magicien posa une main sur mon épaule et me guida vers la sortie.

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