46. Encore sur la réserve

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Alken

Cette semaine est la dernière avant les vacances de Noël, c’est aussi celle du spectacle de fin d’année qui mobilise toute l’école. L’enjeu est important pour tout le monde. Pour les élèves, d’abord, qui vont pouvoir pour certains se produire de manière quasi professionnelle pour la première fois et éventuellement se faire remarquer par les producteurs et chorégraphes qui viennent à ce genre d’événements trouver de nouveaux talents. C’est aussi un moment important pour les professeurs que nous sommes car nous avons préparé ce spectacle en nous mobilisant et en essayant de tirer le meilleur de nos jeunes danseurs. Enfin, c’est un des moments clés pour l’ESD qui amène des journalistes, des magazines, des mécènes. Elise nous met une pression monstre pour que tout se passe bien et cela se ressent sur le niveau de stress général.

Nous sommes dans la réserve, à côté du théâtre où l’on va se produire en fin de semaine. Il nous faut trouver les costumes que nous allons mettre pour le spectacle et notamment pour le trio que j’interprète avec Kenzo et Joy. La pièce est immense mais tellement remplie de panoplies qu’on ressent quand même une impression d’étroitesse.

— Kenzo, viens voir ici, je crois que j’ai trouvé ce qu’il te fallait. Avec ça, tu auras l’air d’un militaire, m’exclamé-je en découvrant un justaucorps et un veston couleur kaki.

— Non, mais tu rigoles, Papa, ou quoi ? Tu me vois là dedans ? Je vais flotter en plus, c’est au moins trois tailles au-dessus de la mienne !

Je souris car il a raison mais ça m’aurait fait rire de le voir ainsi affublé. Je continue mes fouilles et tourne dans une allée où je tombe sur Joy qui est en train de chercher une robe plutôt courte mais colorée. Je vérifie qu’il n’y a personne qui peut nous voir et me colle derrière elle pour lui déposer un petit bisou dans le cou avant de m’éloigner pour que personne ne puisse nous surprendre.

— Tu trouves ce dont tu as envie, Joy ? demandé-je en regardant un costume fait d’un bas couleur crème et d’un haut avec beaucoup de pompons disposés sur toute sa surface.

— Pas vraiment. Je cherche quelque chose de simple, et tout est… Trop ? rit-elle. Et toi, tu as trouvé ?

— Moi, j’hésite entre la tenue de Donald Duck et celle de Dracula, lui montré-je en riant. Non mais franchement, ils ont fait quoi par le passé, nos prédécesseurs ? C’est horrible, ces chiffons !

— On devrait peut-être demander du budget pour de nouveaux costumes ? Ou… Danser nus ?

— Qui a dit “danser nus” ? nous interpelle Kenzo en riant dans une autre rangée. Je pense que moi, j’ai trouvé le mien. Et en plus, il me va ! Je crois que ça va vous plaire.

Il fait le tour et nous retrouve dans notre allée, vêtu d’un splendide costume d’un blanc immaculé avec quelques paillettes dorées. Il y a une veste blanche elle aussi et une ceinture rouge qui dessine ses hanches.

— Wow mon fils ! Tu es magnifique comme ça ! Je crois que c’est en effet le costume pour toi ! Tu en penses quoi, Joy ?

— Oui, tu es superbe Kenzo, lui dit-elle en approchant pour ouvrir le col de chemise de mon fils et lui ébouriffer les cheveux. Elles vont toutes mouiller leur petite culotte, je te le dis.

— Arrête tes bêtises, Joy, répond mon fils qui ne peut cependant cacher son plaisir au compliment de la jolie brune.

— En tous cas, ça me donne une idée sur ce que nous devons trouver de notre côté. Je te vois bien avec une robe rouge, Joy, pour aller avec la chemise de mon fils. Quant à moi, il me faut un truc noir et un petit foulard rouge qui ferait un bon effet. On arriverait à un bel équilibre comme ça, non ?

— Oui, Prof. Ne nous reste plus qu'à trouver ça dans tout ce…. Bordel organisé par un daltonien, soupire Joy en tournant les talons pour aller voir plus loin.

— Où tu vas, Kenzo ? Ne me dis pas que tu nous laisses en plan comme ça ? C’est un trio que l’on fait, je te rappelle, lui lancé-je alors qu’il a l’air de se diriger vers la sortie.

— Vous êtes pires que des Divas, tous les deux. Je ne compte pas passer ma matinée ici, moi ! On se voit tout à l'heure. Ou la semaine prochaine, à ce rythme-là, rit mon fils en poursuivant sa route comme si de rien n'était.

— Fais comme tu veux et ne viens pas te plaindre si nos costumes ne collent pas avec le tien alors. On se retrouve à midi pour déjeuner ?

— Ça dépend. Je déjeune avec qui ? Le prof ? Le père ? Ou le partenaire de danse ?

— Le partenaire de danse on va dire, souris-je. Joy, tu viens aussi manger avec nous, non ? crié-je pour qu’elle entende.

— Deux O'Brien rien que pour moi ? Comment refuser ? me répond-elle alors que j'entends le sourire dans sa voix.

Je laisse donc mon fils vaquer à ses occupations et reprends mes recherches. Je finis par dégoter un haut noir avec plein de froufrous qui me permet de mettre en valeur mon torse grâce à sa grande ouverture sur le devant. Le pantalon qui va avec est lui aussi sombre et sans fioriture, mais correspond à ce que je cherche. J’ai un bandana rouge à la maison et ça complètera le tout, je pense. J’essaie de retrouver Joy dans le dédale de petites allées qui font des tours et des détours dans cette pièce remplie de toutes les acquisitions faites par l’école depuis sa création.

— Ah, te voilà ! J’ai trouvé ce qu’il me fallait. Et toi, qu’en est-il ?

— J'ai trouvé deux robes qui pourraient correspondre à ce que je cherche… Mais je suis déconcentrée, maintenant, sourit-elle en approchant. On est seuls, tu crois ?

— Je pense, oui.

Elle vient se coller à moi et se lover dans mes bras. Je dépose mes vêtements sur l’armoire la plus proche et la serre contre moi. Elle lève ses magnifiques yeux bleus vers moi et se met sur la pointe des pieds pour m’embrasser en m’enlaçant le cou. Je réponds à son baiser et nos langues trouvent rapidement le chemin vers le plaisir de se mêler l’une à l’autre. J’agrippe ses jolies fesses fermes et rebondies et la plaque contre une étagère sans rompre notre baiser.

Sa main se glisse dans ma chemise qui est restée entrouverte et se pose sur mon torse. Je sens ses doigts frais sur ma peau brûlante de désir. Nous prenons des risques car n’importe qui pourrait entrer, aussi je l’entraîne avec moi vers l’arrière de la salle, l’endroit le plus éloigné possible de la porte d’entrée.

— Tu me montres les robes sur lesquelles tu hésites ? dis-je enfin en interrompant ce rapprochement qui m’excite trop et me donne trop envie de briser d’autres barrières.

Mais ce ne serait pas sérieux de lui faire l’amour ici dans la réserve, quand même, si ?

— Tu me prends pour une mannequin ? rit Joy. Ou… Ah, je vois, tu veux me voir à poil, petit coquin !

— Pourquoi ? Tu n’as rien sous ces habits ? Pas de sous-vêtements ? ajouté-je en glissant mes doigts sous l’élastique de son legging.

— Arrête, pouffe-t-elle en faisant mine de repousser ma main sans grande conviction. C'est pas très sérieux, ça.

Lorsque mes doigts ne rencontrent que sa peau nue, j’ai la réponse à ma question et je ne peux que me dire que cette femme sait comment me rendre fou de désir. C’est électrisant de sentir la douceur de ses fesses sous mes mains et je reprends le baiser que nous avions interrompu. Elle ne reste pas sans rien faire et défait le bouton de mon jean ainsi que la fermeture, puis vient enserrer mon sexe entre ses doigts, à travers le tissu.

— Désolé, si j’avais su, j’aurais moi aussi enlevé mes sous-vêtements, ris-je en dévorant son cou.

— Peu importe, tant que tu finis les fesses à l'air, ça me va. Enfin, évite la combinaison de ski quand même, rit la jolie brune en se pressant contre moi.

— On dirait que la situation t’excite, Bébé, lui chuchoté-je à l’oreille alors que ses doigts se mettent à aller et venir le long de ma hampe qu’elle a sortie de mon boxer. Ça tombe bien parce que la réciproque est vraie.

Je commence à défaire les boutons de son haut et elle gémit en m’embrassant tout en continuant à me branler lentement. Elle écarte bien les jambes et utilise mon sexe pour se caresser. Je suis prêt à la déshabiller quand la porte de la réserve s’entrouvre.

— Kenzo ? Tu es là ? Tu as trouvé ton costume ? Ça fait une plombe que tu as disparu dans la réserve !

Et merde, c’est la voix d’Emilie. Et elle cherche mon fils. Qu’est-ce qu’elle lui veut ?

— Kenzo est sorti, Emilie. Il a déjà trouvé son costume.

Je lui réponds tout en m’écartant de la femme qui me fait tant envie et qui se rhabille discrètement. Je fais de même en la regardant, frustré, mais amusé par la situation et me retiens de pouffer quand je la vois galérer à réajuster son legging.

— Oh Alken, vous êtes seul ?

— Non, Joy est aussi là, je ne sais pas trop où, dans une autre allée. On essaie de trouver nos costumes pour le spectacle de fin d’année et que ça colle entre nous.

— Ah d’accord. Je vais essayer de retrouver Kenzo alors. On doit se voir cet après-midi mais il ne m’a pas dit où. A plus tard, Professeur !

— Attends, j’arrive, lui dit Joy qui s’éloigne ainsi de moi en me lançant un petit sourire. A tout à l’heure pour le déjeuner, Alken.

Je la regarde s’éloigner de moi, toujours aussi frustré. J’ai l’impression que tout se ligue pour nous empêcher de replonger. Est-ce un signe du destin qui cherche à nous faire comprendre que ce n’est pas une bonne idée de nous lancer à nouveau dans cette relation interdite ?

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