21. Apollon sur canapé

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Joy

Je me lève pour débarrasser la table et fais signe à Kenzo de rester assis. Bien élevé, le fils du mytho, mais vu la taille de l’appartement, à deux debout, on risquerait la collision frontale à tout moment. Bon, j’ai l’habitude de finir contre lui, à force de danser ensemble, forcément que les contacts physiques sont fréquents, mais ça risquerait d’être beaucoup moins agréable.

— Chocolat ou fraise, la glace ? Ou on la joue gourmande, double parfum pour tout le monde ?

— La gourmandise c’est la vie, Princesse !

Je ris en descendant au rez-de-chaussée préparer les glaces, sous le regard amusé de Léon. Ouais, qui dit petit appartement, dit pas de congélateur. Heureusement que notre voisin-ami-bailleur est sympathique.

— Et une petite coupe de glace pour le voisin le plus agréable du quartier, souris-je en déposant le ramequin sur la table basse devant lui. Bonne soirée, Léon, et bon reportage sur la Bretagne !

— Merci ma petite Joy. Bonne soirée à vous, et soyez sages tous les trois ! Je ne sais pas comment tu fais pour t’entourer d’aussi jolis garçons tout le temps, mais j’espère qu’ils te traitent bien !

— Je les fais marcher au pas, ces deux-là au moins, ris-je. Ne t’inquiète pas pour moi. A demain !

Je récupère les desserts et remonte en vitesse, me glissant entre Théo et Kenzo dans le canapé alors qu’ils parlent jeux vidéos. Leur discussion est houleuse et je ne peux m’empêcher de tenter de repérer des regards, des attitudes qui pourraient vouloir signifier que le fils d’Alken serait attiré par mon meilleur ami. Je ne sais pas, je ne sais plus en fait, parce que Théo, qui est pourtant gay, a des regards sur moi qui ne me semblent pas désintéressés. Je suis totalement perdue en ce qui concerne ces deux-là. Contrairement au père O’Brien, où là, aucun doute possible quant aux œillades auxquelles j’ai droit. Le genre qui m’embrase toute entière. Merde, il faut vraiment que j’arrête de penser à lui tout le temps.

Nous nous installons ensuite devant un film barbant qui me perd rapidement. Avec les entraînements de salsa en plus des journées de cours, mes fins de soirée au bar, je suis sur les rotules et je ne dois pas voir dix minutes du film avant de plonger dans les bras de Morphée.

— Joy, debout feignasse, Kenzo s’en va.

Je marmonne avant de m’étaler sur le canapé lorsque Théo se lève. Elle était confortable, son épaule, merde.

— Allez, fais un effort, déjà que tu as passé tout ton film à ronfler ! se moque mon colocataire.

— Je ne ronfle pas, enfoiré ! bougonné-je en lui balançant un coussin.

— C’est ça, s’esclaffe-t-il. Et moi je suis la reine du ménage.

— Je confirme, tu ronfles, intervient un Kenzo que je fusille du regard.

Je présente mon majeur dans leur direction et me lève bon gré mal gré sous leurs airs moqueurs. Kenzo m’enlace et me fait une bise appuyée, et encore une fois je me dis qu’étant donné son comportement avec moi, j’ai bien du mal à l’imaginer être attiré par les hommes.

Je me laisse tomber sur le canapé en baillant lorsque nous remontons après l’avoir accompagné jusqu’à sa voiture. Théo s’installe à mes côtés et pose mes pieds sur ses cuisses pour les masser.

— Oh bon sang, soupiré-je de plaisir. Tu es l’homme parfait, tu le sais, ça ?

— Bien sûr que je le sais, Princesse. Toutes mes conquêtes me le disent ! répond-il en me faisant des caresses plus appuyées sur les jambes et les chevilles.

— Tu as des doigts de fée, je confirme, ris-je. Alors, verdict pour Théo ?

— Il se cherche, le gars. Je crois que tu ne serais pas là, il serait déjà dans mon lit. Mais il a l’air bien mordu de toi, déjà. Et pour mes doigts, tu ne sais pas tout ce que je suis capable d’en faire, rit-il.

— Tu crois vraiment ? Je veux pas qu’il se fasse de fausses idées, je...

Moi je craque à fond pour son paternel, quand même. J’ai beau la jouer distante et jemenfoutiste, j’en suis bien loin. Je crève d’envie de sentir à nouveau ses mains sur mon corps, et bien plus encore. C’est vrai, quoi, il reste bien des lieux chez lui que nous n’avons pas baptisés, avec en priorité son foutu jacuzzi qui me faisait de l'œil.

— Tu ? Es douée pour ne pas finir tes phrases, Joy !

— Je ne crois pas que je suis vraiment intéressée. Il est gentil et tout, mais je cherche rien de sérieux. J’ai juste besoin d’un entretien de temps en temps, ris-je.

— Il date de quand ton dernier entretien, d’ailleurs ? J’ai pas l’impression que tu fréquentes quelqu’un en ce moment. Trop fatiguée ?

— J’avoue que la formation est épuisante. Mais… Je n’ai surtout pas eu l’occasion depuis le comptable. Et je crois que c’est pas facile de passer après lui, en fait.

— Tu sais, les occasions, il faut se les créer. Tu es entourée de plein de beaux mecs qui ne diraient pas non à jouer au plombier.

— Tu te fous pas de ma tronche si je te dis que je pense encore au comptable ? Quand bien même ce n’était que du sexe, tu vois, il était respectueux et ne cherchait pas qu’à se faire plaisir. J’ai pas envie de tomber sur un mec qui fait son affaire et me laisse en chien. Je préfère être frustrée de ne pas tirer mon coup plutôt que frustrée de baiser sans jouir.

— Je n’ai pas à me foutre de toi, ma Puce. Mais il doit bien y avoir d’autres mecs que lui qui savent s’occuper du plaisir de leur partenaire, quand même, non ?

— J’espère bien, m’esclaffé-je alors que je sens ses mains masser mes mollets, sinon les femmes sont dans la merde. Aussi endurant soit-il, il ne pourra jamais satisfaire toute la gent féminine amatrice de mâles !

— Il faudra que tu me dises où je peux trouver ton comptable, parce qu’il n’y a pas que la gent féminine qui soit amatrice de beaux mâles !

Bâtiment administratif, premier étage, dernier bureau. Ou bâtiment D, salle de danse. Je ne sais même pas s’il me croirait, d’ailleurs. Quoique, je l’ai déjà vu mater notre professeur de danse contemporaine, et comment lui en vouloir !

— Tu sais que si tu continues à me tripoter comme ça, je vais croire que ce n’est pas avec un mâle que tu veux finir ce soir ? ris-je en me redressant.

— Qui te dit que ça me dérangerait d’enfin essayer l’entretien d’une jolie femme comme toi ?

Je crois que je pourrais gober une mouche, là. Qu’est-ce qu’il vient de dire ? Il est sérieux, là ? Oh merde, faut pas qu’il me dise des choses comme ça, il est fou ou quoi ?

— Attends… Qu’est-ce que tu racontes, là ? dis-je en m’asseyant correctement sur le canapé, face à lui. Tu veux dire que les nanas t’attirent aussi ?

— J’ai pas dit ça, Princesse. Avec toi, ça ne serait pas pareil. Tu es ma pote et franchement, tu es la plus bombasse des filles canons que je connaisse.

— Tu veux tester ? ris-je. Je sais qu’il faut pas mourir con hein, mais si tu n’as couché qu’avec des mecs, c’est pas pour rien j’imagine.

— Franchement, si tu me le proposes sérieusement, ça pourrait me tenter, me dit-il alors que sa main est remontée le long de ma cuisse et qu’il continue à me caresser.

— Est-ce que tu te rends compte que tu dis ça à une nana qui n’a pas tiré un coup depuis bientôt deux mois ? Un mot de plus et je vais te sauter dessus, fais gaffe !

— Tu te rends compte que tu dis ça à un mec qui bande depuis que tu as mis tes jambes sur lui ? Fais gaffe ! répond-il en m’imitant sans quitter mon regard.

Je n’arrive pas à cerner son état d’esprit, là. J’ai peur qu’on fasse une grosse connerie, sans même avoir l’excuse de l’alcool en soirée. Le genre de connerie qu’on pourrait tous les deux regretter, je crois. Mais, en soi, on est amis, s’il veut tester une nana, pourquoi pas ? Et moi, dans tout ça, je peux y gagner un orgasme ou deux, pourquoi refuserais-je ?

J’approche de lui, me mettant à genoux sur le canapé, et pose mes lèvres sur les siennes. Bien loin du smack auquel je suis habituée, je l’embrasse avec plus de ferveur, caressant ses lèvres de ma langue jusqu’à ce qu’il les entrouvre et vienne participer plus activement à ce baiser.

— Tu es sûr de toi ? Ça te fait de l’effet, ça ? souris-je.

— Je crois que tu as ta réponse là, me dit-il en prenant ma main et en la déposant sur son entrejambe où je sens en effet une bosse qui réveille davantage encore mes hormones.

Est-ce qu’on va vraiment faire ça ? Je n’ai pas davantage le temps de me poser de questions qu’il m’attire sur ses genoux et capture mes lèvres avec un empressement que je n’aurais pas soupçonné possible. Merde, Théo avec une femme. Moi qui l’ai vu rouler des patins à plus de mecs que je n’en aurai dans ma vie, c’est aujourd’hui ma bouche qu’il dévore avec envie.

Ses mains caressent mes cuisses nues avant de remonter sous mon tee-shirt, et je lâche un gémissement lorsqu’il empaume mes seins. Mes mains se crispent sur son torse et j’ondule lentement sur son sexe que je sens tendu contre mon intimité.

— Alors, ça fait quoi de toucher des roploplos ? ris-je en me redressant.

— Tais-toi, Princesse. J’ai qu’une envie là, c’est de sentir ce que ça fait de me sentir tout dur en toi. J’adore tes seins, tu es trop belle, ma chérie.

— Tu es vraiment sûr que c’est ce que tu veux ? lui demandé-je tout de même.

— Je ne voudrais pas mourir bête sans avoir essayé. Qui mieux que toi peut me faire découvrir les merveilles du corps d’une femme ?

Je plante un baiser sur ses lèvres et me lève pour me déshabiller. Pas trop de problème pour la jouer sensuelle, en étant danseuse, c’est un sacré atout. Pour autant, faire ça sous les yeux de mon meilleur ami me fait bizarre. Et m’excite, je l’avoue. C’en est presque inquiétant. Une fois nue, je file dans sa chambre récupérer un préservatif et ai le plaisir de le voir en train d’enlever son jogging à mon retour.

— On s’arrête quand tu veux, si tu ne le sens pas, hein ? Je… Je veux pas te traumatiser surtout.

Pour toute réponse, il m’attire dans ses bras et nous fait tomber sur le canapé. Il est vraiment bien gaulé, c’est fou, et c’est avec un réel plaisir que je promène mes lèvres sur son torse, glissant lentement jusqu’à sa hampe tendue que je viens lécher, la faisant tressauter.

— Je te proposerais bien ma bouche, souris-je en recommençant une fois, puis deux. Mais on t’a déjà taillé des pipes, j’imagine.

— Tu imagines bien, me répond-il d’une voix rauque où le désir transparaît. Mais moi, je n’ai encore jamais léché une femme. Je peux ?

J’acquiesce en souriant, touchée par sa soudaine timidité, et l’embrasse tendrement avant qu’il ne nous fasse pivoter de telle sorte à se retrouver au-dessus de moi. Un nouveau gémissement m’échappe lorsqu’il attrape l’un de mes tétons entre ses lèvres, et je lâche un lourd soupir quand sa bouche vient se poser sur ma fente déjà humide d’envie. Théo y va à tâtons, bien moins assuré que lorsqu’il fait l’andouille ou qu’il danse, mais bien vite il se focalise sur mon clitoris et le lèche avec attention, le câline de sa langue. Tout mon corps se crispe quand il le mordille doucement et introduit un doigt en moi, et je jouis en quelques allers-retours, la tête dans un coussin.

— Merde, ris-je en sentant encore mon sexe se contracter. Tu es plus doué que certains hétéros !

— Et toi, tu as meilleur goût que beaucoup de mecs, répond-il en souriant, fier de l’orgasme qu’il vient de me procurer.

Je pouffe et récupère le préservatif sur la table basse en l’interrogeant du regard. Théo me le prend des mains et le déroule sur sa hampe. Il observe l’intérieur de mes cuisses avant de me lancer un sourire coquin, l'œil rieur.

— Dire qu’il y a bon nombre d’hétéros qui voudraient être à ma place, là, ricane-t-il en me surplombant.

J’attrape sa queue en riant et la glisse entre mes lèvres, me caressant quelques secondes avant qu’il ne s’enfonce lentement en moi. Un trait de culpabilité me traverse alors que je ferme les yeux et imagine Smith me pénétrer à sa place.

— Oh Joy ! C’est… C’est moins serré qu’un cul, dis donc ! finit-il sa phrase alors que j’hallucine de sa réaction.

— T’es sérieux, là ? Tu veux pas la boucler et juste… Je sais pas, baiser ?

J’agrippe sa nuque et attire sa bouche contre la mienne, le sentant rire contre moi. Je lui donne une tape sur la fesse, cette fesse vraiment bien musclée qui fait baver bon nombre de nanas et de mecs, d’ailleurs, alors qu’il commence à aller et venir en moi.

Je ne sais pas s’il apprécie plus que ça de se retrouver là, toujours est-il qu’il y met du cœur, s’enfonçant encore et encore en moi à un rythme rapidement cadencé. Pour ma part, je savoure l’entretien et tente de rester focalisée sur mon meilleur ami alors que le corps de Smith s’imprime dans mon esprit. Lorsque l’orgasme me fauche à nouveau, je vois le visage de Théo se tendre et mon corps se crispe encore autour de sa hampe lorsqu’il jouit et se déverse au creux de moi dans un râle sexy.

Il finit par s’effondrer sur moi et quand bien même j’ai apprécié le moment, je ne peux m’empêcher de me dire que j’aimerais être ainsi couverte du corps d’Alken. C’est fou, même avec un Apollon bien gaulé comme Théo, c’est toujours vers Smith que mes pensées reviennent. J’ai vraiment un problème, moi.

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