12. Echanges houleux

8 minutes de lecture

Alken

Alors que je prépare ma salle pour le cours de ce matin et que Joy entre au milieu des autres élèves, je ne peux m'empêcher de repenser à ce qu'il s'est passé vendredi soir. Marie était déchaînée mais, au dernier moment, sans que je sache pourquoi, elle a préféré rentrer chez moi plutôt que de finir la nuit chez elle, comme c'était prévu. N'y voyant aucune objection, nous avons repris les transports en commun où elle m'a chauffé à fond par ses baisers et ses caresses. J'étais tellement excité que je lui ai enlevé sa culotte en attendant l'ascenseur et j'ai profité de la montée pour commencer à la déguster.

Quelle surprise quand j'ai entendu la voix de Joy m'interpeller. Je ne savais plus où me mettre. J'étais à la fois jaloux de la voir ainsi collée à mon fils et gêné qu'elle m'ait surpris avec Marie. Un peu comme si j'étais en train de la tromper alors que nous ne sommes pas ensemble. Il faut vraiment qu'on ait une discussion pour clôturer notre relation, sinon je vais avoir du mal à passer à autre chose. Et peut-être que Marie mérite aussi ça, vu le mal qu'elle se donne pour me séduire. La pauvre pense que je n'ai pas fait le deuil de ma relation avec Elizabeth alors que je ne pense qu'à la jeune danseuse qui était dans les bras de mon fils ! On peut dire, en tous cas, qu'elle y met du sien, la secrétaire. Ou alors elle a des tendances exhib car les deux jeunes n'étaient pas encore partis qu'elle s'est saisie de ma queue pour la positionner entre les lèvres trempées de son intimité. Même si mon esprit était à des années lumières de notre copulation, la mécanique de nos corps imbriqués a fait des merveilles et j'ai connu un puissant orgasme en me retenant tout juste de ne pas crier le nom de Joy. Ça aurait été du plus mauvais effet et m'aurait clairement privé de l'agréable gâterie que Marie m'a faite ce matin sous la douche.

Bref, il faut que je parle à Joy et qu'on mette les choses au clair. Sinon, jamais je ne pourrai me consacrer pleinement à la jolie et douce Marie qui ne mérite pas de souffrir à cause de mes états d'âme. C'est donc plein de ces bonnes résolutions que j'accueille les élèves pour mon cours.

Je suis agacé de voir que Kenzo fait tout pour rester proche de la jeune femme qui continue à peupler mes fantasmes. Je crois qu’en plus, elle se fait un malin plaisir à favoriser ça devant moi. Elle va même à un moment jusqu'à lui faire un bisou sur la joue alors qu'elle sait pertinemment que je l'observe.

— Mademoiselle Santorini, pas de ça en cours ! l'interpellé-je, irrité.

— Pardon, Professeur, minaude-t-elle, le regard plein de défi. Je ne fais que travailler la transmission des émotions.

— Je vois ça. Tu viendras me voir à la fin du cours. J'ai quelques points à voir avec toi.

Les autres élèves chuchotent entre eux en se demandant ce que la jolie brune a pu faire pour mériter cette convocation, mais je mets un terme à cette dissipation en leur faisant faire à tous un exercice intensif d'abdominaux.

Quand je les libère, Kenzo lui fait un petit signe d'encouragement avant de sortir et de nous laisser seuls dans la salle. Je ne peux m'empêcher de détailler ses formes bien mises en valeur par le collant qu'elle porte et dois me faire violence pour me remettre dans le bon état d'esprit. Je suis là pour clarifier les choses, pas pour les complexifier en couchant à nouveau avec elle !

— Joy, il faut qu'on parle.

— Ah oui ? Un problème avec mon interprétation dans le cours de vendredi matin ? me demande-t-elle en enfilant sa veste.

— Tu sais bien que ce n'est pas de ça que je veux discuter, m'énervé-je. Je suis désolé de ne pas avoir été honnête avec toi.

— Ça me fait de belles jambes, marmonne-t-elle. Je ne sais même pas si je peux te faire confiance, après ça. Je ne te remercie pas.

— Et moi, je ne te remercie pas de m'avoir caché que tu étais danseuse ! l'accusé-je un peu injustement.

— Eh, ne me colle pas tout sur le dos, s’énerve-t-elle à son tour. Je te signale que si tu t’étais intéressé à autre chose qu’à mon cul, j’aurais sans doute eu l’occasion de te le dire, Monsieur Smith le comptable ! Non mais j’y crois pas, et en plus tu as le culot de m’accuser de ne pas t’avoir dit que j’étais danseuse ? T’es vraiment une enflure, Smith !

— Il faut me comprendre, Joy. Tu m'as tout de suite attiré la première fois que je t'ai vue. Ma séparation est encore récente et je me suis sûrement montré maladroit, mais tu es la première avec qui j'ai ressenti quelque chose depuis presque vingt ans ! J'ai peut-être un peu merdé, mais je ne t'ai jamais fait de fausses promesses.

— Ah mais ça, je l’ai bien compris. C’est pas ça la question, Alken, dit-elle avant de grimacer. Merde, ça me fait bizarre de t’appeler par ton prénom… Je… Bordel, je m’en fous complètement de ta vie, laisse tomber. C’est bon, tape-toi la terre entière, je m’en bats les ovaires, tant qu’ici tu restes professionnel et que ça n’influence pas ma formation. Fais ta vie.

— Comme pour Kenzo, je fais la différence entre vie personnelle et professionnelle, Joy. Tu n'as pas à t'inquiéter pour ça, lancé-je, blasé. Par contre, tu ferais mieux de te concentrer sur l'apprentissage de tes pas plutôt que sur les jolis yeux des garçons si tu veux réussir ici.

Le regard courroucé qu'elle me lance me fait tout de suite regretter ces paroles directement sorties de ma jalousie. Elle s'approche de moi, le regard incendiaire prêt à brûler tout sur son passage.

— Tu plaisantes, j’espère ? C’est ça que tu appelles faire la différence ? Je fais ce que je veux de mon cul. J’ai l’air fatigué ? Pas attentive ? Parce que de ce que je vois, toi en revanche, tu as l’air d’un peu trop profiter de la vie. Tu devrais peut-être un peu moins baiser ta secrétaire et te reposer, tu n’es plus de toute jeunesse, cingle-t-elle sans me quitter des yeux.

— Je pense t'avoir démontré toute mon endurance, dis-je sans réfléchir. Joy, je te jure que si tu n'avais pas été mon élève, j'aurais fini par tout te dire. Mais on n'a pas eu le temps. Honnêtement, je n'étais pas le seul à ne m'occuper que du cul de l'autre. On est deux adultes responsables, on a pris beaucoup de plaisir mais là, il faut qu'on reprenne une relation normale. Je suis juste ton prof, et toi juste mon élève. On oublie le passé. D'accord ?

— Oublier… Le passé ? ricane-t-elle. Quel passé ? C’est déjà oublié. On a baisé, on s’est bien amusé, mais tu crois quoi, que je me suis accrochée comme une petite ado aux hormones folles ? Redescends sur terre, Smith. C’est pas parce qu’on s’est amusé que je suis incapable de faire la part des choses. Je ne crois pas avoir eu un comportement déplacé avec mon professeur.

Ses mots me font mal car oui, j'avais la faiblesse de croire qu'entre elle et moi, c'était différent, que c'était plus que du cul. Mais elle a raison, c'est moi qui ai eu des comportements déplacés avec mes regards scrutateurs et mes fantasmes indécents. C'est moi qui ai cru à autre chose alors que nous nous sommes juste amusés, comme elle le dit si bien. Elle est déjà passée à autre chose et ce n'est pas étonnant. Elle est jeune. Une femme superbe et voluptueuse comme elle, pleine de vie, ne va pas rester célibataire longtemps. J'ai joué, j'ai perdu. Il faut que je me fasse une raison.

— Bien, je crois que les choses sont claires maintenant. Chacun sa vie, chacun de son côté. Et on oublie les baises entre nous, ça vaut mieux pour tout le monde.

Je crois que mes paroles sonnent faux car mon corps, réveillé par sa proximité, me crie tout son désir de la retrouver.

— C’est parfait, on fait ça. C’est déjà oublié, je ne vois même pas de quoi tu parles, me répond-elle d’une voix blanche.

— Bonne journée, Joy. A demain ou à ce soir si après le père, tu continues de t'intéresser au fils, lancé-je, perfide.

— Le fils me semble plus honnête que le père. Et niveau endurance, on doit être un cran au-dessus, dit-elle, son regard provocateur me mettant au défi de réagir. Bonne journée, Professeur.

Je la regarde sortir en l’imaginant dans les bras de mon fils. Plus endurant que moi ? Mais sûrement moins performant ? Ou moins habile ? Ou bien, je me fais des idées sur mes talents, peut-être. Peut-être que ce qui a clairement été le meilleur sexe de ma vie avec elle n’a pas été à la hauteur de son point de vue ? En tous cas, quand je vois ce que je ressens alors qu’elle referme la porte, je sais que j’ai complètement foiré cet entretien. Non seulement, je n’ai pas réussi à mettre cette histoire de côté, mais de la voir s’opposer ainsi à moi m’a encore plus donné envie de la reconquérir, de passer outre tout ce qui nous sépare actuellement, d’oublier le monde extérieur et de revenir à la relation que nous avons trop brièvement connue. Je suis fou et condamné à souffrir, mais pour l’instant, je ne vois pas d’autre issue.

N’ayant pas d’autres cours de la journée, je passe l’après-midi à m'entraîner et à essayer d’oublier tous mes soucis dans la danse. Pris dans mes pensées qui tournent toutes autour de Joy, je ne vois pas l’heure passer et je suis surpris quand Marie vient m’interrompre à la porte de la salle. Le regard qu’elle porte à mon torse dénudé trempé de sueur ne laisse aucun doute quant à ses intentions alors que je ne ressens rien à part une simple attirance physique. C’est pour ça que quand elle referme la porte derrière elle et ouvre lentement son tailleur, même si je me traite intérieurement de salaud, je ne la repousse pas. J’ai beau essayer de ne pas y penser, j’ai besoin de me prouver que je suis endurant, que je ne suis pas un mauvais coup.

Je me débarrasse de mon pantalon de jogging et me positionne derrière Marie qui s’est elle aussi entièrement dénudée. Elle s’appuie sur la petite table qui est au coin de la salle et je l’utilise pour déverser toute ma colère et toute ma frustration. Ce n’est pas d’elle dont j’ai envie, ce n’est pas elle que je souhaite prendre ainsi, mais elle est là et elle ne demande que ça. Alors, je suis un vrai connard et je lui donne ce dont elle a besoin en pensant à une autre. Alors qu’elle connaît un orgasme encore une fois très intense sous mes coups de reins brutaux et virils, je prends la décision de lui dire au plus vite que nous devons arrêter nos bêtises. Je sais que ça ne sera pas agréable, mais il faut que je me fasse une raison. La discussion que j’ai eue avec Joy, loin de mettre un terme à mon désir d’elle, n’a fait que l’amplifier et le sublimer. Quels que soient les risques, quel que soit l’enjeu, c’est elle qu’il me faut. Même si je dois attendre qu’elle ait son diplôme dans près de deux ans, il faut que je sois honnête avec moi-même et que j’arrête de me conduire comme un salaud. Marie vaut mieux que d’être ma relation pansement. J’espère que moi aussi, je vaux mieux que ça.

Annotations

Vous aimez lire XiscaLB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0