Tango

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Idiot, me dis-je à l'intérieur de moi.

Le Bar du Dehors, 31 janvier 2033. Je viens de dévoiler à ce cher soit-disant recruteur révolutionnaire que je connais sa véritable identité. La tension vient alors de se déplacer sur ses épaules.

Je le vois déjà paniquer. Que croyait-il ? Il a été si imprudent. Venir avec sa vraie voix pour me parler... Il m'a suffit de l'enregistrer et j'ai eu accès à plusieurs vidéos où il parlait avec des amis, sa famille. Il me parait être quelqu'un de bien, vraiment bien. Et je ne me trompe jamais. Ou presque. C'est pour ça que je le mets au défi. Aussi car je finis par protester contre cette idée, car au fond, on ne peut pas être aussi rangé et faire partie d'une quelconque rébellion... Cela me parait étrange.

- Dis-moi Lysandre, que préfères-tu entre la liberté ou l'égalité ? Questionné-je sans défi aucun et avec une curiosité apparente maladive.

- Les libertés n'existent que si elles sont partagées. La liberté des uns n'est qu'une illusion si nous ne pouvons tous y accéder. Voilà la bonne voie, bien qu'ils essaient toujours de nous faire penser le contraire pour entretenir une fausse idée de liberté de pensée et d'agir. Certains prônent un égalitarisme aveugle pendant que d'autres prêchent un individualisme libertaire qui serait remède à tout. La seule voix à suivre est celle de la liberté émancipatrice et transcendante du pouvoir de tous sur soi-même et de soi-même avec tous. Je pense même...
Il s'arrête de parler... Bon cela a peut-être à voir avec la pression de ma botte sur ses parties. Mais considérons qu'il a terminé.

- Arrête ton discours de politicien, je veux savoir pourquoi tu fais tout ça... ?

Je paraissais la plus sincère possible...

- Je ne veux pas laisser le monde pourri que mes parents ont osé me laisser. Mon fils est déjà là, il voit déjà tout ça. J'aurais du faire en sorte que tout aille bien plus vite.

- Pourquoi ?


Je roule mes cheveux autour de mon doigt en feignant de l'ignorer. Il ne sait pas quoi répondre. Il sourit. Ces retournements l'exaspèrent mais le font vibrer. Est-il un bon ou un mauvais joueur ? Voilà ce qu'il me reste à déterminer.


- Je suis ce que tu penses que je suis, simplement.


- Et que penses-tu que je pense ?


- Que je suis un idiot qui fait trop confiance à son instinct, mais à raison au fond, car tu le sais, je vis pour les esprits libres comme le tien que je sens virevolter, que je sens nous faire tous revivre... Alors vis. Tu t'es assez laissée vivre. Nous nous sommes déjà assez laissés vivre, laissés ivres.


Il me dit tout cela d'un air dégagé, en regardant à côté, comme s'il avait besoin d'un vide pour former sa pensée et la reconstruire.

- Et tu n'es pas capable d'être honnête, et me redire tout ça en me regardant dans les yeux ? lui dis-je, agacée.

Il sourit encore. Et ne répond pas. Un long silence.

- "Je crois que tu es prête, maintenant."

Toutes les personnes présentes dans ce Bar du Dehors se retournent alors dans ma direction...

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