51. Lucy

7 minutes de lecture

Bon, je vais bien. Il n’y a rien à signaler. Les médecins pensent que c’est dû au stress des suites à l’accident. Enfin, au moins ce n’est rien de grave, je me suis fait peur pour rien. Je suis sur le chemin du retour et je repense à ce que j’ai fait ces derniers temps. Je peux résumer cela en deux mots. N’importe quoi! Franchement, je ne sais pas ce qu’il m’a pris. J’ai joué avec les sentiments de Max et aussi avec ceux de Romain. Et le pire dans tout ça, c’est que j’ai repris le jeu, Romain doit être en colère contre moi. Je suis vraiment trop nulle quand je mis met. Il faut que je m’excuse auprès des deux... Vraiment.

[Romain :

Chérie. Tu devrais te dépêcher à rentrer. Ta mère veut vous parler, à ton père et à toi. Cela à l’air d’être important.]

[Lucy :

D’accord. Et Romain... Je suis désolée d’avoir embrassée Max, je ne veux pas que le jeu reprenne. Je crois que comme les médecins l’ont dit, c’est encore le stress de l’accident qui me travaille. Max était le seul de vous deux qui était conscient dans la voiture, et il ne voulait pas me lâcher... Et...]

[Romain :

Ne t’en fais pas. Je suis encore là, je suis un peu énervé c’est vrai. Mais mes meilleurs amis sont là, ils vont me faire oublier ça. D’ailleurs avec Kevin et Théo, nous allons sortir au ciné ce soir. Comme ça, vous serez tranquille tous les trois pour parler.]

[Lucy :...

Je suis en bas, je monte. Tu ne pars pas avant que je t’ai pris dans mes bras!

Je passe la porte d’entrée et je vois Nana, je sais que je devrais l’appeler maman maintenant que je connais la vérité sur nos liens. Mais ça me fais bizarre pour l’instant. Je me demande quand même ce qu’elle a à nous dire qui est si important. Et à la tête de papa, je sens que cela le perturbe aussi de ne pas savoir ce qui nous attend. Romain est là aussi bien sûr, il me regard. Je sais bien ce qu’il attend puisque c’est moi, qui lui est dit d’attendre.]

— Tout va bien chérie? Ils t’ont dit quoi à l’hôpital? J’espère que ce n’est rien de grave. Serena commençait à s’inquiéter parce qu’elle n’était pas au courant que tu avais eu un accident et donc elle ne savait pas non plus que tu as été dans le coma.

— Ce n’est rien, juste le stress des suites de l’accident. C’est pour cela que j’ai un peu dérapé ces derniers temps... Je suis désolée si je vous ai causé du souci. Nana, tu veux nous parler de quelque chose?

— Euh... Oui, j’aimerais. Et tu sais tu peux m’appeler maman si tu veux. Mais je comprends que pour toi se soit difficile, vu que tu ne m’a connu qu’en tant que nounou.

— Romain et les garçons vont partir au cinéma. Juste le temps que je discute un peu avec Romain et on pourra à notre tour parler. Enfin si cela ne vous dérange pas à tous les deux.

— Non, bien sûr. Nous pouvons bien attendre encore cinq minutes.

— Mmh... Oui, mais pas trop longtemps non plus. Parce que je crois que je ne vais pas avoir le courage de vous parler sinon.

— Ne vous inquiétez pas, nous allons faire vite.

Ce Romain alors, toujours à dire ce qui faut. Enfin, avec son grand sourire. Il me redonne le sourire. Enfin, je suis rassurée, je ne l’ai pas perdu. Pas une nouvelle fois, je ne pourrais pas le supporter ou peut être que si, mais jamais je ne pourrais oublier à quel point je l’aime. Je crois que nous ne pouvons pas oublier notre premier amour, surtout quand on sent que c’est la bonne personne. Même si notre histoire est compliquée. Et j’en ai un exemple avec mes parents, je sais qu’ils sont encore amoureux sinon papa aurait eu une copine ou une relation stable depuis le temps. Et il a le regard pleins d’étoiles depuis que Nana, maman est là. Avec Romain, nous avons eu notre petit moment tous les deux et nous sommes en train de nous embrasser, cela me gêne un peu de savoir que mes parents sont juste là à côté de nous, mais il m’avait manqué.

— Bon aller, stop! Rends nous notre pote, maintenant. Vous êtes choux mais tu vas bien nous le prêter pour la soirée quand même?

— Eh! Je ne suis pas un objet! On y va sinon vous n’allez plus nous lâcher de la soirée. A toute à l’heure mon eucalyptus.

Ils sont partis, c’est le moment d’entamer la discussion avec mes parents qui n’ont pas l’air très content. Qu’est-ce que j’ai fait encore?

— Je vois que tu confonds discussion et roulage de pelle ma fille!

— Oh ça va, ne me dis pas que tu n’as jamais été jeune! Et je sais très bien que nous n’avons pas discuté avec Romain mais j’en avais besoin. J’ai cru que j’avais relancé le jeu...

— Ah non! Ne me dis pas que vous avez recommencé avec ces idioties?!

— Non, non ne t’en fais pas.

— Bon. Il faut que je vous dise quelque chose. Et de quel jeu parles-tu?

— Un jeu idiot auquel je ne rejouerais plus de toute ma vie. Dis-nous tout, Nana...

— Bon alors, par où commencer. Le plus simple serait de vous dire que je l’ai fait pour votre bien mais ce ne serait pas la vérité. Arthur m’a donné un choix à faire le jour de ta naissance et ce choix a été l’un des plus durs que j’ai eu à faire. Je devais choisir entre vous oublier toutes les deux ou vivre avec l’une de vous deux, tout en restant loin de l’autre.

— Toutes les deux? Tu veux dire que ...? Non, je suis toute seule? Vous n’avez que moi comme enfant, je ne me trompe pas? Jamais papa ne m’a dit autre chose. Je suis fille unique, votre seule enfant. N’est-ce pas?

— En fait, non. Ma chérie, je suis désolée. Je ne voulais pas choisir entre vous deux. Entre Sara et toi. Mais Arthur ne m’a pas laissé le choix. Il t’a amené à ma sortie de l’hôpital. Il t’a choisi parce qu’il n’a pas aimé le prénom de Sara. Et il ne voulait pas que je m’approche de Thomas. Thomas, je suis vraiment désolée... J’ai voulu te dire la vérité te dire que Lucy et Sara sont toutes les deux nos filles, mais ton père ne m’a pas laissé le choix. J’étais si jeune... Je ne pouvais pas savoir que cela me ferais aussi mal que ça de le laisser choisir... J’ai élevé Sara comme j’ai pu et elle a toujours su la vérité...

— Non, jamais je n’ai su que tu attendais des jumelles, mon père me l’aurait dit si c’était vrai...

— Pourquoi l’aurait-il fait? Il t’avait déjà envoyé au Canada et je n’avais plus aucun moyen de te contacter...

— Tu as préféré laisser une de tes filles plutôt qu’essayer de te battre pour les garder toutes les deux? Et Sara, elle savait la vérité depuis toujours alors que moi, jamais tu n’as essayé de me l’a dire! Pourtant tu as été là pendant longtemps, tu étais là tous les soirs à m’aider à faire mes devoirs et jamais, je dis bien jamais tu ne m’as dit la vérité! Alors qu’à elle, tu lui as tout dit!

— Lucy, ne m’en veux pas, je t’en prie. Je n’avais que seize ans... Je ne savais pas quoi faire, ou même ce que j’avais à faire. Je ne voulais pas vous abandonner l’une comme l’autre... Mais Arthur ne voulait pas que je vous garde toutes les deux...

— Et alors? C’est toi ma mère? Notre mère... Tu pouvais te défendre! T’enfuir, te faire aider! Tu pouvais très bien nous garder toutes les deux! Arthur n’avait pas à décider, il t’a peut être demandé de faire un choix mais tu pouvais être contre ce qu’il te proposait! C’est toi, qui es notre mère à ma sœur et moi, c’est toi qui aurais dû choisir! Tu aurais dû nous choisir nous! Tu m’as abandonné...

Comment a-t-elle pu? Pourquoi? J’ai une sœur, en plus elle est ma jumelle. Comment Sara peut-elle bien être? Elle me ressemble où alors peut être que c’est moi qui lui ressemble... Est-ce que nous aimons les mêmes choses... Je suis en colère contre Nana mais ne me suis-je pas un peu trop énervée contre elle? Ne suis-je pas allé trop loin..? Je sais que je viens de la retrouver mais elle a préféré en garder qu’une seule de nous deux plutôt que de nous garder toutes les deux... Je sais qu’à seize ans, on est jeune... Et puis Arthur enfin, mon grand-père a dû lui donner de l’argent pour subvenir aux besoins de Sara. Jamais elle n’aurait pu se débrouiller seule... Jamais elle n’aurait pu s’occuper de nous deux si elle avait été seule... Elle a peut être fait le choix le plus difficile de sa vie et moi, je passe mes nerfs sur elle... Je suis un peu jalouse que ce soit Sara qui soit restée avec Nana… Parce qu’elle, au moins, elle, elle connait tout de notre mère. Elle sait ce qu’elle aime... Tout d’elle alors que moi, non... Tiens on m’appelle, qui ça peut être..? Je ne suis pas vraiment d’humeur, pourtant je décide de répondre.

Bonsoir Lucy. C’est ta sœur...

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