45. Thomas

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Nous sommes dans la voiture, nous avons pris le chemin vers Lucy, notre fille. Cela me fait tellement bizarre que Serena soit là, juste à côté de moi, comme quand nous étions adolescents, comme lorsque nous étions encore ensemble. Elle est toujours aussi belle, elle ressemble énormément à Lucy. Ses cheveux longs et blonds, et ses yeux clairs et pourtant si intenses. J'ai l'impression qu'elle n'a pas changé, alors que cela fait plus de dix-huit ans qu'on ne s'est pas vu.

— Tu veux bien, regarder la route? Je n'ai pas très envie de finir dans le décor!

Elle me sourit, elle est sublime quand elle sourit. Je me reprends et je regarde devant moi, la route va être longue si je ne dis rien. Mais je ne sais pas de quoi, nous pourrions discuter. Cela fait longtemps que je ne l'avais pas vu. Et elle habitait juste à côté de chez mes parents.

— Tu as trouvé quelqu'un?

Mais qu'est-ce qu'il me prend? Pourquoi, je lui pose cette question-là? Je ne peux pas lui demander cela, elle a dû refaire sa vie, trouver quelqu'un. Elle ne peut pas être seule... Elle est si souriant, elle rit souvent, tout le temps, elle est tellement merveilleuse.

— Thomas? Je t'ai posé une question et en plus je t'ai répondu.

— Ah euh... J'étais perdu dans mes pensées. Désolé, du coup tu m'as dit quoi?

— Je t'ai dit que non, je n'ai personne, j'ai eu des aventures mais cela n'a jamais fonctionné. Je n'ai pas su retrouver quelqu'un qui pouvait me correspondre autant que... Enfin, et toi alors tu as trouvé quelqu'un?

— Non, à vrai dire c'était assez compliqué et puis je ne pouvais pas. J'ai essayé de rester présent pour Lucy, elle a compris très vite qu'Arthur n'était pas son vrai père. En même temps, vu la manière dont il l'a traité. Je ne comprends pas pourquoi, elle a subi sa fureur alors que c'est moi son fils. C'est moi qui ai mis une fille enceinte. Elle n'aurait pas dû en souffrir...

— Et cette fille, c'était moi...

— Je ne regrette pas, ne t'en fais pas. Je l'aime, elle est super. Et elle te ressemble beaucoup. Elle a même hérité de ton côté artistique. Comment j'aurais pu oublier ce que tu es. Tu... Enfin... Elle t'a cherché, je crois. Mais je ne pouvais pas lui dire ton prénom, je pense que mon père m'en aurait encore plus voulu.

— Oui je comprends. Mais dans ce cas pourquoi tu es venu me chercher maintenant? Je veux dire, pourquoi tu n'es pas venue avant? Je n'étais pas loin...

— Mon père il m'a donné une lettre en me disant que tu me l’avais écrite. Et cela m'a brisé le cœur... J'ai cru que tu m'avais trahi... Et j'ai fouillé dans ses papiers et j'ai compris qu'il avait menti.

— Jamais, jamais je ne t'aurais laissé si j'en avais eu le choix. Mais tu le connais, il m'a menacé, et je ne voulais pas que tu souffres à cause de moi. Je t'aime encore Thomas.

— Qu.. Quoi? Tu m'aimes encore..?

— Tu crois que je suis seule pourquoi? Je n'ai pas réussi à t'oublier, je t'aime et j'aime notre fille. Vous êtes ma famille. Je ne vois pas pourquoi je devrais aimer d'autres personnes alors que je vous ai vous.

Elle m'aime encore...

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