17. Lucy

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Je regarde Romain. Nous nous disputons encore. Il vient pourtant de s'excuser mais c'est bien nous ça. Continuer à s'engueuler alors que l'un de nous vient de présenter ses excuses. Il m'énerve. Oui, je suis proche de Max. La faute à qui ? On se le demande. Romain, ouvre les yeux. Je ne suis pas un objet. Je n'appartiens à personne. Je pense qu'il vient de le comprendre. Il vient de comprendre que je ne lui appartiens pas. Vu la tête qu'il a, cela ne lui plait pas du tout. Nous continuons encore un moment de nous prendre la tête. Nous sommes finalement interrompues par Max. Il vient juste de claquer la porte. Oh non. Pas un deuxième. Un Romain énervé me suffit. Je n'ai pas besoin d'un Max énervé. Pas besoin de réfléchir trop longtemps. Je ne peux pas me permettre de perdre un ami. Surtout pas celui-là. Je sais que Romain ne va pas apprécier. Tant pis. Je mets mon manteau. J'ouvre la porte. Mais je suis retenue par la main de Romain qui entoure mon poignet.

— Tu ne vas quand même pas...

— Si, alors tais-toi !

— Lucy !

Il peut hurler, je n'en ai rien à faire. Ce pauvre petit Romain, Il m'énerve, c'est vraiment un con. Tout ce qu'il sait faire, c'est crier. Il me hurle dessus. Il est venu et continu à rester buter. Il ne s'ouvre pas. Alors je peux bien faire ce qu'il me plaît. Ce que je veux, c'est passer du temps avec Max. juste un peu. Je sors de l'appartement, et je me mets à courir. Il faut absolument que je le rattrape. Le pire, c'est que je déteste courir. Vraiment, je haie courir. Mais il le faut. Je ne peux pas perdre Max. je continue à courir. Je tourne au bout de la rue. Ah, le voilà enfin ! je cris. Je l'appelle. Je suis essoufflée alors j'ai du mal à parler. Alors crier son prénom, c'est l'horreur. Je ne baisse pas les bras. Je l'appelle à nouveau. Des passants tournent la tête vers moi, sauf Max. je persévère.

— Max ! Max !

Il ne m'entend pas, il est peut-être trop loin. Ou alors il fait exprès de ne pas se retourner. J'essaie de courir plus vite mais j'ai très rapidement un poing de côté. J'en étais sûre. Je ne suis pas une sportive. J'essaie tout de même de continuer autant que je le peux. Mine de rien, il avance vite. Avec mes petites jambes, je ne suis pas assez rapide pour le rattraper. Je crie à nouveau. Toujours rien. Aucunes réponses. Mince, je vais réessayer. Je vais l'appeler autant de fois qu'il le faudra. Je finis par m'arrêter. Je n'en peux plus. J'ai dû crier son prénom au moins une dizaine de fois déjà. Max vient de s'arrêter. Enfin ! Je n'en peux vraiment plus. Je sais, je suis pathétique. Courir n'est pas si difficile. Sauf pour moi. Il s'est arrêté mais ne se retourne pas. Je tente le tout pour le tout. Je cris une dernière fois de toutes mes forces. En espérant, qu'il m'entende pour de bon cette fois.

— MAX !

Il se retourne, enfin. Moi, je me suis arrêtée, je le regarde. J'ai l'impression qu'il est stupéfait de me voir là. En plus d'avoir hurler son prénom bien sûr. Oui parce qu'une Lucy qui court, c'est hors normes. Je n'ose pas parler. C'est moi qui lui ai couru après et maintenant je reste figée devant lui. Aucuns mots ne sortent de ma bouche. Je sens mes joues et le reste de mon visage devenir rouge, en commençant par mes oreilles. J'avance afin de diminuer l'espace qui reste entre nous. Arrivée face à lui, j'ai tellement honte d'avoir rougis que je baisse la tête. Mais Max me surprend en prenant la parole. Cette prise de parole me fait relever les yeux vers son regard.

— Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas chez toi ?

— Non, je t'ai couru après depuis l'appartement. Tu sais quoi ? C'est vraiment horrible de crier en courant. Rien que de courir, c'est affreux, je déteste.

— Mais pourquoi tu m'as suivi ? Tu aurais dû m'appeler avec ton portable.

— Parce que tu aurais répondu peut-être ?

— Euh non... En même temps, tu peux bien le comprendre. Va avec lui maintenant. Il est là pour toi, alors tu devrais t'intéresser un peu plus à lui. Il n'est pas venu pour rien. Aller, qu'est-ce que tu attends ? Je ne vais pas te ramener là-bas ! Bouge, Lucy ! Rentre chez toi ! Je n'ai pas envie de te voir, en tout cas pas maintenant...

— Non ! Ce n'est pas après lui que j'ai couru... C'est après toi que je viens de courir. Max.

— D'ailleurs tu vas me dire pourquoi tu es là ?

Pourquoi je suis là ? Pourquoi je viens de faire ça exactement ? Pourquoi je viens de courir après Max ? Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je voulais le retenir. Je ne voulais pas qu'il me laisse. J'ai couru pour lui. Je n'ai qu'une envie... Oui, une seule mais lui ? A quoi je pense ? N'importe quoi, moi. Max, lui, il reste là à attendre que je parle. Moi, je suis dans les nuages. Je pense à lui, à Romain. Je mélange tout. Je ne sais pas... Je me perds dans mes sentiments. Je sais ce que je ressens pour Romain. J'ai toujours su ce que représentent mes sentiments pour Romain. A présent, il y a Max. Je ressens quoi pour Max ? J'ai couru après lui, pourtant je... Je ressens quelque chose pour lui ? Max est là, alors que Romain me prend la tête depuis son arrivée. Romain ? Max ? Je me réfugie vers Max. Je pense à Romain. En réalité, je suis perdue. J'aime passer du temps avec Max. Pourtant c'est Romain qui est mon tout, qui occupe mon cœur. J'ai juste besoin de réfléchir, de m'éloigner un peu de Romain. J'ai envie de me rapprocher de Max. Pourquoi ? Pour le moment, je ne le sais pas. C'est une envie. J'ai envie de passer un instant avec lui.

— Allô ! Lucy, tu es encore avec moi ?

— Oui oui. Je réfléchissais.

— Je suppose que tu ne veux pas retourner chez toi.

— Exact, je n'ai pas envie de voir Romain. Je veux rester avec toi, comme c'était prévu. Tu sais, avec Romain, c'est compliqué. Avec toi, je sais que je peux souffler. J'aime lorsque nous restons ensemble. Alors accepte ma compagnie. Juste un peu plus longtemps. Promis, je ne t'embêterais pas trop. Même si je peux m'avérer être chiante.

— Vraiment ? Tu m'étonnes. Je suis encore un peu en colère. Mais nous pouvons aller chez moi, si tu veux. Juste, je te préviens tu vas hurler. Je n'ai pas rangé, ni fais la vaisselle. Et je sais que tu es légèrement maniaque. Voir totalement maniaque.

— Ce n'est pas grave. Enfin, prépare-toi. Je risque de te faire des remarques. Tu commences à me connaître maintenant.

— Oui. Tu es une miss catastrophe, bien maniaque. Qui transporte un gros bagage. Ah oui ! J'oubliais ! Tu ne parles pas assez. Tu crois que nous ignorons tout. Sauf que tu te trompes.

— Oui, c'est bon, tu peux t'arrêter là.

Je le suis. Je sais très bien où il habite mais nous n'y allons pas souvent. Max n'aime pas inviter des gens chez lui. En même temps, ce n'est pas très grand chez lui. Il est plutôt solitaire. Alors j'apprécie son invitation. Nous y arrivons, nous montons. Son appartement se situe au premier étage. Max me fait entrer avant lui. Gentleman, ce petit. Sauf qu'une mauvaise surprise m'attend. Je me fige directement en entrant. Son appartement ouvre sur la pièce principale. Son lit est aussi dans cette pièce. Oui, c'est petit chez lui. Mais cela lui suffit apparemment. Sauf qu'il n'a pas dû dormir seul cette nuit. Il a dû oublier cette fille. Oui, sinon il n'y aurait personne dans son lit. Or, une fille est allongée sur son lit. Plutôt dans son lit. Elle est bien emmitouflée dans la couverture. Mais qui est-elle ? Qu'est-ce qu'elle fait là ? Pourquoi Max m'a invité chez lui, si cette fille est présente ? Je ne comprends pas...

Je suis dans l'incompréhension totale. Je ressemble à une statue. Je reprends doucement mes esprits. Max n'est pas encore entré. Je recule peu à peu. Cette fille est endormie. Et je ne compte pas la réveiller. Si elle est ici, c'est pour une raison. J'imagine très bien laquelle. Non ! Je dois partir et vite. Je ne peux pas rester. Je ne voulais pas rentrer chez moi. Je ne voulais pas croiser Romain. Peut-être que j'aurais dû finalement. Peut-être que... Oui, c'était une mauvaise idée de venir. Je sais comment est Max. Pourtant, je reste sous le choc. Je recule encore une fois vers la sortie. Vers la porte que je viens de passer. Je veux sortir de cette pièce. Je veux effacer cette image de ma tête. Max ? Pourquoi tu m'as amené ? Pour que je la vois ? Pour me briser ? Mais tu ne connais rien du jeu... Max, tu ne connais pas le jeu. Non. Ce jeu est le mien, enfin, le nôtre. A Romain et moi. Tu ne peux pas en connaître les règles. Je recule encore d'un pas, je suis stoppée net. Je percute quelque chose de mou et chaud. Mon dos est contre le torse de Max. J'aurais apprécié ce moment, si seulement ma vue, mes yeux n'étaient pas obsédés par cette fille. Cette fille endormie. Telle une fleur au centre du lit de Max. La voix de Max atteint toutes fois mes oreilles.

— Lucy ? Eh, Lucy ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Je... Je... Je dois partir...

— Quoi ? Pourquoi ? Lucy ?

— Je... Euh... Je ne savais pas...

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