14. Lucy

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Alors voilà, nous nous retrouvons à trois chez moi, et je vois Anne préparer ses affaires. Oh non, je ne veux pas qu'elle me laisse seule avec lui. Sérieux ! Je ne veux vraiment pas rester seule avec lui. Je... Non, je ne veux pas. Ok, c'est moi qui lui ai dit de venir mais maintenant, quoi ? Qu'est-ce qu'il va se passer ? Il fait quoi ? Non, mais pourquoi est-ce qu'il me fixe autant ? Je sais que j'ai une tête affreuse. La faute à qui ? On se le demande ! Il m'énerve. En plus, après Max qui me laisse tomber, c'est au tour d'Anne. Je n'y crois pas. Ils pensent vraiment que je peux l'affronter toute seule ? Le pourrais-je ? Finalement, je ne suis peut-être pas assez courageuse. Enfin... Lucy, reprends-toi ! Tu lui as écrit ! Il est là à présent. Alors prends ton courage à deux mains, ma petite ! Merci à ma conscience pour ses encouragements ! Sauf que... Ce n'est pas efficace. Anne ne part pas, j'ai besoin d'un soutien ! Je profite du fait que Romain est descendu à sa voiture prendre ses affaires pour supplier Anne.

— Anne s'il te plaît, ne pars pas. Ne me laisse pas avec lui. Tu ne le connais pas, moi aussi. C'est une mauvaise idée de nous laisser seuls tous les deux.

— Arrête un peu ! tu l'as attendu pendant trois mois. Maintenant qu'il est là, tu veux le fuir ? Non mais tu ne vas pas bien ma petite. Il est là pour toi. Tu as peur de quoi ? Honnêtement, tu penses qu'un gars fait ça pour toutes les filles ? Non, crois-moi. Il a fait ça pour toi, pour te rejoindre. Il est mordu. Tu ne le vois peut-être pas mais moi oui. Depuis que tu l'as laissé entrer dans ton appartement, il n'a pas arrêté de chercher ton regard, de sourire quand tu ne le regardais pas. Penses-tu vraiment avoir une raison de t'inquiéter ? Qu'est-ce qu'il t'arrive Lucy ? Je te pensais plus courageuse.

— Mais c'est Romain... Je ne... En fait, j'ai peur qu'il me dise quelque chose que je ne veux pas entendre. J'ai peur de le perdre... J'ai peur que le jeu auquel nous avons joué, n'aie brisé pour de bon cette fois.

— Lucy... C'est bien toi qui lui a envoyé une lettre en lui demandant de venir non ? Alors tu n'as pas à t'en faire autant. Fais confiance en ton instinct. Si tu lui as demandé de venir c'est pour une bonne raison. Donne-vous une chance. Et surtout de fuis pas, ce n'est pas une solution. Maintenant, je vais partir. Courage la miss, tu n'as pas à t'en faire.

— On verra.

Quelle imbécile, pourquoi elle m'a laissé ? Non, je ne dois pas être en rogne contre elle. Anne a réfléchi, elle m'a parlé comme si elle comprenait. Elle doit comprendre. Je flippe parce que... Parce que quoi ? C'est Romain... Qu'il est là et que je ne sais pas ce que je dois lui dire. La seule chose dont je suis certaine, c'est qu'il ne va pas me louper. Il n'a pas dû apprécier que ce soit Max qui lui ouvre la porte. J'aurais aimé voir sa tête à cet instant-là. Je sais c'est méchant. Je suis toujours plantée au milieu de mon salon, lorsque j'entends la porte d'entrée s'ouvrir à nouveau. Il est là.

En me retournant je vois Romain, je crois bien qu'il est en colère. S'il croit vraiment que je vais me faire avoir et que je vais lui pardonner en un claquement de doigts... Il rêve le petit ! Non mais ! Il arrive comme une fleur et encore, il voudrait que ce soit simple. Non, Romain. Je ne vais pas te sauter dans les bras. Même si, au fond j'en ai un peu envie. Tu peux toujours courir ! Pourquoi je râle encore moi ? Il est là c'est le principal. Mais non, moi je continue de me plaindre encore. Je suis bête, s'il est là, cela signifie quoi au juste ? Je réfléchis trop une fois de plus. C'est qu'il en a fait le choix. Alors pourquoi a-t-il cette tête ? Pourquoi est-il en colère ? Je n'ai rien fait. Je l'attendais.

— Alors, tu comptes faire la tête encore longtemps ? Tu as toujours la tête dans les nuages, cela ne change pas dis ! Bon, tu m'expliques pour ce Max ? Dis-moi que je n'arrive pas trop tard. Putain ! Oui, je suis en colère...

— Oui je fais la tête, et je la ferais autant de temps que je veux. Toi, tu restes pour combien de temps chez moi ? Qu'est-ce que Max vient faire là ? C'est mon ami, point. Il n'y a rien à dire de plus.

— Si tu le dis. Je vais rester aussi longtemps que toi tu resteras. Et puis, il va bien falloir que nous sortions le reste de mes affaires de ma voiture. Aller ! Petite étoile mets-toi au boulot ! J'ai besoin de bras pour m'aider et tu es là. Aller, on se bouge ! Maintenant, tu es réveillé alors bouges tes fesses !

— Attends quoi ? Tu vas faire quoi là ? Non, non, non ! Je ne suis pas d'accord là. Tu comptes faire quoi ? Tu te moques de moi ? Hein, Romain ? Arrête de rire ! Tu me fais marcher ? Dis-moi... Romain !

— Quoi ? Tu crois que je suis venu pourquoi ? Je vais aménager avec toi et je vais travailler pour t'aider à payer les courses et le loyer. Est-ce que madame est contente de cette réponse ? Non, parce que tu vois, je n'ai pas pris la décision de venir pour que tu me laisses à l'écart. Alors ma chère Lucy, tu vas m'avoir sur le dos pendant un moment. Te sens-tu prête ? Tu sais ce que cela signifie si nous habitons ensemble ? Il va falloir que tu arrives à me supporter.

— Mais tu es dingue ! Qu'est-ce que tu racontes ? Non, tu es trop bordélique. Non, il n'y a pas moyen. Tu rêves ! En plus, il n'y a pas assez de place ici pour nous deux. Romain, tu m'énerves ! Tu ne pouvais pas faire comme quelqu'un de normal et venir pour des vacances ? Non, toi tu viens et tu restes ! Tu es complétement fou !

— Je sais mais tu m'aimes quand même. Et puis si c'est trop petit on aura qu'à chercher un appartement plus grand. A chaque problème sa solution, ma petite.

— Je ne suis pas petite !

Il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve. Il croit avoir toujours réponse à tout celui-là. Non, mais ! Et en plus, il se permet de m'appeler « petite » ! Il se moque de moi ! Oh et puis, il n'a qu'à s'installer s'il le veut vraiment ! S'il est venu pour moi, c'est qu'il a saisi l'importance qu'il a pour moi. Je sais qu'il va falloir que je lui avoue que j'ai des sentiments forts pour lui, sauf qu'il vient juste d'arriver. J'aimerais d'abord que nous essayons d'avancer sans le jeu. Il faut que nous apprenions à vivre sans lui. Il faut avant tout que nous sachions vers où se dirige notre relation sans le jeu. Nous prenons une nouvelle direction. Le jeu est fini. Personne n'a gagné. Ou peut-être que finalement, nous sommes tous les deux gagnants.

— On a gagné quoi ? Ah ah ! Oui, Lucy. Tu parles encore toute seule ! Tu m'avais manqué ! Tu vois, il n'y a pas que moi qui suis fou !

— Oh ça va...

— Je vais très bien ma Lucy ! Mais toi, tu es sûre que tu n'as pas besoin de voir un médecin ? Oh pardon, mademoiselle ! Quoi ? Tu avais oublié combien je suis drôle ? Pourtant, je pensais que tu ne m'oubliais pas. Tu m'aurais menti ?

— Romain... Je ne t'aurais jamais menti sur ça. Tu le sais très bien. Arrête de faire l'imbécile ! Tu ne voulais pas que je t'aide avec tes affaires ?

En fait, j'avais oublié une chose. C'est que quoiqu'il se passe, Romain arrive toujours à me redonner le sourire. Même avec toutes nos prises de têtes, le jeu et autres perturbations, je suis toujours revenu vers lui. Oui, moi sans lui. C'est impossible. Mais est-ce qu'il le sait ? L'a-t-il au moins compris ? Oui, j'espère. Merde, il est vraiment là ? Je... Je réalise maintenant ce que cela signifie. Quand je repense à tout ce qu'il a dit depuis qu'il est arrivé, une petite lumière s'allume dans ma tête. Il a dit quoi ? Il a tout quitté pour me rejoindre ? Il a vraiment fait pour moi ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi a-t-il réagi ? Aurais-je les réponses à toutes mes questions ? Laissons faire le temps, laissons-nous la possibilité d'éclaircir nos pensées avant de commencer quelque chose.

— Merci d'avoir répondu à mon appel, encore une fois. Tu es là.

— Je viendrais toujours si c'est toi qui me le demande, comme toi, tu le fais pour moi. Lucy ?

— Oui.

— Si je suis là, c'est pour qu'on arrête ce jeu infernal. Je veux que nous nous posions les bonnes questions. Je sais que je suis détestable quand je m'y mets mais fais-moi confiance. Je te le demande comme une faveur. Nous devons essayer d'aller de l'avant. Et j'aimerais le faire avec toi. Je te le dis, je suis un con ! Sauf que là, on parle de toi. De moi, de peut-être... Merde, c'est moi qui vais dire ça ! Je n'y crois pas. On parle de nous. Pour le moment, je suis là, pour recoller les morceaux de notre amitié. Si tu le veux bien. Aller petite étoile. Souris-moi ! Tu n'es pas contente d'avoir un nouveau colocataire ?

— Bof, si c'est toi, on est foutu ! Ah ah. Je pourrais quand même m'y habituer. Ne t'en fais pas, on a grandi ensemble, si je t'ai supporté jusque-là, je peux le faire un peu plus longtemps.

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