6. Lucy

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— Alors Lucy, tu as des nouvelles de ton Romain ? Parce que maintenant ça fait une semaine que tu lui as envoyé la lettre, donc on voulait savoir avec les filles.

La question que je redoutais tant. Merci Anne. Effectivement, cela fait bien une semaine que je lui ai envoyé cette lettre. Et cela fait une semaine que je n’ai toujours de réponses. Toujours aucunes nouvelles de sa part. Est-ce que je dois m’inquiéter ? Peut-être pas, c’est Romain. Je le connais. Quand cela me concerne, il ne sait jamais comment réagir. Pourtant, je m’inquiéter vraiment. Je n’aime pas ne pas savoir. Je n’aime pas attendre, surtout quand c’est pour attendre Romain. Mais que fais-tu ? Les filles me fixent depuis qu’Anne m’a posé cette question que je ne voulais pas entendre. Il faut que je me prépare à répondre. Il fallait bien qu’elles se posent des questions. Anne et Rose étaient avec moi quand j’ai posté la lettre. Je suis un peu gênée quand je me décide à lui répondre. Ce n’est pas facile pour moi, j’aimerais tellement avoir eu un signe de vie de sa part. Mais il reste une tête de mule quoiqu’il arrive. Et sans ça, ce ne serait pas mon Romain.

— Bah... Je n’ai pas de nouvelles de sa part. Seul, Lucas m’a appelé pour parler. Il m’a dit que Romain et lui avait eu une longue discussion, durant laquelle Romain en a pris pour son grade. Mais cela n’a pas dû être assez efficace. A ce que je vois. Ensuite, je n’ai pas tout compris à ce qu’il m’a dit. Il m’a parlé de Romain, de leur père, de notre enfance et il m’a même parlé de leur mère. J’avoue qu’à ce moment-là, je n’ai pas compris pourquoi il a parlé d’elle. Ils n’ont jamais voulu que je la rencontre. Après il a changé de sujet. Comme si, il voulait me cacher quelque chose, je n’ai pas réussi à savoir quoi... Et ça m’énerve de ne pas savoir ! Je suis trop curieuse, malheureusement, c’est mon plus gros défaut. Une curieuse invétérée, un petit grain de sel comme direz certains.

— Qui est Lucas ? Et si ton Romain, comme dit Anne, ne répond pas à ta lettre, on va te faire penser à autre chose. Tu sais, il faut que tu profites plutôt que de t’en faire autant. Si tu lui as écrit cette lettre, c’est que tu savais que cela allait le toucher. Donc, il faut que tu t’amuses ! Compris, mademoiselle. Ce soir, tu viens à l’appartement de Marie et on se fait une soirée entre filles toutes les quatre.

— Eh ! Je n’ai rien dit moi ! Pourquoi on ferait une soirée chez moi ? Désolé, Lucy mais tout de même!

— Oh ne t’en fais pas, c’est rien. Si tu ne veux pas, on fera ça chez moi. Anne a raison, il faut que je me change les idées. Quoi de mieux pour ça que de s’amuser ?

— Ah ah. Ne fais pas cette petite voix toute triste. Aller, c’est d’accord, on va la faire chez moi cette soirée. A une condition. Vous m’aiderez à ranger après.

— Oui, promis.

Nous éclatons toutes les trois de rire, puis nous retournons vers Rose. Elle n’a pas dit un mot depuis tout à l’heure. Qu’est-ce qu’il lui arrive. Je la fixe longuement. Rose qui essaie toujours de me rendre le sourire, n’a pas l’air d’être enchanté. Mince, qu’est-ce qu’elle a. je l’adore. Je lui fais quelques grimaces, elle finit par rire avec nous. Ah enfin. J’ai cru qu’elle allait faire la tête toute la soirée. Elle a dû se disputer avec son copain, encore.

Tiens, voilà Max qui arrive au bon moment comme toujours. Je l’apprécie un peu celui-là. Enfin, on se chamaille souvent. Un peu trop puisque les filles nous ont déjà demandé de nous séparer. Un peu comme des enfants. Mais j’apprécie vraiment sa compagnie, il me rappelle Romain. Eh oui, toujours lui. Heureusement, qu’on a au moins un gars dans notre groupe sinon je perdrais la tête avec toutes ses filles, moi qui est l’habitude d’être avec Romain et ses amis. Je me sens un peu nostalgique. Depuis la fois où il m’a aidé avec mon retard, c’est comme s’il m’évitait alors je suis contente de le voir. Il me regarde rapidement, puis nous salut. Il est bizarre des fois. Enfin, le cours de mes pensées est stoppé net quand Rose ouvre la bouche.

— Mmh, je ne sais pas trop si je vais venir... Bon, je pense que vu la tête que fait Marie, je vais venir. Je pense que je n’ai pas le choix avec vous les filles. D’abord, il va falloir que je prenne une douche. J’ai besoin de respirer un peu. Après, une petite soirée avec vous sera juste la bienvenue.

— A toute à l’heure ! Je passerais te chercher.

— Merci, Anne. A plus les filles.

— Et moi alors ? A chaque fois, vous m’oubliez. Franchement, vous n’êtes vraiment pas sympas les filles ! Comment je vais faire moi ? On est samedi soir et même mes amies ne veulent pas de moi dans leur soirée. Je suis mal, je suis mal. Merde les filles ne riez pas ! Je suis sérieux. Vous n’êtes pas gentille avec moi.

— Oh pauvre petit chat. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu n’as pas trouvé de fille à ton goût pour passer la soirée avec toi ? Je pensais que tu étais un Don Juan ?

— Eh dis-dont toi ! Si, j’en ai trouvé une. Mais une contre quatre ? Franchement, tu penses que je vais faire quel choix ? ouh ! J’adore ton regard en ce moment mon chou !

— Mon chou ? Depuis quand tu m’appelle comme ça, toi ?

— Aller les petits, on se calme !

— Oui, vous êtes pénibles quand vous vous y mettez !

— Merci Anne, merci Marie. Aller Max, tu sais bien que tu peux toujours venir c’est seulement que ce soir c’est une soirée filles. Tu vois le mot « filles », c’est l’essentiel de la phrase.

— S’il te plaît Lucy, dis oui. Sois sympas avec moi un peu. Je sais que c’est dur pour toi en ce moment. D’ailleurs, je n’ai pas cherché à savoir pourquoi car les filles m’ont dit de te laisser. Mais je ne peux pas rester à l’écart comme ça, j’aimerais revoir ton sourire du premier jour de l’année. Ça me ferait vraiment plaisir que si tu souriais, tu sais... S’il te plaît, pour moi, mon chou ! Je veux revoir les étoiles de tes yeux brillé.

— Max... Ne sors pas ce genre de phrase, c’est trop cliché. Je suis d’accord si les filles le sont. Mais mon sourire ne sera pas là t’en que je ne saurais pas ce que Lucas a en tête et t’en que je n’aurais pas de nouvelles de Romain. Tu sais, une fille c’est compliqué. Tu dois bien connaître ça avec toutes tes conquêtes.

— Oh ça va. Je n’en ai pas tant que ça ! Enfin. Bon d’accord, tu as gagné. Je promets de me tenir à carreaux. Les filles, vous voulez bien de moi ?

Avec les filles, on se regarde à nouveau. On le sait. On ne peut pas résister plus longtemps. On affiche toutes les trois un large sourire. Il doit être bien content. Lui aussi sourit. Je reçois, une pichenette sur le nez. Oups, j’ai dû sourire. Je suis mal ce soir. Il ne va plus s’arrêter maintenant qu’il m’a vu sourire. Je pense à Romain. Mince, mauvaise idée. Je commence malgré moi à avoir les larmes aux yeux, je veux vraiment avoir des nouvelles de Romain. Il me manque. Notre jeu ne me manque pas du tout mais lui oui, totalement. Comment j’ai fait ? Je ne lui ai rien dit de mes sentiments, jamais. Nous nous sommes toujours tournés autour mais jamais l’un ou l’autre, nous n’avons avoué quoique ce soit. Je ne pouvais pas. Avec le jeu, s’était impossible. Je sens une larme couler sur ma joue. C’est à ce moment que Max se penche vers moi. Je fais un pas en arrière. Il me retient et finit par m’attirer vers lui. Il me prend dans ses bras et je n’arrive plus à me retenir. Mes larmes coulent sans s’arrêter. Oh non, pas maintenant. Pas dans les bras de Max. Pourquoi ? Pourquoi je suis dans ses bras à lui ? Pourquoi je craque alors que ce ne sont pas les bras de Romain qui serre ? Je… Je suis perdue. Confuse. Ma tête est toute emmêlée. Je m’éloigne de Max, fébrilement. Rose a eu une bonne idée, avec une douche, je vais remettre un peu d’ordre là-haut.

— Je vais rentrer chez moi et me doucher.

— Lucy ? Tu es déjà chez toi. C’est nous qui sommes là, pas le contraire.

— Euh… Oui pardon. On se retrouve toute à l’heure. Où sont Marie et Anne ? Non ! Je ne les ai pas vus partir. Ce n’est pas vrai, je suis vraiment tout le temps dans les nuages, moi. Max tu viendras me chercher pour aller chez Marie ? Enfin, si tu le veux bien. Sinon tu peux venir, mais bon, je ne serais pas d’une grande compagnie vue que je compte aller me laver.

— Je reste avec toi, ma petite. Tu me fais trop rire. Les filles sont justes allées se chercher à boire dans ta petite cuisine. Qu’est-ce que tu me proposes en attendant ?

— D’allumer la télé ? Ah ah, avoues que ça va être très passionnant.

— Oui, très exaltant effectivement.

— Les loulous, vous êtes bien mignons mais on y va. Je vais aider Marie à préparer la soirée. On se retrouvera là-bas vers vingt heures. A plus les petits loups !

Les filles viennent de partir, et Max se tourne vers moi avec un grand sourire. Je n’y crois pas, je suis certaine qu’il pense à des bêtises. J’en suis sûre, il a le même regard que Romain quand il pense à quelque chose qu’il ne devrait pas. Mince, pourquoi je lui ai dit de rester ? Je suis bête ? C’est un mec, bien sûr qu’il a des pensées bizarres. Oh non, mais qu’est-ce qui me prends encore ? Je ne vais pas commencer ce genre de jeu avec Max. C’est juste un ami, Lucy. Ressaisis-toi ! Je pense que ça fait trop longtemps que je reste fixer sur Lui. Il s’approche de moi alors je décide enfin d’ouvrir la bouche.

— Tu n’étais vraiment pas obligé de rester, tu sais. Je vais bien, c’est juste un coup de mou, ça va passer. Je pense trop souvent à Romain.

— Ouais, je vois bien. Tu as le même regard qu’une fille que j’ai larguée il n’y a pas longtemps. Elle était vraiment attachée à moi, pourtant je lui avais bien dit que je n’avais aucuns sentiments pour elle. Elle avait le même regard vide que toi quand tu penses à lui. Le tiens, il me perturbe un peu trop.

— Pourquoi ? Je n’ai rien de particulier.

— Je sais, Lucy. Bon, va prendre ta douche. Les filles vont râler si tu es en retard. Et elles vont se faire des films sur ce qui s’est passé entre nous. Aller, file petite !

Je sais que je dois avoir mauvaise mine, sinon Max ne serait pas là. Il ne serait pas là à essayer de me faire sourire. Depuis la rentrée, c’est mon binôme, il est là quand j’ai besoin de réconfort. Merci à toi, Max. je ne comprends pas pourquoi il fait autant attention à moi. Peut-être parce qu’il se retrouve en moi. Je sais que c’est un connard avec les filles. Un peu comme Romain. Donc, je sais que c’est pour ça que je l’adore. Parce qu’il me permet de me souvenir des moments que j’ai passés avec Romain. Même si parfois, je trouve que Max m’embête un peu trop, comme en ce moment. Je sens qu’il ne va pas me lâcher, jusqu’à ce que je cède. Oui, c’est lui qui me l’a dit. Il veut me voir sourire au moins une fois par jour, et je l’en remercie. Je sors enfin de ma salle de bain et m’affale sur le canapé à côté de Max. Ouf, il reste du temps avant la soirée.

— Lucy, je sais que ça ne fait que trois mois mais je commence à te connaître. Si tu ne vas pas bien, tu peux toujours venir me parler et puis si tu en as besoin je pourrais te faire un câlin pour te réconforter. Je ne mange pas, tu l’as bien vu. Et si ce gars qui ne t’adresse plus la parole, ne fait pas un effort alors c’est que c’est un idiot qui passe à côté de toi. Il va louper ton évolution et aussi ton sourire. Ce n’est pas parce que lui ne te parle pas que tu dois le cacher aux autres, petite. Je ne lâcherais rien, je ferais tout pour le voir.

— D’abord, je ne suis pas petite et en plus j’ai un an de plus que toi, je te signale. Puis, merci d’être là Max. je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que tu me comprends mieux que les filles.

— Oh, c’est un compliment ? Faites, que s’en soit un !

— Oui, s’en est un. Tu lui ressembles beaucoup. Ne me regarde pas comme ça, c’est vrai.

Max me fit un grand sourire, même si quelque chose à changer dans son regard au moment où j’ai mentionné Romain. Pour le rassurer, je lui fis un baiser sur la joue. Peut-être que cela me rassure aussi un peu. En tout cas, je le vis rougir ce qui fit réapparaître mon sourire quelques secondes. Je joue peut-être avec lui. On s’entend bien, je ne veux pas que tout soit gâché. Je ne veux pas que le jeu que je faisais avec Romain, commence avec Max. C’est hors de question, je pense encore beaucoup à Romain. Je ne fais que penser à lui, il me manque terriblement. Seulement, je ne peux rien y faire. Il ne m’a toujours pas répondu à ma lettre, alors peut-être… Enfin sûrement que cela signifie qu’il a fait un trait sur moi, sur nous. Mais y a-t-il vraiment eu un nous un jour ? Je ferais mieux de me bouger plutôt que de penser à tout ça. Je rumine trop ces derniers temps et cela doit se voir. Je me suis levée pour attraper une veste avant de partir. Mais, Max me retint par le bras et me dit doucement.

— Ne le laisse pas prendre trop de place, Lucy. Laisses en une pour quelqu’un d’autre.

Comment sait-il à qui je pense ? Bien sûr qu’il sait à qui je pense. Je viens de lui dire qu’ils se ressemblent. Suis-je si prévisible que ça ? Mon visage doit trahir ce que je ressens au fond de moi, de mon esprit, de mon cœur. Romain occupe une place trop importante, il occupe déjà trop de place. Il a toujours occupé une trop grande place dans ma vie. Comment je pourrais y faire de la place pour quelqu’un d’autre ? Non, Romain en prend déjà trop. Il ne peut pas en prendre davantage, ou bien si ? Le temps passe et sans de ses nouvelles, il est peut-être temps que je commence à penser à un autre. Je panique légèrement avant de réussir à prononcer un seul mot à Max.

— Euh... Je… Je vais prendre ma veste et on y va. Les filles vont nous attendre, et je déteste arriver en dernière. Et tu sais bien comment elles sont. Elles vont s’imaginer n’importe quoi. Ne me regarde pas de cette manière ! Tu m’attends quand même ?

— Oui, je t’attends là sur ton canapé, aller dépêches-toi. En plus, prendre une veste ça va aller vite !

Il me fit un énorme sourire, encore. Et je ne cesse pas de penser à Romain, lui aussi faisait en sorte que je retrouve mon sourire. Toujours. Mais aujourd’hui, il reste silencieux. Comme si quelque chose était en train de se préparer. Je sais, je sens qu’il pense toujours à moi. Parce que je n’arrive pas à l’ôter de mes pensées alors, j’espère que pour Romain c’est là même chose. Non, je sais qu’il pense à moi. Oui, il doit penser à moi.

Sinon, il m’aurait déjà appelé en s’énervant contre moi et mes bêtises. Il s’énerve toujours pour pas grand-chose. Je le sais, bien sûr que je le sais parce que ça fait partie de nous, parti de notre histoire à tous les deux. J’aimerais, qu’il réfléchisse un peu et qu’il me retrouve. Ce même si c’est pour me prendre la tête. J’aimerais le voir, au moins pour lui dire ce que je n’ai jamais pu. Pour lui dire exactement pourquoi. Pourquoi je suis partie. Et pourquoi je l’ai laissé. Il me manque tout simplement. Romain vient, s’il te plaît. Tu dois venir, ne me laisses pas tomber. Tu as promis. Un jour, tu m’as promis que plus jamais tu ne me laisserais. Alors respecte ta promesse. Tu le dois pour moi, pour toi mais surtout pour nous.

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