Prologue

3 minutes de lecture

(Merci d'avoir décidé de me lire et de m'accompagner, ainsi que Tom - le personnage principal - dans cette aventure. J'attends avec gourmandise vos commentaire. Luc)

Je m'appelle Tom, ma femme s'appelle Mary. Nous nous aimions d'un amour fusionnel. Mais je n'ai pas su la retenir, ma femme est morte.

Une dispute, voilà le dernier échange que j'eus avec elle. L'accident avait été brutal. Un camion qui bondit au détour d'un virage et s'encastre dans l'habitacle. Elle est morte alors que nous rentrions d'un dîner entre amis en longeant Lincoln Park et ses arbres rougeoyants en ce mois d'octobre 2008. Elle venait de m'annoncer sa grossesse, je me suis mis en colère. J'ai arrêté la voiture sur le bas côté. Elle est sortie fumer une cigarette, ce qui m'a mis hors de moi. Le lendemain, j'opérais une femme d'un ovaire enkysté, une opération très compliquée. Il fallait que je me repose alors je n'ai pas voulu poursuivre la conversation. Dans la voiture, il faisait trop chaud, j'ai baissé la vitre. L'air frais m'a apaisé, j'ai fermé les yeux une seconde. C'est là qu'est apparu le camion.

Les secours nous ont désincarcérés très vite. Le bal des gyrophares donnait aux arbres des teintes psychédéliques. J'étais assis à l'arrière d'une ambulance sans rien comprendre à ce qu'on me disait. Les pompiers prononçaient des mots que je ne parvenais pas à saisir. L'un deux, sans doute un volontaire, tendit une carte à un officier.

— On a trouvé une carte de donneur d'organes dans ses affaires.

— Merci, Jeremy.

Je les regardais sans comprendre.

— Je suis désolé de vous brusquer après ce que vous venez de vivre, mais nous devons vous conduire à Saint Joseph tout de suite.

Les urgences de l'hôpital Saint Joseph grouillait de monde. Des supporters des Stags et des Sky s'invectivaient dans les box. C'était soir de finale. Les médecins et infirmières étaient débordés. Plusieurs supporters étaient menottés aux barreaux de leur lit ou à l'accoudoir de leur chaise. Certains se levaient et traînaient derrière eux le mobilier sans que cela ne les empêche de hurler leur colère. Les quelques policiers présents peinaient à les garder assis en attendant calmement qu'on les soigne. On m'installa au milieu de ces jeunes gens enragés et prêts à en découdre. Une migraine terrible me vrillait la tête. Très vite, un médecin arriva et je le suivis dans une salle à l'écart. On me laissa seul une fois de plus. Un second médecin, une jeune femme cette fois, entra.

— Je suis le docteure Andrea Sanders. Elle s'assit et posa une chemise cartonnée bleue sur la table alors que je restais debout dans un coin de la pièce. Elle évitait de me regarder et garda les yeux rivés sur la chemise. Je me souviens avoir pensé qu'elle devait être encore interne. Les titulaires ont horreur de ce genre de corvée. Ils laissent faire leurs étudiants de dernière année.

— Comme vous l'ont dit les pompiers, nous avons trouvé une carte de donneur. La loi ne nous oblige pas à demander votre consentement. Toutefois, nous jugeons votre opinion importante et nous préférerions avoir votre accord. Elle ouvrit la pochette cartonnée et sortit un stylo avant de se lever.

— Je vous attends à l'extérieur.

Les supporters continuaient à s'insulter. Certains, pourtant à peine rafistolés, cherchaient à s'empoigner et se lançaient des objets au visage. Une chaise vola dans ma direction, je l'évitai de justesse sans trop savoir comment. Mon crâne heurta le mur derrière moi. Le visage de Mary posé sur l'appui-tête surgit alors dans mon cerveau et se fendit à la manière d'un pare brise qui explose. Heureusement, un tabouret abandonné attendait là. Du sang coulait de ma bouche, je venais de mordre ma langue. Le docteur Sanders sortit de la salle où on m'avait conduit. Elle avait récupéré la chemise cartonnée bleue. La couleur préférée de Mary.

— Elles arrivent quand ? demanda une infirmière.

— Dès que j'ai eu l'info, j'ai bipé la maman de Karen. Elles sont en route. Elles ne devraient pas tarder.

Le brouillard autour de moi s'intensifia, les mots du médecin résonnaient dans ma tête sans que je puisse leur donner de sens. Je me levai. Une seconde infirmière fit signe au docteur Sanders.

— Je ne vous avais pas vu. Désolée, je vais demander à ce que l'on ...

Je lui fis non de la main et m'avançai vers la sortie. Une femme me bouscula presque. Elle poussait une chaise roulante où était assise une adolescente qui me fixa de ses grands yeux vairons. Une fois encore, ma vision se troubla.

Le docteur Sanders accueillit la femme d'un large sourire et lui serra la main.

Dans la rue, les crissements de pneu des ambulances qui arrivaient se mêlaient aux cris des quelques supporters qui avaient réussi à sortir.

— Mary est morte, murmura Tom.

Annotations

Vous aimez lire Luc Gaillard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0