Chapitre 12 : Les disciples.

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À sept heure pétante du matin, les deux apprentis attendaient dans le champ à mourus le début de leur formation. Albert, un adolescent aux cheveux blond, chétif et boutonneux, parlant le langage des cités. Au grand désespoir du Bébert, ce petit con croyait encore que c'était cool 300 ans après que le style soit devenu une hérésie. Martine du haut de ses seize ans, n'avait pas changé. Toujours ses cheveux châtains clairs attaché en queue de cheval, et une robe-tablier rouge toute pourrie.


George, qui n'avait pas vraiment le choix, sortit sa tronche avinée de sa cabane pour s'occuper de ses disciples. Le vieux fossoyeur avait deux pelles standards, acier standard, manche en bois standard, pour former les débutants... bah standart aussi... . Ils les lança à ses deux stagiaires qui se les mangèrent dans la tronche. "Pas foutus d'attraper une pelle lancé à deux à l'heure". Ce matin, dès sa première journée d'apprentissage, Martine se prends une pelle dans la gueule. George se plaqua alors la main sur le front en voyant le résulta :

George : Bon diou d'vin diou c'ét-y point gagné avec vous !

Albert : Wesh vieux maître ! vous êtes déjà bourré dès le matin !

George : Du tout p'tit con, c'ét mon accent ! Pis, un fossoyeur qui boit point de glouglou rouge, c'ét un amateur ! Sûr qu'il coule la boutique en quelques jours ! Va falloir vous sortir les doigts du cul, les mômes. Allions, r'lève la pisseuse et on va commencer !

Sous le regard du Bébert et de la Ginette, les deux disciples commencèrent leur formation. Ils attaquèrent la matinée par un exercice de mémorisation de la zone à décédés, où le vieux fossoyeur les fit slalomer les yeux bandés entre les pierres à mourus. Les apprentis s'exécutèrent sans la moindre question, et cumulèrent les accidents de parcourt. George était fier de sa revanche sur les deux spectres séniles, voyant leurs petits enfants respectifs passer leur matinée à se vautrer par terre.

George : Nom d'un crevé bien conservé ! Sont-y cons, les nouveaux ou quoi ?

Comment mémoriser une zone à décédés sans la voir ? George avait du mal à comprendre. Comment les deux adolescents avaient pu suivre une consigne aussi stupide ? Il leur fit ensuite creuser leur premier trou à crevé, mais là encore ça puait du cul comme exercice pour eux. Martine creusait sa première fausse à mourus, quand George les interpella :

George : Didiou ! C'ét-y ça que vous appeliez un puits à repos ? Y'a point de profondeur, là ! Vos crevés, ils z'ont besoin de calme, de sérénité ! Leur faut la paix pour pouvoir reposer en paix.

Martine : Mais vieux maître, c'est trop dur de creuser plus profond !

George : Par le saint glouglou rouge ! Tu diriais point ça quand tes mourus sortiriont de sous le sol car ils peuviont point dormir.

George leur fit creuser le même trou toute l'après midi. Puis, à la fin de la journée vint enfin le moment de leur première nuit dans le champ à mourus. Une cabane était à leur disposition, montée en une journée par le fossoyeur. Mais le Bébert et la Ginette s'en inquiétèrent fortement :

Ginette : Ch'cusez moi monsieur le hippie fossoyeur. Vous trouvez pas que y'aurait chomme un problème ?

George : Qu'et-ce qu'elle me vouiié, la vieille chouette décédée ? Y'a une cabane pour leur dodo, c'est le principal, non ?

Ginette : Ouai m'enfin ch'est pas là le soucis ! Vous êtes chûr que ch'est une bonne idée une cheule baraque à pioncer pour les deux ? Chaudrait pas que cha se barre en sucette ch'thistoire !

George : C'ét que ça coûte des sous de faire ce genre d'aménagement ma p'tite dame ! Alors une pour deux ou sinon, z'iriont dormir avec les crevés !

Les deux spiritueux n'insistèrent pas, mais pour les deux apprentis, ce fut un choc. Le vieux fossoyeur n'était pas du genre à prendre des gants avec eux. Il faut dire que les jeunes, ils sont pas habitué à dormir dans une zone à décédés alors une cabane à dodo pour deux, c'était peut-être plus rassurant pour eux que gênant dans la tête de George. Albert s'endormit bien vite avec la fatigue. L'autre apprentis restait légèrement peureuse de la nuit à venir. Pour la première fois, Martine dors chez les mourus. Pas facile comme nouveauté pour des jeunes de seize ans. Après avoir bien maudit la Ginette pour lui avoir trouvé cette formation plus que douteuse, la jeune fille s'écroula de fatigue à son tour. Ce n'était que la première journée de formation et déjà, George était en proie au doute pour la suite de leur apprentissage. Un champ à crevés doit toujours avoir son gardien à mourus, mais des comme ça, c'était pas dit que les décédés apprécient la nouvelle génération. Le vieux fossoyeur était bien décidé à faire morflé ces petits cons, pour le bien être et l'avenir de ses mourus, et cela, dès le lendemain.

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